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« Aristée de Proconnèse » : différence entre les versions

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{{Voir homonymes|Aristée (homonymie)}}


{{Infobox Biographie
[[Image:Map old-new Prokonnesos-fr.svg|thumb|right|280px|Localisation de l'île de Marmara, la [[Proconnèse]] traditionnelle, en [[Propontide]]. Se basant sur un passage de [[Strabon]] qui distingue une ancienne Proconnèse de la nouvelle<ref>{{StrGéo|compact}}, XIII, 1, 16 (trad. Mercier [2006]) :
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:« Le long de la côte qui va de Parion à Priapos se trouvent l’ancienne Proconnèse et l’actuelle Proconnèse, qui possède une ville ainsi qu’une grande carrière de pierre blanche très appréciée. C’est que les plus belles œuvres des cités de cette région, et avant tout celles qui sont à Cyzique, sont taillées dans cette pierre. »</ref>, G.&nbsp;Huxley suggère de voir dans l'île d'Haloné (actuelle Pasaliman) cette ancienne Proconnèse, d'où serait originaire Aristée<ref>G. Huxley [1986], p. 154 :
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:« ''If ‘Old Proconnesus’ is placed in Halone, the stages of Greek settlement in the Marmara islands become clearer: (…) the supposition that Halone is ‘Old Proconnesus’ implies that the island was a stepping-stone in settlement outward from Cyzicus. Settlers went first from Cyzicus to ‘Old Proconnesus’ and thence carried the name to new Proconnesus'' ».</ref>]]
| nom = Aristée
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| graphie originale = {{grec ancien|Ἀριστέας ὀ Προκοννήσιος}}
| nom de naissance =
| surnom = Aristéas de Proconnèse
| date de naissance = inconnue
| lieu de naissance = Proconnèse
| date de décès = inconnue
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| notes = Auteur des ''Arimaspées'' (perdues)
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| légende emblème =
}}


[[Image:Map old-new Prokonnesos-fr.svg|thumb|right|280px|Localisation de l'île de Marmara, la [[Proconnèse]] traditionnelle, en [[Propontide]]. Se basant sur un passage de [[Strabon]] qui distingue une ancienne Proconnèse de la nouvelle<ref>{{StrGéo|compact}}, XIII, 1, 16 (trad. Mercier 2006) :
'''Aristée de Proconnèse''' (en [[grec ancien]] {{grec ancien|Ἀριστέας}} / {{Lang|grc-Latn|''Aristéas''}}, en [[latin]] ''Aristeas Proconnesius'', en français parfois « Aristéas de Proconnèse ») est un poète voyageur semi-légendaire originaire de [[Proconnèse]] en [[Propontide]], actif vers 600 av. J.-C. Adorateur d'[[Apollon]] Hyperboréen, il voyagea vers le nord en [[Scythie]], où il est peut-être initié aux [[chamanisme|pratiques chamaniques]].
:« Le long de la côte qui va de Parion à Priapos se trouvent l’ancienne Proconnèse et l’actuelle Proconnèse, qui possède une ville ainsi qu’une grande carrière de pierre blanche très appréciée. C’est que les plus belles œuvres des cités de cette région, et avant tout celles qui sont à Cyzique, sont taillées dans cette pierre. »</ref>, G.&nbsp;Huxley suggère de voir dans l'île d'Haloné (actuelle Pasaliman) cette ancienne Proconnèse, d'où serait originaire Aristée<ref>Huxley 1986, {{p.}}154 :
:« ''{{lang|en|If ‘Old Proconnesus’ is placed in Halone, the stages of Greek settlement in the Marmara islands become clearer: (…) the supposition that Halone is ‘Old Proconnesus’ implies that the island was a stepping-stone in settlement outward from Cyzicus. Settlers went first from Cyzicus to ‘Old Proconnesus’ and thence carried the name to new Proconnesus.}}'' »</ref>.]]

