« Philippe II (roi d'Espagne) » : différence entre les versions

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Source secondaire présentant l'influence du roi Philippe II dans la sphère européenne et méditerranéenne.
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| fratrie =
| conjoint = [[Marie-Manuelle de Portugal]]<br><small>(1543-1545)</small> <br>{{souverain3|Marie Ire d'Angleterre}}<br><small>(1554-1558)</small> <br> [[Élisabeth de France (1545-1568)|Élisabeth de France]]<br><small>(1559-1568)</small> <br>[[Anne d'Autriche (1549-1580)|Anne d'Autriche]] <br><small>(1570-1580)</small>
| enfants = [[Charles d'Autriche (1545-1568)|Charles d'Autriche]],<br>'' prince des Espagnes''<br>[[Isabelle-Claire-Eugénie d'Autriche|Isabelle d'Autriche]]<br>[[Catherine-Michelle d'Autriche|Catherine d'Autriche]]<br>[[Ferdinand d'Autriche (1571-1578)|Ferdinand d'Autriche]]<br>[[Diègue d'Autriche]]<br>{{souverain2|Philippe III (roi d'Espagne)}} [[Fichier:Red crown.png|15 px]]
| entourage =
| profession =
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}}
 
'''{{souverain-|Philippe II}}''', en [[espagnol]] ''Felipe II'', né le {{date de naissance|21 mai 1527}} à [[Valladolid]] et mort le {{date de décès|13 septembre 1598}} au [[Escurial|palais de l'Escurial]], fils aîné de [[Charles Quint]] et d'[[Isabelle de Portugal (1503-1539)|Isabelle de Portugal]], est [[Liste des rois et reines d'Espagne|roi d'Espagne]], de [[Royaume de Naples|Naples]] et de [[Royaume de Sicile|Sicile]], [[Archiduc|archiduc d'Autriche]], [[Liste des souverains de Milan|duc de Milan]] et souverain des [[Pays-Bas des Habsbourg|Pays-Bas]]<ref group="N">En fait, il est séparément à la tête de chaque province des Pays-Bas : formellement, il est [[duc de Brabant]], [[comte de Hainaut]], [[comte de Flandre]], etc.</ref> de l'abdication de son père en [[1555]] à sa mort. Il devient [[Liste des rois et reines de Portugal|roi de Portugal]] en [[1580]] après l'extinction de la [[maison d'Aviz]]. Il est [[Consort (monarchie)|roi consort''jure uxoris'']] d'[[Angleterre]] de [[1554]] à [[1558]] par son mariage avec [[Marie Ire (reine d'Angleterre)|Marie Tudor]].
 
En tant que roi d'Espagne, il est à la tête des [[Empire espagnol|possessions espagnoles d'outre-mer]], principalement en [[Amérique]], qui lui assurent des ressources considérables, grâce aux mines d'argent du [[Nouvelle-Espagne|Mexique]] et du [[Vice-royauté du Pérou|Pérou]].
 
Se voulant le défenseur de la religion catholique, Philippe II connaît un succès majeur dans la lutte contre les [[Dynastie ottomane|Ottomans]] musulmans avec la [[Bataille de Lépante|victoire de Lépante]] en 1571. En revanche, la lutte qu'il mène contre le protestantisme connaît plusieurs échecs.
 
Son règne est en effet marqué par le [[Guerre de Quatre-Vingts Ans|soulèvement des Pays-Bas]] à partir de 1566-1568, qui aboutit en 1581 à la [[Acte de La Haye|sécession]] des [[Provinces-Unies]], bastion du [[calvinisme]], dont son armée limite l'ampleur par la [[Siège d'Anvers (1585)|reconquête d'Anvers]] en 1585<ref>Un autre succès espagnol important, postérieur au règne de Philippe II, est la [[Siège d'Ostende (1601-1604)|reprise d'Ostende]] en 1604.</ref>, sans pouvoir reconquérir les sept provinces du nord, notamment la [[Comté de Hollande|Hollande]] et la [[Comté de Zélande|Zélande]] ; puis par la [[Guerre anglo-espagnole (1585-1604)|guerre contre l'Angleterre]] qui débute en 1585 lorsque la reine [[Élisabeth Ire (reine d'Angleterre)|Élisabeth]] décide de [[Traité de Sans-Pareil|s'allier avec les Provinces-Unies]], en raison justement de cette reprise d'Anvers ; l'événement marquant de cette guerre est en 1588 l'échec de l'[[Invincible Armada|Invicible Armada]], qui devait envahir l'Angleterre, y rétablir le catholicisme, puis attaquer les rebelles néerlandais<ref>La guerre contre les Provinces-Unies ne prend formellement fin qu'en 1648, d'où le nom de [[guerre de Quatre-Vingts Ans]] (1568-1648) qu'on donne à cet épisode important de l'histoire de l'Europe.</ref>.
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La mère de Philippe est la fille du [[Liste des rois et reines de Portugal|roi de Portugal]] [[Manuel Ier (roi de Portugal)|Manuel Ier]] (1469-1521), l'infante [[Isabelle de Portugal (1503-1539)|Isabelle]] (1503-1539), que Charles Quint a épousée en 1526.
 
