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Question communautaire en Belgique

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La Belgique connaît depuis des décennies des problèmes entre néerlandophones et francophones et, pour une moindre part, entre Wallons francophones et germanophones. Ces problèmes, surtout entre néerlandophones et francophones, ont un grand impact sur la vie politique du pays et sont souvent considérés comme contre-productifs. Notons également que ces problèmes se déroulent de façon pacifique, sans violence autre que verbale, morale et administrative. Même les « extrémistes », tels que le Vlaams Belang, le Were Di ou le TAK, l’Action Fouronnaise et le FDF ne se sont jamais livrés à la violence physique (sauf incidents anecdotiques).

Historique

Avant 1830

Les Unions d’Utrecht et d’Arras

La source de ces problèmes remonte probablement au XVIe siècle. La première fois qu’on remarque une divergence linguistique aux Pays-Bas est en 1579. Les provinces néerlandophones s’unissent contre le roi, tandis que les provinces francophones s’unissent en faveur du roi : voir Union d'Utrecht et Union d'Arras.

Mais le comté de Flandre se divise : les villes thioises de Gand, Ypres et Bruges joignent la rébellion, comme d’ailleurs les villes brabançonnes d’Anvers et Bruxelles. D’un autre côté, Lille, Douai et toute la Flandre gallicante joignent l’Union d’Arras, avec l’Artois et le Hainaut. Les pays de Namur restaient neutres, mais ne désiraient pas non plus abjurer le roi.

De 1830 à 1945

Lors de l’indépendance de la Belgique en 1830, la bourgeoisie et la noblesse, classes francophones au nord comme au sud du pays, avaient conçu la Belgique comme un État unitaire dont la seule langue officielle était le français. De plus, le suffrage censitaire leur permit de conserver longtemps un large contrôle politique sur le pays.

Cependant, le français n’était pas la langue de la majorité de la population. Partout, le peuple parlait alors surtout des dialectes. Au Nord, il s’agissait de dialectes flamands, brabançons et limbourgeois, au Sud on trouvait des dialectes wallons (très majoritaires), le luxembourgeois, le picard (en Hainaut occidental) et les dialectes gaumais (ou lorrain) et champenois. Progressivement, tous ces dialectes ont reculé, au profit du français en Wallonie et à Bruxelles et du néerlandais en Flandre. Graduellement on a commencé à utiliser le nom Flandre pour toutes les provinces néerlandophones et le nom Wallonie pour toutes les provinces méridionales. Les dialectes sont cependant restés plus vivants en Flandre qu’en Wallonie.

Le rétablissement du néerlandais au nord du pays est lié à l’émergence du mouvement flamand, qui apparut en réaction aux discriminations imposées au peuple qui ignorait souvent le français et qui voyait donc son accès à la justice, à l’enseignement et à la culture limité. Ce mouvement choisit le néerlandais pour unifier les dialectes en refusant une variante flamande qui serait différente du néerlandais commun. Il fut renforcé par l’instauration du suffrage plural en 1893, car le flamand était en Flandre d’abord et avant tout la langue du prolétariat.

Il est évident que la Wallonie orientée vers une francisation prévisible ne s'opposa pas au mouvement flamand pour de seules raisons linguistiques mais parce que les Flamands, de loin les plus nombreux, élisant le plus grand nombre de députés et souvent presque seulement des catholiques, dirigèrent la Belgique de 1884 à 1914 dans une optique conservatrice et cléricale oppposée à la vision plus laïque et plus à gauche du monde politique wallon cependant impuissant à faire valoir cette optique au niveau national du fait du statut minoritaire des Wallons (numériquement).

Lors de la Première Guerre mondiale, ces discriminations prirent un tour symbolique grave, les soldats flamands étant parfois incapables de comprendre les ordres en français que leur donnaient leurs officiers. Ceci conduisit le roi Albert Ier à plaider après guerre pour une meilleure reconnaissance du statut du néerlandais, dans la foulée de son soutien à l’instauration du suffrage universel. En 1919, certains parlementaires flamands, surtout des catholiques, adoptent un plan minimal visant à obtenir certaines réformes : l’adoption du néerlandais comme langue de l’administration, de la justice, de l’enseignement, à égalité avec le français et la division de l’armée en unités flamandes et wallonnes. Cependant, les réformes furent longues à venir. En effet, le mouvement flamand était discrédité parce que certains activistes minoritaires avaient choisi de collaborer avec l’occupant pendant la Première Guerre mondiale.

