Guerre civile syrienne
Les protestations syriennes de 2011 sont une vague de contestations populaires sociales et politiques sans précédent, débutées à partir de février 2011 en Syrie. Il s'inscrit dans un contexte de protestations dans les pays arabes. Comme en Tunisie ou encore en Égypte, les manifestants demandent plus de libertés et de démocratie, ainsi qu'un meilleur respect des droits de l'homme.
Protestations syriennes de 2011 | |
Villes protestataires | |
Localisation | Syrie |
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Coordonnées | 35° nord, 38° est |
Date | - en cours |
Type | Protestations politiques et sociales |
Morts | 22 (immolations comprises) |
Blessés | des centaines |
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Alors que le mouvement de protestation semblait avoir du mal à démarrer malgré les appels lancés depuis le 4 février[1], les manifestations se répètent chaque jour à Deraa à partir du 15 mars[2]. Plusieurs bâtiments symboliques du pouvoir (siège du parti Baas, tribunaux) sont incendiés[2]. Le vendredi 18 mars, des manifestations de plusieurs milliers de personnes ont lieu à Damas, Homs, Banias et surtout Daraa. Le pouvoir réprime dans le sang ces manifestations, faisant 4 morts et une centaine de blessés au moins. Des dizaines d’opposants sont arrêtés[1].
Contexte
Le président Bachar el-Assad est au pouvoir depuis le 17 juillet 2000. Il a succédé à son père Hafez el-Assad qui avait été au pouvoir de 1971 à 2000, après avoir pris le pouvoir grâce au soutient d'une partie du Parti Baas. Ce parti domine actuellement la vie politique syrienne, et notamment le Parlement. Le Front national progressiste est la seule coalition du Parlement, composée principalement du Parti Baas (134 députés), et de neuf autres partis politiques représentant 35 députés.
Le président Bachar el-Assad est de confession alaouite, une branche de l'islam chiite largement minoritaire en Syrie.
De nombreux opposants politiques comme Kamal Labouani sont emprisonnés.
Protestations
Appels à manifester non suivis
Suivant l'exemple de la révolution égyptienne, des appels à manifester sont lancés sur Facebook, invitant les syriens à se mobiliser les 4 et 5 février, notamment devant le siège du parlement à Damas. L'appel ne fut pas suivi, en raison notamment de l'important dispositif de sécurité, des intimidations des forces de sécurité et de l'arrestation des principaux organisateurs[3].
Le 17 février, le gouvernement annonce des mesures sociales prévoyant la baisse de taxes sur les produits alimentaires de première nécessité, l'augmentation des subventions pour le fioul et la création d'un fonds social qui aidera 420 000 personnes en difficultés[4]. Fin février, le pouvoir rétablit l'accès à Facebook et Youtube pensant apaiser d'éventuelles tensions. Certains analysèrent le geste comme un moyen de mieux repérer les activistes[5].
En cette fin février 2011, les mouvements étaient très limités en Syrie, mais le président a pris les devants en affirmant le 22 février que les dirigeants arabes devaient « mieux comprendre la volonté des peuples et mener une politique prenant en compte leurs demandes »[6],[7].
Révolte de Daraa
Un nouvel appel est lancé sur Facebook, appelant les syriens aux soulèvement à partir du 15 mars dans toutes les villes de Syrie. Une manifestation eut lieu le jour prévu à Damas, avec quelques dizaines de personnes rassemblées au souk Al Hamidia criant des slogans tels que : « Dieu, la Syrie, la liberté et c'est tout ! » ; la foule fut rapidement dispersée par les forces de l'ordre. Selon les organisateurs, des manifestations eurent aussi lieu à Deir ez-Zor, Alep et Hassakeh[8].
Le lendemain, 200 personnes, pour la plupart des proches de prisonniers politiques, manifestent près du Ministère de l'Intérieur à Damas pour demander leur libération. Ils furent violemment dispersés par la police. Selon des témoins, des intellectuels ont été sauvagement battus, Amnesty International condamne la répression de manifestants pacifiques et affirme que 30 personnes ont été arrêtées, dont les activistes des droits de l'homme Mazen Darwish et Suhair Al-Attassi et le philosophe Tayeb Tzini[9].
