« Shoah en Ukraine » : différence entre les versions

	Shoah en Ukraine
	; Membres d'un Einsatzkommando abattant une femme juive portant son enfant dans les bras, à Ivanhorod (Ukraine) en 1942.
Date	22 juin 1941 - 1944
Lieu	République socialiste soviétique d'Ukraine
Victimes	« Indésirables » au régime nazi
Type	Génocide
Morts	900 000 à 1 600 000
Auteurs	Troisième Reich
Ordonné par	Heinrich Himmler
Motif	Destruction des Juifs d'Europe, Antisémitisme, idéologie nazie
Participants	Einsatzgruppen; Ordnungspolizei; Wehrmacht; UPA-OUN; Police auxiliaire ukrainienne
Guerre	Seconde Guerre mondiale
	modifier

Navigation interactive dans l’historique

← Modification précédente

Contenu supprimé Contenu ajouté

VisuelWikicode

Intégrés

Dernière version du 2 janvier 2025 à 17:03

La Shoah en Ukraine recouvre les persécutions, les déportations et l'extermination subies par les Juifs ukrainiens du Reichskommissariat Ukraine, pendant l’occupation de la République socialiste soviétique d’Ukraine par l'Allemagne nazie lors de la Seconde Guerre mondiale^[1]. Entre 1941 et 1944, plus d'un million de Juifs ukrainiens ont été assassinés dans le cadre des politiques d'extermination mises en œuvre par le Generalplan Ost et la « Solution finale à la question juive ».

Contexte

Article détaillé : Histoire des Juifs en Ukraine.

À l’issue de la Première Guerre mondiale, la disparition des empires centraux (Reich allemand, Autriche-Hongrie) et les bouleversements issus de la Révolution bolchévique en Russie entraînèrent la dislocation de l’Ukraine, éclatant son territoire et ses populations, notamment juives, entre les différents pays issus des traités de paix. Les Juifs connurent des situations différentes (selon les circonstances politiques et les territoires dans lesquels ils étaient implantés)^[2].

Si la brève République populaire d’Ukraine (janvier 1918-novembre 1920) donna le droit à la communauté juive de gérer ses institutions religieuses, culturelles et éducatives, des pogroms furent néanmoins perpétrés, auxquels participèrent toutes les forces nationales et politiques^[2]. La situation ne fut pas meilleure dans les régions ukrainiennes rattachées à la Pologne où la situation des Juifs commença à se détériorer avec le boycotts des entreprises et des magasins, système de quota officieux dans les établissements scolaires...

En Roumanie, la montée de l’antisémitisme et l’influence croissante des théories racistes et totalitaires se traduisirent par la formation de mouvements roumains nationalistes d’extrême-droite et la fascisation des partis indépendantistes ukrainiens. À l’opposé, la population juive de l’Ukraine Transcarpathienne rattachée à la Tchécoslovaquie connut entre les deux-guerres une existence paisible. À la suite des accords de Munich en 1938, la région fut finalement annexée par la Hongrie. Les Juifs commencèrent alors à être l’objet d’une politique de discrimination et de persécutions^[2].

Ukraine soviétique

Durant les premières années de mise en place du régime soviétique, les principales décisions laissaient à penser que les Juifs avaient enfin trouvé une patrie en URSS et, plus particulièrement, en Ukraine soviétique. Cependant, les années 1920-1930 furent marqués, dans les domaines économique et de la vie publique, par une terrible désillusion et par une succession de mesures qui annonçaient la « désintégration du monde Juif »^[2]. Il n’est guère que dans le domaine culturel que les années 1920-1930 correspondirent à un âge d’or. Élevé au rang de langue officielle, le yiddish se développa à grande échelle : utilisation dans certaines régions par les administrations, enseignement en yiddish dans des écoles d’état, foisonnement de journaux, revues, théâtres et salles de concert…

En 1939, on estime que la population juive en Ukraine s’élevait à 2 500 000 personnes (5 millions en URSS), représentant la deuxième plus importante communauté juive d’Europe^[3]. Cette même année, l’URSS annexa l’est de la Pologne en application du pacte germano-soviétique, puis, en juin 1940 la Bucovine du nord. Près de 300 000 Juifs, fuyant les territoires occidentaux de la Pologne annexée par l’Allemagne essayèrent de trouver refuge en URSS, notamment en Ukraine^[2].

Generalplan Ost au sein du Reichskommissariat Ukraine

Articles détaillés : Opération Barbarossa et Generalplan Ost.

Au début de la guerre, l'une des ambitions d'Hitler était d'exterminer, d'expulser ou de réduire en esclavage la plupart ou la totalité des Slaves de leurs terres d'origine afin de créer un « espace de vie » pour les colons allemands^[4]. Ce plan génocidaire^[5] devait être appliqué progressivement sur une période de 25 à 30 ans^[6].

Selon l'historien William W. Hagen (en), le Generalplan Ost prévoyait une « décimation » de la population urbaine, par le travail ou la famine, notamment avec le plan famine, tandis que les concepteurs des projets coloniaux établissent des projets visant à l'extermination de 21 316 000 individus^[4].

Escadrons de la mort (1941-1943)

Article connexe : Crimes de guerre nazis en Union soviétique.

Lorsque la Wehrmacht entra en Ukraine en juin 1941, les Juifs de l’Ouest, y compris les réfugiés qui avaient fui l’invasion de la Pologne à l’automne 1939, furent pris au piège^[7]. Quelques dizaines de milliers réussirent à s’enfuir, qui furent souvent rattrapés et tués par la suite. Les Kommandos des Einsatzgruppen s’en prirent d’abord aux « fonctionnaires communistes » et aux « membres de l’intelligentsia juive ». Cependant, dès les premières heures de la campagne, Himmler se rendit sur le terrain pour suggérer que femmes et enfants soient tués aussi systématiquement que les hommes. Désormais, ce que les nazis appelaient le « traitement des Juifs » d’Ukraine fut englobé dans la planification de la « solution finale de la question juive en Europe »^[7].

Le nombre total de pertes civiles pendant la guerre et l'occupation allemande en Ukraine est estimé à quatre millions, dont près d'un million de Juifs assassinés par les Kommandos des Einsatzgruppen, des bataillons de l'Ordnungspolizei, la Wehrmacht et des collaborateurs nazis locaux. L'Einsatzgruppe C commandé par Otto Rasch a été affecté au nord et au centre de l'Ukraine ; l'Einsatzgruppe D d'Otto Ohlendorf a quant à lui opéré en Moldavie (au sud de l'Ukraine), en Crimée et, à compter de 1942, au nord du Caucase. Selon le témoignage d'Ohlendorf lors du procès des Einsatzgruppen, « les Einsatzgruppen avaient pour mission de protéger l'arrière des troupes en éliminant les juifs, les roms, les partisans communistes, les slaves non coopératifs et toutes personnes susceptibles de compromettre la sécurité ». Dans la pratique, les victimes étaient en majorité des civils juifs désarmés (il est à noter qu'aucun membre d'Einsatzkommando n'a été tué dans l'action au cours de ces opérations). Le musée du mémorial de l'Holocauste des États-Unis raconte l'histoire d'un survivant des tueries des Einsatzgruppen de Piryatin, en Ukraine, après l'assassinat de 1 600 juifs le 6 avril 1942, le deuxième jour de la fête juive Pessa'h :

« J'ai été témoin direct des massacres. À 17 h 00, ils ont donné l'ordre de « remplir les fosses ». Des cris et des gémissements venaient des fosses. Soudain, j'ai vu mon voisin Ruderman remonter de sous terre… Ses yeux étaient couverts de sang et il criait : « Finis-moi ! »… Une femme assassinée gisait à mes pieds. Un garçon de cinq ans a rampé sous son corps et a désespérément commencé à crier : « Maman ! » C'est la dernière chose que je me rappelle avant de tomber inconscient »

Du 16 au 30 septembre 1941, l'Einsatzgruppe D exécute 35 782 citoyens soviétiques, dont la plupart étaient Juifs. Ce massacre se déroule dans une zone proche de la ville de Mykolaïv ainsi que de la ville voisine de Kherson, au sud de l'Ukraine (ex-URSS)^[9].

Le massacre de Juifs le plus notoire en Ukraine s'est déroulé dans le ravin de Babi Yar, près de Kiev, où 33 771 Juifs furent assassinés par les nazis et leurs collaborateurs locaux, principalement le 201^e bataillon Schutzmannschaft, les 29 et 30 septembre 1941 (d'autres massacres eurent lieu à cet endroit les mois suivants, faisant entre 100 000 et 150 000 morts Juifs, prisonniers de guerre soviétiques, communistes, Tziganes, Ukrainiens et otages civils). Les assassinats en masse à Kiev ont été décidés par le Generalmajor Friedrich Eberhardt, le commandant de la police du groupe d'armées Sud (SS-Obergruppenführer Friedrich Jeckeln) et le commandant de l'Einsatzgruppe C Otto Rasch. Cette mission fut assurée par les troupes de la SS et du SD, et des membres de la police de sécurité, assistés par la police auxiliaire ukrainienne. Les Juifs de Kiev se rassemblèrent au lieu ordonné, s'attendant à être embarqués dans des trains. La foule était suffisamment dense pour que la majorité ignorât ce qui se passait en réalité : Ils furent conduits à travers un corridor formé de soldats, roués de coups de crosse, puis forcés à se déshabiller et conduits au bord du ravin et exécutés. Un chauffeur de camion décrivit la scène :

« Des colonnes de Juifs étaient amenés, brutalisés par les Ukrainiens, forcés de se déshabiller et de s’allonger contre la paroi du ravin de 150 mètres de longueur, 30 mètres de largeur et 15 mètres de profondeur. Quand ils atteignirent le fond du ravin, ils furent saisis par des membres de la Schutzmannschaft et obligés de s'allonger au-dessus des Juifs déjà abattus. Les tireurs se mettaient derrière eux et les abattaient d’une balle dans la nuque, répétant l'action un à un… »

En Crimée (attribuée à l’Ukraine par Khrouchtchev après la Seconde Guerre mondiale mais république soviétique autonome au moment de l’invasion allemande) vivaient environ 65 000 Juifs. Lorsque les Allemands conquirent la région à l'automne 1941, environ 35 000 Juifs s’étaient réfugiés plus à l’Est et environ 8 000 autres avaient été mobilisés dans l’Armée rouge. Les Allemands trouvèrent donc environ 23 000 Juifs qui furent rapidement les victimes d’une machine génocidaire tournant désormais à plein régime sur le territoire soviétique^[7].

À partir de septembre 1941, la conjonction entre les projets de Himmler et la volonté exterminatrice des collaborateurs ukrainiens incite à accélérer la cadence de l'extermination : sont alors initiées, dans les territoires de l'Est, des réflexions à la fois pour rationaliser les tueries et pour exterminer également les femmes et les enfants, en évitant que cela ne pose de problèmes de conscience aux bourreaux allemands. Divers solutions sont alors expérimentées à l'automne 1941, notamment le camion à gaz : le fourgon est hermétiquement fermé, les gaz d'échappement, entre autres le monoxyde de carbone, sont dirigés à l'intérieur du fourgon asphyxiant ainsi une quarantaine de personnes à chaque utilisation. Par ailleurs, sur le modèle du camion à gaz, les premières chambres à gaz, expérimentées en Ukraine et dans le Warthegau, reprennent ce mode de fonctionnement, mais sont fixes, avec un moteur à l'extérieur, les gaz d'échappement étant dirigés vers l'intérieur de la chambre, isolée de l'extérieur.