Ainsi, l’université de Gand n’adopta en 1923 le néerlandais comme langue d’enseignement que dans certains cours (on parle souvent de la flamandisation de l’université de Gand). La question linguistique fit tomber plusieurs gouvernements à cette époque. Le mouvement flamand connaissait parallèlement une radicalisation de ses franges les plus extrémistes, avec l’apparition du VNV, un parti qui épousa des thèses proches du nazisme, et l’instauration du pèlerinage de l'Yser, manifestation qui rassemblait à l’époque les plus radicaux et visait à instrumentaliser la mémoire des soldats flamands tombés pendant la Grande Guerre.

C’est le Premier ministre Henri Jaspar qui œuvrera aux premières réformes d’importance : adoption du néerlandais comme unique langue d’enseignement à l’université de Gand (1930), emploi exclusif du néerlandais en Flandre et du français en Wallonie dans l’administration et les écoles (1932), la justice (1935), l’armée (1938). La Belgique se divisait ainsi en deux régions linguistiques, séparées par une ligne mouvante au gré des recensements linguistiques. Bruxelles, de plus en plus francophone, reste bilingue. C’est la concrétisation du programme minimal de 1919. Les activistes flamands remporteront encore une victoire en 1937 avec l’amnistie de la collaboration lors de la 1914-1918.

L’entre-deux-guerres fut également la période durant laquelle la Wallonie et ses industries lourdes (sidérurgie, charbonnages) amorcèrent leur déclin économique, alors que la Flandre se développait dans des domaines nouveaux (électricité, automobile, aéronautique, mise en valeur des gisement houillers campinois).

Jusque-là, la question linguistique opposait principalement un groupe d’intellectuels inspirés par les idéaux du romantisme qui voulaient défendre les intérêts du peuple flamand et une élite flamande francophone qui défendait ses privilèges. C’est pourquoi ce combat était alors intrinsèquement mêlé aux luttes sociales de l’époque (lutte pour le suffrage universel) et se passait essentiellement en Flandre. Les Wallons étaient également concernés par ce problème mais le mouvement wallon prit d'autres directions et s'explique par d'autres motivations. Il n'est pas d'abord soucieux de défendre une langue mais d'échapper à une majorité flamande cléricale et conservatrice contraire à ses aspirations politiques prioritaires (plus à gauche et plus laïques). Cette situation évolua progressivement suite à la flamandisation complète des élites flamandes, à l’affirmation de la puissance économique de la Flandre et au déclin wallon. Après guerre, on entra dans une phase de tensions entre Flamands et Wallons.

La prise de conscience de la nécessité des réformes

La fin de la Seconde Guerre mondiale s’accompagna d’une différence de position entre la majorité en Flandre et la majorité en Wallonie autour de la Question royale. Lors de la consultation populaire de 1950, les deux moitiés du pays votèrent en effet en sens opposé : la Flandre, plus catholique et royaliste, soutint Léopold III, alors que la Wallonie socialiste s’opposa à son retour. Le retour du roi fut approuvé, grâce au poids démographique de la Flandre. Dans les jours qui suivirent l’arrivée de Léopold III en Belgique, de violents incidents éclatèrent en Wallonie, ce qui conduisit le roi à abdiquer en faveur de son fils, Baudouin Ier. Cette épisode fit prendre conscience aux Wallons du fait qu’ils étaient minoritaires et laissa au Flamands un goût amer : les Wallons avaient réussi à chasser Léopold III, malgré le résultat du scrutin.

En 1960-1961, le vote d’une loi-programme d’austérité, la « loi unique » enclencha un large mouvement de grève en Wallonie, alors touchée de plein fouet par le déclin de son industrie. Des voix se firent alors entendre au sud du pays pour donner plus d’autonomie à la Wallonie en matière économique, alors que les revendications flamandes à cette époque portaient surtout sur des questions culturelles (ainsi les marches sur Bruxelles de la Volksunie).

