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« Nombre d'or » : différence entre les versions

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{{Voir homonyme|Nombre d'or (astronomie)}}
{{Voir homonyme|Nombre d'or (astronomie)}}
[[Image:Golden ratio line2.svg|thumb|250px|La proportion définie par ''a'' et ''b'' est dite d'extrême et de moyenne raison lorsque ''a'' est à ''b'' ce que ''a'' + ''b'' est à ''a''. Le rapport ''a'' / ''b'' est alors égal au '''nombre d'or'''.]]
[[Fichier:Golden ratio line2.svg|vignette|upright=1.2|La proportion définie par ''a'' et ''b'' est dite d'« extrême et moyenne raison » lorsque ''a'' est à ''b'' ce que {{nobr|''a'' + ''b''}} est à ''a'', soit : lorsque {{nobr|1=(''a'' + ''b'')/''a'' = ''a''/''b''.}} Le rapport ''a''/''b'' est alors égal au nombre d'or <math>\varphi</math> (phi).]]
Le '''nombre d'or''' est la [[proportion]], définie initialement en géométrie, comme l'unique rapport entre deux longueurs telles que le rapport de la somme des deux longueurs sur la plus grande soit égal à celui de la plus grande sur la plus petite. Le découpage d'un segment en deux longueurs vérifiant cette propriété est appelé par [[Euclide]] découpage en '''extrême et moyenne raison'''. Le nombre d'or est maintenant souvent désigné par la lettre [[φ]] en l'honneur de l'architecte [[Phidias]] qui l'aurait utilisé pour concevoir le [[Parthénon]].
Le '''nombre d'or''' (ou '''section dorée''', '''proportion dorée''', ou encore '''divine proportion''') est une [[proportion]], définie initialement en [[géométrie]] comme l'unique rapport {{math|''a''/''b''}} entre deux longueurs {{mvar|a}} et {{mvar|b}} telles que le rapport de la somme {{math|''a'' + ''b''}} des deux longueurs sur la plus grande ({{mvar|a}}) soit égal à celui de la plus grande ({{mvar|a}}) sur la plus petite ({{mvar|b}}), ce qui s'écrit :
<center><math>\frac{a+b}a=\frac ab</math> avec <math>\frac ab = \varphi</math></center>
Le découpage d'un segment en deux longueurs vérifiant cette propriété est appelé par [[Euclide]] découpage en « extrême et moyenne raison ». Le nombre d'or est maintenant souvent désigné par la lettre [[φ]] ou <math>\varphi</math> (phi), et il est lié à l'[[angle d'or]].


Ce [[nombre irrationnel]] est l'unique [[racine d'un polynôme|solution]] positive de l'équation ''x''<sup>2</sup> = ''x'' + 1. Il vaut exactement (1+ √5)/2 soit approximativement 1,618 033 988. Il intervient dans la construction du [[pentagone]] régulier et du rectangle d'or. Ses propriétés [[algèbre|algébriques]] le lient à la [[suite de Fibonacci]] et permettent de définir une [[entier de Dirichlet|arithmétique du nombre d'or]] source de nombreuses démonstrations.
Ce [[nombre irrationnel]] est l'unique [[racine d'un polynôme|solution]] positive de l'[[Discriminant#Résolution de l'équation à coefficients réels|équation]] {{math|φ{{2}} {{=}} φ + 1}}. Il vaut<ref group="alpha" name="decimales">Pour plus de décimales, voir la {{OEIS|id=A001622}}.</ref>:


<center><math>\varphi=\frac{1+\sqrt5}2\approx1{,}6180339887.</math></center>
L'histoire de cette proportion commence à une période reculée de l'[[Grèce antique|antiquité grecque]]. À la [[Renaissance (période historique)|Renaissance]], [[Luca Pacioli|Pacioli]], un moine franciscain italien, la met à l'honneur dans un manuel de mathématiques et la surnomme divine proportion en l'associant à un idéal envoyé du ciel. Cette vision se développe et s'enrichit d'une dimension esthétique, principalement au cours des {{s|XIX|e}} et {{s|XX|e}} où naissent les termes de section dorée et de nombre d'or.


Il intervient dans la construction du [[pentagone régulier]]. Ses propriétés [[algèbre|algébriques]] le lient à la [[suite de Fibonacci]] et au [[corps quadratique]] ℚ({{racine|5}}). Le nombre d'or s'observe aussi dans la nature (quelques [[phyllotaxie]]s, par exemple chez les [[capitule (botanique)|capitules]] du [[tournesol]], [[pavage de Penrose]] de [[quasi-cristaux]]) ou dans quelques œuvres et monuments (architecture de [[Le Corbusier]], musique de [[Iannis Xenakis|Xenakis]], peinture de [[Salvador Dalí|Dalí]]).
Le nombre d'or se trouve parfois dans la nature ou des œuvres humaines, comme dans les [[étamine]]s du tournesol ou dans certains monuments à l'exemple de ceux conçus par [[Le Corbusier]]. Il est aussi étudié comme une clé explicative du monde, particulièrement pour la ''beauté''. Il est érigé en théorie esthétique et justifié par des arguments d'ordre scientifique ou mystique : omniprésence dans les sciences de nature et de la vie, proportions du corps humain ou dans les arts comme la peinture, l'architecture ou la musique.


L'histoire de cette proportion commence à une [[#Antiquité|période de l'Antiquité]] qui n'est pas connue avec certitude ; la première mention connue de la division en extrême et moyenne raison apparaît dans les ''[[Éléments d'Euclide|Éléments]]'' d'[[Euclide]]. À la [[Renaissance]], [[Luca Pacioli]], un moine franciscain italien, la met à l'honneur dans un manuel de mathématiques et la surnomme « divine proportion » en l'associant à un idéal envoyé du ciel. Cette vision se développe et s'enrichit d'une dimension esthétique, principalement au cours des {{s2-|XIX|e|XX|e}} où naissent les termes de « section dorée » et de « nombre d'or ».
Certains artistes, tel le compositeur [[Xenakis]] ou le poète [[Paul Valéry]] ont adhéré à une partie plus ou moins vaste de cette vision, soutenue par des livres très populaires. À travers la médecine, l'archéologie ou les sciences de la nature et de la vie, la science infirme les théories de cette nature car elles sont fondées sur des généralisations abusives et des hypothèses inexactes.


Il est érigé en théorie esthétique et justifié par des arguments d'ordre [[mystique]], comme une clé importante, voire explicative, dans la compréhension des structures du monde physique, particulièrement pour les critères de beauté et surtout d'harmonie ; sa présence est alors revendiquée dans les sciences de la nature et de la vie, proportions du corps humain ou dans les arts comme la peinture, l'architecture ou la musique. Certains artistes, tels le compositeur [[Iannis Xenakis|Xenakis]] ou le poète [[Paul Valéry]] ont adhéré à une partie de cette vision, soutenue par des livres populaires. À travers la médecine, l'archéologie ou les sciences de la nature et de la vie, la science infirme les théories de cette nature car elles sont fondées sur des {{Page h'|Généralisation#Le sophisme de la généralisation abusive|généralisations abusives}} et des hypothèses inexactes.
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{{Nombre|float=right}}


== Géométrie ==
== Géométrie ==
[[Fichier:Nombre d'or Construction 1.svg|upright=1.4|thumb|Figure 1. Les triangles ''OAB'' et ''OCA'' sont semblables si et seulement si les longueurs ''a'' et ''b'' respectent la proportion d'or.]]
=== Proportion ===
=== Proportion ===
Le nombre d'or possède une première définition d'origine géométrique, fondée sur la notion de [[proportion]] :
{{Article détaillé|proportion}}
[[Image:Nombre d'or Construction 1.svg|250px|center|thumb|<center>'''Figure 1'''</center> Les triangles ''OAB'' et ''OCA'' sont semblables.]]
Le nombre d'or possède une première définition d'origine géométrique, fondée sur la notion de proportion :


{{Théorème|Définition de la proportion d'or|Deux longueurs strictement positives ''a'' et ''b'' respectent la '''proportion d'or''' si et seulement si, le rapport de ''a'' sur ''b'' est égal au rapport de ''a'' + ''b'' sur ''a''.
{{Théorème|Définition de la proportion d'or|Deux longueurs ''a'' et ''b'' (strictement positives) respectent la « proportion d'or » si le rapport de ''a'' sur ''b'' est égal au rapport de ''a'' + ''b'' sur ''a'' :
<center><math>(1) \quad \frac ab = \frac {a+b}a\;</math></center>}}
<center><math>\frac ab=\frac{a+b}a\quad(1)</math>.</center>|style=display:table}}


Il existe une interprétation graphique de cette définition, conséquence des propriétés des [[triangles semblables]] illustrée par la ''figure 1''. Les segments bleus sont de longueur ''a'' et le rouge de longueur ''b''. Dire que la proportion définie par ''a'' et ''b'' est d'or revient à dire que les triangles ''OAB'' et ''OCA'' sont semblables. Euclide exprime la ''proportion d'or'', qu'il appelle ''extrême et moyenne raison'', de la manière suivante : ''Une droite est dite coupée en extrême et moyenne raison lorsque la droite entière est au plus grand segment comme le plus grand segment est au plus petit.''
Il existe une interprétation graphique de cette définition, conséquence des propriétés des [[triangles semblables]] illustrée par la figure 1. Les segments bleus sont de longueur ''a'' et le rouge de longueur ''b''. Dire que la proportion définie par ''a'' et ''b'' est d'or revient à dire que les triangles ''OAB'' et ''OCA'' sont semblables. Euclide exprime la « proportion d'or », qu'il appelle « extrême et moyenne raison », de la manière suivante : {{citation|Une droite est dite coupée en extrême et moyenne raison lorsque la droite entière est au plus grand segment comme le plus grand segment est au plus petit.}}


Si ''a'' et ''b'' sont en proportion d'extrême et de moyenne raison, alors le rapport ''a'' / ''b'' est constant, ce qui donne une nouvelle définition du nombre d'or :
Le rapport ''a''/''b'' ne dépend pas des deux valeurs ''a'' et ''b'', dès lors que ces deux nombres sont en proportion d'extrême et de moyenne raison. Cela donne une nouvelle définition du nombre d'or :