En effet, en Ukraine, comme dans le reste de l’Union soviétique, le Reich nazi n’avait pas la possibilité, du fait de la proximité du front, d’installer des centres d’extermination. Le plus souvent, le réseau ferroviaire était inapproprié à la déportation vers les centres d’extermination situés en Pologne. C’est pourquoi la « Shoah par balles » a continué, en Ukraine, jusqu'à la fin de l’occupation du pays par la Wehrmacht, début 1944. Seulement 20 % environ des Juifs d’Ukraine ont été déportés à Belzec, Sobibor et Auschwitz. Les 80 % restants des victimes ont été tués par les commandos SS ou leurs auxiliaires^[7].

Bilan des victimes

Pratiquement tous ceux qui n’ont pas pris la fuite furent tués en l’espace de deux ans et demi, entre juin 1941 et décembre 1943.

Jusqu'à la chute de l'Union soviétique, environ 900 000 Juifs auraient été assassinés dans le cadre de l'Holocauste en Ukraine. C’est l’estimation trouvée dans l'ouvrage d'histoire La Destruction des Juifs d'Europe de Raul Hilberg. À la fin des années 1990, l'accès aux archives soviétiques a augmenté l'estimation de la population juive d'avant-guerre et, par conséquent, celle du nombre de morts. Selon les estimations de Dieter Pohl publiés dans les années 1990, 1,2 million de Juifs ont été assassinés, augmentant à 1,6 million selon des études plus récentes. Selon l’historien ukrainien Alexandre Kruglov, on peut penser qu’un tiers environ des Juifs ukrainiens a échappé au génocide, ce qui signifie que, à l’inverse, environ 1,5 million de juifs ont trouvé la mort : 500 000 en 1941, plus de 700 000 en 1942 et 200 000 de 1943 jusqu'à l’abandon définitif de l’Ukraine par la Wehrmacht en 1944^[10]. Pour certains historiens, le chiffre de au moins 2 millions de morts est probablement sérieusement à envisager, car depuis 1917, et la révolution, il n'y avait pas de recensements, vu les crises, dont l'holodomor, mais des estimations, souvent discutables. Déjà, les derniers recensements réalisés pendant la période Tsariste, en 1909-1913, avaient des marges d'erreurs, et la forte immigration (dont en Amérique) rendaient difficiles les estimations fiables.

Bon nombre de Juifs ayant trouvé refuge dans la forêt ont été tués ultérieurement par l'armée locale, l'armée insurrectionnelle ukrainienne ou d'autres groupes partisans lors de la retraite allemande. Selon l'historienne américaine Wendy Lower, « de nombreux auteurs, même s'ils avaient des objectifs politiques différents, ont tué des juifs et réprimé cette histoire »^[11].

Protagonistes de la Shoah en Ukraine

Einsatzgruppe C et D (Einsatzgruppen)
Unité spéciale de sabotage Abwehr / Brandemburg du bataillon Nachtigall
Freiwilligen-Stamm-Regiment 3 & 4 (russes et ukrainiennes)
Unités auxiliaires ukrainiennes^[12] : Schutzmannschaft et Ukrainische Hilfspolizei

Survivants notables

Article connexe : Liste de survivants de la Shoah.

Cette section est vide, insuffisamment détaillée ou incomplète. Votre aide est la bienvenue ! Comment faire ?

Les sauveteurs

L'Ukraine se classe au 4^e rang du nombre de personnes reconnues comme « Justes parmi les nations » pour avoir sauvé des Juifs pendant l'Holocauste, totalisant 2 515 personnes reconnues en date du 1^er janvier 2015^[14].

Les Shtundistes, un des groupes de protestants évangéliques de l'Empire russe, ont notamment aidé à cacher de nombreux Juifs^[15].

Principaux massacres

Découverte de charniers

Le père Patrick Desbois, dont le grand-père avait été déporté au stalag 325 à Rava Ruska, a entrepris depuis six ans un travail méthodique et de longue haleine sur l’histoire de l’extermination d’un million et demi de Juifs d’Ukraine : identifier et expertiser tous les sites d'exterminations des Juifs perpétrées par les unités mobiles nazies en Ukraine pendant la Seconde Guerre mondiale dans le but ultime d'offrir une sépulture décente à ces Juifs fusillés en Ukraine^[16]. Ces recherches, qui jusqu’à aujourd’hui se sont étendues sur un tiers environ du territoire concerné, ont permis la découverte d'environ cinq cents sites d’exécutions après des preuves balistiques retrouvées sur les sites, des indications de témoins de l'époque ou de l’expertise archéologique des fosses communes^[16].

Selon l'historien Timothy D. Snyder, « la Shoah est intrinsèquement et organiquement lié au Vernichtungskrieg de 1941 ainsi qu'à la tentative de conquête de l'Ukraine par la germanisation »^[17].

Collaboration et difficile travail de mémoire

Article détaillé : Collaboration en Ukraine durant la Seconde Guerre mondiale.

Le National Geographic rapporta :

« Bon nombre d’Ukrainiens ont collaboré : Selon l’historien allemand Dieter Pohl, [environ] 100 000 miliciens se sont joints à la police ukrainienne pour fournir une assistance essentielle aux nazis. Beaucoup d'autres membres du personnel des bureaucraties locales ont prêté main-forte lors des fusillades massives de Juifs. Les Ukrainiens, tels que l'infâme Ivan le Terrible de Treblinka, faisaient également partie des gardes qui géraient les camps de la mort allemands. »

Selon l'historien israélien de l'Holocauste, Yitzhak Arad, « En janvier 1942, une compagnie de volontaires Tatars fut créée à Simferopol sous le commandement de l'Einsatzgruppe 11. Ce commando a participé à des chasses à l'homme et à des meurtres anti-juifs dans les régions rurales »^[18].

Selon le Centre Simon Wiesenthal (en janvier 2011), « l'Ukraine n'a, à notre connaissance, jamais mené une seule enquête sur un criminel de guerre nazi local, et encore moins poursuivi un auteur de l'Holocauste »^[19]. L’antisémitisme qui sévit dans l’URSS d’après-guerre compliqua encore un peu plus le travail de mémoire, les survivants et leurs familles se turent^[3]. Pour Tarik Cyril Amar, directeur des études au Centre pour l’histoire urbaine d’Europe de l’Est à Lviv, « il y a deux raisons principales qui expliquent le silence partiel des autorités sur cette question. Le fait que les pogroms, qui ont eu lieu avant l’arrivée des Allemands, ont été perpétrés par la population elle-même, et surtout le rôle de la police ukrainienne dans les massacres ». Des centaines de citoyens ukrainiens ont servi comme auxiliaires des nazis pendant les exactions. Sans oublier ces nationalistes ukrainiens, en lutte contre le régime soviétique et la domination russe, qui ont cru voir dans le nouvel occupant un allié.

Le sort des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale dérange dans le grand chantier de construction d’une histoire nationale de l’Ukraine^[3]. Une « concurrence des mémoires » s’est instaurée entre la « Shoah par balles » et les crimes soviétiques subis par l’Ukraine au XX^e siècle, comme la terreur rouge, les grandes purges et les famines soviétiques. Dans ce contexte délétère, une partie des Ukrainiens voient leurs nationalistes, y compris les collaborateurs, comme des héros qui ont osé s’opposer à Staline, en occultant « pudiquement » les massacres auxquels ils ont pu participer, réduits au statut de « dégâts collatéraux », quand ils ne sont pas simplement et purement « justifiés » par le mythe du « judéo-bolchevisme » remis « au goût du jour »^[20].

Monuments et bâtiments subsistants

Parmi les traces subsistantes, certaines sont en ruines, d'autres reconstruites.

Mémorial au massacre du Ghetto de Rohatyn.
Mémorial du Ghetto de Lwów.
la synagogue de Sataniv en 2012.
La Synagogue chorale de Marioupol.
La Synagogue de la Rose d'Or.
Mémorial de la Shoah en forme de Menorah à Drobytsky Yar.

Notes et références

Notes

↑ Pologne orientale annexée par l’URSS de septembre 1939 à juin 1941.

Références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « The Holocaust in Ukraine » (voir la liste des auteurs).

↑ (en) Gregorovich, « World War II in Ukraine: Jewish Holocaust in Ukraine », Reprinted from FORUM Ukrainian Review, n^o 92,‎ 1995 (lire en ligne)
↑ ^{a b c d et e} « La Shoah par balles », sur memorialdelashoah.org (consulté le 11 novembre 2019)
↑ ^{a b et c} « La Shoah oubliée de l’Ukraine », sur La Libre Belgique, 19 février 2010 (consulté le 11 novembre 2019)
↑ ^{a et b} (en) William W. Hagen, German History in Modern Times : Four Lives of the Nation, Cambridge, Cambridge University Press, 2012, p. 313
↑ DIETRICH EICHHOLTZ "»Generalplan Ost« zur Versklavung osteuropäischer Völker"
↑ Madajczyk, Czesław. "Die Besatzungssysteme der Achsenmächte. Versuch einer komparatistischen Analyse." Studia Historiae Oeconomicae vol. 14 (1980): p. 105-122 in Hitler's War in the East 1941−1945: A Critical Assessment by Gerd R. Ueberschär and Rolf-Dieter Müller
↑ ^{a b c et d} « La Shoah par balles », sur memorialdelashoah.org (consulté le 11 novembre 2019)
↑ (en) Michael Berenbaum, The World Must Know, USHMM / Johns Hopkins Univ Press, 2006 (ISBN 978-0-8018-8358-3), p. 93
↑ (en) Hemme, « Jewish History of Mykolayiv (Nikolayev), Kherson Gubernia », JewishGen, 2012 (consulté le 29 décembre 2014)
↑ « La Shoah par balles », sur memorialdelashoah.org (consulté le 11 novembre 2019)
↑ (en) Lower, « Introduction: the Holocaust in Ukraine », Holocaust and Genocide Studies, p. 3
↑ "Mobile Killing Squads". United States Holocaust Memorial Museum (USHMM)
↑ (en) Stefan Petelycky, Into Auschwitz, for Ukraine, Kashtan Press, 1999, 60 p. (ISBN 978-1-896354-16-3, lire en ligne)
↑ (en) « Names and Numbers of Righteous Among the Nations - per Country & Ethnic Origin, as of January 1, 2015 », sur Yad Vashem (consulté le 12 décembre 2015)
↑ (en) Timothy Snyder, Black Earth : The Holocaust as History and Warning, Crown/Archetype, 2015, 480 p. (ISBN 978-1-101-90346-9, lire en ligne), p. 328
↑ ^{a et b} « La Shoah par balles », sur memorialdelashoah.org (consulté le 11 novembre 2019)
↑ (en) « Timothy Snyder: Germany must own up to past atrocities in Ukraine » (consulté le 5 juillet 2017)
↑ (en) Yitzhak Arad, The Holocaust in the Soviet Union, U of Nebraska Press, 2009, 720 p. (ISBN 978-0-8032-2270-0, lire en ligne), p. 211
↑ Nazi-hunters give low grades to 13 countries, including Ukraine, Kyiv Post (January 12, 2011)
↑ Les traces enfouies de la Shoah par balles

Voir aussi

Sur les autres projets Wikimedia :

Shoah en Ukraine, sur Wikimedia Commons

Articles connexes

Histoire de l'Ukraine pendant la Seconde Guerre mondiale
Shoah
Procès des Einsatzgruppen
Fourgonnette à gaz
Histoire des Juifs en Ukraine
Collaboration en Ukraine durant la Seconde Guerre mondiale
Hegewald, une colonie allemande éphémère près de Jytomyr
No Place on Earth (en), un documentaire de 2012 traitant d'un groupe de juifs ukrainiens ayant survécu à l'Holocauste dans les grottes de Verteba et de la grotte du prêtre
Camps de concentration et d'extermination nazis

Liens externes

The Holocaust in Ukraine: New Sources and Perspectives, Center for Advanced Holocaust Studies of the United States Holocaust Memorial Museum, Conference Papers, 2013
Holocaust, Fascism, and Ukrainian History: Does It Make Sense to Rethink the History of Ukrainian Perpetrators in the European Context, published by the American Association for Polish-Jewish Studies, April 2016.

