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Formule de Faulhaber

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En mathématiques, la formule de Faulhaber, portant le nom du mathématicien allemand Johann Faulhaber, exprime la somme des puissances p-ième des n premiers entiers :

par une fonction polynomiale de degré p + 1 en n[1], les coefficients impliquant les nombres de Bernoulli :

.

Les coefficients qui apparaissent sont les coefficients binomiaux (anciennement notés ).

Énoncé de la formule

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Dans la convention la plus usuelle, les nombres de Bernoulli sont mais ici, une convention moins courante est adoptée, à savoir que le nombre est changé en .

La formule de Faulhaber s'écrit (avec et ) :

(avec au lieu de ).

Faulhaber ne connaissait pas la formule sous cette forme, qui a été découverte par Jacques Bernoulli, et qui est un cas particulier de la formule d’Euler-MacLaurin. Mais il a obtenu l'expression dans les 17 premiers cas, et le fait que lorsque l'exposant est impair, la somme s'exprime en fonction de la somme des premiers entiers. Dans ses calculs, il a manipulé la factorielle n! jusqu'à 24!, ce qui illustre son remarquable talent de calculateur, qu'il partage avec son correspondant Ludolph van Ceulen. Il est remarquable surtout par son anticipation des sommes multiples discrètes[Quoi ?] à une époque où l'analyse balbutie. Il utilise la k-symétrie, et donne aussi certaines généralisations remarquables[2].

(Théorème de Nicomaque)

Une autre forme

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On peut voir la formule énoncée avec des termes allant de 0 à n – 1 plutôt que de 1 à n. Dans ce cas, la seule chose qui change est que l'on prend B1 = −1/2 au lieu de +1/2, donc le terme de deuxième plus haut degré dans chaque cas possède un signe moins au lieu d'un signe plus [3].

(avec ).

La formule est valide pour tous entiers naturels p et n (y compris pour p = 0 , avec 00 = 1) :

Relation avec les polynômes de Bernoulli

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On peut écrire (pour p et n entiers naturels) :

,

est le polynôme de Bernoulli de rang p.

On a , nombre de Bernoulli de rang p (avec ).

Forme symbolique

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Dans le calcul ombral classique, on traite formellement les indices j dans une suite Bj comme s'ils étaient des exposants, c’est-à-dire que, dans ce cas, on applique la formule du binôme de Newton, ce qui donne

.

Dans le calcul ombral « moderne », on considère la forme linéaire T sur l'espace vectoriel des polynômes de variable b donnée par

.

On peut alors écrire

Polynômes de Faulhaber

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Faulhaber a observé (sans en donner de preuve) que

  • si p est impair, alors est une fonction polynomiale de ,
  • si p est pair, alors est le produit de par une fonction polynomiale de y.

Ces propriétés se montrent en utilisant respectivement les relations de récurrence forte sur les sommes de degré impair et les relations de récurrence forte sur les sommes de degré pair.

Ainsi, pour p impair :

(et donc )

et pour p pair :

Quelques auteurs[4] appellent ces polynômes , avec , « polynômes de Faulhaber » ; Donald Knuth a donné des démonstrations de ces résultats (et d'autres les généralisant encore) en n'utilisant que des méthodes que Faulhaber maîtrisait[2].

Expression utilisant les nombres de Stirling de seconde espèce

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Pour tout , on a la relation :

où les sont les nombres de Stirling de seconde espèce (nombre de partitions en i parties d'un ensemble à p éléments) et (symbole de Pochhammer).

Par exemple , et .

Relations de récurrence liant ces sommes

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Relation de récurrence forte (Pascal, 1655)

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Les sommes peuvent se calculer de proche en proche grâce à la relation[5]:

.

Par exemple, on a  ;

donc, ,

puis ,

etc.

Relation de récurrence forte sur les sommes de degré impair

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Elle s'écrit :

.

En faisant , on obtient par exemple directement que .

Cette relation permet également de montrer par récurrence que est un polynôme de degré en .

Relation de récurrence forte sur les sommes de degré pair

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Elle s'écrit, pour p strictement positif :

.

En faisant , on obtient par exemple directement que .

Cette relation permet également de montrer par récurrence que est le produit de par un polynôme de degré p en .

