Gouvernement Michel Barnier
Le gouvernement Michel Barnier est le gouvernement de la République française entre le et le , le quarante-cinquième de la Ve République et le sixième sous la présidence d'Emmanuel Macron. Il succède au gouvernement Gabriel Attal, entré en fonction en janvier qui démissionne, selon la tradition républicaine, à la suite des élections législatives anticipées de juin-juillet 2024.
Président | Emmanuel Macron |
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Premier ministre | Michel Barnier |
Législature | XVIIe (Cinquième République) |
Formation | |
Fin | |
Durée | 3 mois et 8 jours |
Coalition | EPR (RE-MoDem-UDI-HOR-PRV) – LR |
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Ministres | 36 (19 ministres et 17 ministres délégués) |
Secrétaires d'État | 5 |
Femmes | 21 (8 ministres et 10 ministres déléguées) |
Hommes | 20 (11 ministres et 7 ministres délégués) |
Moyenne d'âge | 52 ans |
Assemblée nationale |
210 / 577 |
---|
Sa composition a été annoncée le , seize jours après la nomination du Premier ministre Michel Barnier, lui-même nommé le 5 septembre, presque trois mois après l'annonce de la démission de Gabriel Attal : c'est la période la plus longue entre la démission d'un gouvernement et la nomination du suivant depuis la Seconde Guerre mondiale.
Le , après le recours à l'article 49, alinéa 3, de la Constitution par le Premier ministre pour faire adopter le budget de la sécurité sociale et l'adoption d'une motion de censure votée par le Nouveau Front populaire et le Rassemblement national, Michel Barnier présente la démission de son gouvernement au président de la République, qui en prend acte et, huit jours plus tard, nomme François Bayrou pour lui succéder. Le gouvernement est chargé des affaires courantes entre le 5 décembre 2024 et le 13 décembre 2024, sans être gouvernement de plein droit, du fait de la censure du 4 décembre 2024.
Il s'agit de la seconde fois qu'un gouvernement de la Ve République est censuré, après le premier gouvernement Georges Pompidou en 1962, et, avec 99 jours, du deuxième plus éphémère hors période de transition électorale, derrière le troisième gouvernement Messmer (89 jours).
Formation
modifierContexte
modifierAprès la dissolution de la XVIe législature par Emmanuel Macron le , à la suite de la victoire du Rassemblement national (RN) aux élections européennes, des élections législatives anticipées se sont déroulées les et . Alors que le Rassemblement national (RN) est dans les premières estimations pressenti pour obtenir une majorité relative, il est placé en troisième position derrière le Nouveau Front populaire (NFP), arrivé en première position, et Ensemble pour la République, arrivé en deuxième position dans un contexte de Front républicain.
Gabriel Attal présente sa démission à Emmanuel Macron, qui l'accepte le . La veille de l'ouverture des Jeux olympiques, le NFP s'accorde pour proposer au chef de l'État le nom de Lucie Castets pour Matignon. En réaction, arguant que « personne n'a emporté [les élections] », Emmanuel Macron annonce la tenue de consultations en vue de former un gouvernement[1].
Le , à l'issue des Jeux olympiques, Emmanuel Macron convie les chefs de partis et présidents de groupes parlementaires des deux chambres à l'Élysée le pour tenter de trouver une issue à ce blocage de fait[2]. Après que le chef de l'État a reçu les chefs de partis et les présidents de groupes parlementaires, les services de l'Élysée font savoir par communiqué de presse du que Lucie Castets ne serait pas nommée à Matignon[3].
Le , Emmanuel Macron reçoit Bernard Cazeneuve (ex-PS ; Premier ministre sous François Hollande) et Xavier Bertrand (LR ; président de la région Hauts-de-France), alors pressentis pour le poste de Premier ministre[4]. Le nom de Thierry Beaudet est également évoqué le même jour. Face au risque de motion de censure, la candidature de Michel Barnier, déjà évoquée début juillet[5],[6], est de nouveau envisagée le 4 septembre[7]. Le 5 septembre, soit quasiment deux mois jour pour jour après le second tour des élections législatives, Emmanuel Macron nomme celui-ci à la tête du gouvernement[8],[9],[10],[11]. Alors que le NFP a annoncé censurer tout gouvernement qui n'est pas issu de ses rangs, le RN annonce attendre la déclaration de politique générale du nouveau gouvernement avant de se décider à censurer ou non[12],[13].