[7] Pologne orientale annexée par l’URSS de septembre 1939 à juin 1941.

[1] (en) Gregorovich, « World War II in Ukraine: Jewish Holocaust in Ukraine », Reprinted from FORUM Ukrainian Review, n^o 92,‎ 1995 (lire en ligne)

[:0-2] {a b c d et e} « La Shoah par balles », sur memorialdelashoah.org (consulté le 11 novembre 2019)

[:1-3] {a b et c} « La Shoah oubliée de l’Ukraine », sur La Libre Belgique, 19 février 2010 (consulté le 11 novembre 2019)

[generalplan-4] {a et b} (en) William W. Hagen, German History in Modern Times : Four Lives of the Nation, Cambridge, Cambridge University Press, 2012, p. 313

[5] DIETRICH EICHHOLTZ "»Generalplan Ost« zur Versklavung osteuropäischer Völker"

[6] Madajczyk, Czesław. "Die Besatzungssysteme der Achsenmächte. Versuch einer komparatistischen Analyse." Studia Historiae Oeconomicae vol. 14 (1980): p. 105-122 in Hitler's War in the East 1941−1945: A Critical Assessment by Gerd R. Ueberschär and Rolf-Dieter Müller

[:2-8] {a b c et d} « La Shoah par balles », sur memorialdelashoah.org (consulté le 11 novembre 2019)

[Berenbaum2006-9] (en) Michael Berenbaum, The World Must Know, USHMM / Johns Hopkins Univ Press, 2006 (ISBN 978-0-8018-8358-3), p. 93

[10] (en) Hemme, « Jewish History of Mykolayiv (Nikolayev), Kherson Gubernia », JewishGen, 2012 (consulté le 29 décembre 2014)

[11] « La Shoah par balles », sur memorialdelashoah.org (consulté le 11 novembre 2019)

[12] (en) Lower, « Introduction: the Holocaust in Ukraine », Holocaust and Genocide Studies, p. 3

[13] "Mobile Killing Squads". United States Holocaust Memorial Museum (USHMM)

[Petelycky1999-14] (en) Stefan Petelycky, Into Auschwitz, for Ukraine, Kashtan Press, 1999, 60 p. (ISBN 978-1-896354-16-3, lire en ligne)

[15] (en) « Names and Numbers of Righteous Among the Nations - per Country & Ethnic Origin, as of January 1, 2015 », sur Yad Vashem (consulté le 12 décembre 2015)

[Snyder2015-16] (en) Timothy Snyder, Black Earth : The Holocaust as History and Warning, Crown/Archetype, 2015, 480 p. (ISBN 978-1-101-90346-9, lire en ligne), p. 328

[:3-17] {a et b} « La Shoah par balles », sur memorialdelashoah.org (consulté le 11 novembre 2019)

[18] (en) « Timothy Snyder: Germany must own up to past atrocities in Ukraine » (consulté le 5 juillet 2017)

[19] (en) Yitzhak Arad, The Holocaust in the Soviet Union, U of Nebraska Press, 2009, 720 p. (ISBN 978-0-8032-2270-0, lire en ligne), p. 211

[20] Nazi-hunters give low grades to 13 countries, including Ukraine, Kyiv Post (January 12, 2011)

[21] Les traces enfouies de la Shoah par balles

[1]

[2]

[3]

[4]

[5]

[6]

[a]

[7]

[8]

[9]

[10]

[11]

[12]

[13]

[14]

[15]

[16]

[17]

[18]

[19]

[20]