Du côté wallon, cette revendication autonomiste avait déjà été vive avant 1914, moins importante entre les deux guerres, mais à nouveau très forte après la Deuxième Guerre mondiale: les Wallons étaient conscients d'être minoritaires en Belgique, ils avaient le sentiment (en partie fondé) d'avoir été abandonnés par le roi et par la Flandre (notamment certaines unités lors de la bataille de la Lys), aucune protestation n'émanant d'autorités responsables (sauf les évêques), devant la discrimination des prisonniers de guerre flamands et wallons (les premiers étaient rapidement libérés presque tous, les seconds maintenus en détention en Allemagne jusqu'à l'année 1945). Les 20 et 21 octobre 1945, un Congrès national wallon vota à l'unanimité en faveur de l'autonomie de la Wallonie. En 1947, le groupe parlementaire wallon (sauf les démocrates-chrétiens), déposa une proposition de révision de la Constitution dans le sens de ses aspirations autonomistes. La proposition ne fut prise en considération ni par les parlementaires flamands ni par les parlementaires bruxellois. Alors que cette proposition du fédéralisme visait à contrer la minorisation de la Wallonie, elle se voyait précisément rejetée, avant tout examen, du fait de cette minorisation elle-même.

Établissement des frontières linguistiques et l’origine des « facilités »

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Belgique: les quatre régions linguistiques

Tous ces événements conduisirent les leaders politiques à chercher une solution qui permette à chaque communauté linguistique de prendre son propre destin en main. Ainsi en 1962, le Parlement vota trois lois linguistiques (les lois Gilson). La première fixa définitivement la frontière linguistique, avec Mouscron et Comines-Warneton en Wallonie et les Fourons en Flandre. La seconde instaurait le bilinguisme dans les dix-neuf communes de Bruxelles et des « facilités » pour les francophones habitant six communes de sa périphérie. La troisième réglait l’emploi des langues dans l’enseignement. La fixation de la frontière linguistique et la fin des recensements étaient des revendications flamandes, car le néerlandais reculait à chaque recensement, en particulier dans la périphérie bruxelloise. Ainsi, trois communes furent absorbées dans la zone bilingue de Bruxelles en 1954 suite à un recensement.

Pour six communes proches de Bruxelles (Drogenbos, Linkebeek, Rhode-Saint-Genèse, Kraainem, Wemmel, Wezembeek-Oppem) est mis en place un système dit de facilités linguistiques, ce qui signifie que les citoyens y auront la faculté de s’adresser en français aux autorités. Quoique les « facilités linguistiques » aient également été accordées au Flamands dans certaines communes wallonnes, celles-ci étaient essentiellement une concession faite par les Flamands (qui considéraient ces communes comme partie intégrante de la Flandre) aux francophones, qui exigeaient le rattachement de ces communes périphériques à Bruxelles. Un compromis plaça donc ces six communes en Flandre en échange des facilités linguistiques.

Les autorités flamandes considèrent les facilités comme un moyen de faciliter l’intégration des habitants francophones en Flandre. Bon nombre de francophones en revanche voient les facilités comme un droit définitif et même comme un pas vers le rattachement des communes à facilités autour de Bruxelles à l’agglomération bruxelloises bilingue.

Avec les lois Gilson, une première étape en direction du fédéralisme était donc franchie. La victoire du parti libéral en 1965, qui fit campagne sur le thème de l’unitarisme, mettra d’autres projets de réforme au frigo pendant quelques années.

La frontière linguistique dans la vie politique

En 1967, la question de la émancipation des Flamands et du néerlandais à l’université de Louvain, privilégiant les francophones à ce moment (la crise de Louvain), divisa à nouveau le pays. Cette crise mena à la chute du gouvernement de Vanden Boeynants, à la scission du parti social-chrétien et au transfert à Louvain-la-Neuve de la section francophone de l’université de Louvain.

Durant cette période, le paysage politique belge évolua considérablement. Les trois grands partis traditionnels, les partis social-chrétien (1968), libéral (1970) et socialiste (1978, avec une première scission à Bruxelles en 1968, les Rode Leeuwen) se scindèrent successivement tous en une aile francophone et une aile néerlandophone, les tensions à l’intérieur de ces partis devenant trop fortes. D’autre part apparurent des formations à ambition communautaire, dont l’audience crut considérablement. Du côté flamand, il s’agit de la Volksunie et du côté francophone du Rassemblement wallon et du Front démocratique des francophones.