Avant de se marier, Charles Quint a eu une fille d'une Flamande, [[Jeanne van der Gheynst]] : [[Marguerite de Parme (1522-1586)|Marguerite]] (1522-1586), future [[Liste des duchesses de Parme|duchesse de Parme]], née à [[Audenarde]] et élevée aux [[Pays-Bas des Habsbourg|Pays-Bas]] à la cour de [[Marguerite d'Autriche (1480-1530)|Marguerite d'Autriche]] (tante de Charles Quint), puis de [[Marie de Hongrie (1505-1558)|Marie de Hongrie]] (sœur de Charles Quint).
 
Philippe aura encore deux sœurs légitimes [[Marie d'Autriche|Marie]] (1528-1603), et [[Jeanne d'Autriche (1535-1573)|Jeanne]] (1535-1573), toutes deux nées à [[Madrid]], et un demi-frère beaucoup plus jeune, fils de l'Allemande [[Barbara Blomberg]], [[Juan d'Autriche]] (vers 1545-1578), né à [[Ratisbonne]].
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Philippe naît dans le {{Lien|langue=es|trad=Palacio de Pimentel|fr=Palais de Pimentel|texte=palais du marquis de Tavara}}, à [[Valladolid]], en [[Vieille-Castille]].
 
Il reçoit le titre de « prince des Espagnes » (''principe de las Españas''<ref group=N>Le pluriel se réfère au fait que l'union des royaumes de [[Royaume de Castille|Castille]] et d'[[Royaume d'Aragon|Aragon]] est récente, puisqu'elle résulte du mariage des grands-parents maternels de Charles Quint, les [[Rois catholiques d'Espagne|Rois catholiques]] ; elle devient effective au début du {{s-|XVI}} lorsque la mère de Charles Quint, [[Jeanne la Folle]], reine de Castille en 1504 devient reine d'Aragon en 1516.</ref>'').
 
Sa naissance est célébrée par plusieurs jours de fêtes et de joutes {{refnec|interrompues par la nouvelle du [[Sac de Rome (1527)|sac de Rome]]}} par les armées de l'empereur. Il est porté sur les [[fonts baptismaux]] par [[Henri III de Nassau-Breda]], par le duc de Bejar et par sa tante, [[Éléonore de Habsbourg]], sœur de Charles Quint ; selon la tradition, on lui donne pour nom de baptême celui de son grand-père paternel, [[Philippe Ier le Beau|Philippe le Beau]] (mort prématurément en 1506).
 
==== Éducation ====
Il reçoit une éducation soignée. Le gouverneur de la maison du prince, qui supervise son éducation, est don [[Juan de Zúñiga Avellaneda y Velasco|Juan de Zúñiga]], grand commandeur de l'[[ordre de Santiago]]. Sa formation intellectuelle et morale est confiée à plusieurs précepteurs : le [[mathématicien]] [[Pedro Sanchez Ciruelo]], l'[[Humanisme|humaniste]] [[Juan Ginés de Sepúlveda]], le recteur de l'[[université de Salamanque]], [[Fernán Pérez de Oliva]], le futur [[archevêque]] [[Juan Martínez Silíceo]]. Charles Quint propose même ce poste au plus grand humaniste du temps, [[Érasme de Rotterdam|Érasme]], qui décline la proposition.
 