@@ Ligne 14 : / Ligne 14 : @@
  | prisonniers      =
  | survivants       =
- | auteurs          = [[Image:Nazi Swastika.svg|20px]] [[Troisième Reich]]
+ | auteurs          = {{Drapeau|Allemagne nazie}} [[Troisième Reich]]
  | ordonné par      = [[Heinrich Himmler]]
  | motif            = [[La Destruction des Juifs d'Europe|Destruction des Juifs d'Europe]], [[Antisémitisme]], [[idéologie]] [[nazisme|nazie]]
  | participants     = ''[[Einsatzgruppen]]''<br>''[[Ordnungspolizei]]''<br>''[[Wehrmacht]]''<br>[[Armée insurrectionnelle ukrainienne|UPA]]-[[Organisation des nationalistes ukrainiens|OUN]]<br>[[Police auxiliaire ukrainienne]]
  | guerre           = [[Seconde Guerre mondiale]]
  | géolocalisation  =
 }}
-La '''[[Shoah]] en Ukraine''' recouvre les [[persécution]]s, les [[déportation]]s et l'[[extermination]] subies par les [[Juifs]] [[ukrainiens]] du ''[[Reichskommissariat Ukraine]]'', pendant l’occupation de l’[[République socialiste soviétique d'Ukraine|Ukraine soviétique]] par l'[[Troisième Reich|Allemagne nazie]] lors de la [[Seconde Guerre mondiale]]<ref>{{Article |auteur1=Gregorovich |prénom1=Andrew |titre=World War II in Ukraine: Jewish Holocaust in Ukraine |périodique=Reprinted from FORUM Ukrainian Review |numéro=92 |date=1995 |lire en ligne=http://www.infoukes.com/history/ww2/page-25.html }}</ref>. Entre 1941 et 1944, plus d'un million de Juifs ukrainiens ont été assassinés dans le cadre des politiques d'extermination mises en œuvre par le ''[[Generalplan Ost]]'' et la {{citation|[[Solution finale]] à la [[question juive]]}}.
+La '''[[Shoah]] en Ukraine''' recouvre les [[persécution]]s, les [[déportation]]s et l'[[extermination]] subies par les [[Juifs]] [[ukrainiens]] du ''[[Reichskommissariat Ukraine]]'', pendant l’occupation de la [[République socialiste soviétique d'Ukraine|République socialiste soviétique d’Ukraine]] par l'[[Troisième Reich|Allemagne nazie]] lors de la [[Seconde Guerre mondiale]]<ref>{{Article|langue=en|auteur1=Gregorovich |prénom1=Andrew |titre=World War II in Ukraine: Jewish Holocaust in Ukraine |périodique=Reprinted from FORUM Ukrainian Review |numéro=92 |date=1995 |lire en ligne=http://www.infoukes.com/history/ww2/page-25.html }}</ref>. Entre 1941 et 1944, plus d'un million de Juifs ukrainiens ont été assassinés dans le cadre des politiques d'extermination mises en œuvre par le ''[[Generalplan Ost]]'' et la {{citation|[[Solution finale]] à la [[question juive]]}}.
 == Contexte ==
 {{Article détaillé|Histoire des Juifs en Ukraine}}
-À l’issue de la [[Première Guerre mondiale]], la disparition des empires centraux ([[Reich allemand]], [[Autriche-Hongrie]]) et les bouleversements issus de la [[Révolution russe|Révolution bolchévique en Russie]] entraînèrent la dislocation de l’Ukraine, éclatant son territoire et ses populations, notamment juives, entre les différents pays issus des traités de paix. Les Juifs connurent des situations différentes (selon les circonstances politiques et les territoires dans lesquels ils étaient implantés)<ref name=":0">{{Lien web|titre=La Shoah par balles - Mémorial de la Shoah|url=http://www.memorialdelashoah.org/upload/minisites/ukraine/exposition2-ukraine.htm|site=www.memorialdelashoah.org|consulté le=2019-11-11}}</ref>.
+À l’issue de la [[Première Guerre mondiale]], la disparition des empires centraux ([[Reich allemand]], [[Autriche-Hongrie]]) et les bouleversements issus de la [[Révolution russe|Révolution bolchévique en Russie]] entraînèrent la dislocation de l’Ukraine, éclatant son territoire et ses populations, notamment juives, entre les différents pays issus des traités de paix. Les Juifs connurent des situations différentes (selon les circonstances politiques et les territoires dans lesquels ils étaient implantés)<ref name=":0">{{Lien web|titre=La Shoah par balles|url=http://www.memorialdelashoah.org/upload/minisites/ukraine/exposition2-ukraine.htm|site=memorialdelashoah.org|consulté le=2019-11-11}}</ref>.
-Si la brève [[République populaire ukrainienne|République populaire d’Ukraine]] ({{date-|janvier 1918}}-{{date-|novembre 1920}}) donna le droit à la communauté juive de gérer ses institutions religieuses, culturelles et éducatives, des [[pogrom]]s furent néanmoins perpétrés, auxquels participèrent toutes les forces nationales et politiques<ref name=":0" />. La situation ne fut pas meilleure dans les régions ukrainiennes rattachées à la [[Pologne]] où la situation des Juifs commença à se détériorer avec le boycotts des entreprises et des magasins, système de quota officieux dans les établissements scolaires...
-Le Maréchal Polonais, [[Józef Piłsudski|Jozef Piłsudski]], arrivé au pouvoir à la suite d'un coup d'état en 1926, était reconnu pour son opposition aux politiques antisémites des nationaux-démocrates, et élargit sa politique d'« assimilation étatique » aux [[Histoire des Juifs en Pologne|Juifs polonais]]. Les années 1926-1935 et Piłsudski lui-même étaient considérés favorablement par de nombreux Juifs polonais dont la situation s'améliora particulièrement sous le gouvernement de [[Kazimierz Bartel]] (massacré avec les [[Massacre des professeurs de Lwów|Professeurs de Lwow]]). De nombreux Juifs considéraient Piłsudski comme le seul à pouvoir contenir les courants antisémites en Pologne et à maintenir l'ordre public.
+Si la brève [[République populaire ukrainienne|République populaire d’Ukraine]] ({{date|janvier 1918}}-{{date|novembre 1920}}) donna le droit à la communauté juive de gérer ses institutions religieuses, culturelles et éducatives, des [[pogrom]]s furent néanmoins perpétrés, auxquels participèrent toutes les forces nationales et politiques<ref name=":0" />. La situation ne fut pas meilleure dans les régions ukrainiennes rattachées à la [[Pologne]] où la situation des Juifs commença à se détériorer avec le boycotts des entreprises et des magasins, système de quota officieux dans les établissements scolaires...
-En [[Royaume de Roumanie|Roumanie]], la montée de l’[[antisémitisme]] et l’influence croissante des théories racistes et totalitaires se traduisirent par la formation de mouvements roumains nationalistes d’extrême-droite et la fascisation des [[Nationalisme en Ukraine|partis indépendantistes ukrainiens]]. À l’opposé, la [[Histoire des Juifs en Ukraine|population juive de l’Ukraine]] [[Oblast de Transcarpatie|Transcarpathienne]] rattachée à la [[Tchécoslovaquie]] connut [[Entre-deux-guerres|entre les deux-guerres]] une existence paisible. À la suite de l'[[accords de Munich]] en 1938, la région fut finalement annexée par la [[Royaume de Hongrie (1920-1946)|Hongrie]]. Les Juifs commencèrent alors à être l’objet d’une politique de discrimination et de persécutions<ref name=":0" />.
+En [[Royaume de Roumanie|Roumanie]], la montée de l’[[antisémitisme]] et l’influence croissante des théories racistes et totalitaires se traduisirent par la formation de mouvements roumains nationalistes d’extrême-droite et la fascisation des [[Nationalisme en Ukraine|partis indépendantistes ukrainiens]]. À l’opposé, la [[Histoire des Juifs en Ukraine|population juive de l’Ukraine]] [[Oblast de Transcarpatie|Transcarpathienne]] rattachée à la [[Tchécoslovaquie]] connut [[Entre-deux-guerres|entre les deux-guerres]] une existence paisible. À la suite des [[accords de Munich]] en 1938, la région fut finalement annexée par la [[Royaume de Hongrie (1920-1946)|Hongrie]]. Les Juifs commencèrent alors à être l’objet d’une politique de discrimination et de persécutions<ref name=":0" />.
 === Ukraine soviétique ===
-Durant les premières années de mise en place du régime soviétique, les principales décisions laissaient à penser que les Juifs avaient enfin trouvé une patrie en [[Union des républiques socialistes soviétiques|URSS]] et, plus particulièrement, en [[République socialiste soviétique d'Ukraine|Ukraine soviétique]]. Cependant, les années 1920-1930 furent marqués, dans les domaines économique et de la vie publique, par une terrible désillusion et par une succession de mesures qui annonçaient la {{Citation|désintégration du monde Juif}}<ref name=":0" />. Il n’est guère que dans le domaine culturel que les années 1920-1930 correspondirent à un âge d’or. Élevé au rang de langue officielle, le [[yiddish]] se développa à grande échelle : utilisation dans certaines régions par les administrations, enseignement en yiddish dans des écoles d’état, foisonnement de journaux, revues, théâtres et salles de concert...
+Durant les premières années de mise en place du régime soviétique, les principales décisions laissaient à penser que les Juifs avaient enfin trouvé une patrie en [[Union des républiques socialistes soviétiques|URSS]] et, plus particulièrement, en [[République socialiste soviétique d'Ukraine|Ukraine soviétique]]. Cependant, les années 1920-1930 furent marqués, dans les domaines économique et de la vie publique, par une terrible désillusion et par une succession de mesures qui annonçaient la {{Citation|désintégration du monde Juif}}<ref name=":0" />. Il n’est guère que dans le domaine culturel que les années 1920-1930 correspondirent à un âge d’or. Élevé au rang de langue officielle, le [[yiddish]] se développa à grande échelle : utilisation dans certaines régions par les administrations, enseignement en yiddish dans des écoles d’état, foisonnement de journaux, revues, théâtres et salles de concert…
-En 1939, on estime que la population juive en Ukraine s’élevait à {{nombre|2500000|personnes}} (5 millions en URSS), représentant la deuxième plus importante communauté juive d’Europe<ref name=":1">{{Lien web|langue=fr|nom1=Libre.be|prénom1=La|titre=La Shoah oubliée de l’Ukraine|url=https://www.lalibre.be/international/la-shoah-oubliee-de-l-ukraine-51b8b780e4b0de6db9ba42a2|site=www.lalibre.be|date=2010-02-19|consulté le=2019-11-11}}</ref>. Cette même année, l’[[Invasion soviétique de la Pologne|URSS annexa l’est de la Pologne]] en application du [[pacte germano-soviétique]], puis, en {{date-|juin 1940}} la [[Bucovine]] du nord. Près de {{nombre|300000|Juifs}}, fuyant les territoires occidentaux de la [[Occupation de la Pologne pendant la Seconde Guerre mondiale|Pologne annexée par l’Allemagne]] essayèrent de trouver refuge en URSS, notamment en Ukraine<ref name=":0" />.
+En 1939, on estime que la population juive en Ukraine s’élevait à {{nombre|2500000|personnes}} (5 millions en URSS), représentant la deuxième plus importante communauté juive d’Europe<ref name=":1">{{Lien web|langue=fr|titre=La Shoah oubliée de l’Ukraine|url=https://www.lalibre.be/international/la-shoah-oubliee-de-l-ukraine-51b8b780e4b0de6db9ba42a2|site=[[La Libre Belgique]]|date=2010-02-19|consulté le=2019-11-11}}</ref>. Cette même année, l’[[Invasion soviétique de la Pologne|URSS annexa l’est de la Pologne]] en application du [[pacte germano-soviétique]], puis, en {{date|juin 1940}} la [[Bucovine]] du nord. Près de {{nombre|300000|Juifs}}, fuyant les territoires occidentaux de la [[Occupation de la Pologne pendant la Seconde Guerre mondiale|Pologne annexée par l’Allemagne]] essayèrent de trouver refuge en URSS, notamment en Ukraine<ref name=":0" />.
 == ''Generalplan Ost'' au sein du ''[[Reichskommissariat Ukraine]]'' ==
 {{Article détaillé|Opération Barbarossa|Generalplan Ost}}
 [[Fichier:WW2-Holocaust-Ukraine_big_legend.PNG|gauche|250px|vignette|Carte de la Shoah en Ukraine.]]
-Au début de la guerre, l'une des ambitions d'[[Adolf Hitler|Hitler]] était d'exterminer, d'expulser ou de réduire en esclavage la plupart ou la totalité des [[Slaves]] de leurs terres d'origine afin de créer un {{Citation|[[Lebensraum|espace de vie]]}} pour les colons allemands<ref name="generalplan">{{Ouvrage|prénom1=William W.|nom1=Hagen|titre=German History in Modern Times|sous-titre=Four Lives of the Nation|lieu=Cambridge|éditeur=[[Cambridge University Press]]|année=2012|passage=313|isbn=}}</ref>. Ce plan génocidaire<ref>DIETRICH EICHHOLTZ "»Generalplan Ost« zur Versklavung osteuropäischer Völker" </ref> devait être appliqué progressivement sur une période de 25 à 30 ans<ref>Madajczyk, Czesław. "Die Besatzungssysteme der Achsenmächte. Versuch einer komparatistischen Analyse." ''Studia Historiae Oeconomicae'' vol. 14 (1980): {{p.|105-122}} in ''Hitler's War in the East 1941−1945: A Critical Assessment'' by Gerd R. Ueberschär and [[Rolf-Dieter Müller]] </ref>.
+Au début de la guerre, l'une des ambitions d'[[Adolf Hitler|Hitler]] était d'exterminer, d'expulser ou de réduire en esclavage la plupart ou la totalité des [[Slaves]] de leurs terres d'origine afin de créer un {{Citation|[[Lebensraum|espace de vie]]}} pour les colons allemands<ref name="generalplan">{{Ouvrage|langue=en|prénom1=William W.|nom1=Hagen|titre=German History in Modern Times|sous-titre=Four Lives of the Nation|lieu=Cambridge|éditeur=[[Cambridge University Press]]|année=2012|passage=313|isbn=}}</ref>. Ce plan génocidaire<ref>DIETRICH EICHHOLTZ "»Generalplan Ost« zur Versklavung osteuropäischer Völker" </ref> devait être appliqué progressivement sur une période de 25 à 30 ans<ref>Madajczyk, Czesław. "Die Besatzungssysteme der Achsenmächte. Versuch einer komparatistischen Analyse." ''Studia Historiae Oeconomicae'' vol. 14 (1980): {{p.|105-122}} in ''Hitler's War in the East 1941−1945: A Critical Assessment'' by Gerd R. Ueberschär and [[Rolf-Dieter Müller]]</ref>.