Dès lors, l'organisation des partis politiques se fait à l'intérieur de chaque communauté. Elle reflète donc la nature duale de la Belgique, pays à deux nations comme le dit l'historien Lode Wils.

Problèmes actuels

Positions flamandes, wallonnes et francophones

La plupart des problèmes actuels, ou des nouvelles avancées dans la fédéralisation du pays trouvent leur origine dans des demandes à la fois flamandes et wallonnes pour plus d’autonomie, ces demandes se situant sur des plans différents. Les demandes wallonnes concernent par exemple l'agriculture et de façon générale l'économie, tandis que les Flamands, majoritaires, n'ont pas de raisons d'exiger une autonomie sur ce plan mais bien sur le plan culturel ou linguistique où l'avantage symbolique du français compensait l'avantage flamand numérique.

De nouvelles demandes sont généralement mises sur la table par les partis flamands lors de négociations gouvernementales, et on constate une grande cohésion dans les partis flamands pour obtenir ce qu’ils estiment être normal. Le cahier des charges flamand est la plupart du temps préparé au sein même du gouvernement flamand.

Mais durant les années 80 et 90, la revendication d'autonomie wallonne fut également très forte, motivée par la volonté de redresser la Wallonie et de la faire échapper à la domination flamande. On peut même dire que sans les revendications wallonnes, le fédéralisme belge ne se serait développé que dans le domaine linguistique et culturel. Il est vrai que, en général, l'opinion bruxelloise francophone fut logiquement peu portée à soutenir le combat fédéraliste wallon.

C'est la raison pour laquelle il est difficile de parler d’une position francophone. Au contraire, les positions wallonnes (sans les Bruxellois francophones), ont réussi à s'imposer tant en Belgique que dans une majorité de l'opinion en Wallonie. Ceci se constate d’ailleurs souvent lors des négociations entre francophones et Flamands, les partis politiques francophones ayant du mal à développer une position claire et unique. La difficulté vient du fait que Wallons et Bruxellois francophones n'ont pas le même point de vue, même si récemment et progressivement, ces points de vue tendent à se rapprocher.

Lors de ces négociations, on constate souvent un scénario identique : les Flamands présentent leurs exigences, justifiées généralement par le principe de l’unilinguisme régional, tandis que les francophones tentent, souvent en ordre dispersé, de sauvegarder à la fois les intérêts économiques de la Wallonie, très dépendante du soutien fédéral et donc flamand, et les intérêts particuliers des francophones (en pratique, les francophones installés autour de Bruxelles en région flamande). Il faut dire cependant que les Wallons représentent l'immense majorité des Francophones belges et que leur attitude avant 1980 et après, en 1988, 1993, 1999, 2003 consiste même parfois à précéder les revendications d'autonomie qui peuvent émaner de la Flandre (notamment dans le domaine économique ou récemment en matière d'exportations militaires).

On voit donc que la position francophone est un mélange de pragmatisme (sauvegarder l’existence de l’État belge dont dépend l’économie de la Wallonie) et de défense du droit des gens contre le droit du sol (au niveau du discours; en pratique, ce qui est revendiqué ressemble plutôt un défense du droit des gens francophones contre le droit du sol pour la Flandre, mais en même temps, uniquement le droit du sol en Wallonie). En soi, ceci explique une partie des problèmes d’unicité de la position des politiciens francophones, tiraillés entre des aspects économiques plutôt wallons et des aspects culturels plutôt bruxellois.

Enfin, la nature de l’évolution institutionnelle du pays (par à-coups et en suivant le fil des demandes flamandes) explique aussi les positions souvent défensives des francophones. Mais ce caractère défensif des francophones pris dans leur ensemble n'empêche pas qu'il y une logique politique wallonne forte en faveur du fédéralisme tant pour échapper au centralisme bruxellois qu'à la domination flamande. Et cela peut avoir aussi son influence sur le plan culturel avec les deux Manifestes wallons de 1983 et 2003, la relative diminution des compétences de la Communauté française en 1993, l'attachement de maints Wallons au fédéralisme à trois que des groupes importants (la FGTB wallonne par exemple), veulent rendre compatible avec l'alliance avec Bruxelles.