Formation du gouvernement
modifierLe , Michel Barnier reçoit les chefs de file des Républicains, respectivement Laurent Wauquiez, président du groupe Droite républicaine, Bruno Retailleau, président du groupe Les Républicains au Sénat, ainsi qu'Édouard Philippe, ancien Premier ministre et président d'Horizons[14], Gérard Larcher, président du Sénat[15], ainsi que Gabriel Attal, président du groupe Ensemble pour la République, et ancien Premier ministre, en vue de l'entrée de ces partis au gouvernement[16].
Le 8 septembre, Michel Barnier reçoit Édouard Philippe, président du parti Horizons et ancien Premier ministre, et François Bayrou, président du parti Modem[17].
Le , Michel Barnier reçoit les représentants du groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires[18].
La possibilité du maintien de ministres du gouvernement Gabriel Attal est évoquée, notamment dans les cas de Catherine Vautrin, Rachida Dati, Gérald Darmanin et de Sébastien Lecornu, ce dernier serait « assuré de rester »[19]. Bruno Retailleau est aussi envisagé comme ministre régalien[20].
Le , après le rejet d'une première liste de ministres par le président Macron et à la suite d'un accord entre le bloc macroniste et les Républicains, Michel Barnier soumet une liste de trente-huit ministres au président de la République[21]. Le gouvernement est ensuite annoncé le par Alexis Kohler, secrétaire général de l'Élysée[22].
Il est considéré, avant même sa formation, comme « le gouvernement le plus à droite de toute l'histoire de la Ve République » par la députée socialiste Céline Hervieu[23]. Après sa formation, le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, rejoint son point de vue[24]. D'autres se montrent plus tempérés, à l'instar de l'eurodéputé socialiste Pierre Jouvet et du politologue Alain Duhamel, qui se contentent d'évoquer le « gouvernement le plus à droite depuis François Fillon »[25],[26]. Plusieurs de ses ministres ont milité contre le mariage homosexuel[27] ou étaient opposés à la constitutionnalisation de l'IVG. De plus, il s'agit du premier gouvernement de la cinquième république à recevoir le Rassemblement national pour discuter du budget[28].
La coalition gouvernementale, entre deux forces parlementaires — le bloc macroniste et Les Républicains — jusqu'alors adversaires déclarés, est désignée par Michel Barnier comme un « socle commun »[29] représentant la majorité « la moins relative » à l'Assemblée nationale. L'expression de « socle commun » est depuis fréquemment utilisée dans les médias et dans le monde politique pour désigner la base parlementaire du gouvernement Barnier et l'alliance entre le bloc macroniste et la droite conservatrice, y compris pour remettre en cause la solidité de cette coalition[30],[31].
Déclaration de politique générale
modifierLe Premier ministre prononce sa déclaration de politique générale le [32] à 15 h[33]. Le gouvernement ne sollicite la confiance ni de l'Assemblée nationale, ni du Sénat[34].
Le , les députés de gauche déposent une motion de censure en raison de la non nomination de Lucie Castets au poste de Premier ministre. Elle n'est pas adoptée.
Composition initiale
modifierPremier ministre
modifier- Premier ministre, chargé de la Planification écologique et énergétique : Michel Barnier[35],[36].
Ministres
modifierMinistres auprès du Premier ministre
modifierTitre | Ministre de tutelle | Titulaire |
---|---|---|
Ministre chargé des Outre-mer | Premier ministre | François-Noël Buffet |
Ministre chargé du Budget et des Comptes publics | Laurent Saint-Martin |
Ministres délégués
modifierSecrétaires d'État
modifierÉvolution de la composition
modifierAjustement du 27 septembre 2024
modifierAprès de nombreuses critiques sur la non-présence d'un ministre chargé des personnes handicapées, le portefeuille des Personnes en situation de handicap est attribué à Charlotte Parmentier-Lecocq, jusqu'alors députée du parti Horizons, qui devient ministre déléguée auprès du ministre des Solidarités, de l'Autonomie et de l'Égalité entre les Femmes et les Hommes.
En parallèle, Jean-Louis Thiériot, jusqu'alors député des Républicains, est nommé ministre délégué auprès du ministre des Armées et des Anciens combattants.
Censure et démission
modifierLe , après plusieurs semaines de débats, Michel Barnier engage la responsabilité de son gouvernement sur le projet de loi de finance de la sécurité sociale pour 2025 en vertu de l'article 49 alinéa 3 de la Constitution. Dans la foulée, deux motions de censure sont déposées, par les groupes du Nouveau Front populaire d'une part et les groupes Rassemblement national et UDR de l'autre. Marine Le Pen annonçant que les députés du groupe RN voteront les deux motions de censure.