{{Théorème|Définition du nombre d'or|Le nombre d'or est le [[nombre réel]], noté φ, égal à la fraction ''a'' / ''b'' si ''a'' et ''b'' sont deux nombres en proportion d'''extrême et de moyenne raison''. Il est donné par la formule :
{{Théorème|Définition du nombre d'or|Le nombre d'or est le [[nombre réel]] positif, noté φ, égal à la fraction ''a''/''b'' si ''a'' et ''b'' sont deux nombres en proportion d'extrême et de moyenne raison. Il est donné par la formule :
<center><math>\varphi = \frac{1 + \sqrt{5}}{2} \simeq 1,618\, 033\, 988\, 749\, 894\, 848\, 204\, 586\, 834\, 365</math></center>}}
<center><math>\varphi=\frac{1+\sqrt5}2</math>.</center>|style=display:table}}


Sa valeur approximative est donc<ref group="alpha" name=decimales/> {{formatnum:1.6180339887}}.
La proportion ''(1)'', définissant la proportion d'or, peut être écrite de la manière suivante, obtenue en multipliant l'égalité par ''a'' / ''b'' :

<center><math> \frac {a+b}a =\frac ab \Leftrightarrow 1 + \frac ba = \frac ab \Leftrightarrow \frac ab + 1 = \left(\frac ab\right)^2 \Leftrightarrow \left(\frac ab\right)^2 - \frac ab - 1 = 0</math></center>
La proportion (1), définissant la proportion d'or, peut être écrite de la manière suivante, obtenue en multipliant l'égalité par ''a''/''b'' :
Ce qui revient à dire que φ est solution d'une équation du second degré. Cette propriété donne lieu à une troisième définition :
<center><math> \frac {a+b}a =\frac ab \Leftrightarrow 1 + \frac ba = \frac ab \Leftrightarrow \frac ab + 1 = \left(\frac ab\right)^2 \Leftrightarrow \left(\frac ab\right)^2 - \frac ab - 1 = 0,</math></center>
φ est donc solution d'une équation du second degré. Cette propriété donne lieu à une troisième définition :


{{Théorème|Définition alternative du nombre d'or|Le nombre d'or est l'unique solution positive de l'[[équation du second degré]] suivante :
{{Théorème|Définition alternative du nombre d'or|Le nombre d'or est l'unique solution positive de l'[[équation du second degré]] suivante :
<center><math>x^2 - x - 1 = 0 \;</math></center>}}
<center><math>x^2-x-1=0</math>.</center>|style=display:table}}


Cette équation est équivalente à celle indiquant que l'inverse de l'[[inconnue (mathématiques)|inconnue]] ''x'' est égal à ''x''&nbsp;–&nbsp;1 (ce qui implique que 1/φ est égal à la [[partie fractionnaire]] de φ). Plus généralement, toutes les [[Puissance d'un nombre|puissances]] de φ, d'exposant ''n'' entier positif ou négatif, peuvent s'écrire sous la forme φ{{exp|''n''}} = ''a{{ind|n}}'' + ''b{{ind|n}}''φ, où ''a{{ind|n}}'' et ''b{{ind|n}}'' sont des [[entier relatif|entiers relatifs]] qui suivent la suite de Fibonacci.
{{boîte déroulante début|align=left|titre=Démonstrations}}

:* '''Construction de la proportion d'extrême et de moyenne raison :'''
Il existe deux modes de définition du nombre d'or, celle [[géométrie|géométrique]] qui s'exprime sous forme de proportion et celle [[algèbre|algébrique]] qui définit le nombre comme l'unique racine positive d'une équation. Cette double approche permet de résoudre un problème d'algèbre, en l'occurrence une équation du second degré, à l'aide de méthode géométrique : on parle d'[[algèbre géométrique]].
[[Image:Nombre d'or Construction 3.svg|right|250px]]

L’objectif est de construire la ''figure 1''. Dans un premier temps, on considère deux points ''O'' et ''A'' du [[plan euclidien]] situés à une distance ''a'' l'un de l'autre. Soit ''I'' un point tel que les droites ''AI'' et ''OA'' soit [[perpendiculaire]]s et tel que la distance ''AI'' soit égale à ''a''/2. Soit γ le [[cercle]] de centre ''I'' et passant par ''A''. Enfin les deux points ''B'' et ''C'' sont les intersections de la droite ''OI'' et du cercle γ dans l'ordre indiqué sur la figure. On définit ''b'' comme la distance séparant ''O'' de ''B''. Par construction sa distance séparant ''B'' de ''C'' est égale à ''a''.
{{Démonstration/début|titre=Démonstrations}}
* '''Construction de la proportion d'extrême et de moyenne raison :'''
[[Fichier:Nombre d'or Construction 3.svg|right|thumb]]
L’objectif est de construire la figure 1. Dans un premier temps, on considère deux points ''O'' et ''A'' du [[plan euclidien]] situés à une distance ''a'' l'un de l'autre. Soit ''I'' un point tel que les droites ''AI'' et ''OA'' soient [[perpendiculaire]]s et tel que la distance ''AI'' soit égale à ''a''/2. Soit γ le [[cercle]] de centre ''I'' et passant par ''A''. Enfin, les deux points ''B'' et ''C'' sont les intersections de la droite ''OI'' et du cercle γ, dans l'ordre indiqué sur la figure. On définit ''b'' comme la distance séparant ''O'' de ''B''. Par construction, la distance séparant ''B'' de ''C'' est égale à ''a''.


Une fois la figure construite, il reste à montrer que les triangles ''OAB'' et ''OCA'' sont semblables. Pour cela, il suffit de montrer qu'ils possèdent deux angles en commun. L'angle ''AOB'' est partagé par les deux triangles, il suffit donc de montrer que l'angle ''BAO'' est égal à ''OCA''. Comme la droite ''OA'' est [[Tangente (géométrie)|tangente]] au cercle, ce résultat est une conséquence du [[Théorème de l'angle inscrit et de l'angle au centre|théorème de l'angle inscrit]]. Les triangles sont bien semblables.
Une fois la figure construite, il reste à montrer que les triangles ''OAB'' et ''OCA'' sont semblables. Pour cela, il suffit de montrer qu'ils possèdent deux angles en commun. L'angle ''AOB'' est partagé par les deux triangles, il suffit donc de montrer que l'angle ''BAO'' est égal à ''OCA''. Comme la droite ''OA'' est [[Tangente (géométrie)|tangente]] au cercle, ce résultat est une conséquence du [[Théorème de l'angle inscrit et de l'angle au centre|théorème de l'angle inscrit]]. Les triangles sont bien semblables.


Deux triangles semblables sont proportionnels, ce qui montre que la base du grand triangle ''OC'' est à ''OA'' la base du petit triangle, ce que ''OA'' un coté du grand triangle est à ''OB'' le coté équivalent du petit triangle. On obtient la formule ''(1)''.
Deux triangles semblables sont proportionnels, ce qui montre que la base du grand triangle ''OC'' est à ''OA'' la base du petit triangle, ce que ''OA'' un côté du grand triangle est à ''OB'' le côté équivalent du petit triangle. On obtient la formule (1).


:* '''Unicité de la valeur ''b'' :'''
* '''Unicité de la valeur ''b'' :'''
Soit ''a'' une longueur strictement positive, et ''c'' un [[nombre réel]] plus petit que ''a'' tel que la proportion ''a''/''c'' soit d'extrême et de moyenne raison. Soit ''OBC'' trois points alignés tel que la distance ''OB'' soit égale à ''c'' et ''BC'' à ''a''. Soit γ le cercle de diamètre ''BC'' et ''A'' le point de γ tel que la droite ''OA'' soit tangente au cercle.
Soit ''a'' une longueur strictement positive, et ''c'' un [[nombre réel]] plus petit que ''a'' tel que la proportion ''a''/''c'' soit d'extrême et de moyenne raison. Soit ''OBC'' trois points alignés tel que la distance ''OB'' soit égale à ''c'' et ''BC'' à ''a''. Soit γ le cercle de diamètre ''BC'' et ''A'' le point de γ tel que la droite ''OA'' soit tangente au cercle.


Les arguments de la démonstration précédente montrent que les triangles ''OAB'' et ''OCA'' sont semblables et que la figure obtenue est celle du paragraphe précédent. En conclusion la valeur ''c'' est égale à ''b'', calculé au paragraphe précédent. Ceci montre l'unicité de ''b''.
Les arguments de la démonstration précédente montrent que les triangles ''OAB'' et ''OCA'' sont semblables et que la figure obtenue est celle du paragraphe précédent. En conclusion la valeur ''c'' est égale à ''b'', calculé au paragraphe précédent. Ceci montre l'unicité de ''b''.


:* '''Détermination géométrique de φ :'''
* '''Détermination géométrique de φ :'''
[[Image:Nombre d'or valeur.svg|right|250px]]
[[Fichier:Nombre d'or valeur.svg|right|thumb]]
Pour calculer la valeur de φ, on peut utiliser le fait que si ''a'' et ''b'' sont en extrême et moyenne proportion, alors (''a'' + ''b'') / ''a'' est égal à φ. La longueur ''a'' peut être choisie quelconque, une méthode simple consiste à la choisir égale à 1. La valeur φ est alors égale à ''a'' + ''b'' ou encore à 1 + ''b''. La longueur de ''OC'' est égale à la somme de la longueur de ''OB'' et de celle de ''EB'', et donc à ''b'' + 1, le nombre d'or. Ici le nombre 1 représente le diamètre du cercle ''C'' de rayon 1/2, par construction.
Pour calculer la valeur de φ, on peut utiliser le fait que si ''a'' et ''b'' sont en extrême et moyenne proportion, alors (''a'' + ''b'') / ''a'' est égal à φ. La longueur ''a'' peut être choisie quelconque, une méthode simple consiste à la choisir égale à 1. La valeur φ est alors égale à ''a'' + ''b'' ou encore à 1 + ''b''. La longueur de ''OC'' est égale à la somme de la longueur de ''OB'' et de celle de ''BC'', et donc à ''b'' + 1, le nombre d'or. Ici le nombre 1 représente le diamètre du cercle ''C'' de rayon 1/2, par construction.


La longueur de ''OC'' est égale à φ et aussi à la somme de la longueur de ''OI'' et de ''IC''. Le [[théorème de Pythagore]] montre que la distance entre ''O'' et ''I'' est égale à √5/2, la longueur de la [[diagonale]] d'un rectangle de côté de longueurs 1 et 1/2. Celle de ''I'' à ''C'' est égale au rayon du cercle 1/2. La longueur ''OC'' est à la fois égale au nombre d'or φ et à 1/2.(1+√5), ce qui montre le résultat recherchée.
La longueur de ''OC'' est égale à φ et aussi à la somme de la longueur de ''OI'' et de ''IC''. Le [[théorème de Pythagore]] montre que la distance entre ''O'' et ''I'' est égale à {{racine|5}}/2, la longueur de la [[diagonale]] d'un rectangle de côté de longueurs 1 et 1/2. Celle de ''I'' à ''C'' est égale au rayon du cercle 1/2. La longueur ''OC'' est à la fois égale au nombre d'or φ et à (1+{{racine|5}})/2, ce qui montre le résultat recherché.