Les auteurs de l’appel organisent le 18 mars un « vendredi de la dignité ». Des manifestations ont lieu à Damas, Alep, Homs, Hama, Banias et surtout à Daraa (ville du sud, d'environ 80 000 habitants), dans cette dernière les forces de l’ordre ont tiré à balles réelles sur les manifestants, tuant quatre d'entre eux[10].
Le lendemain, 19 mars, à Daraa, les funérailles de deux des manifestants tués la veille se transforment en manifestations, les forces de sécurité dispersent la foule par des tirs de gaz lacrymogènes, occasionnant plusieurs blessés[11].
La contestation s’amplifia le dimanche 20 mars, avec environ 10 000 manifestants descendant de nouveau dans les rues de Daraa (selon les organisateurs), rejetant la tentative de médiation d’une délégation gouvernementale. Les forces de l’ordre réprimèrent violemment les contestataires en tirant des gaz lacrymogènes et des balles réelles, tuant un manifestant et en blessant une centaine. La manifestation tourna alors à l’émeute, les protestataires incendièrent le siège du parti Baas au pouvoir, le Palais de Justice ainsi que deux succursales de deux compagnies de téléphonie mobile, dont l’une appartient à Rami Makhlouf, cousin du président Bachar el-Assad[12].
Les manifestations continuent le 22 mars à Daraa et s’étendent à la ville voisine de Djassem[13].
Le 23, un millier de personnes manifestent de nouveau à Daraa et Jassem, et la révolte s'étend à la ville de Nawa avec 2 500 manifestants scandant des slogans contre le pouvoir et se dirigeant vers le commissariat de la ville[14].
Le 24 mars, vers 1h30 du matin, une unité de l'armée prend d'assaut la mosquée Omari à Daraa où s'étaient retranchés certains manifestants, en tuant au moins 6. Plus tard dans la journée, la police ouvre le feu lors des funérailles de deux des manifestants. D'autres incidents ont lieu entre protestataires et forces de l'ordre dans les villages avoisinants. Au total, 15 personnes sont tuées tout au long de la journée.[15]
Réactions
Réactions du Gouvernement
Le gouvernement avait annoncé des mesure sociales le 27 février 2011 alors que la contestation était encore très faible, dans le but de prévenir de plus larges mouvements. Depuis le début de l'extension du mouvement le 15 mars, le président ne s'est pas encore exprimé sur la question.
Réactions internationales
Conséquences
Notes et références
- Saena Sadighiyan, Nicolas Brien, « Syrie : chronique d’une impossible révolution Twitter », Rue89, 19 mars 2011
- AFP, « Des milliers de manifestants de nouveau à Deraa Des milliers de manifestants de nouveau à Deraa », France 2, 21 mars 2011
- France24.com
- « Damas baisse les taxes sur des produits alimentaires », sur Le Monde, (consulté le )
- Syrie: les sites de Facebook et YouTube de nouveau accessibles, sur France24, 9 février 2011. Consulté le 22 mars 2011.
- (fr) Les dirigeants arabes doivent être plus à l'écoute de leur peuple, selon le président syrien, Le Point. Le 22 février 2011. Consulté le 22 mars 2011.
- (fr) (TRIBUNE) Pourquoi la Syrie n'a-t-elle pas (encore...) bougé?, Le Nouvel Observateur. Le 25 février 2011. Consulté le 22 mars 2011.
- Premiers signes de contestation en Syrie, sur L'Express, 15 mars 2011. Consulté le 22 mars 2011.
- Amnesty.org
- Syrie/manifestations: 4 morts , sur Le Figaro, 18 mars 2011. Consulté le 22 mars 2011.
- Syrie: des blessés lors d'affrontements , sur Le Figaro, 19 mars 2011. Consulté le 22 mars 2011.
- Le Monde.fr
- Les manifestations gagnent une deuxième ville de Syrie, sur L'Express, 21 mars 2011. Consulté le 22 mars 2011.
- http://www.lepoint.fr/monde/syrie-5e-journee-de-manifestations-contre-le-regime-dans-le-sud-22-03-2011-1310118_24.php
- http://www.lexpress.fr/actualite/monde/syrie-au-moins-15-morts-dans-des-affrontements-a-deraa_975572.html
Voir aussi
Articles connexes
- Protestations et révolutions dans le monde arabe en 2010-2011
- Protestations algériennes de 2011
- Révolution tunisienne de 2010-2011
- Protestations yéménites de 2011
Modèle:Palette Protestations dans les pays arabes de 2010-2011