 Selon l'historien {{lien|William W. Hagen}}, le ''Generalplan Ost'' prévoyait une {{Citation|[[décimation]]}} de la population urbaine, par le travail ou la famine, notamment avec le [[Hungerplan|plan ''famine'']], tandis que les concepteurs des projets coloniaux établissent des projets visant à l'extermination de {{nombre|21316000|individus}}<ref name="generalplan" />.
@@ Ligne 49 : / Ligne 46 : @@
 === [[Escadrons de la mort]] (1941-1943) ===
 {{Article connexe|Crimes de guerre nazis en Union soviétique}}
+[[Fichier:Bundesarchiv_Bild_183-A0706-0018-030,_Ukraine,_ermordete_Familie.jpg|vignette|Le {{date|5 juillet 1941}} à [[Zboriv]] dénommée Zborów à l'époque{{note|[[Pacte germano-soviétique|Pologne orientale annexée par l’URSS]] de {{date|septembre 1939}} à {{date|juin 1941}}.|groupe=alpha}}, un jeune adolescent est amené sur les lieux du meurtre de sa famille gisant au sol. Il va ensuite être abattu d'une balle dans la nuque par l'officier nazi qui se trouve derrière lui.]]
-[[Fichier:The_last_Jew_in_Vinnitsa,_1941.jpg|vignette|Un membre de l{{'}}''[[Einsatzgruppe D]]'' s'apprête à tirer sur un homme assis près d'une fosse commune à [[Vinnytsia]] ([[Ukraine]]) en 1942. À l'arrière-plan se tiennent des membres de la ''[[Wehrmacht]]'', du ''[[Reichsarbeitsdienst]]'' et des formateurs des [[jeunesses hitlériennes]]<ref name="Berenbaum2006">{{Ouvrage|prénom1=Michael|nom1=Berenbaum|lien auteur1=Michael Berenbaum|titre=The World Must Know|éditeur=USHMM / Johns Hopkins Univ Press|année=2006|isbn=978-0-8018-8358-3}} P. 93.</ref>. Le verso de la photo porte l'inscription ''[[Le Dernier Juif de Vinnytsia]]''.]]
-Lorsque la ''[[Wehrmacht]]'' entra en Ukraine en {{date-|juin 1941}}, les Juifs de l’Ouest, y compris les réfugiés qui avaient fui l’[[Campagne de Pologne (1939)|invasion de la Pologne]] à l’automne 1939, furent pris au piège<ref name=":2">{{Lien web|titre=La Shoah par balles - Mémorial de la Shoah|url=http://www.memorialdelashoah.org/upload/minisites/ukraine/exposition3-genocide.htm|site=www.memorialdelashoah.org|consulté le=2019-11-11}}</ref>. Quelques dizaines de milliers réussirent à s’enfuir, qui furent souvent rattrapés et tués par la suite. Les [[Einsatzkommando|''Kommandos'']] des ''[[Einsatzgruppen]]'' s’en prirent d’abord aux {{Citation|fonctionnaires communistes}} et aux {{Citation|membres de l’''[[intelligentsia]]'' juive}}. Cependant, dès les premières heures de la campagne, [[Heinrich Himmler|Himmler]] se rendit sur le terrain pour suggérer que femmes et enfants soient tués aussi systématiquement que les hommes. Désormais, ce que les nazis appelaient le {{Citation|traitement des Juifs}} d’Ukraine fut englobé dans la planification de la {{Citation|[[Shoah|solution finale de la question juive]] en Europe}}<ref name=":2" />.
+Lorsque la ''[[Wehrmacht]]'' entra en Ukraine en {{date|juin 1941}}, les Juifs de l’Ouest, y compris les réfugiés qui avaient fui l’[[Campagne de Pologne (1939)|invasion de la Pologne]] à l’automne 1939, furent pris au piège<ref name=":2">{{Lien web|titre=La Shoah par balles|url=http://www.memorialdelashoah.org/upload/minisites/ukraine/exposition3-genocide.htm|site=memorialdelashoah.org|consulté le=2019-11-11}}</ref>. Quelques dizaines de milliers réussirent à s’enfuir, qui furent souvent rattrapés et tués par la suite. Les [[Einsatzkommando|''Kommandos'']] des ''[[Einsatzgruppen]]'' s’en prirent d’abord aux {{Citation|fonctionnaires communistes}} et aux {{Citation|membres de l’''[[intelligentsia]]'' juive}}. Cependant, dès les premières heures de la campagne, [[Heinrich Himmler|Himmler]] se rendit sur le terrain pour suggérer que femmes et enfants soient tués aussi systématiquement que les hommes. Désormais, ce que les nazis appelaient le {{Citation|traitement des Juifs}} d’Ukraine fut englobé dans la planification de la {{Citation|[[Shoah|solution finale de la question juive]] en Europe}}<ref name=":2" />.
+[[Fichier:The_last_Jew_in_Vinnitsa,_1941.jpg|vignette|Un membre de l{{'}}''[[Einsatzgruppe D]]'' s'apprête à tirer sur un homme assis près d'une fosse commune à [[Vinnytsia]] ([[Ukraine]]) en 1942. À l'arrière-plan se tiennent des membres de la ''[[Wehrmacht]]'', du ''[[Reichsarbeitsdienst]]'' et des formateurs des [[jeunesses hitlériennes]]<ref name="Berenbaum2006">{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Michael|nom1=Berenbaum|lien auteur1=Michael Berenbaum|titre=The World Must Know|éditeur=USHMM / Johns Hopkins Univ Press|année=2006|isbn=978-0-8018-8358-3|passage=93}}</ref>. Le verso de la photo porte l'inscription ''[[Le Dernier Juif de Vinnytsia]]''.]]
+Le nombre total de [[pertes civiles]] pendant la guerre et l'[[Reichskommissariat Ukraine|occupation allemande en Ukraine]] est estimé à quatre millions, dont près d'un million de Juifs assassinés par les ''Kommandos'' des ''Einsatzgruppen'', des [[Bataillons de l'Ordnungspolizei|bataillons de l{{'}}''Ordnungspolizei'']], la ''Wehrmacht'' et des [[Collaboration en Ukraine durant la Seconde Guerre mondiale|collaborateurs nazis locaux]]. L{{'}}''[[Einsatzgruppe C]]'' commandé par [[Otto Rasch]] a été affecté au nord et au centre de l'Ukraine ; l{{'}}''[[Einsatzgruppe D]]'' d'[[Otto Ohlendorf]] a quant à lui opéré en [[Moldavie (région historique)|Moldavie]] (au sud de l'Ukraine), en [[Crimée]] et, à compter de 1942, au nord du [[Caucase]]. Selon le témoignage d'Ohlendorf lors du [[procès des Einsatzgruppen]], {{Citation|les ''Einsatzgruppen'' avaient pour mission de protéger l'arrière des troupes en éliminant les juifs, les roms, les partisans communistes, les slaves non coopératifs et toutes personnes susceptibles de compromettre la sécurité}}. Dans la pratique, les victimes étaient en majorité des civils juifs désarmés (il est à noter qu'aucun membre d'''Einsatzkommando'' n'a été tué dans l'action au cours de ces opérations). Le [[United States Holocaust Memorial Museum|musée du mémorial de l'Holocauste des États-Unis]] raconte l'histoire d'un survivant des tueries des ''[[Einsatzgruppen]]'' de [[Pyriatyn|Piryatin]], en [[Ukraine]], après l'assassinat de {{nombre|1600|juifs}} le {{date|6 avril 1942}}, le deuxième jour de la [[fête juive]] [[Pessa'h]] :
+{{Citation bloc|J'ai été témoin direct des massacres. À 17 h 00, ils ont donné l'ordre de {{citation|remplir les fosses}}. Des cris et des gémissements venaient des fosses. Soudain, j'ai vu mon voisin Ruderman remonter de sous terre… Ses yeux étaient couverts de sang et il criait : {{Citation|Finis-moi !}}… Une femme assassinée gisait à mes pieds. Un garçon de cinq ans a rampé sous son corps et a désespérément commencé à crier : {{Citation|Maman !}} C'est la dernière chose que je me rappelle avant de tomber inconscient}}
-Le nombre total de pertes civiles pendant la guerre et l'[[Reichskommissariat Ukraine|occupation allemande en Ukraine]] est estimé à quatre millions, dont près d'un million de Juifs assassinés par les ''Kommandos'' des ''Einsatzgruppen'', des bataillons de l{{'}}''[[Ordnungspolizei]]'', la ''Wehrmacht'' et des [[Collaboration en Ukraine durant la Seconde Guerre mondiale|collaborateurs nazis locaux]]. L{{'}}''[[Einsatzgruppe C]]'' commandé par [[Otto Rasch]] a été affecté au nord et au centre de l'Ukraine ; l{{'}}''[[Einsatzgruppe D]]'' d'[[Otto Ohlendorf]] a quant à lui opéré en [[Moldavie (région historique)|Moldavie]] (au sud de l'Ukraine), en [[Crimée]] et, à compter de 1942, au nord du [[Caucase]]. Selon le témoignage d'Ohlendorf lors du [[procès des Einsatzgruppen]], {{Citation|les ''Einsatzgruppen'' avaient pour mission de protéger l'arrière des troupes en éliminant les juifs, les roms, les partisans communistes, les slaves non coopératifs et toutes personnes susceptibles de compromettre la sécurité}}. Dans la pratique, les victimes étaient en majorité des civils juifs désarmés (il est à noter qu'aucun membre d'''Einsatzkommando'' n'a été tué dans l'action au cours de ces opérations). Le [[United States Holocaust Memorial Museum|musée du mémorial de l'Holocauste des États-Unis]] raconte l'histoire d'un survivant des tueries des ''[[Einsatzgruppen]]'' de [[Pyriatyn|Piryatin]], en [[Ukraine]], après l'assassinat de {{nombre|1600|juifs}} le {{date|6 avril 1942}}, le deuxième jour de la [[fête juive]] [[Pessa'h]] :
-{{Citation bloc|J'ai été témoin direct des massacres. À 17 h 00, ils ont donné l'ordre de {{citation|remplir les fosses}}. Des cris et des gémissements venaient des fosses. Soudain, j'ai vu mon voisin Ruderman remonter de sous terre... Ses yeux étaient couverts de sang et il criait : {{Citation|Finis-moi !}}... Une femme assassinée gisait à mes pieds. Un garçon de cinq ans a rampé sous son corps et a désespérément commencé à crier : {{Citation|Maman !}} C'est la dernière chose que je me rappelle avant de tomber inconscient}}
 [[Fichier:Bundesarchiv_Bild_183-A0706-0018-029,_Sowjetunion,_Storow,_Juden_vor_Exekution.jpg|gauche|vignette|Les Juifs creusent leurs propres tombes avant leur exécution ([[Zboriv]], le {{date|4 juillet 1941}}).]]
-Du 16 au {{date|30 septembre 1941}}, l'''Einsatzgruppe D'' [[Massacre de Nikolaev|massacre de {{formatnum:35782}} citoyens soviétiques]], dont la plupart étaient Juifs. Celui-ci se déroule dans une zone proche de la ville de [[Mykolaïv]] ainsi que de la ville voisine de [[Kherson]], au sud de l'Ukraine (ex-[[Union des républiques socialistes soviétiques|URSS]])<ref>{{Lien web|auteur1=Hemme|prénom1=Amira Lapidot|titre=Jewish History of Mykolayiv (Nikolayev), Kherson Gubernia|url=http://kehilalinks.jewishgen.org/mykolayiv/history%20&%20geography.htm|éditeur=JewishGen|date=2012|consulté le=29 December 2014|archive-url=|archive-date=}}</ref>.
+Du 16 au {{date|30 septembre 1941}}, l'''Einsatzgruppe D'' [[Massacre de Nikolaev|exécute {{formatnum:35782}} citoyens soviétiques]], dont la plupart étaient Juifs. Ce massacre se déroule dans une zone proche de la ville de [[Mykolaïv]] ainsi que de la ville voisine de [[Kherson]], au sud de l'Ukraine (ex-[[Union des républiques socialistes soviétiques|URSS]])<ref>{{Lien web|langue=en|auteur1=Hemme|prénom1=Amira Lapidot|titre=Jewish History of Mykolayiv (Nikolayev), Kherson Gubernia|url=http://kehilalinks.jewishgen.org/mykolayiv/history%20&%20geography.htm|éditeur=JewishGen|date=2012|consulté le=29-12-2014|archive-url=|archive-date=}}</ref>.
-Le massacre de Juifs le plus notoire en Ukraine s'est déroulé dans le ravin de [[Massacre de Babi Yar|Babi Yar]], près de [[Kiev]], où {{nombre|33771|Juifs}} furent assassinés par les [[Nazisme|nazis]] et leurs [[Schutzmannschaft|collaborateurs locaux]], principalement le [[201e bataillon Schutzmannschaft|{{201e}} bataillon Schutzmannschaft]], les 29 et {{date|30 septembre 1941}}. (D'autres massacres eurent lieu à cet endroit les mois suivants, faisant entre {{formatnum:100000}} et {{nombre|150000|morts}} Juifs, prisonniers de guerre soviétiques, communistes, Tziganes, Ukrainiens et otages civils). Les assassinats en masse à [[Kiev]] ont été décidés par le ''[[Generalmajor]]'' [[Friedrich Eberhardt]], le commandant de la police du [[groupe d'armées sud]] (''[[SS-Obergruppenführer]]'' [[Friedrich Jeckeln]] ) et le commandant de l'''Einsatzgruppe'' C Otto Rasch. Cette mission fut assurée par les troupes de la [[Schutzstaffel|SS]] et du [[Sicherheitsdienst|SD]], et des [[Schutzmannschaft|membres de la police de sécurité]], assistés par la [[police auxiliaire ukrainienne]]. Les Juifs de Kiev se rassemblèrent au lieu ordonné, s'attendant à être embarqués dans des trains. La foule était suffisamment dense pour que la majorité ignorât ce qui se passait en réalité : Ils furent conduits à travers un corridor formé de soldats, roués de coups de crosse, puis forcés à se déshabiller et conduits au bord du ravin et exécutés. Un chauffeur de camion décrivit la scène :