:* '''Détermination algébrique de φ :'''
* '''Détermination algébrique de φ :'''
Une autre solution pour le calcul de φ consiste à faire usage de la troisième définition. La valeur φ est donnée par la solution positive de l'équation du second degré :
Une autre solution pour le calcul de φ consiste à faire usage de la troisième définition. La valeur φ est donnée par la solution positive de l'équation du second degré :
<center><math>x^2 - x - 1 = 0 \;</math></center>
<center><math>x^2 - x - 1 = 0,</math></center>
équation dont on montre facilement qu'elle est équivalente à <center><math>\frac1x=x-1</math>.</center>


Le [[discriminant]] de l'équation est égal à 1 + 4 = 5, il existe deux solutions, une seule est positive, on en déduit :
Le [[discriminant]] de l'équation du second degré est égal à 1 + 4 = 5, il existe deux solutions, une seule est positive, on en déduit :
<center><math>\varphi = \frac {1 + \sqrt 5}2\;</math></center>
<center><math>\varphi = \frac {1 + \sqrt 5}2</math>.</center>
Un calcul ne faisant pas appel au discriminant est proposé en introduction dans l'article [[équation du second degré]].
{{Boîte déroulante fin}}
{{Démonstration/fin}}


=== Rectangle et spirale d'or ===
=== Rectangle et spirale d'or ===
{{Article détaillé|Spirale d'or}}
[[Image:1&φ.svg|180px|left|[[Construction à la règle et au compas|Construction, à la règle et au compas]] d'un segment de longueur égale au nombre d'or.]]
[[Fichier:1&φ.svg|vignette|gauche|Figure 2. [[Construction à la règle et au compas|Construction, à la règle et au compas]], d'un segment de longueur égale au nombre d'or.]]
Les calculs précédents permettent, à l'aide d'une [[construction à la règle et au compas|règle et d'un compas]] de dessiner une proportion d'extrême et de moyenne raison. La méthode est illustrée sur la figure de gauche. Un cercle de centre ''C'' et de [[Rayon (géométrie)|rayon]] de longueur ''1'' sont dessinés (en orange). Puis un segment (en vert) perpendiculaire au rayon et de longueur 1/2 ainsi qu'un cercle de centre ''C' ''de rayon le segment vert sont construits. Enfin, le segment bleu, d'extrémités le centre de ''C'' et un point du cercle ''C' '' et passant par une extrémité du segment vert est de longueur φ.
[[Fichier:Rectangles d or.svg|vignette|Figure 3. Rectangles d'or et divine proportion. D'après le [[théorème de Pythagore]], <math>a=b/2+\sqrt{(b/2)^2+b^2}</math>, donc <math>a=\left(\frac{1+\sqrt5}2\right)b</math>]]
[[Fichier:Construction de phi.png|gauche|vignette|Autre construction, équivalente. Le rectangle est de côtés 2 et 1. <math>AJ=\varphi,AI=\varphi - 1=1/\varphi</math>. Notons que la [[Puissance d'un point par rapport à un cercle|puissance du point]] <math>A</math> par rapport au cercle, égale à <math>AI.AJ</math>, vaut 1.]]
Les calculs précédents permettent, à l'aide d'une [[construction à la règle et au compas|règle et d'un compas]] de dessiner une proportion d'extrême et de moyenne raison. La méthode est illustrée sur la figure 2. On dessine un cercle de centre ''C'' et de [[Rayon (géométrie)|rayon]] 1 (en orange). Puis, de l'extrémité du rayon, on élève un segment (en vert) perpendiculaire au rayon, de longueur 1/2, et on trace le cercle de centre ''C′'' et de rayon 1/2. Le segment bleu qui a pour extrémités ''C'' et le point du cercle ''C{{'}}'' dans le prolongement de ''CC{{'}}'' est de longueur φ.


Cette méthode permet donc de construire un « rectangle d'or », c'est-à-dire un rectangle de longueur ''a'' et de largeur ''b'' tel que ''a'' et ''b'' soient en proportion d'extrême et de moyenne raison. En d'autres termes, un rectangle est dit d'or si le quotient de sa longueur par sa largeur est égal au nombre d'or. Mais pour tracer un rectangle d'or de largeur ''b'', une méthode plus simple (cf. figure 3) est de dessiner un carré de côté ''b''. En prenant le milieu de la base comme centre, on trace un cercle passant par les deux sommets opposés. L'intersection de ce cercle avec la droite prolongeant la base du carré détermine l'extrémité de la base ''a'' du rectangle d'or<ref group="alpha">Cette propriété est démontrée dans la partie Ⅲ du devoir sur [[Wikiversité]] {{infra|Annexes}}.</ref>.
[[Image:Rectangles d or.svg|thumbnail|right|250px|Rectangles d'or et divine proportion]]
Cette méthode permet aussi de construire un '''rectangle d'or''', c'est-à-dire un rectangle de longueur ''a'' et de largeur ''b'' tel que ''a'' et ''b'' soit en proportion d'extrême et de moyenne raison. En d'autres termes, un rectangle est dit d'or si le rapport entre la longueur et la largeur est égal au nombre d'or.


[[Fichier:DiagonaleRectangleOr.svg|vignette|gauche|Figure 4. Deux petits rectangles d'or inscrits dans un grand rectangle d'or.]]
Pour tracer un rectangle d'or de longueur ''a'' et de largeur ''b'', le plus simple est de dessiner un carré de côté ''b''. Un cercle de centre le milieu de la base et passant par les deux cotés opposé est construit. L'intersection de la droite contenant la base du carré et le cercle contient l'un des points de la base du rectangle d'or. Il apparait comme construit par l'adjonction à un carré de côté de longueur ''b'', d'un rectangle de côtés de longueur ''b'' et ''a'' - ''b'', comme le montre la figure de droite. Un rapide calcul montre que ce rectangle est encore d'or :


En disposant côte à côte deux rectangles identiques, l'un en format paysage et l'autre en format portrait (figure 4), on dessine les contours d'un nouveau rectangle. Le rectangle de départ est d'or si et seulement si sa diagonale est confondue avec la diagonale du grand rectangle. En effet, si sur le rectangle ''a'' × ''b'' de la figure 3 on trace la diagonale, le rectangle horizontal obtenu sera d'or parce qu'[[homothétique]] du grand, et comme sa longueur est b, c'est donc le même que le rectangle vertical, qui est d'or comme expliqué dans le paragraphe suivant.
<center><math> \frac {a-b}b = \frac ab - 1 = \frac {a+b}a - 1 = \frac ba = \frac 1{\varphi} \quad\text{donc}\quad \frac b{a-b} = \varphi \;</math></center>


[[Fichier:Fibonacci spiral 34.svg|vignette|Figure 5.]]
[[Image:FakeRealLogSpiral.png|180px|left]]
Il est possible de réitérer le processus précédent et d'intégrer un carré de côté ''a'' - ''b'' dans le rectangle d'or de côté ''b'', ''a'' - ''b'', comme indiqué sur la figure de gauche. Cette méthode peut être prolongée indéfiniment. Si, dans chaque carré est dessiné un quart de cercle d'extrémités deux cotés du carré, comme sur la figure, on obtient une spirale. Ce graphique est une bonne approximation d'une spirale d'or, d'[[équation polaire]] :
En enlevant un carré de côté ''b'' d'un rectangle d'or de côtés ''a'' × ''b'' (figures 3 et 4), il reste un rectangle de longueur ''b'' et de largeur ''a − b''. Un rapide calcul montre que ce rectangle est encore d'or<ref group="alpha">Une variante de ce calcul figure dans la partie du devoir sur Wikiversité {{infra|Annexes}}.</ref> :
<center><math> r (\theta) = r.\varphi^{-\frac{\theta}{\pi/2}}</math></center>
<center><math>\frac{a-b}b=\frac ab-1=\frac{a+b}a-1=\frac ba=\frac1{\varphi}\quad\text{donc}\quad\frac b{a-b}=\varphi</math>.</center>


Il est possible de réitérer le processus et d'intégrer un carré de côté ''a'' − ''b'' dans le rectangle d'or de côtés ''b'' × (''a'' − ''b''). Cette méthode peut être prolongée indéfiniment (figure 5). Si, dans chaque carré est dessiné un quart de cercle d'extrémités deux côtés du carré, comme sur la figure, on obtient une spirale. Ce graphique est une bonne approximation d'une spirale d'or, d'[[équation polaire]] :
Cette spirale est un cas particulier de [[spirale logarithmique]]. Comme toute spirale de cette famille, elle possède une propriété caractéristique, si ''A'' est un point de la spirale, l'angle entre la droite passant par le centre de la spirale et ''A'' fait un angle constant avec la [[Tangente (géométrie)|tangente]] à la spirale en ''A''. Une telle spirale est dite '''équiangle'''.
<center><math> r (\theta) = r~\varphi^{2\theta/\pi}</math>.</center>


Cette spirale est un cas particulier de [[spirale logarithmique]]. Comme toute spirale de cette famille, elle possède une propriété caractéristique : si ''A'' est un point de la spirale, alors la droite passant par le centre de la spirale et ''A'' fait un angle constant avec la [[Tangente (géométrie)|tangente]] à la spirale en ''A''. Une telle spirale est dite « équiangle ».
D'autres figures se dessinent à l'aide du nombre d'or à l'instar de l''''oeuf d'or'''<ref>Voir par exemple le tracé utilisé pour la construction d'une [http://www.cuves-a-vin.com/cuve_oeuf.html cuve à vin] en forme d'oeuf</ref>.