Deux jours plus tard, le , la première étant adoptée à une large majorité, la seconde n'est pas mise au vote[37]. Le , en application de l'article 50 de la Constitution, Michel Barnier présente la démission de son gouvernement au président de la République, qui en prend acte[38]. Il assurera, avec les membres du gouvernement, le traitement des affaires courantes jusqu’à la nomination d’un nouveau gouvernement[38].
Le gouvernement de Michel Barnier est le second à être censuré sous la Cinquième République et le premier à l'être sur le fondement l'article 49.3[a].
Le , Emmanuel Macron nomme François Bayrou pour lui succéder[39].
Avec une durée de 99 jours, c'est le huitième gouvernement le plus éphémère de la Cinquième République, et le deuxième hors période de transition électorale, après le troisième gouvernement Messmer (89 jours).
Galerie du gouvernement au moment de la démission
modifierPremier ministre
modifierPortrait | Fonction | Nom | Parti | |
---|---|---|---|---|
Premier ministre, chargé de la Planification écologique et énergétique | Michel Barnier | LR |
Ministres
modifierMinistres auprès du Premier ministre
modifierPortrait | Fonction | Ministre de tutelle | Nom | Parti ou nuance | |
---|---|---|---|---|---|
Ministre chargé des Outre-mer | Premier ministre | François-Noël Buffet | LR | ||
Ministre chargé du Budget et des Comptes publics | Laurent Saint-Martin | RE |
Ministres délégués
modifierSecrétaires d'État
modifierReprésentativité
modifierParité
modifierLe gouvernement compte vingt femmes et vingt hommes, donc la parité numérique est respectée (en comptant le Premier ministre). Mais les ministères régaliens sont tous occupés par des hommes[40].
Répartition partisane
modifierL'équipe gouvernementale réunit un « socle commun » formé par l'ancienne majorité présidentielle (Ensemble pour la République) et Les Républicains, ainsi que des personnalités non affiliées :
Parti | Premier ministre |
Ministres | Ministres délégués |
Secrétaires d'État |
Total | |
---|---|---|---|---|---|---|
Répartition le | 1 | 20 | 14 | 5 | 40 | |
Les Républicains | 1 | 6 | 4 | 2 | 13 | |
Renaissance | 8 | 4 | 1 | 13 | ||
Mouvement démocrate | 2 | 1 | 3 | |||
Union des démocrates et indépendants | 1 | 2 | 3 | |||
Divers droite | 1 | 1 | 1 | 3 | ||
Horizons | 1 | 1 | 2 | |||
Divers gauche | 1 | 1 | ||||
Parti radical | 1 | 1 | ||||
Sans étiquette | 1 | 1 | ||||
Répartition le 13 décembre 2024 | 1 | 20 | 16 | 5 | 42 | |
Les Républicains | 1 | 6 | 5 | 2 | 14 | |
Renaissance | 8 | 4 | 1 | 13 | ||
Mouvement démocrate | 2 | 1 | 3 | |||
Union des démocrates et indépendants | 1 | 2 | 3 | |||
Divers droite | 1 | 1 | 1 | 3 | ||
Horizons | 1 | 2 | 3 | |||
Divers gauche | 1 | 1 | ||||
Parti radical | 1 | 1 | ||||
Sans étiquette | 1 | 1 |
Âge
modifierLors de sa nomination, Antoine Armand, âgé de 33 ans, est le plus jeune membre du gouvernement, tandis que Michel Barnier, 73 ans, est le doyen du nouveau gouvernement. La moyenne d'âge des membres du gouvernement est de 52 ans au moment de sa nomination.
Détail des motions de censure
modifierDate du vote | Outil et contexte | Majorité requise | Groupe | NI | Résultats | |||||||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
GDR | LFI-NFP | EcoS | SOC | LIOT | Dem | EPR | HOR | DR | UDR | RN | ||||||
article 49 al. 2 | 289 | 16[b] | 72 | 38 | 66 | 4[c] | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 1[d] | 197 | Rejetée[41] | |
article 49 al. 3 PLFSS 2025 |
288 | 16[b] | 71 | 38 | 65[e] | 1[f] | 0 | 0 | 0 | 0 | 16 | 123[g] | 1[h] | 331 | Adoptée[42] | |
Suite à l'adoption de la motion précédente, il n'y a pas eu lieu de statuer sur celle-ci. | ||||||||||||||||
Majorité absolue des membres de l'Assemblée nationale requise. Le ou les groupes signataires de la motion de censure sont identifiés en souligné. |
Principales actions
modifierNotes et références
modifierNotes
modifier- Le premier gouvernement Georges Pompidou est censuré le suite à l'adoption d'une motion de censure prise en application de l'alinéa 2 de l'article 49 de la Constitution (motion de censure dite « spontanée »).