'''Aristée de Proconnèse''' (en [[grec ancien]] {{grec ancien|Ἀριστέας ὀ Προκοννήσιος}} / {{Lang|grc-Latn|''Aristéas''}}, en [[latin]] ''Aristeas Proconnesius'', en français parfois « Aristéas de Proconnèse ») est un poète voyageur semi-légendaire originaire de [[Proconnèse]] en [[Propontide]], actif vers {{Date-|-600}} Adorateur d'[[Apollon]] hyperboréen, il voyagea vers le nord chez les [[Scythes]], où il fut peut-être initié aux [[chamanisme|pratiques chamaniques]], devenant ainsi ce que les Grecs appelaient un [[iatromante]].


== Biographie ==
== Biographie ==


Régulièrement, l'activité d'Aristée est située vers [[-650|650 av. J.-C.]]<ref>Par ex. Pierre Hadot, ''Qu'est-ce que la philosophie antique ?'', 1995, Gallimard, coll. « Folio », p. 432.</ref>, un peu avant celle d'[[Épiménide]] (vers 650). D'après la ''[[Souda]]'', il aurait vécu au {{VIe siècle av. J.-C.}}, « aux temps de Crésus et de Cyrus, au cours de la 50{{e}} olympiade » ([[-580|580]]/[[-576|576 av. J.-C.]]). Cette datation est néanmoins sujette à caution ; ainsi, A. Ivantchik suggère une période beaucoup plus basse (seconde moitié du {{VIe}} siècle, voire le premier quart du {{Ve siècle av. J.-C.}}), considérant qu'« aucun mot des fragments de l’''Arimaspée'' qui pouvait être utilisé pour sa datation ne correspond à l’usage de la littérature des [[VIIIe siècle av. J.-C.|{{VIIIe}}]]-[[VIIe siècle av. J.-C.|{{VIIe}} siècles av. J.-C.]]<ref>D'après A. Ivantchik 1993, {{p.}}51.</ref> » Un miroir représentant les Arimaspes, datant de [[-575|575 av. J.-C.]] environ, est toujours visible aujourd'hui<ref>Cf. {{ouvrage|auteur=J. D. Bolton|titre=Aristeas of Proconnesus|éditeur=Oxford University Press|année=1962|passage=planche I}}.</ref>.
Régulièrement, l'activité d'Aristée est située vers {{Date|-650}}<ref>Par ex. Pierre Hadot, ''Qu'est-ce que la philosophie antique ?'', 1995, Gallimard, coll. « Folio », p. 432.</ref>, un peu avant celle d'[[Épiménide]] (vers 650). D'après la ''[[Souda]]'', il aurait vécu au {{-s|VI}}, « aux temps de Crésus et de Cyrus, au cours de la 50{{e}} olympiade » ([[-580|580]]-[[-576|576 av. J.-C.]]). Cette datation est néanmoins sujette à caution ; ainsi, A. Ivantchik suggère une période beaucoup plus basse (seconde moitié du {{s-|VI}}, voire le premier quart du {{-s|V}}), considérant qu'« aucun mot des fragments des ''Arimaspées'' qui pouvait être utilisé pour sa datation ne correspond à l’usage de la littérature des [[VIIIe siècle av. J.-C.|VIII{{e}}]]-{{-s|VII}}<ref>Ivantchik 1993, {{p.}}51.</ref> » Un miroir représentant les [[Arimaspes]], datant de {{Date|-575}} environ, est toujours visible aujourd'hui<ref>Voir Bolton 1962, planche I.</ref>.


Il est, chez [[Hérodote]], « fils de Caystrobios » (IV, 13), issu « d'une des meilleures familles de son pays » (IV, 14). La ''Souda'' reprend le nom de Caystrobios et y ajoute celui de Démocharis ({{grec ancien|Ἀριστέας, Δημοχάριδος ἢ Καυστροβίου}}). D'après G. Huxley [1986]<ref>Cf. p.&nbsp;154 et n.&nbsp;9.</ref>, le premier nom laisse penser que sa famille était originaire d'[[Ionie]] (peut-être d'[[Éphèse]]).
Il est, chez [[Hérodote]], « fils de Caystrobios » (IV, 13), issu « d'une des meilleures familles de son pays » (IV, 14). La ''Souda'' reprend le nom de Caystrobios et y ajoute celui de Démocharis ({{grec ancien|Ἀριστέας, Δημοχάριδος ἢ Καυστροβίου}}). D'après G. Huxley<ref>Huxley 1986, {{p.}}154, n.&nbsp;9.</ref>, le premier nom laisse penser que sa famille était originaire d'[[Ionie]] (peut-être d'[[Éphèse]]).