Pour se faire une idée de ce qu'est un rectangle d'or, on peut regarder une [[carte de paiement]] de format [[ISO 7810]] (à condition de réduire son petit côté d'au moins un millimètre, le rapport entre longueur et largeur est inférieur d'environ 2 % au nombre d'or), ou bien, parmi les nombreux formats de livre de poche, un livre de format 11 × {{unité|18 cm}} (à condition de réduire son grand côté d'au moins deux millimètres, le rapport est cette fois supérieur d'un peu plus de 1 %)<ref>{{Ouvrage|langue=fr|langue originale=es|prénom1=Fernando|nom1=Corbalán|titre=Le nombre d'or|sous-titre=Le langage mathématique de la beauté|lieu=Paris|éditeur={{Lien|lang=es|trad=RBA|Groupe RBA|texte=RBA}}-[[Le Monde]]|collection=Le Monde est mathématique|année=2013|pages totales=159|isbn=978-2-8237-0100-5|lire en ligne=http://images.math.cnrs.fr/Le-Nombre-d-or.html|numéro chapitre=1}}.</ref>. Une feuille de papier au [[format A4]] est trop large pour représenter un rectangle d'or, il faudrait enlever à son petit côté plus de deux centimètres et demi pour l'en rapprocher (dans [[Format de papier#Norme internationale : formats A, B et C|ces formats]], le rapport entre longueur et largeur est exactement <math>\sqrt2\approx1{,}4142</math>, soit un peu moins que <math>\varphi\approx1{,}61803</math>).
=== Pentagone et pentagramme ===
[[Image:Nombre d'or Pentagone.svg|left|thumb|'''Figure 3''' : Une fois la proportion d'extrême et de moyenne raison construite, il est simple de dessiner un [[pentagone]].]]


D'autres figures se dessinent à l'aide du nombre d'or à l'instar de l'« œuf d'or »<ref group="alpha">Voir par exemple le tracé utilisé pour la construction d'une [https://www.cuves-a-vin.com/cuve-ovoide-a-vin-en-beton/ cuve à vin] en forme d'œuf</ref>.
Un [[pentagone (figure)|pentagone]] se construit à l'aide de la proportion d'extrême et moyenne raison. Soit un cercle de diamètre ''OP''<sub>1</sub> et de rayon ''a'', illustré sur la figure de gauche. Si ''b'' est le nombre réel plus petit que ''a'' tel que ''a'' et ''b'' soit en proportion d'or, et ''P''<sub>2</sub>, ''P''<sub>3</sub>, ''P''<sub>4</sub> et ''P''<sub>5</sub> les intersections du cercle de diamètre ''OP''<sub>1</sub> avec les deux cercles de centre ''O'' et de rayon ''a'' + ''b'' et ''b'', alors les cinq points ''P''<sub>i</sub> définissent un pentagone.
{{boîte déroulante/début|titre=Animation : Construction d'un rectangle d'or à partir d'un carré}}
[[Fichier:Rectangle d'or - étapes de construction.gif|vignette|center|Note : le rectangle « vertical, à droite » est aussi un rectangle d'or.]]
{{boîte déroulante/fin}}


=== Pentagone et pentagramme ===
[[Image:Nombre d'or Pentagramme.svg|200px|right]]
[[Fichier:Nombre d'or Pentagone.svg|left|thumb|Une fois la proportion d'extrême et de moyenne raison construite, il est simple de dessiner un pentagone.]]
Le [[pentagramme]] associé, c'est-à-dire la figure composée des cinq diagonales du pentagone (cf figure de droite), contient aussi de multiple proportions d'extrêmes et moyennes raisons. Elles s'expriment simplement à l'aide de [[triangle isocèle|triangles isocèles]] dont les longueurs des cotés sont en proportion d'or. De tels triangles sont appelés '''triangles d'or'''. Il en existe de deux types différents, les jaunes ayant une base proportionnelle à ''a'' et deux cotés à ''b'' et les oranges ayant une base proportionnelle à ''b'' et deux cotés à ''a''. Les triangles foncés sont semblables aux plus clairs de même couleur, la proportion entre clair et foncé est encore d'or.


Un [[pentagone]] régulier se construit à l'aide de la proportion d'extrême et moyenne raison. Soit un cercle de diamètre ''OP''<sub>1</sub> et de rayon ''a'', illustré sur la figure de gauche. Si ''b'' est le nombre réel plus petit que ''a'' tel que ''a'' et ''b'' soient en proportion d'or, et ''P''<sub>2</sub>, ''P''<sub>3</sub>, ''P''<sub>4</sub> et ''P''<sub>5</sub> les intersections du cercle de diamètre ''OP''<sub>1</sub> avec les deux cercles de centre ''O'' et de rayon ''a'' + ''b'' et ''b'', alors les cinq points ''P''<sub>i</sub> définissent un pentagone.
Les triangles jaunes possèdent deux angles de 36°, soit le 5<sup>ième</sup> d'un [[angle plat]] et un de 108°, soit les trois 5<sup>ième</sup> d'un angle plat. Un tel triangle est parfois appelé '''triangle d'argent'''. Les triangles oranges possèdent deux angles de 72°, soit les deux 5<sup>ième</sup> d'un angle plat et un angle de 36°. Avec des triangles d'or et d'argent dont les cotés sont toujours ''a'' et ''b'', il est possible de paver intégralement un plan euclidien de manière non périodique. Un tel pavage est dit de [[pavage de Penrose|Penrose]].


[[Fichier:Nombre d'or Pentagramme.svg|right|thumb]]
{{boîte déroulante début|align=left|titre=Démonstrations géométriques}}
Le [[pentagramme]] associé, c'est-à-dire la figure composée des cinq diagonales du pentagone (Cf. figure de droite), contient aussi de multiples proportions d'extrêmes et moyennes raisons. Elles s'expriment simplement à l'aide de [[triangle isocèle|triangles isocèles]] dont les longueurs des côtés sont en proportion d'or. De tels triangles sont appelés [[Triangle d'or (géométrie)|triangles d'or]]. Il en existe de deux types différents, les jaunes ayant une base proportionnelle à ''a'' et deux côtés à ''b'' et les orange ayant une base proportionnelle à ''b'' et deux côtés à ''a''. Les triangles foncés sont semblables aux plus clairs de même couleur, la proportion entre clair et foncé est encore d'or.
La [[trigonométrie]] permet de montrer les différentes propriétés du paragraphe, il est aussi possible d'établir ces résultats à l'aide de la géométrie.


Les triangles jaunes possèdent deux angles de 36°, soit le cinquième d'un [[angle plat]] et un de 108°, soit les trois cinquièmes d'un angle plat. Un tel triangle est parfois appelé « triangle d'argent ». Les triangles orange possèdent deux angles de 72°, soit les deux cinquièmes d'un angle plat et un angle de 36°. Avec des triangles d'or et d'argent dont les côtés sont toujours ''a'' et ''b'', il est possible de paver intégralement un plan euclidien de manière non périodique. Un tel pavage est dit [[pavage de Penrose|de Penrose]].
Le premier lemme est la clé des différentes preuves. Soient ''a'' et ''b'' avec ''a'' > ''b'', deux longueurs en proportion d’extrême et de moyenne raison. Soit '' ABD'' un triangle d'or tels que que ''A'' et ''B'' soient situés à une distance ''a'' l’un de l’autre et ''B'' et ''D'' à une distance ''b''.
{{Clr}}
{{Démonstration/début|titre=Démonstrations géométriques}}
La [[trigonométrie]] permet de montrer les différentes propriétés exposées dans ce paragraphe, il est aussi possible d'établir ces résultats à l'aide de la géométrie.


Le premier lemme est la clé des différentes preuves. Soient ''a'' et ''b'' avec ''a'' > ''b'', deux longueurs en proportion d’extrême et de moyenne raison. Soit '' ABD'' un triangle d'or tels que ''A'' et ''B'' soient situés à une distance ''a'' l’un de l’autre et ''B'' et ''D'' à une distance ''b''.
[[Image:Nombre d'or triangle d'or.svg|250px|center|thumb|'''Figure 4''' : découpage d'un triangle d'or en un triangle d'argent et un triangle d'or en proportion d'or avec le premier.]]
:* '''Soit ''C'' le point du segment ''AD'' tel que la distance ''AC'' soit égale à b alors le triangle BCD est un triangle d'or et le triangle ''ABC'' est un triangle d’argent '''


[[Image:Nombre d'or triangle d'or (bis).svg|250px|right]]
[[Fichier:Nombre d'or triangle d'or.svg|center|thumb|Découpage d'un triangle d'or en un triangle d'argent et un triangle d'or en proportion d'or avec le premier]]
* '''Soit ''C'' le point du segment ''AD'' tel que la distance ''AC'' soit égale à b alors le triangle BCD est un triangle d'or et le triangle ''ABC'' est un triangle d’argent'''
[[Image:Nombre d'or triangle d'or (ter).svg|250px|right]]
[[Fichier:Nombre d'or triangle d'or (bis).svg|thumb|right]]
Cette proposition correspond à la figure de droite. Par construction, les distances ''AB'' et ''AD'' sont égales à ''a''. Considérons le point ''E'' du segment ''AB'' situé à ''b'' de ''A'' et montrons que le triangle ''AEC'' (en vert) est égal à ''BCD'' (en jaune). Il suffit de montrer qu’ils disposent d’un angle et de deux cotés égaux. Les deux triangles ''AEC'' et ''ABD'' sont semblables (car tous deux isocèles de même sommet) et dans un rapport de ''a''/''b''. Comme la distance entre ''B'' et ''D'' est égale à ''b'', celle entre ''C'' et ''E'' est égale à ''a'' - ''b'' (car ''b''/(''a'' - ''b'') = ''a''/''b''). Or cette distance est la même que celle qui sépare ''C'' et ''D''. Le caractère semblable des triangles ''ACE'' et ''ADB'' montre que l’angle ''ACE'' est égal à ''ADB''. Enfin, la distance ''DB'' est égale à celle de ''AC''. Les deux triangles disposent bien de deux cotés et d’un angle égaux, ils sont identiques. Le triangle ''ACE'' étant semblable au triangle d'or ''ADB'', c'est un triangle d'or ainsi que le triangle ''BDC''. Il est en proportion ''a''/''b'' avec le triangle initial.
[[Fichier:Nombre d'or triangle d'or (ter).svg|thumb|right]]
Cette proposition correspond à la figure de droite. Par construction, les distances ''AB'' et ''AD'' sont égales à ''a''. Considérons le point ''E'' du segment ''AB'' situé à ''b'' de ''A'' et montrons que le triangle ''AEC'' (en vert) est égal à ''BCD'' (en jaune). Il suffit de montrer qu’ils disposent d’un angle et de deux côtés égaux. Les deux triangles ''AEC'' et ''ABD'' sont semblables (car tous deux isocèles de même sommet) et dans un rapport de ''a''/''b''. Comme la distance entre ''B'' et ''D'' est égale à ''b'', celle entre ''C'' et ''E'' est égale à ''a'' - ''b'' (car ''b''/(''a'' - ''b'') = ''a''/''b''). Or cette distance est la même que celle qui sépare ''C'' et ''D''. Le caractère semblable des triangles ''ACE'' et ''ADB'' montre que l’angle ''ACE'' est égal à ''ADB''. Enfin, la distance ''DB'' est égale à celle de ''AC''. Les deux triangles disposent bien de deux côtés et d’un angle égaux, ils sont identiques. Le triangle ''ACE'' étant semblable au triangle d'or ''ADB'', c'est un triangle d'or ainsi que le triangle ''BDC''. Il est en proportion ''a''/''b'' avec le triangle initial.