Le prince apprend les langues en usage dans ses futurs États : l'[[espagnol]], le [[portugais]], l'[[italien]] et le [[français]], dans lequel il avait cependant des réticences à s'exprimer en raison de son fort accent, ainsi que le [[latin]], langue de l'Église catholique et des humanistes. Dans l'ensemble, sa formation est principalement espagnole, malgré les pages italiens et néerlandais qui l'entourent.
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==== Premier mariage : Marie Manuelle de Portugal (1543-1545) ====
{{...}}
Pour renforcer ses liens avec le Portugal, l'empereur, veuf d'Isabelle de Portugal, marie son fils, à peine âgé de 16 ans, à l'[[infant]]e [[Marie-Manuelle de Portugal|Marie Manuelle]] (1527-1545). Les fiancés, issus de mariages entre deux fratries<ref>Charles Quint est le frère de [[Catherine de Castille]], épouse de [[Jean III (roi de Portugal)|Jean III]], qui est le frère d'[[Isabelle de Portugal (1503-1539)|Isabelle de Portugal]].</ref>, sont doublement cousins germains. Le mariage a lieu le 12 novembre 1543 à [[Salamanque]].
 
Marie-Manuelle meurt deux ans plus tard, quelques jours après avoir donné le jour à un garçon, [[Charles d'Autriche (1545-1568)|don Carlos]] (1545-1568), au destin assez pitoyable.
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==== Deuxième mariage : Marie Tudor (1554-1558) ====
Philippe est donc désormais prince des Espagnes, héritier des [[État bourguignon|possessions bourguignonnes]] des Habsbourg et [[Liste des souverains de Milan|duc de Milan]].
 
En 1553, Charles Quint décide de le marier avec la reine d'Angleterre [[Marie Ire d'Angleterre|Marie Tudor]] (1516-1558), fille de [[Catherine d'Aragon]]<ref>Catherine d'Aragon (1485-1536) est une fille des [[Rois catholiques d'Espagne|Rois catholiques]], sœur de [[Jeanne la Folle]] et tante de Charles Quint.</ref>, dont [[Henri VIII]] a divorcé en 1533, se séparant alors de l'[[Église catholique]], le pape ayant refusé l'annulation du mariage. Comme sa mère, Marie Tudor est une fervente catholique. Marie accède au trône d'Angleterre en juillet 1553, succédant à [[Édouard VI]], protestant convaincu.
 
Afin que les deux époux soient sur un pied d'égalité, Charles cède à son fils en 1554 le [[royaume de Naples]] (possession de la [[couronne d'Aragon]]), ainsi que le titre de « [[Liste des rois de Jérusalem|roi de Jérusalem]] ».
 
Le mariage a lieu le {{date-|25 juillet 1554}} dans la [[Cathédrale de Winchester|cathédrale]] de [[Winchester (Royaume-Uni)|Winchester]]. Le contrat de mariage donne à Philippe des droits honorifiques en tant que roi consort, mais exclut toute alliance automatique avec Charles Quint et toute nomination d'Espagnols (ou autres sujets de Charles Quint) en Angleterre.
 
Le règne difficile de Marie, violemment critiquée par les calvinistes, comme l'Écossais [[John Knox]]<ref>Le surnom « ''Bloody Mary'' », en revanche, date du {{s-|XVII}}.</ref>, prend fin assez vite, sans qu'elle ait eu d'enfant. C'est la fille d'[[Anne Boleyn]] (exécutée en 1536), [[Élisabeth Ire (reine d'Angleterre)|Élisabeth]], qui lui succède.
 
=== Roi d'Espagne ===
 
==== Abdication de Charles Quint ====
[[Fichier:Philip II's realms in 1598.png|vignette|gauche|upright=1.6|Possessions de {{souverain-|Philippe II}} en 1598 :<br>{{Légende/Début}}
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==== Mort et succession ====
Le roi Philippe II meurt le {{date|13 septembre 1598}} à l'âge de 71 ans au [[Escurial|palais de l'Escurial]], après un règne tumultueux de plus de quarante ans.
 
Le compositeur de [[Musique religieuse|musique sacrée]] [[Alonso Lobo]] compose à cette occasion un [[motet]] [[Rite funéraire|funèbre]] sur le texte du poème ''[[Versa est in luctum]]'', tiré du [[Livre de Job]]<ref>[https://www.brayeweppe.fr/versa-est-in-luctum Texte]</ref>.
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== La défense de la catholicité ==
[[Image : La emperatriz Isabel de Portugal, por Tiziano.jpg|vignette|gauche|L'impératrice et reine [[Isabelle de Portugal (1503-1539)|Isabelle]], mère de {{souverain-|Philippe II}} et régente des Espagnes ([[Titien]])]]
Prince élevé de la cour espagnole d'Isabelle de Portugal, fils et héritier des prétentions de l'empereur Charles Quint à réconcilier la [[chrétienté]] autour de l'[[Église catholique|Église romaine]], {{souverain-|Philippe II}} est un prince de la [[Contre-Réforme]]. La défense de la foi [[Catholicisme|catholique]] est une véritable clef de voûte de sa politique. Il est ainsi un ardent promoteur de la reprise des discussions au [[concile de Trente]], suspendu depuis 1553.
 