{{Citation bloc|De son côté, Aristéas, fils de Caystrobios, de Proconnèse, dans un poème épique [''Arimaspées''], raconte que, possédé de Phébus, il alla chez les Issédons, qu'au-dessus des Issédons habitent les Arimaspes, hommes qui n'auraient qu'un œil ; au-dessus des Arimaspes, les griffons gardiens de l'or ; au-dessus des griffons, les Hyperboréens qui s'étendent jusqu'à une mer ; que, sauf les Hyperboréens, tous ces peuples, à commencer par les Arimaspes, font constamment la guerre à leurs voisins ; que les Issédons furent chassés de chez eux par les Arimaspes, les Scythes par les Issédons ; et que les Cimmériens, qui habitent la côte de la mer du Sud, sous la pression des Scythes abandonnèrent leur pays. Ainsi, lui non plus n'est pas concernant ce pays, d'accord avec les Scythes.|[[Hérodote]]|[[Histoires]] ''(IV, 14)''}}
{{Citation bloc|De son côté, Aristéas, fils de Caystrobios, de Proconnèse, dans un poème épique [''Arimaspées''], raconte que, possédé de Phébus, il alla chez les Issédons, qu'au-dessus des Issédons habitent les Arimaspes, hommes qui n'auraient qu'un œil ; au-dessus des Arimaspes, les griffons gardiens de l'or ; au-dessus des griffons, les Hyperboréens qui s'étendent jusqu'à une mer ; que, sauf les Hyperboréens, tous ces peuples, à commencer par les Arimaspes, font constamment la guerre à leurs voisins ; que les Issédons furent chassés de chez eux par les Arimaspes, les Scythes par les Issédons ; et que les Cimmériens, qui habitent la côte de la mer du Sud, sous la pression des Scythes abandonnèrent leur pays. Ainsi, lui non plus n'est pas concernant ce pays, d'accord avec les Scythes.|[[Hérodote]]|[[Histoires]] ''(IV, 14)''}}


La tradition lui attribue des pouvoirs chamaniques : il était sujet à des [[transe]]s et avait le don de [[bilocation]]<ref>[[Eric Robertson Dodds]], ''Les Grecs et l'irrationnel'', trad., 1959, Flammarion, coll. « Champs », 1977, p. 145.</ref>. [[Hérodote]] (IV, 14) rapporte ainsi qu'Aristée tomba en [[catalepsie]] dans l'atelier d'un foulon à Proconnèse ; mais qu'avant que ses disciples puissent le relever, son corps avait disparu ; qu'ensuite il revint six ans plus tard les retrouver. Par ailleurs, toujours selon Hérodote (IV, 15), deux cent quarante ans après cette mort supposée, un homme du nom d'Aristée arriva vers [[-470|470 av. J.-C.]] dans la ville de [[Métaponte]] en [[Calabre]], prétendant que depuis deux siècles il avait accompagné Apollon sous la forme d'un corbeau. Il demanda aux habitants qu'on lui érige une statue et qu'on dresse un autel dédié à Apollon, puis disparut. Cela daterait Aristée vers [[-710|710 av. J.-C.]], ce qui est incompatible avec l'histoire de Proconnèse.
La tradition lui attribue des pouvoirs chamaniques : il était sujet à des [[transe]]s et avait le don de [[bilocation]]<ref>[[Eric Robertson Dodds]], ''Les Grecs et l'Irrationnel'', trad., 1959, Flammarion, coll. « Champs », 1977, {{p.}}145.</ref>. [[Hérodote]] (IV, 14) rapporte ainsi qu'Aristée tomba en [[catalepsie]] dans l'atelier d'un foulon à Proconnèse ; mais qu'avant que ses disciples puissent le relever, son corps avait disparu ; qu'ensuite il revint six ans plus tard les retrouver. Par ailleurs, toujours selon Hérodote (IV, 15), deux cent quarante ans après cette mort supposée, un homme du nom d'Aristée arriva vers {{Date|-470}} dans la ville de [[Métaponte]] en [[Calabre]], prétendant que depuis deux siècles il avait accompagné Apollon sous la forme d'un corbeau. Il demanda aux habitants qu'on lui érige une statue et qu'on dresse un autel dédié à Apollon, puis disparut. Cela daterait Aristée vers {{Date|-710}}, ce qui est incompatible avec l'histoire de Proconnèse.