Il reste à prouver que le triangle ''ACB'' est bien d'argent. Il suffit de prouver que la distance de ''B'' à ''C'' est égale à ''b''. Or le triangle ''BDC'' étant un triangle d'or, on sait que la distance ''BC'' est égale à celle de ''BD'' et donc à ''b'', ce qui termine la démonstration.
Il reste à prouver que le triangle ''ACB'' est bien d'argent. Il suffit de prouver que la distance de ''B'' à ''C'' est égale à ''b''. Or le triangle ''BDC'' étant un triangle d'or, on sait que la distance ''BC'' est égale à celle de ''BD'' et donc à ''b'', ce qui termine la démonstration.


:* '''Un triangle d'or est composé de deux angles de 72° et un de 36°, un triangle d'argent contient deux angles de 36° et un de 108° :'''
* '''Un triangle d'or est composé de deux angles de 72° et un de 36°, un triangle d'argent contient deux angles de 36° et un de 108° :'''
Le lemme précédent nous affirme que le triangle ''ABC'' est isocèle de sommet C. Donc l'angle ''DCB'' est égal au double de l'angle ''CAB'' soit avec les notations de droite : μ = 2θ.
Le lemme précédent nous affirme que le triangle ''ABC'' est isocèle de sommet C. Donc l'angle ''DCB'' est égal au double de l'angle ''CAB'' soit avec les notations de droite : μ = 2θ.
D'autre part, le triangle ''BCD'' étant aussi un triangle d'or, il est isocèle de sommet B. Ses angles sont θ, 2θ, 2θ. La somme des angles valant 180°, on a 5θ=180°, soit θ=36°
D'autre part, le triangle ''BCD'' étant aussi un triangle d'or, il est isocèle de sommet ''B''. Ses angles sont θ, 2θ, 2θ. La somme des angles valant 180°, on a 5θ = 180°, soit θ = 36°
Il vient alors immédiatement que μ = 2θ = 72° puis que η = 180 - μ = 108°
Il vient alors immédiatement que μ = 2θ = 72° puis que η = 180° μ = 108°.


On remarque que θ est égal à un cinquième de demi-tour, μ à deux cinquièmes et η à trois cinquièmes.
On remarque que θ est égal à un cinquième de demi-tour, μ à deux cinquièmes et η à trois cinquièmes.


:* '''Les points ''P''<sub>1</sub>, ''P''<sub>2</sub>, ''P''<sub>3</sub>, ''P''<sub>4</sub> et ''P''<sub>5</sub> de la figure 3, forment un pentagone :'''
* '''Les points ''P''<sub>1</sub>, ''P''<sub>2</sub>, ''P''<sub>3</sub>, ''P''<sub>4</sub> et ''P''<sub>5</sub> de la figure 3, forment un pentagone :'''
[[Image:Nombre d'or dodécagone (2).svg|220px|left]]
[[Fichier:Nombre d'or dodécagone (2).svg|thumb|left]]
La méthode utilisée ici consiste à montrer que si deux sommets sont consécutifs, alors leur angle avec le centre du cercle est de 72°.
La méthode utilisée ici consiste à montrer que si deux sommets sont consécutifs, alors leur angle avec le centre du cercle est de 72°.


:: ''L'angle P''<sub>4</sub>''AP''<sub>5</sub>'' est de 72°:''
: ''L'angle P''<sub>4</sub>''AP''<sub>5</sub>'' est de'' 72° :
Cette première étape est la conséquence du fait que les points ''P''<sub>4</sub> et ''P''<sub>5</sub> sont définis comme l'intersection du cercle de centre ''O'' et de rayon ''b'' avec le cercle de centre ''A'' et de rayon ''a''. les triangles ''P''<sub>4</sub>''AO'' et ''OAP''<sub>5</sub> sont d'or, les angles ''P''<sub>4</sub>''AO'' et ''OAP''<sub>5</sub> font chacun 36°, ce qui permet de conclure.
Cette première étape est la conséquence du fait que les points ''P''<sub>4</sub> et ''P''<sub>5</sub> sont définis comme l'intersection du cercle de centre ''O'' et de rayon ''b'' avec le cercle de centre ''A'' et de rayon ''a''. les triangles ''P''<sub>4</sub>''AO'' et ''OAP''<sub>5</sub> sont d'or, les angles ''P''<sub>4</sub>''AO'' et ''OAP''<sub>5</sub> font chacun 36°, ce qui permet de conclure.


:: ''L'angle P''<sub>4</sub>''AP''<sub>2</sub>'' est de 72° :''
: ''L'angle P''<sub>4</sub>''AP''<sub>2</sub>'' est de'' 72° :
La distance entre ''O'' et ''P''<sub>2</sub> est égale à ''a'' + ''b'', celle entre ''O'' et ''A'' ainsi que celle entre ''A'' et ''P''<sub>2</sub> est égal à ''a''. On en déduit que le triangle ''OAP''<sub>2</sub> est un triangle d'argent. L'angle ''OAP''<sub>2</sub> fait donc 108°. Comme l'angle ''P''<sub>4</sub>''AO'' fait 36°, par différence, on obtient que l'angle ''P''<sub>4</sub>''AP''<sub>2</sub> est de 108° - 36° soit 72°
La distance entre ''O'' et ''P''<sub>2</sub> est égale à ''a'' + ''b'', celle entre ''O'' et ''A'' ainsi que celle entre ''A'' et ''P''<sub>2</sub> est égal à ''a''. On en déduit que le triangle ''OAP''<sub>2</sub> est un triangle d'argent. L'angle ''OAP''<sub>2</sub> fait donc 108°. Comme l'angle ''P''<sub>4</sub>''AO'' fait 36°, par différence, on obtient que l'angle ''P''<sub>4</sub>''AP''<sub>2</sub> est de 108° 36°, soit 72°.


:: ''L'angle P''<sub>2</sub>''AP''<sub>0</sub>'' est de 72° :''
: ''L'angle P''<sub>2</sub>''AP''<sub>0</sub>'' est de'' 72° :
L'angle ''OAP''<sub>2</sub> fait 108° et l'angle ''OAP''<sub>0</sub> est plat donc l'angle ''P''<sub>2</sub>''AP''<sub>0</sub> est égal à 180° - 108°, soit 72°.
L'angle ''OAP''<sub>2</sub> fait 108° et l'angle ''OAP''<sub>0</sub> est plat donc l'angle ''P''<sub>2</sub>''AP''<sub>0</sub> est égal à 180° 108°, soit 72°.


:: ''Conclusion :''
: ''Conclusion :''
Il reste encore à mesurer les angles ''P''<sub>5</sub>''AP''<sub>3</sub> et ''P''<sub>3</sub>''AP''<sub>0</sub>. Pour cela, il suffit de remarquer que la droite ''OA'' est un axe de [[Symétrie (transformation géométrique)|symétrie]] du pentagone, en conséquence l'angle ''P''<sub>5</sub>''AP''<sub>3</sub> est égal ''P''<sub>4</sub>''AP''<sub>2</sub> et ''P''<sub>3</sub>''AP''<sub>0</sub> est égal à ''P''<sub>1</sub>''AP''<sub>0</sub>, ce qui termine la démonstration.
Il reste encore à mesurer les angles ''P''<sub>5</sub>''AP''<sub>3</sub> et ''P''<sub>3</sub>''AP''<sub>0</sub>. Pour cela, il suffit de remarquer que la droite ''OA'' est un axe de [[Symétrie (transformation géométrique)|symétrie]] du pentagone, en conséquence l'angle ''P''<sub>5</sub>''AP''<sub>3</sub> est égal ''P''<sub>4</sub>''AP''<sub>2</sub> et ''P''<sub>3</sub>''AP''<sub>0</sub> est égal à ''P''<sub>1</sub>''AP''<sub>0</sub>, ce qui termine la démonstration.
{{boîte déroulante fin}}
{{Démonstration/fin}}


=== Trigonométrie ===
=== Trigonométrie ===
{{Article détaillé|Trigonométrie}}
{{Article détaillé|Trigonométrie}}
[[Image:Nombre d'or trigonométrie.svg|right|250px]]
[[Fichier:Nombre d'or trigonométrie.svg|thumb]]
L'analyse des mesures des triangles d'argent et d'or permettent de déterminer les valeurs trigonométriques associées au pentagone. Considérons un triangle d'argent de base φ et donc de côtés adjacents de longueur 1. Ce triangle, coupé en son milieu, comme sur la figure de droite, est un triangle rectangle d'[[hypoténuse]] de longueur 1. Sa base est de longueur φ/2 car elle correspond à la demi base du rectangle d'argent. On en déduit que le [[cosinus]] de 36° est égal à φ/2. Un raisonnement analogue s'applique au triangle d'or. Les cotés ont toujours une longueur 1, la base est en proportion d'or donc de longueur φ - 1. On en déduit que le cosinus de 72° est égal à (φ - 1)/2. À partir de ces valeurs et de différentes formules, il est possible de calculer les images par les fonctions trigonométriques des multiples ainsi que les moitiés de l'angle 36°.
L'analyse des mesures des triangles d'argent et d'or permettent de déterminer les valeurs trigonométriques associées au pentagone. Considérons un triangle d'argent de base φ et donc de côtés adjacents de longueur 1. Ce triangle, coupé en son milieu, comme sur la figure de droite, est un [[triangle rectangle]] d'[[hypoténuse]] de longueur 1. Sa base est de longueur φ/2 car elle correspond à la demi-base du rectangle d'argent. On en déduit :
<center><math>\varphi=2\cos(36^\circ)</math>.</center>
Un raisonnement analogue s'applique au [[Triangle d'or (géométrie)|triangle d'or]]. Les côtés ont toujours une longueur 1, la base est en proportion d'or donc de longueur φ –1. On en déduit que le cosinus de 72° est égal à (φ 1)/2. À partir de ces valeurs et de différentes formules, il est possible de calculer les images par les fonctions trigonométriques des multiples ainsi que les moitiés de l'angle 36°.