La protection des droits individuels des francophones vivant en Flandre, particulièrement ceux qui vivent dans les communes dites à facilités, est une des constantes des positions francophones. Cette question concerne beaucoup moins l'opinion wallonne même si elle peut y trouver matière à alliance tactique avec les Bruxellois francophones.

La question des « transferts » entre régions et communautés

Le financement des régions et des communautés est réglé par des lois de financement extrêmement complexes. On entend ainsi souvent des chercheurs et des hommes politiques flamands dénoncer les « transferts » de la Flandre vers la Wallonie et Bruxelles. Ils citent souvent le fait qu’il y a proportionnellement plus d’emplois publics en Wallonie (quoique les chiffres disponibles démentent cette thèse) et que les dépenses de sécurité sociale y sont plus élevées, en particulier en ce qui concerne le chômage et les soins de santé.

En 2005, le groupe du 'Warande', composé d'entrepreneurs et chercheurs flamands, à publie une analyse détaillant la nature et l'ampleur de ces transfers (doublé d'un appèl aux Flamands pour la cause de la séparation). ce groupe estiment les tranferts à plus de 11 millards d'Euro par an, dont plus de 6 millards pour les transferts directs et le reste pour le charges de la dettes publique. Le monde politique francophone a fortement critiqué les conclusions de cette analyse et les propositions joints. Néanmoins, les chiffres avancé par la groupe du 'Warande' n'ont été démentis que dans leur interprétation, pas sur les la qualité des chiffres. Le sénateur MR, Alain Destexhe et quelques professeurs francophones ont confirmé des élements importants de l'analyse (sans se prononcer sur la solution avancé par le groupe du 'Warande').

D'autre part, récemment par un Courrier hebdomadaire du CRISP, et fin 2005 et début 2006, Les auteurs relèvent que la notion même de transfert dans le domaine de la dette publique, du fonctionnement de l'Etat fédéral et de la Sécurité sociale est profondément discutable. Dans le domaine de la dette publique parce que rien n'indique que les prêteurs flamands à l'Etat belge seraient lésés. Dans le domaine du fonctionnement de l'Etat fédéral, car les agents de l'Etat ou fonctionnaires sont payés en fonction d'un travail presté exactement comme les fournisseurs de cet Etat. Certains auteurs font valoir que dans le domaine de l'HORECA notamment on pourrait de ce point de vue évoquer des transferts wallons vers la Flandre. La FEB n'aboutit nullement à des chiffres semblables à ceux du Groupe In de Warande, mais établit un chiffre autour de 3 millions d'€. Les syndicats nationaux et le grand patronat belge discuitent aussi cette analyse et ne la partagent pas.

L’emploi des langues à Bruxelles

Dans les services publics locaux de la région bruxelloise, comme par exemple les hôpitaux publics, censément bilingues (alors que quelques hôpitaux privés ont opté pour un régime unilingue), l’accueil et le service en néerlandais posent souvent problème. C’est ce qui a été constaté par un rapporteur du Conseil de l'Europe et reconnu en 2003 par le ministre compétent, le socialiste francophone Rudy Demotte. Cet état de fait s’explique en partie par l'unilinguisme d'une partie des francophone de la région, par le déficit chronique de main-d’œuvre dans le secteur hospitalier et par une mauvaise volonté du part de certains responsables francophones. Néanmoins cela, cette discrimination n’est pas acceptable vu le caractère bilingue de la région bruxelloise.

Un accord dit « de courtoisie linguistique » a été signé entre ministres bruxellois francophones et flamands pour assouplir l’obligation de bilinguisme dans les services publics, mais il a été cassé par le Conseil d’État. En outre, les Flamands estiment ne pas avoir constaté de véritable progrès.

L’arrondissement électoral de Bruxelles-Hal-Vilvorde (« BHV »)

Lors de la scission de la province de Brabant en Brabant flamand et Brabant wallon (en 1995), certains éléments institutionnels n'ont pas été inclus dans ces modifications, notamment les arrondissements électoral et judiciaire de Bruxelles-Hal-Vilvorde.