Cette dimension chamanique relie Aristée à d'autres penseurs « [[hyperboréens]] » ou « apolliniens ». Ainsi pour [[Apollonius Dyscole]], « À Épiménide, Aristée, [[Hermotime de Clazomènes|Hermotime]], [[Abaris le Scythe|Abaris]] et [[Phérécyde de Syros|Phérécyde]] a succédé [[Pythagore]] (...) qui ne voulut jamais renoncer à l'art de faiseur de miracles<ref>Apollonius, ''Histoires merveilleuses'', 6.</ref>. » Le premier à noter cet aspect fut Meuli<ref>K. Meuli, « Scythica », dans ''Hermès'' {{numéro}}70, 1935, p. 137 sq. : ''Gesammelte Schriften'', Bâle, Schwabe, 1975, t. II, p. 163 et suiv.</ref>.
Cette dimension chamanique relie Aristée à d'autres penseurs « [[hyperboréens]] » ou « apolliniens ». Ainsi pour [[Apollonios Dyscole]], « À Épiménide, Aristée, [[Hermotime de Clazomènes|Hermotime]], [[Abaris le Scythe|Abaris]] et [[Phérécyde de Syros|Phérécyde]] a succédé [[Pythagore]] (...) qui ne voulut jamais renoncer à l'art de faiseur de miracles<ref>Apollonios Dyscole, ''Histoires merveilleuses'', 6.</ref>. » Le premier à noter cet aspect fut Karl Meuli<ref>K. Meuli, « Scythica », dans ''Hermès'' {{numéro}}70, 1935, {{p.}}137 et suiv. = ''Gesammelte Schriften'', Bâle, Schwabe, 1975, {{t.}}II, {{p.}}163 et suiv.</ref>.


== Œuvre ==
== Œuvre ==
[[Fichier:Arimaspus griffin Louvre G553bis.jpg|thumb|right|220px|[[Arimaspes|Arimaspe]] combattant un [[griffon (mythologie)|griffon]], matière sans doute issue des ''Arimaspées'', ''[[péliké]]'' attique [[Céramique à figures rouges|à figures rouges]], v.&nbsp;[[-375]]-[[-350]], [[musée du Louvre]].]]


L’[[historien]] [[Hérodote]]<ref>{{HérHis}}, Livre IV (14)</ref> et la ''Souda'' attribuent à Aristée un poème intitulé ''Arimaspées'' ({{grec ancien|Ἀριμάσπεια|Arimáspeia}}), dont il ne nous reste que quelques fragments, douze vers en tout préservés par [[Jean Tzétzès|Tzetzès]] et le [[pseudo-Longin]]. L'auteur y raconte un voyage qu'il fit dans les pays du nord, au-delà de la [[Thrace]]. D'après Hérodote<ref>{{HérHis}}, Livre IV (13)</ref>, il y rencontra une tribu, les [[Issédones]], qui lui parla d'autres tribus vivant encore plus loin au nord, les [[Arimaspes]] pourvus d'un seul œil, qui combattent les [[Griffon (mythologie)|griffon]]s, gardiens d'un trésor<ref>Ce récit est repris par [[Pline l'Ancien|Pline]] et [[Pausanias le Périégète|Pausanias]], qui l'associent tous deux à Aristée.</ref>, et les [[Hyperboréens]] chez qui [[Apollon]] réside en hiver.
[[Image:Arimaspus griffin Louvre G553bis.jpg|thumb|right|220px|[[Arimaspes|Arimaspe]] combattant un [[griffon (mythologie)|griffon]], matière sans doute issue des ''Arimaspées'', [[péliké]] [[attique]] à figures rouges, v. [[-375|375]]-[[-350|350 av. J.-C.]], [[musée du Louvre]]]]