Expression matricielle des formules de Faulhaber

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Pour les sommes quelconques

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La relation de récurrence forte vue plus haut peut s'écrire :

.

Ces relations, pour p variant de 0 à q, constituent un système triangulaire dont les solutions sont .

Si est la matrice carrée triangulaire inférieure d'ordre q+1 définie par (les indices variant de 0 à q), le système s'écrit[4] :

On en déduit :

.

Par exemple, , et .

On retrouve bien , , etc.

La matrice est la matrice obtenue en tronquant la diagonale principale d'une matrice de Pascal et en enlevant la première ligne devenue nulle. La première colonne de la matrice inverse donne les nombres de Bernoulli.

Pour les sommes à exposants impairs

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La relation ci-dessus sur les sommes à exposants impairs peut aussi s'écrire :

.

Ces relations pour i de 1 à p constituent un système triangulaire dont sont solutions .

Si est la matrice carrée triangulaire inférieure d'ordre p définie par , le système s'écrit

 ; on en déduit .

Par exemple, , et .

On retrouve bien , , etc.

La matrice est le double de la matrice obtenue en tronquant une diagonale descendante sur deux de la matrice de Pascal triangulaire inférieure.

Généralisations de la formule de Faulhaber

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La formule de Faulhaber peut être étendue à différents types de sommes multiples de puissances : soit à des sommes de produits de puissances distinctes (mais de même exposant), soit à des sommes de produits de puissances avec répétitions possibles.

Sommes multiples de produits de puissances distinctes

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Pour tous , , , tels que , la somme multiple de puissances distinctes, d'ordre et de bornes et , est définie par

ce qui correspond à la somme des produits de entiers distincts entre et élevés à la même puissance .

Ces sommes multiples de puissances peuvent être exprimées sous la forme d'une combinaison de sommes simples de puissances, comme illustré par le théorème suivant [6].

Théorème — Pour tout , , , tels que , on a

L’application de la formule de Faulhaber pour des sommes simples de puissances conduit à la formule de Faulhaber généralisée suivante[6].

Théorème — Pour tout , , tels que , on a

Exemples
suite A000914 de l'OEIS
suite A000596 de l'OEIS
suite A000597 de l'OEIS.

Notons que pour p =1, , où représente un nombre de Stirling de première espèce.

Sommes multiples de produits de puissances avec répétitions possibles

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Pour tout , , , , cette somme de puissances d'ordre avec des bornes et est définie par

,

ce qui correspond à la somme des produits de entiers entre et , avec répétitions possibles, élevés à la puissance .

Ces sommes multiples de puissances peuvent être exprimées sous la forme d’une combinaison de sommes simples de puissances, comme illustré par le théorème suivant [7].

Théorème — Pour , , , tels que , on a

Une conséquence directe de ce théorème est la formule de Faulhaber généralisée suivante [7].

Théorème — Pour tout , , tels que , on a

Exemples
suite A001296 de l'OEIS.
suite A060493 de l'OEIS.
suite A351105 de l'OEIS.

Notons que pour p = 1, , où désigne un nombre de Stirling de seconde espèce.

Notes et références

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(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Faulhaber's formula » (voir la liste des auteurs).
  1. Nulle en n = 0 (cf. « Somme vide ») donc produit de n par une fonction polynomiale de degré p.
  2. a et b (en) Donald E. Knuth, « Johann Faulhaber and sums of powers », Math. Comp., vol. 61,‎ , p. 277-294 (lire en ligne).
  3. Ceci vient de ce que , ce qui change en .
  4. a et b (en) A. W. F. Edwards, « Sums of powers of integers: a little of the history », Math. Gazette, no 66,‎ , p. 22-28
  5. (la) Blaise Pascal, Potestatum Numericarum Summa,
  6. a et b (en) Roudy El Haddad, « A generalization of multiple zeta values. Part 2: Multiple sums », Notes on Number Theory and Discrete Mathematics (DOI 10.7546/nntdm.2022.28.2.200-233)
  7. a et b (en) Roudy El Haddad, « A generalization of multiple zeta values. Part 1: Recurrent sums », Notes on Number Theory and Discrete Mathematics (DOI 10.7546/nntdm.2022.28.2.167-199)

Bibliographie

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Lien externe

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(en) Eric W. Weisstein, « Faulhaber's Formula », sur MathWorld