Pour les francophones, ces aménagements avaient pour but des protéger les droits individuels et politiques des francophones habitant en Brabant-Flamand. L’un de ces aménagements était le maintien d’un arrondissement électoral bilingue : Bruxelles-Hal-Vilvorde. Pour la plupart des Flamands, cette possibilité est contraire au principe d’unilinguisme régional et cette question a récemment (2004-2005) provoqué de graves problèmes qui ont failli faire tomber le gouvernement.

Le Court d'Arbitrage a jugé inconstitutionnelle la loi électorale qui maintenait ce arrondissement non-scindé. Il a ensuite instruit une solution au plus tard en 2007. La négociation de cette question a été reportée aux prochaines élections de 2006 et 2007.

Ce problème a constitué une première dans l’histoire institutionnelle du pays, à savoir que les Flamands n’ont rien obtenu. Il y a à cela plusieurs raisons, notamment le fait que la Flandre exigeait sans contrepartie l’abandon de quelque chose de très symbolique pour les francophones. D'autre part, l'on devrait aussi constater que la non-scission constitue une sorte de 'droit de vote extra-territorial', un droit politique dont bénéficient les francophones de la périphérie bruxelloise. A cause de cela, la situation actuelle est une infraction sur le principe d'égalité. On peut se demander pourquoi les Flamands devraient 'payer' avec une contrepartie l'émancipation et l'obtention de l'égalité en droit. Du même, on peut se demander ce que cette insistance francophone à maintenir ce privilège ethnique veut dire sur leur volonté proclamée de respecter les droits égaux des Flamands.

La demande avait aussi un fort caractère symbolique pour les Flamands, et l’échec des négociations a été durement ressenti par certains. Il est possible que cet épisode entraîne un durcissement futur des positions flamandes, tout comme il est possible que les deux partenaires se retrouvent plus à égalité dans l’avenir.

La ratification de la convention-cadre du Conseil de l’Europe concernant la protection des minorités

La Belgique, comme la France, n’a toujours pas ratifié une convention-cadre du Conseil de l’Europe concernant la protection des minorités. La raison ? Le monde politique flamand craint que des francophones vivant en Flandre, en particulier dans la périphérie bruxelloise, utilisent cette convention pour poursuivre les autorités flamandes pour non-respect des droits des minorités. En effet, la Belgique refuse de considérer les minorités réciproques à l’autre côté de la frontière linguistique comme minorité en arguant qu’elles représentent, à l’échelle nationale, des communautés constituantes qui ont règles les garanties quant au respect de leurs droits. C’est une des raisons pour laquelle la majorité des hommes politiques flamands s’opposent à la ratification de la convention en avançant notamment de l’absence d’une définition claire de ce qui constitue une minorité nationale et du moindre consensus entre Belges sur cette définition. Le Conseil de l’Europe a envoyé dans ces communes successivement deux rapporteurs qui ont plutôt penché en faveur des thèses francophones. Le Conseil a également conseillé la Belgique de ratifier la Convention internationale sur la protection des minorités nationales.

Du coté flamand, l'on note que la minorité francophone en Flandre ne satisfait pas à plusieurs des critères qui ont été utilisés ailleurs pour déterminer si telle ou telle minorité devrait pouvoir bénéficier du statut de 'minorité nationale' ou s'il s'agit seulement d'une minorité d'une autre nature.

  1. Il n'y a pas de 'relations pacifiques et durables' entre la minorité et l'autorité dont elle demande une reconnaissance (absence du en partie à la résistance de la plupart des francophones à l'émergence d'autonomie flamande et aux institutions flamandes).
  2. La minorité en question (les francophones en Flandre) ne forment nulle part en Flandre une population qui depuis longtemps formait la majorité dans une certaines région (en cela, ils sont comparable aux Juifs qui n'ont pas de reconnaissance pour le Jiddish non plus, et à la différences des Catalans en Catalogne, des Ecossais, ...).
  3. L'inexistence d'organisation représentative de (tous) les francophones de la Flandre (qui aurait établi et maintenu ces relations pacifiques et durables).

Le maintien des « facilités » en périphérie bruxelloise

Les Flamands, qui ont toujours conçu les « facilités » comme transitoires demandent de plus en plus souvent d’en diminuer la portée, voire de les supprimer. Dans ce contentieux, deux principes de philosophie politique s’affrontent : pour les Flamands, la vie publique et les services publics n’utilisent que le néerlandais en Flandre comme le néerlandais y est la seule langue reconnue constitutionnellement (principe d’unilinguisme régional). Chacun qui s’installe dans une région est supposé d’en accepter le régime linguistique.