Dans ses États, il recevra l'œuvre du concile comme des lois fondamentales et pressera l'Église espagnole à mettre en application les réformes [[Concile de Trente|tridentines]]. L'[[Inquisition]] maintint sa puissance dans la société espagnole et la conserva encore après lui.
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Le soulèvement des morisques, maté en 1571 malgré l'aide des [[Empire ottoman|Ottomans]], se terminera par une déportation massive vers le nord de l'Espagne. C'est dans ce contexte que {{souverain-|Philippe II}} forgea avec [[République de Venise|Venise]] et [[États pontificaux|Rome]] une [[Sainte-Ligue (1571)|Sainte-Ligue]]. La flotte espagnole, avec ses alliés vénitiens, écrase la flotte turque à [[bataille de Lépante|Lépante]], mettant fin à la domination turque en Méditerranée. Néanmoins, [[Tunis]] est perdue lors du [[Conquête de Tunis (1574)|siège de 1574]].
 
[[Fichier:Péninsule ibérique en 1598.png|vignette|Carte de la péninsule ibérique sous le règne de {{souverain-|Philippe II}}.]]
 
== Politique extérieure ==
La politique extérieure de Philippe II s'appuie sur un réseau d'[[espion]]s qu'il crée à travers toute l'Europe<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Fernand|nom1=Braudel|titre=La Méditerranée et le monde méditerranéen à l'époque de Philippe II - Tome 3: 3. Les événements, la politique et les hommes|éditeur=Armand Colin|date=2017-10-18|isbn=978-2-200-61932-9|lire en ligne=https://books.google.nl/books?hl=fr&lr=&id=8Hg5DwAAQBAJ&oi=fnd&pg=PP4&dq=Philippe+ii&ots=hS5MlWh0yt&sig=W2nc7Z21jVlDhpl6V9SxHqswWtM&redir_esc=y#v=onepage&q=Philippe%20ii&f=false|consulté le=2024-11-29}}</ref>. Au-delà des ambassadeurs eux-mêmes, des agents aux fonctions variées (artistes, religieux, esclaves, etc.) font circuler des messages codés qui remontent jusqu'au roi lui-même<ref>{{article|titre=L'âge d'or de l'espionnage espagnol|périodique=Courrier International|date=9 décembre 2021|auteur=Antonio Orti|numéro=1623|page=58}}, traduction d'un article paru le 23/05/21 dans ''Historia y vida''.</ref>.
 
=== Le conflit avec les Valois ===
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[[Fichier:Emanuel-van-Meteren-Historien-der-Nederlanden-tot-1612 MG 9962.tif|vignette|{{souverain-|Philippe II}}.]]
 
La mort d'{{Henri II}} lors des festivités entourant le mariage oriente durablement la suite des relations que Philippe entretient avec la France : le souverain français laisse après lui quatre fils mineurs et en mauvaise santé. Leur faiblesse attise le conflit religieux interne à la France et provoque l'effondrement du royaume sur l'échiquier international. Pendant près de vingt ans, la France ne sera qu'un enjeu secondaire pour Philippe. Si son désir de promouvoir la catholicité explique une partie de ses interventions dans le [[Guerres de Religion (France)|conflit français]], ce qui le motive, c'est essentiellement la [[Guerre de Quatre-Vingts Ans|guerre dans les Flandres]] et en [[Duché de Brabant|Brabant]], après l'exécution à [[Bruxelles]] des comtes [[Lamoral (comte d'Egmont)|d'Egmont]] (qui avait été pourtant le vainqueur de la bataille de Saint-Quentin) et de [[Philippe de Montmorency|Hornes]], les chefs du [[Compromis des Nobles]], porteurs des revendications de la noblesse et du peuple contre la promulgation du [[Conseil des troubles]] qui réprime durement les protestants, tout en voulant restreindre l'exercice des libertés locales acquises sous les [[Liste des ducs de Bourgogne|ducs de Bourgogne]] et leur descendant [[Charles Quint]], le père de {{souverain-|Philippe II}}. Tous les rebelles n'adhèrent pas au [[protestantisme]]. Les nobles principaux des [[Belgica Regia|provinces belges]] sous la direction de [[Guillaume Ier d'Orange-Nassau|Guillaume d'Orange]] utilisent le royaume de France, mais aussi les États [[Rhénanie|rhénans]], comme bases arrière et y possèdent des appuis parfois très haut placés. Le [[François de France (1555-1584)|duc d'Alençon]] est ainsi régulièrement sollicité par les rebelles et les [[Malcontenten|malcontents]], tandis que les frères de Guillaume d'Orange, retranché dans les États familiaux de [[Nassau (Lahn)|Nassau]], fournissent de l'argent et des [[mercenaire]]s, participant même aux combats. Le problème pour {{souverain-|Philippe II}} n'est pas seulement territorial, ses possessions des Pays-Bas menaçant de lui échapper, mais aussi religieux car il voit d'un très mauvais œil les progrès du [[calvinisme]] en France et dans les États du [[Saint-Empire romain germanique]].
 