L'authenticité de son récit est sujet à de nombreuses discussions. L'interprétation des poèmes dépend essentiellement de celle donnée par Hérodote. Certains historiens suggèrent qu'Aristée n'effectue en réalité aucun voyage physique, mais uniquement chamanique au travers de ses transes. Cependant, en dehors des éléments fantastiques, les récits s'appuient sur des éléments rationnels laissant supposer qu'il s'y trouve bien un fond historique<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=J. P.|nom1=Mallory|prénom2=Victor H.|nom2=Mair|titre=The Tarim Mummies|éditeur=National Geographic Books|date=2008-08-26|passage=40-41|isbn=978-0-500-28372-1|lire en ligne=https://books.google.be/books?id=atONEAAAQBAJ&dq=Tarim+mummies+book&hl=fr&newbks=1&newbks_redir=0&sa=X&redir_esc=y|consulté le=2024-12-03}}</ref>.
Hérodote (IV, 14) et la ''Souda'' attribuent à Aristée un poème intitulé ''Les Arimaspées'' ({{grec ancien|Ἀριμάσπεια}} / {{Lang|grc-Latn|''Arimáspeia''}}), dont il ne nous reste que quelques fragments (douze vers en tout préservés par [[Jean Tzétzès|Tzetzès]] et le [[pseudo-Longin]]).

L'auteur y raconte un voyage qu'il fit dans les pays du nord, au-delà de la [[Thrace]]. D'après Hérodote (IV, 13), il y rencontra une tribu qu'il appelle les [[Issédons]], qui lui parla d'autres tribus vivant encore plus loin au nord : les [[Arimaspes]] pourvus d'un seul œil, qui combattent les [[Griffon (mythologie)|griffon]]s gardiens d'un trésor<ref>Ce récit est repris par [[Pline l'Ancien|Pline]] et [[Pausanias le Périégète|Pausanias]], qui l'associent tous deux à Aristée.</ref>, enfin les [[Hyperboréens]] chez qui Apollon réside l'hiver.


== Bibliographie ==
== Bibliographie ==

=== Fragments ===
=== Fragments ===
* {{grc}} Malcolm Davies, ''Epicorum Graecorum Fragmenta'', Vandenhoek et Ruprecht, Göttingen, 1988 {{ISBN|3-525-25747-3}}, fr.&nbsp;81-88.
* {{grc}} Malcolm Davies, ''Epicorum Graecorum Fragmenta'', Vandenhoek et Ruprecht, Göttingen, 1988 {{ISBN|3-525-25747-3}}, fr.&nbsp;81-88.
* [[Robert Brasillach]], ''Anthologie de la poésie grecque'', Stock, 1950 (rééd. 1995, Le Livre de Poche) {{ISBN|2-25301-517-2}}.
* [[Robert Brasillach]], ''Anthologie de la poésie grecque'', Stock, 1950 (rééd. 1995, Le Livre de Poche) {{ISBN|2-25301-517-2}}.
* [[Jacques Lacarrière (écrivain)|Jacques Lacarrière]], ''En cheminant avec Hérodote'', Hachette, coll. « Pluriel » {{ISBN|2-01278-888-2}}.
* [[Jacques Lacarrière (écrivain)|Jacques Lacarrière]], ''En cheminant avec Hérodote'', Hachette, coll. « Pluriel » {{ISBN|2-01278-888-2}}.
* G. Colli, ''La Sagesse grecque'', 1977, t. 1 : ''Dionysos, Apollon, Éleusis, Orphée, Musée, Hyperboréens, Énigme'', L'Éclat, 1990, p. 321-337 (Aristée) et t. 2 : ''Épiménide, Phérécyde, Thalès, Anaximandre, Onomacrite'', p. 44-103. Texte grec et traduction française.
* G. Colli, ''La Sagesse grecque'', 1977, t. 1 : ''Dionysos, Apollon, Éleusis, Orphée, Musée, Hyperboréens, Énigme'', L'Éclat, 1990, p. 321-337 (Aristée) et t. 2 : ''Épiménide, Phérécyde, Thalès, Anaximandre, Anaximène, Onomacrite'', p. 44-103. Texte grec et traduction française.