Pour les francophones (belges), chaque personne a des droits fondamentaux — notamment culturels, politiques et par rapport aux services publics — quel que soit le lieu où elle réside. Tout en respectant le caractère unilingue de la Flandre, ils estiment que ces principes s’imposent au moins dans les communes à facilités où celles-ci devraient être appliquées correctement et définitivement. Cette position francophone se révèle néanmoins peu convainquant à cause du fait que les responsables Wallons et de la Communauté Française ne le respectent pas non plus en Wallonie (ou la communauté n'a jamais voulu reconnaître le moindre écoles néerlandophones dans aucune des ses communes à facilités pour les néerlandophones (qui y formaient des minorités d'entre 30 et 50% de la population lcale!).

Positions indépendantistes (séparatistes) flamandes et évaluation de ceux-ci

Les positions séparatistes flamandes — comme on les retrouve dans le Vlaams Belang (anciennement Vlaams Blok) , parti d’extrême droite — et dans des groupuscules qui gravitent autour, et aussi chez certains flamingants (ou Vlaamsgezinden, terme à signification moins radicale que flaminganten) de tendances indépendantistes (ou séparatistes selon le point de vue de chacun) se caractérisent par les revendications suivantes :

  • scission de la Belgique et indépendance pour la Flandre ;
  • incorporation de Bruxelles dans la Flandre, argumenté par le fait qu’à Bruxelles, le peuple parlait en général un dialecte apparenté au néerlandais ; ces derniers temps des Flamands préconisent la transformation de la Région de Bruxelles-Capital en un district européen, un peu comme la ville de Washington l’est pour les États-Unis d’Amérique

Certains y ajoutent:

  • incorporation à la Flandre de certaines communes wallonnes comme Comines, Visé, et Bassenge ;
  • abolition de toute solidarité entre les Belges.

Sur cela, l’on doit remarquer que la réalisation de ces revendications (pas très réalistes) posent de graves problèmes par rapport au principes de la démocratie et du droit des peuples. En plus, les francophones, majoritaires au niveau de l’agglomération bruxelloise se retouveraient citoyens d’un état qu’ils ne considèrent pas du tout comme le leur.

Problèmes de communication entre francophones et Flamands

L’usage du terme flamand au niveau de la langue

La « communauté néerlandophone » a choisi elle-même le nom de communauté flamande. L’usage du terme « flamand » au niveau de la langue est ressenti parfois comme dénigrante à cause de la connotation politique, liée au raisonnement de politiciens francophones des dix-neuvième et vingtième siècles qui s’opposaient à la reconnaissance du néerlandais sous prétexte que les idiomes parlés par les Flamands n’étaient qu’un ensemble de dialectes et pas vraiment une « langue de culture », tandis qu’à l’époque le néerlandais était la quatrième ou cinquième langue scientifique et diplomatique du monde. Ce malentendu francophone de ce temps-là est révolu, mais les problèmes n’ont pas encore disparu totalement.

L’usage des dialectes complique la communication

Certains francophones qui ont appris le néerlandais standardisé (Algemeen Nederlands) à l’école sont désorientés lorsque certains de leurs interlocuteurs flamands parlent un dialecte local ou le néerlandais avec une prononciation dialectale, et inversement, avec des locuteurs francophones parlant un dialecte de façon prononcée, ou du jargon.

Ces ambiguïtés sont pour une part responsables de malentendus entre francophones et Flamands. Les francophones rappellent que l’inverse n’est pas vrai, les locuteurs francophones utilisant certes des belgicismes (variations linguistiques régionales non apprises à l’école où est enseigné le français académique) lorsqu’ils conversent en français avec des Flamands mais jamais le wallon ou d’autres langues régionales de Wallonie (picard, champenois, gaumais). Les dialectes sont donc, selon ces sources, plus présents du côté flamand que du côté francophone et certainement lors des échanges entre locuteurs francophones et locuteurs néerlandophones en Belgique.