+Le massacre de Juifs le plus notoire en Ukraine s'est déroulé dans le ravin de [[Massacre de Babi Yar|Babi Yar]], près de [[Kiev]], où {{nombre|33771|Juifs}} furent assassinés par les [[Nazisme|nazis]] et leurs [[Schutzmannschaft|collaborateurs locaux]], principalement le [[201e bataillon Schutzmannschaft|{{201e}} bataillon Schutzmannschaft]], les 29 et {{date|30 septembre 1941}} (d'autres massacres eurent lieu à cet endroit les mois suivants, faisant entre {{formatnum:100000}} et {{nombre|150000|morts}} Juifs, prisonniers de guerre soviétiques, communistes, Tziganes, Ukrainiens et otages civils). Les assassinats en masse à [[Kiev]] ont été décidés par le ''[[Generalmajor]]'' [[Friedrich Eberhardt]], le commandant de la police du [[groupe d'armées Sud]] (''[[SS-Obergruppenführer]]'' [[Friedrich Jeckeln]]) et le commandant de l'''Einsatzgruppe'' C Otto Rasch. Cette mission fut assurée par les troupes de la [[Schutzstaffel|SS]] et du [[Sicherheitsdienst|SD]], et des [[Schutzmannschaft|membres de la police de sécurité]], assistés par la [[police auxiliaire ukrainienne]]. Les Juifs de Kiev se rassemblèrent au lieu ordonné, s'attendant à être embarqués dans des trains. La foule était suffisamment dense pour que la majorité ignorât ce qui se passait en réalité : Ils furent conduits à travers un corridor formé de soldats, roués de coups de crosse, puis forcés à se déshabiller et conduits au bord du ravin et exécutés. Un chauffeur de camion décrivit la scène :
+{{Citation bloc|Des colonnes de Juifs étaient amenés, brutalisés par les Ukrainiens, forcés de se déshabiller et de s’allonger contre la paroi du ravin de {{unité|150|mètres}} de longueur, {{unité|30|mètres}} de largeur et {{unité|15|mètres}} de profondeur. Quand ils atteignirent le fond du ravin, ils furent saisis par des membres de la ''Schutzmannschaft'' et obligés de s'allonger au-dessus des Juifs déjà abattus. Les tireurs se mettaient derrière eux et les abattaient d’une balle dans la nuque, répétant l'action un à un…}}
-{{Citation bloc|Des colonnes de Juifs étaient amenés, brutalisés par les Ukrainiens, forcés de se déshabiller et de s’allonger contre la paroi du ravin de {{unité|150|mètres}} de longueur, {{unité|30|mètres}} de largeur et {{unité|15|mètres}} de profondeur. Quand ils atteignirent le fond du ravin, ils furent saisis par des membres de la ''Schutzmannschaft'' et obligés de s'allonger au-dessus des Juifs déjà abattus. Les tireurs se mettaient derrière eux et les abattaient d’une balle dans la nuque, répétant l'action un à un...}}
 En [[Crimée]] ([[Transfert de l'oblast de Crimée de la RSFSR à la RSSU|attribuée à l’Ukraine]] par [[Nikita Khrouchtchev|Khrouchtchev]] après la Seconde Guerre mondiale mais république soviétique autonome au moment de l’[[Campagne de Crimée (1941-1942)|invasion allemande]]) vivaient environ {{nombre|65000|Juifs}}. Lorsque les Allemands conquirent la région à l'automne 1941, environ {{nombre|35000|Juifs}} s’étaient réfugiés plus à l’Est et environ {{formatnum:8000}} autres avaient été mobilisés dans l’[[Armée rouge]]. Les Allemands trouvèrent donc environ {{nombre|23000|Juifs}} qui furent rapidement les victimes d’une machine génocidaire tournant désormais à plein régime sur le territoire soviétique<ref name=":2" />.
@@ Ligne 68 : / Ligne 64 : @@
 [[Fichier:Lwow_Ghetto_(spring_1942).jpg|vignette|250x250px|Le [[Ghetto de Lwów|ghetto de Lvov]] en 1942.]]
-À partir de {{date-|septembre 1941}}, la conjonction entre les projets de [[Heinrich Himmler|Himmler]] et la volonté exterminatrice des collaborateurs ukrainiens incite à accélérer la cadence de l'extermination : sont alors initiées, dans les territoires de l'Est, des réflexions à la fois pour rationaliser les tueries et pour exterminer également les femmes et les enfants, pour éviter que cela ne pose de problèmes de conscience aux bourreaux allemands. Divers solution sont alors expérimentées à l'automne 1941, notamment le [[Gaswagen|camion à gaz]] : le fourgon est hermétiquement fermé, les gaz d'échappement, entre autres le monoxyde de carbone, sont dirigés à l'intérieur du fourgon, et asphyxient ainsi une quarantaine de personnes à chaque utilisation. Par ailleurs, sur le modèle du camion à gaz, les premières chambres à gaz, expérimentées en Ukraine et dans le [[Reichsgau Wartheland|Warthegau]], reprennent le mode de fonctionnement, mais sont fixes, avec un moteur à l'extérieur, les gaz d'échappement étant dirigés vers l'intérieur de la chambre, isolée de l'extérieur.
+À partir de {{date|septembre 1941}}, la conjonction entre les projets de [[Heinrich Himmler|Himmler]] et la volonté exterminatrice des collaborateurs ukrainiens incite à accélérer la cadence de l'extermination : sont alors initiées, dans les territoires de l'Est, des réflexions à la fois pour rationaliser les tueries et pour exterminer également les femmes et les enfants, en évitant que cela ne pose de problèmes de conscience aux bourreaux allemands. Divers solutions sont alors expérimentées à l'automne 1941, notamment le [[Gaswagen|camion à gaz]] : le fourgon est hermétiquement fermé, les gaz d'échappement, entre autres le monoxyde de carbone, sont dirigés à l'intérieur du fourgon asphyxiant ainsi une quarantaine de personnes à chaque utilisation. Par ailleurs, sur le modèle du camion à gaz, les premières chambres à gaz, expérimentées en Ukraine et dans le [[Reichsgau Wartheland|Warthegau]], reprennent ce mode de fonctionnement, mais sont fixes, avec un moteur à l'extérieur, les gaz d'échappement étant dirigés vers l'intérieur de la chambre, isolée de l'extérieur.
+[[Fichier:Jewish women selected for labor at Auschwitz.jpg|vignette|« Des femmes juives de la [[Ruthénie subcarpathique|Rus subcarpatique]] qui ont été sélectionnées pour le [[Travail forcé dans les camps de concentration nazis|travail forcé]] à [[Auschwitz-Birkenau]], marchent vers leur caserne après avoir été désinfectées et rasées » (1944)]]
 En effet, en Ukraine, comme dans le reste de l’Union soviétique, le Reich nazi n’avait pas la possibilité, du fait de la proximité du front, d’installer des centres d’extermination. Le plus souvent, le réseau ferroviaire était inapproprié à la déportation vers les [[Camps d'extermination nazis|centres d’extermination]] situés en [[Pologne]]. C’est pourquoi la {{citation|Shoah par balles}} a continué, en Ukraine, jusqu'à la fin de l’occupation du pays par la ''Wehrmacht'', début 1944. Seulement 20 % environ des Juifs d’Ukraine ont été déportés à [[Camp d'extermination de Belzec|Belzec]], [[Camp d'extermination de Sobibor|Sobibor]] et [[Auschwitz]]. Les 80 % restants des victimes ont été tués par les commandos SS ou leurs auxiliaires<ref name=":2" />.
+{{Clr}}
 == Bilan des victimes ==
 [[Fichier:Jewish victims executed by Nazis at the Jewish cemetery in Lviv, west Ukraine.jpg|vignette|Juifs exécutés par le nazis au cimetière juif de [[Lviv (Ukraine)|Lwow]], juin 1944]]
-Pratiquement tous ceux qui n’ont pas pris la fuite furent tués en l’espace de deux ans et demi, entre {{date-|juin 1941}} et {{date-|décembre 1943}}.
+Pratiquement tous ceux qui n’ont pas pris la fuite furent tués en l’espace de deux ans et demi, entre {{date|juin 1941}} et {{date|décembre 1943}}.
-Jusqu'à la chute de l'Union soviétique, environ {{nombre|900000|Juifs}} auraient été assassinés dans le cadre de l'Holocauste en Ukraine. C’est l’estimation trouvée dans l'ouvrage d'histoire ''[[La Destruction des Juifs d'Europe]]'' de [[Raul Hilberg|Raul Hillberg]]. À la fin des années 1990, l'accès aux archives soviétiques a augmenté l'estimation de la population juive d'avant-guerre et, par conséquent, celle du nombre de morts. Selon les estimations de [[Dieter Pohl]] publiés dans les années 1990, {{nombre|1.2|million}} de Juifs ont été assassinés, augmentant à {{nombre|1.6|million}} selon des études plus récentes. Selon l’historien ukrainien Alexandre Kruglov, on peut penser qu’un tiers environ des Juifs ukrainiens a échappé au génocide, ce qui signifie que, à l’inverse, environ {{nombre|1.5|million}} de juifs ont trouvé la mort : {{formatnum:500000}} en 1941, plus de {{formatnum:700000}} en 1942 et {{formatnum:200000}} de 1943 jusqu'à l’abandon définitif de l’Ukraine par la ''Wehrmacht'' en 1944<ref>{{Lien web|titre=La Shoah par balles - Mémorial de la Shoah|url=http://www.memorialdelashoah.org/upload/minisites/ukraine/exposition4-radicalisation.htm|site=www.memorialdelashoah.org|consulté le=2019-11-11}}</ref>.
+Jusqu'à la chute de l'Union soviétique, environ {{nombre|900000|Juifs}} auraient été assassinés dans le cadre de l'Holocauste en Ukraine. C’est l’estimation trouvée dans l'ouvrage d'histoire ''[[La Destruction des Juifs d'Europe]]'' de [[Raul Hilberg]]. À la fin des années 1990, l'accès aux archives soviétiques a augmenté l'estimation de la population juive d'avant-guerre et, par conséquent, celle du nombre de morts. Selon les estimations de [[Dieter Pohl]] publiés dans les années 1990, {{nombre|1.2|million}} de Juifs ont été assassinés, augmentant à {{nombre|1.6|million}} selon des études plus récentes. Selon l’historien ukrainien Alexandre Kruglov, on peut penser qu’un tiers environ des Juifs ukrainiens a échappé au génocide, ce qui signifie que, à l’inverse, environ {{nombre|1.5|million}} de juifs ont trouvé la mort : {{formatnum:500000}} en 1941, plus de {{formatnum:700000}} en 1942 et {{formatnum:200000}} de 1943 jusqu'à l’abandon définitif de l’Ukraine par la ''Wehrmacht'' en 1944<ref>{{Lien web|titre=La Shoah par balles|url=http://www.memorialdelashoah.org/upload/minisites/ukraine/exposition4-radicalisation.htm|site=memorialdelashoah.org|consulté le=2019-11-11}}</ref>. Pour certains historiens, le chiffre de au moins 2 millions de morts est probablement sérieusement à envisager, car depuis 1917, et la révolution, il n'y avait pas de recensements, vu les crises, dont l'holodomor, mais des estimations, souvent discutables. Déjà, les derniers recensements réalisés pendant la période Tsariste, en 1909-1913, avaient des marges d'erreurs, et la forte immigration (dont en Amérique) rendaient difficiles les estimations fiables.
-Bon nombre de Juifs ayant trouvé refuge dans la forêt ont été tués ultérieurement par l'[[Armia Krajowa|armée locale]], l'[[armée insurrectionnelle ukrainienne]] ou d'autres groupes partisans lors de la retraite allemande. Selon l'historienne américaine Wendy Lower, {{citation|de nombreux auteurs, même s'ils avaient des objectifs politiques différents, ont tué des juifs et réprimé cette histoire}}<ref>{{lien web|langue=en |auteur1=Lower |prénom1=Wendy |titre=Introduction: the Holocaust in Ukraine |périodique=Holocaust and Genocide Studies |lire en ligne=https://academic.oup.com/hgs/pages/the_holocaust_in_Ukraine |pages=3 }}</ref>.
+Bon nombre de Juifs ayant trouvé refuge dans la forêt ont été tués ultérieurement par l'[[Armia Krajowa|armée locale]], l'[[armée insurrectionnelle ukrainienne]] ou d'autres groupes partisans lors de la retraite allemande. Selon l'historienne américaine [[Wendy Lower]], {{citation|de nombreux auteurs, même s'ils avaient des objectifs politiques différents, ont tué des juifs et réprimé cette histoire}}<ref>{{lien web|langue=en |auteur1=Lower |prénom1=Wendy |titre=Introduction: the Holocaust in Ukraine |périodique=[[Holocaust and Genocide Studies]] |lire en ligne=https://academic.oup.com/hgs/pages/the_holocaust_in_Ukraine |pages=3 }}</ref>.
 == Protagonistes de la Shoah en Ukraine ==
 * [[Einsatzkommando#Einsatzgruppe C|Einsatzgruppe C]] et [[Einsatzkommando#Einsatzgruppe D|D]] (''[[Einsatzgruppen]]'')
 * Unité spéciale de sabotage [[Abwehr]] / [[Panzergrenadier-Division Brandenburg|Brandemburg]] du [[Nachtigall|bataillon Nachtigall]]
-* [[Liste de troupes collaborationnistes turques, caucasiennes et cosaques avec l’Axe|Freiwilligen-Stamm-Regiment]] 3 & 4 (Russes et Ukrainiennes)
+* [[Liste de troupes collaborationnistes turques, caucasiennes et cosaques avec l'Axe|Freiwilligen-Stamm-Regiment]] 3 & 4 (russes et ukrainiennes)
-* Unités auxiliaires ukrainiennes<ref>"[http://www.ushmm.org/outreach/en/article.php?ModuleId=10007710 Mobile Killing Squads]". [[United States Holocaust Memorial Museum]] (USHMM)</ref>: ''[[Schutzmannschaft]]'' et [[Police auxiliaire ukrainienne|''Ukrainische Hilfspolizei'']]
+* Unités auxiliaires ukrainiennes<ref>"[http://www.ushmm.org/outreach/en/article.php?ModuleId=10007710 Mobile Killing Squads]". [[United States Holocaust Memorial Museum]] (USHMM)</ref> : ''[[Schutzmannschaft]]'' et [[Police auxiliaire ukrainienne|''Ukrainische Hilfspolizei'']]
 == Survivants notables ==
 {{Article connexe|Liste de survivants de la Shoah}}
 {{...}}
-* {{lien|Mina Rosner}}
+* [[Mina Rosner]]
 * [[Roald Hoffmann]]
-* {{lien|Shevah Weiss}}
+* [[Shevah Weiss]]
 * [[Simon Wiesenthal]]
 * [[Adam Daniel Rotfeld]]
 * {{lien|Mordechai Rokeach}}
-* [[Stefan Petelycky]]<ref name="Petelycky1999">{{Ouvrage|prénom1=Stefan|nom1=Petelycky|titre=Into Auschwitz, for Ukraine|éditeur=Kashtan Press|année=1999|pages totales=60|isbn=978-1-896354-16-3|lire en ligne=http://www.uccla.ca/In%20Auschwitz-Petelycky.pdf}}</ref>
+* [[Stefan Petelycky]]<ref name="Petelycky1999">{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Stefan|nom1=Petelycky|titre=Into Auschwitz, for Ukraine|éditeur=Kashtan Press|année=1999|pages totales=60|isbn=978-1-896354-16-3|lire en ligne=http://www.uccla.ca/In%20Auschwitz-Petelycky.pdf}}</ref>
 == Les sauveteurs ==