- Tous sauf Emmanuel Tjibaou.
- Martine Froger, David Habib, Laurent Panifous et Olivier Serva.
- David Taupiac.
- Tous sauf Sophie Pantel.
- Olivier Serva.
- Tous sauf Sophie Blanc.
- Daniel Grenon.
Références
modifier- « Sortant du silence, Macron lâche que « personne n’a emporté » les législatives », 20 Minutes, (lire en ligne, consulté le )
- « Emmanuel Macron convie les chefs de partis le 23 août, pas de Premier ministre dans l’immédiat », La Voix du Nord, (lire en ligne, consulté le )
- « Nouveau gouvernement : Emmanuel Macron refuse de nommer Lucie Castets et lance de nouvelles consultations », Les Échos, (lire en ligne, consulté le )
- « Matignon: Macron "teste" Cazeneuve et Bertrand, la surprise Beaudet émerge », La Croix, (lire en ligne).
- « Les scénarios du 8 juillet/Ce que mijote Emmanuel Macron », La Lettre de l'Expansion, , p. 3
- Corinne Lhaïk, « Législatives : le fantasme d’une grande coalition », L'Opinion, no 2799, , p. 1-2
- « Nouveau Premier ministre: Michel Barnier, nouvelle "piste sérieuse" d'Emmanuel Macron? », BFMTV, (lire en ligne, consulté le ).
- « Gouvernement : Michel Barnier est nommé Premier ministre », France Bleu, (lire en ligne, consulté le )
- « Le Républicain Michel Barnier nommé Premier ministre », France Inter, (lire en ligne, consulté le )
- « Gouvernement: Michel Barnier succède à Gabriel Attal à Matignon », BFMTV, (lire en ligne, consulté le )
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- « Michel Barnier nommé Premier ministre : le RN attendra la "déclaration de politique générale" pour se positionner », Franceinfo, (lire en ligne, consulté le )
- Julie Cloris et Inès Chaïeb, « Nouveau gouvernement : Edouard Philippe et François Bayrou reçus à Matignon, Michel Barnier poursuit les consultations », Le Parisien, (lire en ligne, consulté le )
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- « Gouvernement Barnier: Gabriel Attal laisse entrevoir une "possible participation" des macronistes », RMC, (lire en ligne, consulté le ).
- Julie Cloris et Inès Chaïeb, « Nouveau gouvernement : Édouard Philippe et François Bayrou reçus à Matignon, Michel Barnier poursuit les consultations », sur leparisien.fr, (consulté le )
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- « Un nouveau gouvernement devrait être nommé « avant dimanche », annonce Matignon », .
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- « Budget : Fiscalité, finances... Michel Barnier a réuni son « socle commun » pour préparer sa déclaration de politique générale », Le Parisien, (lire en ligne, consulté le )
- « À l’Assemblée nationale, une majorité fantôme pour soutenir le gouvernement Barnier », sur France 24, (consulté le )
- « "Socle commun", vraiment ? Toutes ces fois où les "alliés" de Barnier l'ont trahi », Marianne, (lire en ligne, consulté le )
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- Laura Laplaud, « Qu'est-ce que la déclaration de politique générale que va prononcer Michel Barnier ? », sur Europe 1, (consulté le )
- « Déclaration de politique générale : Michel Barnier ne sollicitera pas de vote de confiance », sur Libération (consulté le )
- Décret du 5 septembre 2024 portant nomination du Premier ministre.
- Décret du 21 septembre 2024 relatif à la composition du Gouvernement.
- « Le gouvernement de Michel Barnier est renversé après l'adoption d'une motion de censure à l'Assemblée nationale », sur Franceinfo, (consulté le )
- « Le Premier ministre a remis ce jour la démission de son Gouvernement au Président de la République qui en a pris acte », sur elysee.fr, (consulté le )
- « DIRECT. Nouveau Premier ministre: Emmanuel Macron nomme François Bayrou », sur BFMTV (consulté le )
- Nicolas Barreiro, « Gouvernement Barnier : l'exécutif respecte-t-il la parité ? », sur RTL, (consulté le ).
- « Rejet d'une motion de censure, en application de l'article 49.2 de la Constitution », sur Assemblée nationale (consulté le )
- « Adoption d’une motion de censure : le PLFSS 2025 est rejeté en lecture CMP (art. 49.3) et le Premier ministre doit présenter la démission du Gouvernement (art. 50) », sur Assemblée nationale (consulté le )