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=== Le Siècle d’or ===
{{...}}
Son règne représente alors le sommet de la puissance de l'Espagne, pour laquelle on parle de ''[[Siècle d'or espagnol|Siècle d’or]]''.
 
=== Les difficultés économiques ===
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[[Fichier:La_batalla_de_Gravelinas,_por_Nicholas_Hilliard.jpg|vignette|La [[Bataille de Gravelines (1588)]], par [[Nicholas Hilliard]]. Une bataille serrée telle qu'elle n'a probablement jamais eu lieu. ]]
 
{{souverain-|Philippe II}} et son règne ont été durablement considérés comme de parfaites illustrations d'un [[obscurantisme]] ou d'un retard typiquement espagnols. L'histoire place très tôt le déclin de l'Empire espagnol, quelquefois à la [[bataille de Lépante]] ; une autre date retenue est celle de la tentative avortée d'invasion de l'Angleterre appelée ''[[Invincible Armada]]'' en 1588, une éclatante victoire de l'Angleterre élisabéthaine dans la propagande anglaise, plutôt un [[Armada espagnole en Irlande|naufrage dans les faits]]. Elle omet souvent de préciser l'échec cuisant de l'[[expédition Drake-Norreys]] qui a suivi, deux autres tentatives d'invasion [[Armada espagnole de 1596|en 1596]] et [[Armada espagnole de 1597|en 1597]], égales à la première et la [[Traité de Londres (1604)|paix défavorable pour l'Angleterre qui a suivi en 1604]]. L'historiographie sur cette époque est le produit de distorsions de l'histoire, résultat de la propagande anglaise et protestante de l'époque ; mais aussi de celle plus récente publiée aux {{s2|XIX|XX}}, une période où l'Espagne avait cessé de peser dans l'ordre international, précisément la période où la [[Grande-Bretagne]] atteignait son apogée et cherchait des mythes du passé pour créer son identité. Le grand corpus de propagande créa une réalité alternative qui se transforma au fil des siècles en « la défaite de l'Invincible Armada », le grand moment déterminant du nationalisme anglais, avec sa litanie de clichés connexes<ref name=":0">{{Chapitre|langue=en|titre chapitre=Introduction|titre ouvrage=The English Armada : The Greatest Naval Disaster in English History|éditeur=Bloomsbury Academic|isbn=978-1-350-01697-2|doi=10.5040/9781350017009-009|lire en ligne=http://dx.doi.org/10.5040/9781350017009-009|consulté le=2021-05-01}}</ref>.
 