Une autre manière de déterminer les différentes valeurs caractéristiques d'un pentagone consiste à utiliser le [[plan complexe]]. Les sommets sont les [[racine d'un polynôme|racines]] du [[polynôme cyclotomique]] ''X''<sup>5</sup>&nbsp;-&nbsp;1. Sa résolution est particulièrement aisée car 5 est un [[nombre de Fermat|nombre premier de Fermat]], c'est-à-dire qu'il existe un entier ''n'' tel que 5 est égal à 2<sup>n</sup> + 1. Si ''p'' est un nombre premier, le polynôme régulier à ''p'' cotés est constructible à la règle et au compas si et seulement si, ''p'' est un nombre de Fermat. Dans ce cas, l'extraction des racines du polynôme cyclotomique s'obtient à l'aide de résolution d'[[équation du second degré|équations du second degré]]. Ce cas est traité dans l'article [[Polynôme cyclotomique]].
Une autre manière de déterminer les différentes valeurs caractéristiques d'un pentagone consiste à utiliser le [[plan complexe]]. Les affixes des sommets sont les [[racine d'un polynôme|racines]] cinquièmes de l'unité. Comme 5 est un [[nombre de Fermat]], le [[théorème de Gauss-Wantzel]] a pour conséquence que le pentagone régulier est constructible à la règle et au compas : les racines s'obtiennent par résolutions successives d'équations du second degré. Dans le plan complexe, les affixes des sommets du pentagone sont 1 et les racines du cinquième [[polynôme cyclotomique]] ''X''{{4}} + ''X''{{3}} + ''X''{{2}} + ''X'' + 1.


{{boîte déroulante début|align=left|titre=Valeurs de fonctions trigonométriques faisant intervenir le nombre d'or}}
{{Démonstration|titre=Valeurs de fonctions trigonométriques faisant intervenir le nombre d'or|contenu=
:<math>\cos(144^\circ)= -{\varphi \over 2},\quad \sin(36^\circ) ={\sqrt{3-\varphi}\over 2},\quad \sin(72^\circ)= {\sqrt{2+\varphi} \over 2}</math>
:<math>\sin(18^\circ)= {\varphi - 1\over 2},\quad \sin(36^\circ) ={\sqrt{3-\varphi}\over 2},\quad \sin(72^\circ)= {\sqrt{2+\varphi} \over 2}</math>


En appliquant la [[Identité trigonométrique#Formules d'angle moitié|formule de l'angle moitié]] :
En appliquant la [[Identité trigonométrique#Formules d'angle moitié|formule de l'angle moitié]] :
: <math>\cos\left(\frac{\theta}{2}\right) = \frac 12 \sqrt{2 + 2\cos(\theta)}</math> ;
: <math>\cos\left(\frac{\theta}{2}\right) = \frac 12 \sqrt{2 + 2\cos(\theta)}</math> ;
ainsi que les formules d'angle double et d'angle complémentaire, on peut déterminer le cosinus de tous les angles multiples de 9°. Certaines s'expriment à l'aide du nombre d'or :
ainsi que les formules d'angle double et d'angle complémentaire, on peut déterminer le cosinus de tous les angles multiples de 9°. Certaines s'expriment à l'aide du nombre d'or :
:<math>\cos\,(\,9^\circ) \, = \frac 12 \sqrt{2+\sqrt{ 2+\varphi }},\quad \cos\,(18^\circ)= \frac 12 \sqrt{ 2+\varphi },\quad \cos\,(27^\circ)= \frac 12 \sqrt{2+ \sqrt{ 3-\varphi }},\quad \cos\,(54^\circ)= \frac 12 \sqrt{ 3-\varphi }</math>
:<math>\cos\,(\,9^\circ) \, = \frac 12 \sqrt{2+\sqrt{ 2+\varphi }},\quad \cos\,(18^\circ)= \frac 12 \sqrt{ 2+\varphi }</math>
:<math> \cos\,(27^\circ)= \frac 12 \sqrt{2+ \sqrt{ 3-\varphi }},\quad \cos\,(54^\circ)= \frac 12 \sqrt{ 3-\varphi }</math>
:<math>\cos\,(63^\circ)= \frac 12 \sqrt{2 - \sqrt{ 3-\varphi }},\quad \cos\,(81^\circ)= \frac 12 \sqrt{2 - \sqrt{ 2+\varphi }}</math>
:<math>\cos\,(63^\circ)= \frac 12 \sqrt{2 - \sqrt{ 3-\varphi }},\quad \cos\,(81^\circ)= \frac 12 \sqrt{2 - \sqrt{ 2+\varphi }}</math>


On peut aussi déterminer le cosinus des angles de la forme <math>\frac{9^\circ}{2^n}</math> en appliquant la formule du cosinus de l'angle moitié :
On peut aussi déterminer le cosinus des angles de la forme <math>\frac{9^\circ}{2^n}</math> en appliquant la formule du cosinus de l'angle moitié :
:<math>\cos\,(9^\circ) = \frac 12 \sqrt{2+\sqrt{ 2+\varphi }},\quad \cos\left(\frac 92 ^\circ \right) =\frac 12 \sqrt{2+\sqrt{ 2+\sqrt{ 2+\varphi }}},\quad \cos\left(\frac 94 ^\circ \right) = \frac 12 \sqrt{2+\sqrt{ 2+\sqrt{ 2+\sqrt{ 2+\varphi }} }}</math>
:<math>\cos\,(9^\circ) = \frac 12 \sqrt{2+\sqrt{ 2+\varphi }},\quad \cos\left(\frac 92 ^\circ \right) =\frac 12 \sqrt{2+\sqrt{ 2+\sqrt{ 2+\varphi }}}</math>
:<math> \cos\left(\frac 94 ^\circ \right) = \frac 12 \sqrt{2+\sqrt{ 2+\sqrt{ 2+\sqrt{ 2+\varphi }} }}</math>.


De manière générale :
De manière générale :
:<math>\cos\left(\frac{9^\circ}{2^{n+2}}\right) = \frac 12 \sqrt{2+\sqrt{ 2+\cdots \mbox{n racines gigognes} \cdots \sqrt{ 2+\sqrt{ 2+\varphi }} }}\, \quad(n \ge 0)</math>
:<math>\cos\left(\frac{9^\circ}{2^{n+2}}\right) = \frac 12 \sqrt{2+\sqrt{ 2+\cdots \mbox{n racines gigognes} \cdots \sqrt{ 2+\sqrt{ 2+\varphi }} }}\, \quad(n \ge 0)</math>.
}}
{{Boîte déroulante fin}}


== Arithmétique ==
== Arithmétique ==
Un autre chemin que celui de la géométrie permet de mieux comprendre les propriétés du nombre d'or, l'[[arithmétique]]. Elle met en évidence ses propriétés [[algèbre|algébriques]] ainsi que les profondes relations entre des sujets apparemment aussi différents que la [[suite de Fibonacci]] ou sa relation avec de difficiles [[équation diophantienne|équations diophantiennes]]. Une équation diophantienne est une équation dont les coefficients sont entiers et dont les solutions recherchées sont entières. Pour citer un exemple célèbre, celui-ci correspond à un cas particulier du [[dernier théorème de Fermat]] :
Un autre chemin que celui de la géométrie permet de mieux comprendre les propriétés du nombre d'or, l'[[arithmétique]]. Elle met en évidence ses propriétés [[algèbre|algébriques]] ainsi que les profondes relations entre des sujets de prime abord différents comme la [[suite de Fibonacci]], les [[fractions continues]] ou certaines [[équation diophantienne|équations diophantiennes]]. Une équation diophantienne est une équation dont les coefficients sont entiers et dont les solutions recherchées sont entières.
<center><math>x^5 + y^5 = z^5\;</math></center>
Il fut résolu<ref>[[Dirichlet]] ''Démonstration du théorème de Fermat et de Wilson'' (compte-rendu par Cournot de quelques mémoires d'Abel, Jacobi et Lejeune-Dirichlet, au Journ. der Mathemat., de M. Crelle, t. 3, cah. 4). 1829, t. 11, p. 153-157</ref> par [[Dirichlet]] <small>([[1805 en science|1805]] - [[1859 en science|1859]])</small> en [[1825 en science|1825]], ce qui lui valut une célébrité immédiate.
[[Carl Friedrich Gauss]] <small>([[1777]] - [[1855 en science|1855]])</small>, un mathématicien du {{XIXe siècle}} disait des problèmes de cette nature : {{Citation|Leurs charmes particuliers vient de la simplicité des énoncés jointe à la difficulté des preuves.}}<ref>C. Goldstein Fermat et son Théorème ''Orsay Info 57'' 1999 [http://www.ufr-mi.u-bordeaux.fr/~belabas/Orsay-info/fermat.html Lire]</ref>


Le nombre d'or vérifie la relation <math>\varphi^2=\varphi+1</math>, s'écrivant aussi <math>\varphi-1={1\over\varphi}</math>. Ceci permet d'écrire φ sous forme de [[Radical imbriqué#Racine carrée|racines carrées imbriquées]] :<center><math>\varphi = \sqrt {1 + \varphi} = \sqrt {1 + \sqrt {1 + \varphi}}\quad\text{et}\quad \varphi = \sqrt{1+\sqrt{1+\sqrt{1+\sqrt{1+\cdots}}}}</math>, </center>
À l'aide d'outils un peu ésotériques, comme la [[fraction continue]] ou l'[[entier algébrique]], une [[entier de Dirichlet|arithmétique du nombre d'or]], plus communément appelé '''arithmétique de Dirichlet''', se dessine. Les repères sont modifiés par rapport à ceux des [[entier naturel|entiers naturels]]. Le nombre d'or est considéré comme un entier à cause de son analogie avec la situation plus classique. On ajoute en général le terme ''algébrique'' ou [[entier quadratique|quadratique]] pour marquer la différence. Dans cet univers, 19 n'est pas un [[nombre premier]], au sens de Dirichlet.


ou sous forme de séries géométriques :<center><math>\varphi = \sum_{k=1}^\infty\frac{1}{\varphi^k }\left(=\frac{1}{\varphi-1}\right)</math>,
<math>\varphi = \sum_{k=0}^\infty\frac{1}{\varphi^{2k} }\left(=\frac{\varphi^2}{\varphi^2-1}\right)</math> ;
</center>

voir dans l'article [[base d'or]] comment ces relations s'écrivent en système de numération "phinaire".