-L'Ukraine se classe au {{4e}} rang du nombre de personnes reconnues comme {{citation|[[Juste parmi les nations|Justes parmi les nations]]}} pour avoir sauvé des Juifs pendant l'Holocauste, totalisant {{nombre|2515|personnes}} reconnues en date du {{date|1 janvier 2015}}<ref>{{Lien web|titre=Names and Numbers of Righteous Among the Nations - per Country & Ethnic Origin, as of January 1, 2015|url=http://www.yadvashem.org/yv/en/righteous/statistics.asp|série=Yad Vashem|consulté le=12 December 2015}}</ref>.
+L'Ukraine se classe au {{4e}} rang du nombre de personnes reconnues comme {{citation|[[Juste parmi les nations|Justes parmi les nations]]}} pour avoir sauvé des Juifs pendant l'Holocauste, totalisant {{nombre|2515|personnes}} reconnues en date du {{date|1 janvier 2015}}<ref>{{Lien web|langue=en|titre=Names and Numbers of Righteous Among the Nations - per Country & Ethnic Origin, as of January 1, 2015|url=http://www.yadvashem.org/yv/en/righteous/statistics.asp|site=Yad Vashem|consulté le=12-12-2015}}</ref>.
-Les [[Shtundistes]], un des groupes de [[Protestantisme|protestants]] évangéliques de l'[[Empire russe]] ont notamment aidé à cacher de nombreux Juifs<ref name="Snyder2015">{{Ouvrage|prénom1=Timothy|nom1=Snyder|titre=Black Earth|sous-titre=The Holocaust as History and Warning|éditeur=Crown/Archetype|année=2015|pages totales=480|passage=328|isbn=978-1-101-90346-9|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=rnDWBQAAQBAJ&pg=PT328}}</ref>.
+Les [[Shtundistes]], un des groupes de [[Protestantisme|protestants]] évangéliques de l'[[Empire russe]], ont notamment aidé à cacher de nombreux Juifs<ref name="Snyder2015">{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Timothy|nom1=Snyder|titre=Black Earth|sous-titre=The Holocaust as History and Warning|éditeur=Crown/Archetype|année=2015|pages totales=480|passage=328|isbn=978-1-101-90346-9|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=rnDWBQAAQBAJ&pg=PT328}}</ref>.
 == Principaux massacres ==
@@ Ligne 115 : / Ligne 112 : @@
 * [[Ghetto de Mizotch|Mizoch]]
 * [[Massacre de Nikolaev|Nikolaev]]
-* {{lien|Olyka}}
+* [[Olyka]]
 * {{lien|Plyskiv}}
 * [[Terebovlia#Histoire|Terebovlia]]
@@ Ligne 121 : / Ligne 118 : @@
 === Découverte de charniers ===
-Le père [[Patrick Desbois]], dont le grand-père avait été déporté au stalag 325 à [[Rava-Rouska|Rava Ruska]], a entrepris depuis six ans un travail méthodique et de longue haleine sur l’histoire de l’extermination d’un million et demi de Juifs d’Ukraine : identifier et expertiser tous les sites d'exterminations des Juifs perpétrées par les unités mobiles nazies en Ukraine pendant la Seconde Guerre mondiale dans le but ultime d'offrir une sépulture décente à ces Juifs fusillés en Ukraine<ref name=":3">{{Lien web|titre=La Shoah par balles - Mémorial de la Shoah|url=http://www.memorialdelashoah.org/upload/minisites/ukraine/exposition5-desbois.htm|site=www.memorialdelashoah.org|consulté le=2019-11-11}}</ref>. Ces recherches, qui jusqu’à aujourd’hui se sont étendues sur un tiers environ du territoire concerné, ont permis la découverte d'environ cinq cents sites d’exécutions après des preuves balistiques retrouvées sur les sites, des indications de témoins de l'époque ou de l’expertise archéologique des fosses communes<ref name=":3" />.
+Le père [[Patrick Desbois]], dont le grand-père avait été déporté au stalag 325 à [[Rava-Rouska|Rava Ruska]], a entrepris depuis six ans un travail méthodique et de longue haleine sur l’histoire de l’extermination d’un million et demi de Juifs d’Ukraine : identifier et expertiser tous les sites d'exterminations des Juifs perpétrées par les unités mobiles nazies en Ukraine pendant la Seconde Guerre mondiale dans le but ultime d'offrir une sépulture décente à ces Juifs fusillés en Ukraine<ref name=":3">{{Lien web|titre=La Shoah par balles|url=http://www.memorialdelashoah.org/upload/minisites/ukraine/exposition5-desbois.htm|site=memorialdelashoah.org|consulté le=2019-11-11}}</ref>. Ces recherches, qui jusqu’à aujourd’hui se sont étendues sur un tiers environ du territoire concerné, ont permis la découverte d'environ cinq cents sites d’exécutions après des preuves balistiques retrouvées sur les sites, des indications de témoins de l'époque ou de l’expertise archéologique des fosses communes<ref name=":3" />.
-Selon l'historien [[Timothy Snyder|Timothy D. Snyder]], {{citation|la Shoah est intrinsèquement et organiquement lié au ''[[Guerre d'anéantissement|Vernichtungskrieg]]'' de 1941 ainsi qu'à la tentative de conquête de l'Ukraine par la [[Lebensborn|germanisation]]}}<ref>{{Lien web|titre=Timothy Snyder: Germany must own up to past atrocities in Ukraine|url=https://www.kyivpost.com/article/opinion/op-ed/timothy-snyder-germany-must-past-atrocities-ukraine.html|consulté le=5 July 2017}}</ref>.
+Selon l'historien [[Timothy Snyder|Timothy D. Snyder]], {{citation|la Shoah est intrinsèquement et organiquement lié au ''[[Guerre d'anéantissement|Vernichtungskrieg]]'' de 1941 ainsi qu'à la tentative de conquête de l'Ukraine par la [[Lebensborn|germanisation]]}}<ref>{{Lien web|langue=en|titre=Timothy Snyder: Germany must own up to past atrocities in Ukraine|url=https://www.kyivpost.com/article/opinion/op-ed/timothy-snyder-germany-must-past-atrocities-ukraine.html|consulté le=05-07-2017}}</ref>.
 == Collaboration et difficile travail de mémoire ==
@@ Ligne 130 : / Ligne 127 : @@
 {{Citation bloc|Bon nombre d’Ukrainiens ont collaboré : Selon l’historien allemand [[Dieter Pohl]], [environ] {{nombre|100000|miliciens}} se sont joints à la police ukrainienne pour fournir une assistance essentielle aux nazis. Beaucoup d'autres membres du personnel des bureaucraties locales ont prêté main-forte lors des fusillades massives de Juifs. Les Ukrainiens, tels que l'infâme [[John Demjanjuk|Ivan le Terrible]] de [[Camp d'extermination de Treblinka|Treblinka]], faisaient également partie des gardes qui géraient les camps de la mort allemands.}}
-Selon l'historien israélien de l'Holocauste, [[Yitzhak Arad]], {{citation|En janvier 1942, une compagnie de volontaires [[Tatars]] fut créée à [[Simferopol]] sous le commandement de l'''[[Einsatzkommando|Einsatzgruppe 11]]''. Ce commando a participé à des chasses à l'homme et à des meurtres anti-juifs dans les régions rurales<ref>{{Ouvrage|prénom1=Yitzhak|nom1=Arad|lien auteur1=Yitzhak Arad|titre=The Holocaust in the Soviet Union|éditeur=U of Nebraska Press|année=2009|pages totales=720|passage=211|isbn=978-0-8032-2270-0|lire en ligne={{Google books|DqAb5tY4Ai8C|page=211|plainurl=yes}}}}</ref>.}}
+Selon l'historien israélien de l'Holocauste, [[Yitzhak Arad]], {{citation|En janvier 1942, une compagnie de volontaires [[Tatars]] fut créée à [[Simferopol]] sous le commandement de l'''[[Einsatzkommando|Einsatzgruppe 11]]''. Ce commando a participé à des chasses à l'homme et à des meurtres anti-juifs dans les régions rurales}}<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Yitzhak|nom1=Arad|lien auteur1=Yitzhak Arad|titre=The Holocaust in the Soviet Union|éditeur=U of Nebraska Press|année=2009|pages totales=720|passage=211|isbn=978-0-8032-2270-0|lire en ligne={{Google Livres|DqAb5tY4Ai8C|passage=211|plainurl=yes}}}}</ref>.
-Selon le [[Centre Simon-Wiesenthal|Centre Simon Wiesenthal]] (en {{date-|janvier 2011}}), {{citation|l'Ukraine n'a, à notre connaissance, jamais mené une seule enquête sur un criminel de guerre nazi local, et encore moins poursuivi un auteur de l'Holocauste}}<ref>[http://www.kyivpost.com/news/nation/detail/94616/ Nazi-hunters give low grades to 13 countries, including Ukraine], ''[[Kyiv Post]]'' (January 12, 2011)</ref>. L’antisémitisme qui sévit dans l’URSS d’après-guerre compliqua encore un peu plus le travail de mémoire, les survivants et leurs familles se turent<ref name=":1" />. Pour Tarik Cyril Amar, directeur des études au Centre pour l’histoire urbaine d’Europe de l’Est à [[Lviv (Ukraine)|Lviv]], {{citation|il y a deux raisons principales qui expliquent le silence partiel des autorités sur cette question. Le fait que les pogroms, qui ont eu lieu avant l’arrivée des Allemands, ont été perpétrés par la population elle-même, et surtout le rôle de la police ukrainienne dans les massacres}}. Des centaines de citoyens ukrainiens ont servi comme auxiliaires des nazis pendant les exactions. Sans oublier ces nationalistes ukrainiens, en lutte contre le régime soviétique et la domination russe, qui ont cru voir dans le nouvel occupant un allié.
+Selon le [[Centre Simon-Wiesenthal|Centre Simon Wiesenthal]] (en {{date|janvier 2011}}), {{citation|l'Ukraine n'a, à notre connaissance, jamais mené une seule enquête sur un criminel de guerre nazi local, et encore moins poursuivi un auteur de l'Holocauste}}<ref>[http://www.kyivpost.com/news/nation/detail/94616/ Nazi-hunters give low grades to 13 countries, including Ukraine], ''[[Kyiv Post]]'' (January 12, 2011)</ref>. L’antisémitisme qui sévit dans l’URSS d’après-guerre compliqua encore un peu plus le travail de mémoire, les survivants et leurs familles se turent<ref name=":1" />. Pour Tarik Cyril Amar, directeur des études au Centre pour l’histoire urbaine d’Europe de l’Est à [[Lviv (Ukraine)|Lviv]], {{citation|il y a deux raisons principales qui expliquent le silence partiel des autorités sur cette question. Le fait que les pogroms, qui ont eu lieu avant l’arrivée des Allemands, ont été perpétrés par la population elle-même, et surtout le rôle de la police ukrainienne dans les massacres}}. Des centaines de citoyens ukrainiens ont servi comme auxiliaires des nazis pendant les exactions. Sans oublier ces nationalistes ukrainiens, en lutte contre le régime soviétique et la domination russe, qui ont cru voir dans le nouvel occupant un allié.
 Le sort des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale dérange dans le grand chantier de construction d’une histoire nationale de l’Ukraine<ref name=":1" />. Une « [[concurrence des mémoires]] » s’est instaurée entre la « [[Shoah par balles]] » et les crimes soviétiques subis par l’Ukraine au {{s-|XX|e}}, comme la [[Terreur rouge (Russie)|terreur rouge]], les [[grandes purges]] et les {{page h'|Famines soviétiques|famines soviétiques}}. Dans ce contexte délétère, une partie des Ukrainiens voient leurs nationalistes, y compris [[Collaboration en Ukraine durant la Seconde Guerre mondiale|les collaborateurs]], comme des héros qui ont osé s’opposer à Staline, en occultant « pudiquement » les massacres auxquels ils ont pu participer, réduits au statut de « dégâts collatéraux », quand ils ne sont pas simplement et purement « justifiés » par le [[mythe]] du « [[judéo-bolchevisme]] » remis « [[Nouvel antisémitisme|au goût du jour]] »<ref>[http://www.liberation.fr/monde/2010/01/08/les-traces-enfouies-de-la-shoah-par-balles_603218 Les traces enfouies de la Shoah par balles]</ref>.
+=== Monuments et bâtiments subsistants ===
+Parmi les traces subsistantes, certaines sont en ruines, d'autres reconstruites.
+<gallery mode="packed">
+Mass grave of Jewish Holocaust victims north of Rohatyn city center 4.jpg|Mémorial au massacre du [[Ghetto de Rohatyn]].
+Львівське гетто.jpg|Mémorial du [[Ghetto de Lwów]].
+Сатанів Синагога-1.jpg|la [[synagogue de Sataniv]] en 2012.
+Mariupol Развалины синагоги 1.jpg|La [[Synagogue chorale de Marioupol]].
+Хоральна Синагога "Золота Роза", Шолом Алейхема,4.jpg|La [[Synagogue de la Rose d'Or]].
+Drobitskiy menora.jpg|Mémorial de la Shoah en forme de [[Menorah]] à [[Drobytsky Yar]].
+</gallery>
 == Notes et références ==
+=== Notes ===
+<references group="alpha"/>
+=== Références ===
 {{Traduction/Référence|en|The Holocaust in Ukraine|925638822}}
 {{Références nombreuses|colonnes=2}}
@@ Ligne 145 : / Ligne 155 : @@
  | commons titre = Shoah en Ukraine
 }}
 === Articles connexes ===
+* [[Histoire de l'Ukraine pendant la Seconde Guerre mondiale]]
 * [[Shoah]]
 * [[Procès des Einsatzgruppen]]
 * [[Gaswagen|Fourgonnette à gaz]]
 * [[Histoire des Juifs en Ukraine]]
 * [[Collaboration en Ukraine durant la Seconde Guerre mondiale]]
-* {{Lien|langue=en|trad=Hegewald (colony)|fr=Hegewald|texte=Hegewald}}, une colonie allemande éphémère près de [[Jytomyr]]
+* [[Hegewald]], une colonie allemande éphémère près de [[Jytomyr]]
 * ''{{lien|No Place on Earth}}'', un documentaire de 2012 traitant d'un groupe de juifs ukrainiens ayant survécu à l'Holocauste dans les grottes de Verteba et de la [[Grotte du Prêtre (Ukraine)|grotte du prêtre]]
 * [[Camps de concentration nazis|Camps de concentration]] et d'[[Camps d'extermination nazis|extermination nazis]]
@@ Ligne 160 : / Ligne 172 : @@
 {{Palette|Shoah|Seconde Guerre mondiale}}
-{{Portail|Seconde Guerre mondiale|nazisme|Ukraine|histoire|judaïsme}}
+{{Portail|Shoah|nazisme|Ukraine}}
 {{DEFAULTSORT:Shoah en Ukraine}}
@@ Ligne 167 : / Ligne 179 : @@
 [[Catégorie:Histoire de l'Ukraine pendant la Seconde Guerre mondiale]]
 [[Catégorie:Front de l'Est de la Seconde Guerre mondiale]]
-[[Catégorie:Shoah]]
 [[Catégorie:Massacre ou atrocité de la Seconde Guerre mondiale]]
 [[Catégorie:Antisémitisme en Ukraine]]
+[[Catégorie:Reichskommissariat Ukraine]]