Il est à noter qu’il est très difficile de trouver un Wallon de moins de 30 ans capable de parler le wallon comme langue maternelle, alors que les différents dialectes du nord du pays sont encore très présents (très difficile de trouver un Flamand de moins de 30 ans ne parlant pas le dialecte de sa région). (Constatation personnelle, mais vérifiable sur le terrain) Ceci étant dû à l’apprentissage forcé du français en Wallonie au début du siècle, alors que l’apprentissage de l’Algemeen Nederlands (néerlandais commun) de manière généralisée et systématique en Flandre est plus récent.

Conclusions

La cause principale des malentendus entre Flamands et francophones semble d’abord politique. Elle est liée aux discriminations que les Flamands ont subies au XIXe siècle et au XXe siècle. Cependant, certains francophones s’estiment à présent à leur tour discriminés. On peut penser également à la vision péjorative que chaque communauté a de l’autre. Effectivement, on constate de plus en plus l’existence de positions quasiment d’ordre xénophobe dans la population.

Les francophones considèrent de plus en plus les Flamands comme un peuple xénophobe et intolérant, sans doute confortés par le fait qu’un parti considéré comme d’extrême-droite, le Vlaams Belang, y récolte 25 % des voix.

Les Flamands quant à eux semblent de plus en plus considérer les Wallons comme des profiteurs paresseux, confortés par une lecture parfois tendancieuse des « transferts nord-sud », expression recouvrant l’ensemble des déséquilibres économique Flandre/Wallonie, notamment du point de vue de la sécurité sociale.

Ces problèmes sont aussi, mais de façon secondaire, liées au fait que lorsque Flamands et francophones se parlent, cela n’est souvent possible que grâce au bilinguisme des Flamands, beaucoup de Francophones ne connaissant pas, ou pas suffisamment, le néerlandais.

Il est vrai que l’apprentissage du français par les néerlandophones était vécu comme un bilinguisme de promotion tandis que l’apprentissage du néerlandais était vécu par les francophones comme une perte de temps (difficulté de pratiquer la langue suite à l’utilisation courante de dialectes flamands et connaissance du français par les néerlandophones).

Ce problème tend à s’estomper depuis que l’apprentissage de l’anglais, plus international, devient prédominant et remplace de plus en plus l’apprentissage de la seconde langue nationale aussi bien au nord qu’au sud du pays. Par ailleurs, on note la création récente et le développement rapide en Région wallonne d’écoles dites d’immersion linguistique (cours donnés en néerlandais ou en anglais).

Cependant, d'une manière générale, une approche purement linguistique rend inintelligible la question nationale en Belgique: celle-ci n'oppose pas que des gens parlant deux langues différentes, mais deux espaces politiques qui tendent à s'autonomiser en fonction d'une histoire, de valeurs, de situations parfois radicalement différentes, sans que pour autant on puisse dire que tous les liens soient rompus ni que le sentiment belge aurait complètement disparu.

Problèmes entre Wallons et germanophones

Les initiatives de la Communauté germanophone en 2003 indiquent l’existence de certains problèmes entre les politiciens et institutions germanophones et francophones. Ces problèmes sont liés en partie à la petite taille de la Communauté germanophone. Cela crée une situation de minorisation de fait par rapport aux institutions wallonnes qui sont compétentes pour toutes les compétences régionales. À cela s’ajoute une tendance politique (surtout auprès du PS wallon) de vouloir constituer (imposer) des coalitions politiques identiques pour tous les exécutifs des régions et communautés pour lesquelles le PS est actif. Cela s’est déjà traduit dans des pressions venant de Namur pour changer une coalition dans l’exécutif germanophone pour la rendre en harmonie avec la couleur politique de l’exécutif wallon. L’exécutif germanophone essaie depuis quelques années, en réaction à cela, d’obtenir une plus grande autonomie, et de préférence aussi des compétences régionales (surtout compétences internes).

Il est important de noter que ces problèmes sont d’ordre politique. Ils ne gênent que très peu la communication entre les germanophones et les Ardennais et autres Wallons.

Un certain nombre de compétences de la Région wallonne ont été transférées à la Communauté germanophone à partir du 01/01/2005 à savoir :

  • les fabriques d’église
  • la tutelle sur les communes et les zones de police de la Communauté germanophone
  • le financement des communes (le fonds des communes et les travaux subsidiés)
  • les funérailles et sépultures.

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