Le nombre d'or est également lié à [[Anneau des entiers de Q(√5)|un certain anneau]] d'[[entier algébrique|entiers algébriques]]. Les repères sont modifiés par rapport à ceux des [[entier relatif|entiers relatifs]], mais le mot « entier » est encore utilisé, par analogie : le nombre d'or est un entier algébrique et même un [[entier quadratique]]. Le mot accolé à « entier » marque la différence. Par exemple 11, qui est un [[nombre premier]] dans les entiers usuels, n'est pas un [[élément premier]] dans ce nouvel univers de nombres.
=== Fraction continue ===
=== Fraction continue ===
{{Article détaillé|Fraction continue d'un nombre quadratique}}
{{Article détaillé|Fraction continue d'un irrationnel quadratique}}


La [[fraction continue]] est une manière d'approximer un [[nombre réel]], dans le cas du nombre d'or, elle est simple. On peut l'approcher par les valeurs 1 ou 1 + 1/1. La fraction suivante est plus précise :
La [[fraction continue]] est une manière d'approcher un [[nombre réel]] ; dans le cas du nombre d'or, elle est simple. On peut l'approcher par les valeurs 1 ou 1 + 1/1. La fraction suivante est plus précise :
<center><math>1 + \frac 1{1 + \frac 11}</math></center>
<center><math>1 + \cfrac 1{1 + \cfrac 11}</math>.</center>
Le prolongement à l'infini de cette méthode donne exactement le nombre d'or :
Le prolongement à l'infini de cette méthode donne exactement le nombre d'or :
<center><math>\varphi = 1+ \frac 1{1 + \frac 1{1 + \frac 1 {1 + \frac 1{1 + \cdots}}}}</math></center>
<center><math>\varphi = 1+ \cfrac 1{1 + \cfrac 1{1 + \cfrac 1 {1 + \cfrac 1{1 + \cdots}}}}</math>.</center>
Le fait que la fraction ne s'arrête jamais montre que le nombre d'or n'est pas un [[nombre rationnel]]. Une démonstration est proposée dans l'article détaillé. On reconnaît, sous la première barre de fraction l'expression du nombre d'or. On en déduit plusieurs expressions algébriques de φ :
<center><math>\varphi = 1 + \frac{1}{\varphi} \quad\text{ou}\quad \varphi^2 = \varphi + 1</math></center>

La dernière formule donne une nouvelle expression du nombre d'or :
<center><math>\varphi = \sqrt {1 + \varphi} = \sqrt {1 + \sqrt {1 + \varphi}}\quad\text{et}\quad \varphi = \sqrt{1+\sqrt{1+\sqrt{1+\sqrt{1+\cdots}}}}</math></center>


En effet, le membre de droite [[Fraction continue#Encadrement et convergence|représente un irrationnel]] positif {{mvar|x}} qui vérifie, par construction, <math>x=1+\frac1x</math> c'est-à-dire {{math|1=''x''{{2}} = ''x'' + 1}}. Ce nombre {{mvar|x}} est donc égal à φ.
Cette propriété possède des conséquences remarquables si φ est utilisé comme base d'un système de nombre (voir [[base d'or]]).


La fraction continue approximant le nombre d'or possède systématiquement la plus petite valeur possible pour chacun de ses coefficients, à savoir 1. En conséquence, il est le nombre irrationnel qui s'approxime le plus mal par des rationnels. On dit de lui qu'il est ''le plus irrationnel'' des [[nombre réel|nombres réels]]<ref>[http://www.ams.org/featurecolumn/archive/irrational4.html The most irrational number] par l'American mathematical society</ref> ''(cf [[Théorème d'Hurwitz]])''.
La fraction continue approximant le nombre d'or possède systématiquement la plus petite valeur possible pour chacun de ses coefficients, à savoir 1. Ce nombre irrationnel et tous ceux qui lui sont [[Fraction continue et approximation diophantienne#Nombres équivalents|équivalents]] sont ceux qui s'approximent le plus mal par des rationnels. On dit de lui qu'il est « le plus irrationnel » des [[nombre réel|nombres réels]]<ref>{{en}} ''[http://www.ams.org/featurecolumn/archive/irrational4.html The most irrational number]'', billet de Tony Phillips ([[université Stony Brook]]) sur le site de l'[[American Mathematical Society|AMS]].</ref> (cf. [[Théorème de Hurwitz (approximation diophantienne)|théorème de Hurwitz sur les approximations diophantiennes]]).


{{boîte déroulante début|align=left|titre=Explications graphiques du mécanisme}}
{{Démonstration/début|titre=Explications graphiques du mécanisme}}
[[Image:FibonacciBlocks.svg|thumb|250px|right|Construction du nombre d'or à l'aide des [[fraction continue|fractions continues]].]]
[[Fichier:FibonacciBlocks.svg|thumb|Construction du nombre d'or à l'aide des [[fraction continue|fractions continues]].]]
Une démonstration plus classique et rigoureuse est proposée dans l'article détaillé.
Une démonstration plus classique et rigoureuse est proposée dans l'article détaillé.


Une manière d'illustrer la fraction continue est la suivante. Dans un premier temps, on dessine un rectangle formé de deux carrés côte à côte et de côté 1. Ce sont les deux carrés numérotés ''1'' sur la figure de droite. Le rapport entre la longueur et la largeur de la figure est égal à 2, la meilleure approximation en nombre entier du nombre d'or. On ajoute un carré de côté égal à la longueur de la figure précédente. Un tel carré est de côté 2 qu'il est judicieux d'écrire ici 1+1. On obtient un rectangle, composé de trois carrés (les deux numérotés 1 et celui numéroté 2) dont le rapport de la longueur sur la largeur est égal 3/2 qui s'écrit 1 + 1/2 ou encore 1 + 1/(1+1). On réitère avec un carré de côté égal à la longueur du rectangle précédent, soit celui numéroté 3 sur la figure, on trouve :
Une manière d'illustrer la fraction continue est la suivante. Dans un premier temps, on dessine un rectangle formé de deux carrés côte à côte et de côté 1. Ce sont les deux carrés numérotés ''1'' sur la figure de droite. Le rapport entre la longueur et la largeur de la figure est égal à 2, la meilleure approximation en nombre entier du nombre d'or. On ajoute un carré de côté égal à la longueur de la figure précédente. Un tel carré est de côté 2 qu'il est judicieux d'écrire ici 1+1. On obtient un rectangle, composé de trois carrés (les deux numérotés 1 et celui numéroté 2) dont le rapport de la longueur sur la largeur est égal 3/2 qui s'écrit 1 + 1/2 ou encore 1 + 1/(1+1). En réitérant avec un carré de côté égal à la longueur du rectangle précédent, soit celui numéroté 3 sur la figure, on trouve :
<center><math>\frac 53 = 1 + \frac 23 = 1 + \frac 1{\frac 32} \quad\text{or}\quad \frac 32 = 1 + \frac 1{1+1} \quad\text{donc} \quad\frac 53 = 1 + \frac 1{1 + \frac 1{1+1}}</math></center>
<center><math>\frac 53 = 1 + \frac 23 = 1 + \frac 1{\frac 32} \quad\text{or}\quad \frac 32 = 1 + \frac 1{1+1} \quad\text{donc} \quad\frac 53 = 1 + \frac 1{1 + \frac 1{1+1}}</math>.</center>


L'approximation commence à être précise, elle vaut 1,66..., celle du nombre d'or est 1,62... On recommence le processus avec un carré de côté la longueur du précédent, on obtient comme rapport 8/5, qui s'écrit 1 + 3/5 et avec le calcul précédent :
L'approximation commence à être précise : elle vaut 1,66… ; celle du nombre d'or est 1,62… On recommence le processus avec un carré de côté la longueur du précédent ; on obtient comme rapport 8/5, qui s'écrit 1 + 3/5 et avec le calcul précédent :
<center><math>\frac 85 = 1 + \frac 35 = 1 + \frac 1{\frac 53} \quad\text{or}\quad \frac 53 = 1 + \frac 1{1 + \frac 1{1+1}}\quad\text{donc}\quad \frac 85 = 1+ \frac 1{1 + \frac 1{1 + \frac 1{1+1}}}</math></center>
<center><math>\frac 85 = 1 + \frac 35 = 1 + \frac 1{\frac 53} \quad\text{or}\quad \frac 53 = 1 + \frac 1{1 + \frac 1{1+1}}\quad\text{donc}\quad \frac 85 = 1+ \frac 1{1 + \frac 1{1 + \frac 1{1+1}}}</math>.</center>


La dernière itération de la figure donne un rectangle dont le rapport de la longueur sur la largeur vaut 13/8 approximation précise à plus de un centième. Si le processus est réitéré à l'infini, on obtient une expression du nombre d'or en ''fraction continue'' :
La dernière itération de la figure donne un rectangle dont le rapport de la longueur sur la largeur vaut 13/8 approximation précise à plus de un centième. Si le processus est réitéré à l'infini, on obtient une expression du nombre d'or en ''fraction continue'' :
<center><math>\varphi = 1+ \frac 1{1 + \frac 1{1 + \frac 1 {1 + \frac 1{1 + \cdots}}}}</math></center>
<center><math>\varphi = 1+ \frac 1{1 + \frac 1{1 + \frac 1 {1 + \frac 1{1 + \cdots}}}}</math>.</center>


Ce résultat possède une conséquence géométrique déjà citée. Si le processus de génération de rectangle est itéré un nombre suffisant de fois. Le retrait d'un carré de dimension maximale laisse une surface rectangulaire de même proportion que le rectangle initial, aux erreurs de mesure près. On obtient un rectangle d'or.
Ce résultat possède une conséquence géométrique déjà citée. Si le processus de génération de rectangle est itéré un nombre suffisant de fois. Le retrait d'un carré de dimension maximale laisse une surface rectangulaire de même proportion que le rectangle initial, aux erreurs de mesure près. On obtient un rectangle d'or.
{{Boîte déroulante fin}}
{{Démonstration/fin}}


=== Suite de Fibonacci ===
=== Suite de Fibonacci ===
{{article détaillé|Suite de Fibonacci}}
{{Article détaillé|Suite de Fibonacci}}


Le calcul des couples de numérateurs et dénominateurs obtenus par la fraction continue donne les valeurs suivantes (1,1), (2,1), (3,2), (5,3) ... le dénominateur correspond au numérateur de la fraction précédente. Il est aussi égal au n<sup>ième</sub> terme de la suite de Fibonacci (''u''<sub>n</sub>). Elle est définie par récurrence :
Le calcul des couples de numérateurs et dénominateurs obtenus par la fraction continue donne les valeurs suivantes (1, 1), (2, 1), (3, 2), (5, 3), le dénominateur correspond au numérateur de la fraction précédente. Il est aussi égal au {{mvar|n}}-ième terme de la suite de Fibonacci (''F{{ind|n}}''). Elle est définie par récurrence :
<center><math>u_1 = u_2 = 1\quad \text{et}\quad u_{n+2} = u_{n+1} + u_n \;</math></center>
<center><math>F_1 = F_2 = 1\quad \text{et}\quad F_{n+2} = F_{n+1} + F_n</math>.</center>
[[Fichier:FB-Visual sequence of Fibonacci numbers.png|gauche|vignette|800x800px|Représentation des termes de la suite de Fibonacci mettant en évidence les ratios convergents vers le nombre d'or.]]
Les deux premiers termes sont égaux à 1 et les autres à la somme des deux précédents. Pour obtenir une bonne approximation du nombre d'or, il suffit de choisir une valeur de ''n'' suffisamment élevée et considérer la fraction ''u''<sub>n+1</sub>/''u''<sub>n</sub>. En terme mathématiques, cela s'exprime sous la forme suivante :
<center><math>\lim_{n \to \infty} \frac {u_{n+1}}{u_n} = \varphi\;</math></center>


{{clr}}
La vitesse de convergence est grande, la différence entre ''u''<sub>n+1</sub>/''u''<sub>n</sub> et φ est, en [[valeur absolue]], inférieure au carré de ''u''<sub>n</sub>.


