Casse de la Banque de France de Saint-Nazaire
Le casse de la Banque de France de Saint-Nazaire est un important braquage ayant touché la Banque de France de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) le . Ce braquage est souvent qualifié de « casse du siècle » en raison de son mode opératoire spectaculaire et de son butin record estimé à 88 millions de francs (soit environ 13,4 millions d’euros)[1].
Déroulement du braquage
modifierLe à 4 h 30, dix hommes cagoulés et armés pénètrent dans l'appartement de fonction du caissier de la banque, Roger Camus, 52 ans, situé au-dessus de l'agence au premier étage de l’établissement à l’aide d’une échelle le petit mur d’enceinte à l’arrière du bâtiment Napoléon III[2].
Les malfaiteurs neutralisent la famille comprenant Roger Camus, sa femme, et leurs trois enfants et les prennent en otage, dont le caissier qui est alors blessé par balle au flanc. À l'aide de Talkie-walkie et d'un scanner surveillant les ondes policières, le groupe procède à la séquestration du directeur de la banque, Claude Neaut qui loge au 2e étage du bâtiment, avant de descendre dans la salle des coffres à 8 h 45.
Les braqueurs obligent les employés otages à charger quatorze sacs de jute de 25 kg chacun contenant un total de 88 574 000 francs et 6 380 dollars dans une Renault 18 et deux fourgonnettes volées garées à l'arrière de la banque sur le parking intérieur.
Enquête
modifierDécrite comme « le plus gros braquage depuis la Libération », cette affaire mobilise l'Office central de répression du banditisme (OCRB) et le juge antiterroriste Gilles Boulouque. Dans un premier temps, l'hypothèse d'une action d'Action directe est envisagée mais rapidement écartée. L’enquête se concentre sur la traçabilité des 409 000 billets volés, acheminés vers la Belgique et la Suisse.
Le , le journal Libération reçoit un tract de revendication ironique du casse signé "Des braqueurs funambules", accompagné de 20 000 francs en coupures usagées de 200 francs. Le texte dénonce "l'insécurité" liée à la misère sociale et attaque les ministres de l’époque, Pandraud et Pasqua, en déclarant : « Pour soutenir la politique sécuritaire de Pandore et Passequoi, faire parvenir ces billets troués pour les aider à construire leurs commissariats, leurs prisons et payer leurs indics avec 4 trous. » Les voleurs anarchistes jurent « ne pas être membres d’Action directe » et expliquent que « l’insécurité, ce n’est pas le grand banditisme ou ceux qui luttent contre un ordre établi » mais « c’est le chômage, le désespoir, la misère organisée et ses conséquences, drogue, Ricard et ses trafics. »
Le , le caissier hospitalisé reçoit un colis contenant deux films (Les Ripoux et Les Aventuriers de l’arche perdue), des cigares et du parfum No 5 de Chanel pour Madame, accompagné d’un mot : « Encore toutes nos excuses pour cette nuit éprouvante. »
L’enquête progresse grâce à des photos prises par un douanier à la frontière suisse, identifiant deux membres du groupe, Ahmed Bekkouche et Claudio Lavazza, liés à des mouvements anarchistes et criminels internationaux. L’équipe cosmopolite comprend des Algériens, des Français, un Chilien et deux Italiens liés à l’organisation Prima Linea.
Trois personnes, Jean-Michel Zabronski, Idir Hamdi, et un individu nommé Boudier, sont interpellées en France et en Belgique. Ces arrestations s'accompagnent de la découverte de 7,4 millions de francs dans des coffres bancaires en Belgique, bien qu'aucun lien direct avec le braquage de Saint-Nazaire ou celui de Niort du n'ait été formellement établi. Par ailleurs, des tableaux volés et une quinzaine de personnes recherchées dans d'autres affaires criminelles sont également retrouvés lors des perquisitions dans les milieux de la pègre.
Vie en cavale et suites judiciaires
modifierParmi les auteurs, certains restent introuvables pendant de nombreuses années. Jean-Luc Boudier, l'un des présumés braqueurs, se cache en Corrèze sous une fausse identité jusqu’à sa mort le . Ce n’est qu’en 2021 qu’une lettre de son fils résidant à Taiwan révèle son passé, relâchant des informations sur la participation de son père au braquage puis ses des années en fuite en Asie[3],[4].
D'autres membres du gang, comme Miloud Hai, sont arrêtés plusieurs années après les faits. Hai est condamné à perpétuité par contumace en 1992, avant d'être rejugé en 2008 et condamné à neuf ans de prison. Reconnu comme un des chefs de commando, il est interpellé le à Paris 13e.
Jean-Michel Zabronski, né le à Boulogne-Billancourt, décède le à l’âge de 39 ans. Une décision de la Cour de cassation, Chambre criminelle, rendue le (90-87.515), mentionne des éléments liés à cette affaire.
Références
modifier- Franck LABARRE, « Saint-Nazaire. « Le jour où… » : le casse du siècle à la Banque de France », sur Ouest_France, 28 décémbre 2021
- « Saint-Nazaire. C’est là qu’a eu lieu « le casse du siècle » », sur Ouest_France,
- Philippe Graziani, « France Bleu – Recherche pour braquage : un homme s'est caché plusieurs années en Corrèze sous une fausse identité », sur France_Bleu,
- Franck Petit, « Un braqueur de la Banque de France de Saint-Nazaire caché en Corrèze pendant 5 ans », sur France_3,
Liens externes
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