===Études===
===Études===
* {{en}} J.D.P. Bolton, ''Aristeas of Proconnesus'', Oxford, 1962, p. 1-183. Contient aussi une édition des fragments.
* {{en}} J.D.P. Bolton, ''Aristeas of Proconnesus'', Oxford, 1962, p. 1-183. Contient aussi une édition des fragments.
* K. Dowden K., « Deux notes sur les Scythes et les Arismapes », dans ''Revue des études grecques'' {{numéro}}93, 1980, p. 486-492.
* K. Dowden K., « Deux notes sur les Scythes et les Arimaspes », dans ''Revue des études grecques'' {{numéro}}93, 1980, p. 486-492.
* {{en}} George Huxley, « Aristeas and the Cyzicene », dans ''Greek, Roman and Byzantine Studies'' {{numéro}}27, 1986.
* {{en}} George Huxley, « Aristeas and the Cyzicene », dans ''Greek, Roman and Byzantine Studies'' {{numéro}}27, 1986.
* Askold Ivantchik, « La Datation du poème l’''Arimaspée'' d'Aristéas de Proconnèse », dans ''L'Antiquité classique'' {{numéro}}62, 1993, p. 35-67.
* Askold Ivantchik, « La Datation du poème l’''Arimaspée'' d'Aristéas de Proconnèse », dans ''L'Antiquité classique'' {{numéro}}62, 1993, p. 35-67.
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== Sources ==
== Sources ==
* {{AulNui}} (IX, 4, 1-5).
* {{AulNui}} (IX, 4, 1-5).
* {{HérEnq}} (vers 400 av. J.-C.) (IV, 13-16).
* {{HérEnq}} (IV, 13-16).
* [[Origène]], ''Contre Celse'' (III, 27).
* [[Origène]], ''Contre Celse'' (III, 27).
* {{PauDes}} (I, 24, 6).
* {{PauDes}} (I, 24, 6).
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== Voir aussi ==
== Voir aussi ==
=== Articles connexes ===
=== Articles connexes ===
* [[Liste des géographes gréco-romains]], [[Géographes grecs mineurs]]
* [[Apollon]]
* [[Apollon]]
* [[Chamanisme]]
* [[Chamanisme]]
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{{Portail|Grèce antique|poésie}}
{{Portail|Grèce antique|poésie}}


{{DEFAULTSORT:Aristee de Proconnese}}
[[Catégorie:Poète de la Grèce antique]]
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[[de:Aristeas]]
[[en:Aristeas]]
[[es:Aristeas de Proconeso]]
[[fi:Aristeas]]
[[hu:Ariszteasz]]
[[it:Aristea di Proconneso]]
[[nl:Aristeas]]
[[sh:Aristej]]
[[sr:Aristej]]

Dernière version du 3 décembre 2024 à 09:00

Aristée

Ἀριστέας ὀ Προκοννήσιος

Alias
Aristéas de Proconnèse
Naissance inconnue
Proconnèse
Décès inconnue
Profession
Activité principale
Ascendants
Caystrobios

Compléments

Auteur des Arimaspées (perdues)

Localisation de l'île de Marmara, la Proconnèse traditionnelle, en Propontide. Se basant sur un passage de Strabon qui distingue une ancienne Proconnèse de la nouvelle[1], G. Huxley suggère de voir dans l'île d'Haloné (actuelle Pasaliman) cette ancienne Proconnèse, d'où serait originaire Aristée[2].

Aristée de Proconnèse (en grec ancien Ἀριστέας ὀ Προκοννήσιος / Aristéas, en latin Aristeas Proconnesius, en français parfois « Aristéas de Proconnèse ») est un poète voyageur semi-légendaire originaire de Proconnèse en Propontide, actif vers Adorateur d'Apollon hyperboréen, il voyagea vers le nord chez les Scythes, où il fut peut-être initié aux pratiques chamaniques, devenant ainsi ce que les Grecs appelaient un iatromante.