Le règne de {{souverain-|Philippe II}} fut marqué par une grande rigueur en matière religieuse, politique et sociale. Le plus grand Empire du monde requérait d'autre part une machine bureaucratique stricte qui n'avait pas le loisir de la littérature élogieuse ou disculpatoire qu'a produit à la même époque l'Angleterre élisabéthaine<ref name=":0" />. L'Angleterre avait de séduisant ce que l’Espagne avait de rigoriste : après la défaite de l'Armada [[Élisabeth Ire (reine d'Angleterre)|Élisabeth {{Ire}}, reine d'Angleterre]] se fait représenter sous les traits de [[Gloriana]], la [[La Reine des fées|reine des fées]] (l'Angleterre de l'époque faut-il le rappeler produit les plus brillants dramaturges, tels [[William Shakespeare]]).
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Il semble qu'[[El Greco]] vivait auprès de la Cour d'Espagne, quand il reçut la commande de ''[[Le Partage de la tunique du Christ|L'Expolio]]'' pour la [[cathédrale Sainte-Marie de Tolède|cathédrale de Tolède]]. En 1579, {{souverain-|Philippe II}} lui commande ''[[Le Martyre de saint Maurice|Le Martyre de Saint Maurice]]'', destiné au palais de l'[[Escurial]], mais ce tableau ne plaît, ni au roi, ni à la Cour, ni à l'[[Inquisition]], qui ne le trouvaient pas assez fidèle à l'esprit du [[concile de Trente]]<ref>Fray José de Sigüenza, description de la construction du Monastère de l'Escurial, dans ''Historia de la Orden de San Jerónimo (1595-1605)''.</ref>.
 
Après sa victoire de Saint-Quentin, Philippe II s'est lancé dans un vaste programme architectural dans la [[sierra de Guadarrama]] : le palais de [[Escurial|l'Escurial]]. L'architecture de ce palais repose sur des proportions très précises, tirées principalement des recherches de [[Jean de Bautista de Tolède]] (1567) et de [[Juan de Herrera]] sur la notion de [[Notion de module|module vitruvien]]<ref name="Pauwels-Lemerle">Cf. {{Ouvrage|auteurs=F. et Y. Pauwels-Lemerle|titre=L'Architecture à la Renaissance|lieu=Paris|éditeur=Flammarion|collection=Tout l'Art|année=1998|passage=197-198|pages=256 |isbn=2080122355}}.</ref>. Ces recherches, constitutives de la ''Sabiduria Divina'', s'appuient sur un recueil de proportions données dans l'[[Ancien Testament]] : celles de l'[[Arche de Noé]], du [[Tabernacle (Bible)|tabernacle]] et du [[temple de Jérusalem]] reconstruit par Salomon<ref name="Marías">{{article|auteur=F. Marías|langue=es|titre=El Escorial de Felipe II y la sabiduría divina|périodique=Annali di Architettura|numéro= 1|année= 1989|passage= 63-76}} ; {{ouvrage|auteur=Fernando Checa-Cremades|langue=es|titre=Felipe II. Mecenas de las artes|éditeur= Nerea|pages=512 |isbn=8486763711 |lieu=Madrid|année=1992}}.</ref>{{,}}<ref name="Cuadra">{{ouvrage|auteur=Juan Rafael de la Cuadra|titre=El Escorial y el templo de Salomón|sous-titre=Arquitecturae Historia Sagrada|éditeur=Bubok|date=décembre 2011 |langue=es|lire en ligne=https://www.delacuadra.net/escorial/textos/2015-escsalo.pdf}}</ref>.
 
== FamilleAscendance ==
=== Ascendance ===
{{Boîte déroulante/début|alignT=center|titre=Ascendance de {{souverain-|Philippe II}} d'Espagne}}
<center>{{Ancêtres-compact6
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{{Boîte déroulante/fin}}
 
=== Mariages et descendance ===
[[Fichier:Anthonis Mor 001.jpg|vignette|{{souverain-|Marie Ire}} d'Angleterre par [[Antonio Moro]], [[1554]].]]
[[Fichier:Isabel Clara Eugenia y Catalina Micaela.jpg|vignette|''[[Les infantes Isabelle-Claire-Eugénie et Catherine-Michelle (Prado)|Les infantes Isabelle Claire Eugénie et Catherine Michelle]]'' (vers 1575), par [[Alonso Sánchez Coello]].]]
En 1543, il se marie une première fois avec sa cousine paternelle et maternelle [[Marie-Manuelle de Portugal]], qui meurt en 1545 peu après la naissance de leur unique enfant :
 
En 1543, il se marie une première fois avec sa cousine paternelle et maternelle [[Marie-Manuelle de Portugal]], qui meurt en 1545 peu après la naissance de leur unique enfant :
* [[Charles d'Autriche (1545-1568)]] (Don Carlos).
 
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Il se remarie une troisième fois, le {{date-|22 juin 1559}}, avec [[Élisabeth de France (1545-1568)|Élisabeth de France]], fille d'{{souverain2|Henri II (roi de France)}} et de [[Catherine de Médicis]], à la suite du [[Traités du Cateau-Cambrésis|traité du Cateau-Cambrésis]] entre l'Espagne et la France. C'est durant les festivités de ce mariage que meurt tragiquement {{Henri II}}.
 
