« Rougeole » : différence entre les versions
Contenu supprimé Contenu ajouté
Annulation de la modification de André kabamba (d) corrections |
→Liens externes : +liens externes, -liens morts |
||
(13 versions intermédiaires par 11 utilisateurs non affichées) | |||
Ligne 16 :
}}
La '''rougeole''' (également appelée parfois '''première maladie'''<ref>Ce nom de première maladie provient du fait que, vers la fin du {{
== Histoire ==
=== Origines ===
Pour persister durablement (assurer une chaîne continue de transmission), une maladie infectieuse a besoin d'une population humaine minimum. Dans le cas de la rougeole, on estime qu'il faut au moins une population vierge (non immunisée) de {{formatnum:250000}} à {{unité|500000|individus}} ayant des interactions fréquentes, typiquement des habitants d'un territoire relativement restreint.
Il est aujourd'hui admis, par des études [[Phylogénétique moléculaire|phylogénétiques]], que le virus de la rougeole correspond à l’adaptation à l’espèce humaine du virus de la [[peste bovine]], officiellement éradiquée de la planète en [[2011 en santé et médecine|2011]]<ref>{{Lien web |auteur=François Moutou |titre=Les zoonoses, entre humains et animaux |url=https://laviedesidees.fr/Les-zoonoses-entre-humains-et-animaux.html |site=[[La République des idées|La vie des idées]].fr |date={{1er}} mai 2020 |consulté le=10 mai 2020}}.</ref>. La datation de cette divergence est discutée : vers le {{sap-|XI}}<ref name=":1" />, ou dès le {{-
Dans les textes médicaux de l'Antiquité gréco-romaine, comme ceux de l'Antiquité chinoise, on ne retrouve pas de mention précise d'une maladie évoquant la rougeole. La maladie est considérée comme absente du bassin méditerranéen dans l'Antiquité<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Mirko D. Grmek|titre=Les maladies à l'aube de la civilisation occidentale|lieu=Paris|éditeur=[[Payot (éditions)|Payot]]|collection=Médecine et sociétés|année=1983|pages totales=527|passage=478.|isbn=2-228-55030-2}}</ref>.
[[Fichier:Al Razi Receuil de traite de medecine translated by Gerard de Cremone Second half of 13th century.jpg|vignette|Le traité de médecine de Rhazès, traduit en latin par [[Gérard de Crémone]] au {{
La première description de la rougeole est attribuée à [[Rhazès]], médecin persan du {{
Au Moyen Âge, la rougeole est désignée sous le terme latin de « ''morbilli'' », diminutif de « ''morbus'' », ou « petite maladie ». Ce terme recouvre des aspects similaires de plusieurs maladies éruptives de façon plus ou moins confuse (variole, [[lèpre]], [[scarlatine]]...). Il reste employé dans le français médical moderne « morbilliforme » (qui ressemble à l'éruption de la rougeole)<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Garnier Delamare|titre=Dictionnaire illustré des termes de médecine|lieu=Paris|éditeur=Maloine|année=2017|pages totales=1094|passage=615.|isbn=978-2-224-03434-4}}</ref>.
Ligne 37 :
En 1758, le médecin écossais {{Lien|langue=en|trad=Francis Home|fr=Francis Home}} démontre le caractère contagieux de la maladie, et tente d'obtenir une prévention en appliquant un principe analogue à la [[variolisation]] en utilisant du sang de rougeoleux.
Au {{
En Europe des épidémies sévirent en [[1840]], [[1860]] et [[1880]].
La description clinique, précise et complète, de la rougeole, avec ses différentes complications, est achevée au tournant du {{
La nature virale de la maladie est démontrée en 1911 par {{Lien|langue=en|trad=John F. Anderson (scientist)|fr=John F. Anderson}} et [[Joseph Goldberger]]. La [[culture cellulaire]] du virus est réalisée à partir de 1938. Le virus est isolé en [[1954 en santé et médecine|1954]] par [[John Enders]], qui en obtient une souche atténuée en 1958.
Ligne 62 :
== Transmission et contagiosité ==
Le virus de la rougeole se transmet directement par voie aérienne
La période de propagation du virus commence deux à six jours avant l'apparition de l'éruption cutanée. L'installation du virus dans l'organisme se fait au cours de la période d'incubation. Le virus est présent dans les sécrétions respiratoires dès la fin de l'incubation, jusqu'au cinquième jour après l'éruption<ref name=":2">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=E. Pilly|titre=Maladies Infectieuses et Tropicales|sous-titre=tous les items d'infectiologie|lieu=Paris|éditeur=CMIT|année=2017|pages totales=720|passage=480.|isbn=978-2-916641-66-9}}</ref>. Le risque de transmission diminue à partir du deuxième jour suivant l'apparition de l'éruption.