Régulièrement, l'activité d'Aristée est située vers [3], un peu avant celle d'Épiménide (vers 650). D'après la Souda, il aurait vécu au VIe siècle av. J.-C., « aux temps de Crésus et de Cyrus, au cours de la 50e olympiade » (580-576 av. J.-C.). Cette datation est néanmoins sujette à caution ; ainsi, A. Ivantchik suggère une période beaucoup plus basse (seconde moitié du VIe siècle, voire le premier quart du Ve siècle av. J.-C.), considérant qu'« aucun mot des fragments des Arimaspées qui pouvait être utilisé pour sa datation ne correspond à l’usage de la littérature des VIIIe-VIIe siècle av. J.-C.[4] » Un miroir représentant les Arimaspes, datant de environ, est toujours visible aujourd'hui[5].

Il est, chez Hérodote, « fils de Caystrobios » (IV, 13), issu « d'une des meilleures familles de son pays » (IV, 14). La Souda reprend le nom de Caystrobios et y ajoute celui de Démocharis (Ἀριστέας, Δημοχάριδος ἢ Καυστροβίου). D'après G. Huxley[6], le premier nom laisse penser que sa famille était originaire d'Ionie (peut-être d'Éphèse).

« De son côté, Aristéas, fils de Caystrobios, de Proconnèse, dans un poème épique [Arimaspées], raconte que, possédé de Phébus, il alla chez les Issédons, qu'au-dessus des Issédons habitent les Arimaspes, hommes qui n'auraient qu'un œil ; au-dessus des Arimaspes, les griffons gardiens de l'or ; au-dessus des griffons, les Hyperboréens qui s'étendent jusqu'à une mer ; que, sauf les Hyperboréens, tous ces peuples, à commencer par les Arimaspes, font constamment la guerre à leurs voisins ; que les Issédons furent chassés de chez eux par les Arimaspes, les Scythes par les Issédons ; et que les Cimmériens, qui habitent la côte de la mer du Sud, sous la pression des Scythes abandonnèrent leur pays. Ainsi, lui non plus n'est pas concernant ce pays, d'accord avec les Scythes. »

— Hérodote, Histoires (IV, 14)

La tradition lui attribue des pouvoirs chamaniques : il était sujet à des transes et avait le don de bilocation[7]. Hérodote (IV, 14) rapporte ainsi qu'Aristée tomba en catalepsie dans l'atelier d'un foulon à Proconnèse ; mais qu'avant que ses disciples puissent le relever, son corps avait disparu ; qu'ensuite il revint six ans plus tard les retrouver. Par ailleurs, toujours selon Hérodote (IV, 15), deux cent quarante ans après cette mort supposée, un homme du nom d'Aristée arriva vers dans la ville de Métaponte en Calabre, prétendant que depuis deux siècles il avait accompagné Apollon sous la forme d'un corbeau. Il demanda aux habitants qu'on lui érige une statue et qu'on dresse un autel dédié à Apollon, puis disparut. Cela daterait Aristée vers , ce qui est incompatible avec l'histoire de Proconnèse.

Cette dimension chamanique relie Aristée à d'autres penseurs « hyperboréens » ou « apolliniens ». Ainsi pour Apollonios Dyscole, « À Épiménide, Aristée, Hermotime, Abaris et Phérécyde a succédé Pythagore (...) qui ne voulut jamais renoncer à l'art de faiseur de miracles[8]. » Le premier à noter cet aspect fut Karl Meuli[9].

Arimaspe combattant un griffon, matière sans doute issue des Arimaspées, péliké attique à figures rouges, v. -375--350, musée du Louvre.

L’historien Hérodote[10] et la Souda attribuent à Aristée un poème intitulé Arimaspées (Ἀριμάσπεια / Arimáspeia), dont il ne nous reste que quelques fragments, douze vers en tout préservés par Tzetzès et le pseudo-Longin. L'auteur y raconte un voyage qu'il fit dans les pays du nord, au-delà de la Thrace. D'après Hérodote[11], il y rencontra une tribu, les Issédones, qui lui parla d'autres tribus vivant encore plus loin au nord, les Arimaspes pourvus d'un seul œil, qui combattent les griffons, gardiens d'un trésor[12], et les Hyperboréens chez qui Apollon réside en hiver.