[[Fichier:L'emperadriu Maria i Felip III príncep.jpg|vignette|L'[[Marie d'Autriche|impératrice Marie]] et le prince Philippe qui deviendra {{souverain2|Philippe III (roi d'Espagne)|d'Espagne}}.]]
Élisabeth devient reine d'Espagne et met au monde deux enfants :
 
Élisabeth devient reine d'Espagne et met au monde deux enfants :
* [[Isabelle-Claire-Eugénie d'Autriche|Isabelle-Claire-Eugénie]] ([[Ségovie]], {{date-|12 août 1566}} - [[Bruxelles]], {{date-|1 décembre 1633}}). Mariée le {{date-|18 avril 1599}} à l'archiduc [[Albert de Habsbourg (1559-1621)|Albert de Habsbourg]] (1559-1621), elle fut gouvernante des Pays-Bas, [[Liste des comtes palatins de Bourgogne|comtesse de Bourgogne]] et [[Liste des comtes de Charolais|comtesse de Charolais]] ;
* [[Catherine-Michelle d'Espagne|Catherine-Michèle]] (Ségovie, {{date-|10 octobre 1567}} - [[Turin]], {{date-|6 novembre 1597}}), mariée en 1585 à {{souverain2|Charles-Emmanuel Ier de Savoie}} (1562-1630), [[Liste des comtes et ducs de Savoie|duc de Savoie]].
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De nouveau veuf en 1568, sans héritier, {{souverain-|Philippe II}} se remarie pour la quatrième fois en 1570 avec sa nièce, l'archiduchesse [[Anne d'Autriche (1549-1580)]] {{Incise|qui était promise à son fils défunt}} avec qui il a cinq enfants :
* [[Ferdinand, prince des Asturies|Ferdinand]] (1571-1578), [[prince des Asturies]] ;
* [[Charles Lawrence d'Autriche|Charles]] (1573-1575) ;
* [[Diego, prince des Asturies|Diego Félix]] (1575-1582), prince des Asturies ;
* [[Philippe III d'Espagne|Philippe]] (1578-1621), prince des Asturies (succédera à son père) ;
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* [[2016 au cinéma|2016]] :
** ''[[Emperor (film, 2018)|Emperor]]'' de [[Lee Tamahori]] avec [[Bill Skarsgård]] ;
** ''[[El ministerio del tiempo|Le Ministère du temps]]'' de Pablo et Javier Olivares avec Carlos Hipólito.
 
== Culture populaire ==
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=== Références ===
{{référencesRéférences}}
 
== BibliographieVoir aussi ==
{{Autres projets
| commons = Category:Philip II of Spain
| commons titre = {{souverain-|Philippe II}} (roi d'Espagne)
}}
 