v · m Shoah
Par pays	Albanie Allemagne Autriche Belgique Biélorussie Croatie Estonie France Grèce en zone sous occupation bulgare Hongrie Italie Lettonie Lituanie Luxembourg Norvège Pays-Bas Pologne Roumanie Russie Serbie occupée Tchécoslovaquie Bohême-Moravie région des Sudètes Slovaquie Ukraine
Camps	Centres d'extermination nazis Auschwitz Bełżec Chełmno Majdanek Sobibór Treblinka Camps de transit Amersfoort Bolzano Drancy Gurs Kamp Schoorl Malines Risiera di San Sabba Westerbork
Méthodes	Chambre à gaz Einsatzgruppen Extermination par le travail Gaswagen
Unités nazies	Inspection des camps de concentration SS-Totenkopfverbände Einsatzgruppen Einsatzkommando
Ghettos, pogroms et massacres	Ghettos (liste) en Biélorussie en Pologne Białystok Budapest Cracovie Kovno Łódź Lublin Lwów Minsk Riga Siedlce Stanisławów Varsovie Vilnius Pogroms et massacres Aktion Erntefest Babi Yar Bucarest Iași Jedwabne Kamenets-Podolski Lietukis Lviv Odessa Poneriai Rumbula Marches de la mort
Résistance	Partisans juifs Soulèvements de ghettos Białystok Varsovie Armée juive Juste parmi les nations