L'authenticité de son récit est sujet à de nombreuses discussions. L'interprétation des poèmes dépend essentiellement de celle donnée par Hérodote. Certains historiens suggèrent qu'Aristée n'effectue en réalité aucun voyage physique, mais uniquement chamanique au travers de ses transes. Cependant, en dehors des éléments fantastiques, les récits s'appuient sur des éléments rationnels laissant supposer qu'il s'y trouve bien un fond historique[13].

Bibliographie

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  • (grc) Malcolm Davies, Epicorum Graecorum Fragmenta, Vandenhoek et Ruprecht, Göttingen, 1988 (ISBN 3-525-25747-3), fr. 81-88.
  • Robert Brasillach, Anthologie de la poésie grecque, Stock, 1950 (rééd. 1995, Le Livre de Poche) (ISBN 2-25301-517-2).
  • Jacques Lacarrière, En cheminant avec Hérodote, Hachette, coll. « Pluriel » (ISBN 2-01278-888-2).
  • G. Colli, La Sagesse grecque, 1977, t. 1 : Dionysos, Apollon, Éleusis, Orphée, Musée, Hyperboréens, Énigme, L'Éclat, 1990, p. 321-337 (Aristée) et t. 2 : Épiménide, Phérécyde, Thalès, Anaximandre, Anaximène, Onomacrite, p. 44-103. Texte grec et traduction française.
  • (en) J.D.P. Bolton, Aristeas of Proconnesus, Oxford, 1962, p. 1-183. Contient aussi une édition des fragments.
  • K. Dowden K., « Deux notes sur les Scythes et les Arimaspes », dans Revue des études grecques no 93, 1980, p. 486-492.
  • (en) George Huxley, « Aristeas and the Cyzicene », dans Greek, Roman and Byzantine Studies no 27, 1986.
  • Askold Ivantchik, « La Datation du poème l’Arimaspée d'Aristéas de Proconnèse », dans L'Antiquité classique no 62, 1993, p. 35-67.
  • Stéphane Mercier, « Par-delà les Scythes et au sud des Hyperboréens : Aristéas de Proconnèse et les Arimaspées, entre mythe et réalité », dans Folia Electronica Classica no 11, janvier-juin 2006, Louvain-la-Neuve [lire en ligne].
  1. Géographie [détail des éditions] [lire en ligne], XIII, 1, 16 (trad. Mercier 2006) :
    « Le long de la côte qui va de Parion à Priapos se trouvent l’ancienne Proconnèse et l’actuelle Proconnèse, qui possède une ville ainsi qu’une grande carrière de pierre blanche très appréciée. C’est que les plus belles œuvres des cités de cette région, et avant tout celles qui sont à Cyzique, sont taillées dans cette pierre. »
  2. Huxley 1986, p. 154 :
    « If ‘Old Proconnesus’ is placed in Halone, the stages of Greek settlement in the Marmara islands become clearer: (…) the supposition that Halone is ‘Old Proconnesus’ implies that the island was a stepping-stone in settlement outward from Cyzicus. Settlers went first from Cyzicus to ‘Old Proconnesus’ and thence carried the name to new Proconnesus. »
  3. Par ex. Pierre Hadot, Qu'est-ce que la philosophie antique ?, 1995, Gallimard, coll. « Folio », p. 432.
  4. Ivantchik 1993, p. 51.
  5. Voir Bolton 1962, planche I.
  6. Huxley 1986, p. 154, n. 9.
  7. Eric Robertson Dodds, Les Grecs et l'Irrationnel, trad., 1959, Flammarion, coll. « Champs », 1977, p. 145.
  8. Apollonios Dyscole, Histoires merveilleuses, 6.
  9. K. Meuli, « Scythica », dans Hermès no 70, 1935, p. 137 et suiv. = Gesammelte Schriften, Bâle, Schwabe, 1975, t. II, p. 163 et suiv.
  10. Hérodote, Histoires [détail des éditions] [lire en ligne], Livre IV (14)
  11. Hérodote, Histoires [détail des éditions] [lire en ligne], Livre IV (13)
  12. Ce récit est repris par Pline et Pausanias, qui l'associent tous deux à Aristée.
  13. (en) J. P. Mallory et Victor H. Mair, The Tarim Mummies, National Geographic Books, (ISBN 978-0-500-28372-1, lire en ligne), p. 40-41

Articles connexes

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