=== Bibliographie ===
{{div col||30em}}
* David Loth, ''{{souverain-|Philippe II (roi d'Espagne)}}'', Paris, Payot, collection « Bibliothèque historique », 1933, 348 p. (réédition en collection de poche : Paris, Payot, 1981, 343 p. {{ISBN|2-228-70430-X}}).
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* {{ouvrage| prénom1=Joseph | nom1=Pérez| lien auteur1= Joseph Pérez| titre= L'Espagne de {{souverain-|Philippe II (roi d'Espagne)}}| lieu= Paris| éditeur= Fayard| année=1999| pages totales=448 |isbn= 2-213-60245-X |présentation en ligne=http://www.fayard.fr/lespagne-de-philippe-ii-9782213602455|commentaire= Réédition : {{Ouvrage| prénom1=Joseph| nom1=Pérez| lien auteur1=Joseph Pérez| titre=L'Espagne de {{souverain-|Philippe II (roi d'Espagne)}}| lieu=Paris| éditeur=Pluriel| collection=Pluriel| année=2013| pages totales=448| format livre=poche| isbn=978-2-8185-0360-7| présentation en ligne=http://www.fayard.fr/lespagne-de-philippe-ii-9782818503607}}.}}
* {{Ouvrage| langue=fr| prénom1=Anne| nom1=Molinié| directeur1=Anne Molinié| prénom2=Jean-Paul| nom2=Duviols| lien auteur2=Jean-Paul Duviols| directeur2=Jean-Paul Duviols| titre={{souverain-|Philippe II (roi d'Espagne)}} et l'Espagne| lieu=Paris| éditeur=Presses de l'Université de Paris-Sorbonne| collection=Iberica (nouvelle série)| numéro dans collection=11| année=1999| pages totales=260| isbn=2-84050-144-9| issn=0153-0364| présentation en ligne=http://pups.paris-sorbonne.fr/catalogue/histoire-moderne-et-contemporaine/iberica/philippe-ii-et-lespagne}}.
* {{Ouvrage| langue=fr| prénom1= Francis| nom1= Dupau| titre={{souverain-|Philippe II}}|sous-titre=L'apogée du siècle d'or espagnol | lieu=Paris| éditeur=[[Éditions Perrin|Perrin]]| année=2021| pages totales=480| isbn=978-2-262-07285-8}}
* {{Article |prénom1= Sylvène|nom1= Édouard-Laurent|titre= Problématique d'une monarchie au {{s-|XVI|e}}|sous-titre= {{souverain-|Philippe II (roi d'Espagne)}}, un roi absolu ?|périodique= [[Revue historique (France)|Revue historique]]|lieu= Paris|éditeur= [[Presses universitaires de France]]|numéro= 596|mois= octobre-décembre|année= 1995|pages=225-241|lire en ligne= https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56212037/f27.image}}.
* {{Ouvrage | langue=fr | prénom1=Sylvène | nom1=Édouard | titre=L'Empire imaginaire de {{souverain-|Philippe II (roi d'Espagne)}} | sous-titre=Pouvoir des images et discours du pouvoir sous les Habsbourg d'Espagne au {{s-|XVI}} | lieu=Paris | éditeur=[[Éditions Honoré Champion|Honoré Champion]] | collection=Bibliothèque d'histoire moderne et contemporaine | numéro dans collection=17 | année=2005 | pages totales=416 | isbn=2-7453-1229-4 | présentation en ligne=https://www.cairn.info/revue-d-histoire-moderne-et-contemporaine-2010-1-page-230.htm}}, {{lire en ligne|lien=https://clio-cr.clionautes.org/l-empire-imaginaire-de-philippe-ii-pouvoir-des-images-et-discours-du-pouvoir-sous-les-habsbourg-d-espagne-au-xvie-siecle.html|texte=présentation en ligne}}, {{lire en ligne|lien=https://mcv.revues.org/2523|texte=présentation en ligne}}, {{lire en ligne|lien=https://chretienssocietes.revues.org/2286|texte=présentation en ligne}}, {{lire en ligne|lien=https://www.cairn.info/revue-historique-2008-1-page-99.htm#pa241|texte=présentation en ligne}}.
* {{ouvrage| langue=es | prénom1=José Antonio | nom1=Escudero | titre= {{souverain-|Felipe II}}| sous-titre= el Rey en el despacho| lieu= Madrid| éditeur= Editorial Complutense| année=2002 | pages totales=640 |isbn= 978-8-47491675-1 }}.
* {{Article|prénom1=Serge|nom1=Brunet|titre={{souverain-|Philippe II (roi d'Espagne)}} et la Ligue parisienne|périodique=[[Revue historique (France)|Revue historique]]|numéro=656|mois= octobre|année=2010|lieu=Paris|éditeur=[[Presses universitaires de France]]|pages= 795-844|lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-historique-2010-4-page-795.htm}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Bertrand|nom1=Haan|titre=L'amitié entre princes|sous-titre=une alliance franco-espagnole au temps des guerres de Religion (1560-1570)|lieu=Paris|éditeur=[[Presses universitaires de France]]|collection=Le nœud gordien|année=2010|pages totales={{VI}}-324|isbn=978-2-13-057981-6|présentation en ligne=https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_2011_num_169_1_464112_t10_0287_0000_2}}, {{lire en ligne|lien=https://www.cairn.info/revue-annales-2014-1-page-187.htm#pa134}}, {{lire en ligne|lien=https://www.cairn.info/revue-d-histoire-moderne-et-contemporaine-2012-3-page-163.htm}}.
* {{Ouvrage|langue=es|prénom1=Valentín|nom1=Vázquez de Prada|titre={{souverain-|Felipe II}} y Francia (1559-1598)|sous-titre=politica, religion y razón de Estado|lieu=Pampelune|éditeur=Ediciones Universidad de Navarra|collection=Histórica|année=2004|pages totales={{XXII}}-517|isbn=84-313-2170-9|présentation en ligne=https://www.cairn.info/revue-historique-2005-1-page-133.htm#pa167}}.
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