On sait depuis le {{
== Signes cliniques et évolution ==
Ligne 83 :
L'atteinte des muqueuses digestives est fréquente avec diarrhées, douleurs abdominales et vomissements. Des signes neurologiques sont possibles (convulsions, syndrome méningé)<ref name=":2" />.
Pendant l'invasion, le sujet est contagieux. Le [[Signe de Koplik|signe de
Cet [[énanthème]], décrit par [[Henry Koplik]] en 1896, est [[pathognomonique]] de la maladie, lorsqu'il est présent.
Ligne 140 :
=== Autres complications ===
La pneumonie dite interstitielle à cellules géantes (par fusion des cellules infectées) se voit chez les enfants ayant
Les [[kératite|kérato-]][[Conjonctivite|conjonctivites]] sont fréquentes et peuvent se compliquer de cécité, plus particulièrement dans les pays en voie de développement, en cas de déficit en [[vitamine A]], avec près de {{
L'hépatite de la rougeole se voit surtout chez l'adulte<ref name=":5" />.
Les formes les plus sévères de la rougeole apparaissent chez le jeune enfant souffrant de malnutrition, surtout avec déficit immunitaire ou en vitamine A. D'autre part, la rougeole conduit fréquemment à la malnutrition par ses manifestations digestives (diarrhées,
Dans de rares cas, la rougeole peut provoquer des [[thrombopénie]]s, entrainer des [[dysphagie]] voire une surdité. Chez l'adulte, la rougeole peut aussi être à l'origine d'[[Cytolyse hépatique|hépatites cytolytiques]].
=== Rougeole et immunité ===
Ligne 192 ⟶ 194 :
L'âge moyen auquel on contracte la rougeole dépend de l'immunité de la population, du taux de natalité, et de facteurs biologiques et environnementaux. Dans les pays en développement où le taux de couverture vaccinale est faible et chez les enfants des pays industrialisés d'avant la vaccination, la majorité des rougeoles surviennent chez le petit enfant, souvent avant l'âge de 2 ans<ref name=":3" />.
La maladie est d'autant plus grave avant l'âge de 3 ans, avec un risque de complication plus élevé chez les jeunes adultes. La gravité de la rougeole est aussi liée au milieu social, d'autant plus grave en milieu précaire : [[promiscuité]], [[malnutrition]] en particulier la carence en [[vitamine A]], [[
Lorsque la couverture vaccinale augmente, l'âge moyen se déplace vers les adolescents et jeunes adultes, en raison de la moindre circulation du virus et de leur l'absence ou insuffisance d'immunisation (par défaut de vaccination ou de contact avec le virus durant leur enfance)<ref name=":10">OMS 28 avril 2017, op. cit, p. 206.</ref>.
Ligne 204 ⟶ 206 :
=== Période prévaccinale ===
Dans les pays tempérés, à l'ère prévaccinale, les épidémies étaient saisonnières, plus fréquentes en hiver et au printemps<ref name=":9">Jean-Noël Gaudelus 2008, op. cit., p. 168-171.</ref> ; dans les pays tropicaux, les cas de rougeole surviennent le plus souvent en saison sèche<ref name=":10" />. [[File:5616561595 9683d78a20 bMEASLESrougeole.jpg|vignette|Épidémiologie de la rougeole durant la [[Première Guerre mondiale]] ; cartographie pour les États-Unis de l'importance d'une épidémie de rougeole, sur la base des taux d'admission pour 1000 personnes/an d'hommes blancs enrôlés dans l'armée d'avril à décembre [[1917]] ; Archives médicales militaires américaines]]
Au début du {{
À la veille de l'introduction du vaccin, les épidémies de rougeole en France survenaient tous les trois ans environ, touchant de {{formatnum:300000}} à {{formatnum:500000}} sujets par an, soit de façon quasi-inéluctable pour tous les enfants, la mortalité annuelle par rougeole ayant déjà chuté jusqu'à 15-30 cas par an vers 1980<ref name=":9" />.
Ligne 344 ⟶ 346 :
En 1966, la République populaire de Chine autorise la vaccination avec un vaccin à virus atténué élaboré à partir d'une souche locale ''Shangaï 191''<ref>https://www.jstor.org/pss/4453066</ref>.
En 1967, Smorodinstev développe un vaccin à virus atténué à partir de la souche
Au Japon, les souches utilisées sont CAM-70, AIK-C, TD97, toutes issues de la souche initiale ''Tanabe''<ref name=":19" />''.''
Ligne 375 ⟶ 377 :
=== Liens externes ===
{{Palette|Exanthème|Infections virales avec lésions cutanées et muqueuses|Infections virales}}
|