Si la suite de Fibonacci permet de déterminer une approximation du nombre d'or, la réciproque est vraie. Plus exactement, on dispose de la formule suivante :


La suite de Fibonacci fournit donc des approximations du nombre d'or :
<center><math>u_n= \frac1{\sqrt 5}\left(\varphi^n -(1- \varphi)^n \right)</math></center>
<center><math>\varphi=\lim_{n \to \infty} \frac {F_{n+1}}{F_n}</math>.</center>
La valeur |1-φ|<sup>n</sup> ne fait que diminuer lorsque ''n'' s'accroît, elle est toujours suffisamment petite pour pouvoir être négligée, il suffit de prendre l'entier le plus proche de l'expression précédente en négligeant le terme en (1 - φ)<sup>n</sup>, on obtient :
La [[vitesse de convergence]] est linéaire ; la différence entre ''F''{{ind|''n''+1}}/''F{{ind|n}}'' et φ est, en [[valeur absolue]], inférieure au [[Carré (algèbre)|carré]] de l'inverse de ''F{{ind|n}}''. Par exemple, la fraction ''F''{{ind|16}}/''F''{{ind|15}} = 987/610 = {{formatnum:1.6180327}}… offre une précision proche du millionième.
<center><math>\frac{\varphi^1}{\sqrt 5} \simeq 0,72\;\text{et} \;u_1 =1,\quad \frac{\varphi^5}{\sqrt 5} \simeq 4,96\;\text{et} \;u_5 =5,\quad \frac{\varphi^{10}}{\sqrt 5} \simeq 55,004\;\text{et} \;u_{10} = 55 </math></center>


Réciproquement, la [[Suite de Fibonacci#Expression fonctionnelle|formule de Binet]] exprime la suite de Fibonacci en fonction du nombre d'or :
<br/>
<center><math>F_n= \frac{\varphi^n -(-1/\varphi)^n}{\sqrt5}</math>.</center>
{{boîte déroulante début|align=left|titre=Explications}}
:*'''La suite ''u''<sub>n+1</sub>/''u''<sub>n</sub> tend vers le nombre d'or :'''
Ce résultat peut se voir comme une conséquence de la construction graphique du paragraphe précédent. Le dénominateur est le numérateur de la fraction continue. Les deux premiers dénominateurs sont égaux à 1 et le numérateur est bien la somme des deux numérateurs précédents.


{{Démonstration/début}}
:*'''La suite (1/√5.φ<sup>n</sup>) s'approche infiniment de celle de Fibonacci :'''
*'''Preuve de la formule de Binet :'''<br>La [[preuve par récurrence]] est immédiate (pour d'autres méthodes, voir l'article détaillé). On en déduit l'équivalent ci-dessous et ''a fortiori'' :
Pour utiliser la dimension géométrique du nombre d'or, considérons les la suite de [[vecteur]]s d'un plan euclidien et coordonnées (''u''<sub>n</sub>, ''u''<sub>n-1</sub>).
* '''la suite ''F''{{ind|''n''+1}}/''F{{ind|n}}'' tend vers le nombre d'or.'''<br>Ce résultat peut aussi se voir comme une conséquence de la construction graphique du paragraphe précédent. Le dénominateur est le numérateur de la fraction continue. Les deux premiers dénominateurs sont égaux à 1 et le numérateur est bien la somme des deux numérateurs précédents.
{{Démonstration/fin}}


On en déduit l'[[équivalent]] :
La fonction ''f'' qui à (''u''<sub>n</sub>, ''u''<sub>n-1</sub>) associe (''u''<sub>n+1</sub>, ''u''<sub>n</sub>) est une [[application linéaire]]. Son comportement devient clair s'il est analysé sur deux axes, de [[vecteur]]s directeurs ''u'' = (1, φ) et ''v'' = (1, -φ). Sur l'axe ''u'', la fonction ''f'' est une [[homothétie]] de rapport φ, chaque vecteur sur la droite dirigée par ''u'' est multiplié par φ. Si la fonction ''f'' est appliquée ''n'' fois, alors le rapport de l'accroissement est de φ<sup>n</sup>. Sur l'axe ''v'', la fonction est encore une homothétie, mais de rapport 1 - φ. Comme 1 - φ est un nombre négatif strictement plus petit que 1 en [[valeur absolue]], à chaque itération, un vecteur sur la droite dirigé par ''v'' change de direction et se trouve comprimé d'un rapport 1 - φ.
<center><math>F_n\sim\frac {\varphi^n}{\sqrt5}</math>.</center>


En effet, –1/φ est strictement compris entre –1 et 0 donc ses puissances s'approchent de plus en plus de 0, tandis que celles de φ tendent vers l'infini. Si l'on prend l'entier le plus proche de l'expression précédente en négligeant le terme en (–1/φ){{exp|''n''}}, on obtient :
Le point initial ''p''<sub>0</sup> = (''u''<sub>2</sub>, ''u''<sub>1</sub>) peut être décomposé sur les deux vecteurs ''u'' et ''v'', on trouve ''p''<sub>0</sup> = 1/2 (''u'' + ''v''). Calculer ''p''<sub>1</sub> = (''u''<sub>3</sub>, ''u''<sub>2</sub>) puis ''p''<sub>2</sub> puis ''p''<sub>n</sub> devient simple, il suffit d'appliquer la fonction ''f'' une puis deux puis ''n'' fois :
<center><math>p_1 = f(p_0) = \frac 12 (\varphi\cdot u + (1 - \varphi)\cdot v),\quad p_2 = f(p_1) = f\circ f(p_0) = \frac 12 (\varphi^2\cdot u + (1 - \varphi)^2\cdot v),\quad p_n=f^n(p_0) = \frac 12 (\varphi^n\cdot u + (1 - \varphi)^n\cdot v)</math></center>
<center><math>\frac{\varphi^1}{\sqrt 5} \simeq 0{,}72\;\text{et} \;F_1 =1,\quad \frac{\varphi^5}{\sqrt 5} \simeq 4{,}96\;\text{et} \;F_5 =5,\quad \frac{\varphi^{10}}{\sqrt 5} \simeq 55{,}004\;\text{et} \;F_{10} = 55</math>.</center>


<!--Masqué car anecdotique, et surtout : vrai seulement à proportionnalité près et sauf pour les suites proportionnelles à (–1/φ){{exp|''n''}}. Cette propriété est vérifiée pour toute suite définie par la relation de récurrence ''u''<sub>''n''+2</sub> = ''u''<sub>''n''+1</sub> + ''u<sub>n</sub>'', indépendamment des valeurs prises par ''u''<sub>1</sub> et ''u''<sub>2</sub>.-->
On obtient la formule :
<center><math>u_n= \frac 1{\sqrt 5}\Big(\varphi^n -(1- \varphi)^n \Big)</math></center>
Le terme en (1 - φ) est positif et strictement plus petit que 1. Les puissances (1 - φ)<sup>n</sup> s'approchent en conséquence de plus en plus de 0.
{{Boîte déroulante fin}}


=== Équation diophantienne ===
=== Équation diophantienne ===
{{Article détaillé|Équation diophantienne}}
{{Article détaillé|Équation diophantienne}}
La fraction continue offre des approximations rationnelles ''F''{{ind|''n''+1}}/''F{{ind|n}}'' qui sont « presque » des solutions à l'[[#Proportion|équation (1) ci-dessus]]. Plus précisément, (''F''{{ind|''n''+1}}/''F{{ind|n}}''){{2}} – (''F''{{ind|''n''+1}}/''F{{ind|n}}'') – 1 n'est bien sûr pas égal à 0 (puisque le nombre d'or est irrationnel) mais à (–1){{exp|''n''}}/''F{{ind|n}}''{{2}}, ou encore :
La fraction continue offre des rationnels ''b''/''a'' offrant ''presque'' des solutions à l'équation qui s'écrit sous les formes suivantes :
<center><math>\frac ba \simeq 1 + \frac 1{\frac ba} \;\Leftrightarrow\; \frac {b^2}a \simeq b + a \;\Leftrightarrow\; a^2 + a\cdot b -b^2 \simeq 0 </math></center>
<center><math>F_n^2+F_nF_{n+1}-F_{n+1}^2=(-1)^{n+1}</math>.</center>
Ceci est lié à l'équation diophantienne :
<center><math>(2)\quad x^2 + xy - y^2 =\pm1</math>.</center>


Le cas ''n'' = 5 de l'[[identité de Brahmagupta]] prend, [[Anneau des entiers de Q(√5)#Norme|par changement de variables]], la forme suivante :
L'égalité stricte à ''zéro'' est impossible, elle n'autorise que les solutions triviales. En effet, aucun nombre rationnel ne vérifie la proportion d'or, ce qui justifie l'équation diophantienne suivante :
<center><math>(1)\quad x^2 + x\cdot y - y^2 = \pm 1\;</math></center>


<center><math>(a^2 + ab - b^2)(c^2 + cd - d^2) = (ac + bd)^2 + (ac + bd)(ad + bc + bd) - (ad + bc + bd)^2</math>.</center>
L'[[mathématiques indiennes|école mathématique indienne]] s'intéresse aux équations de cette nature. [[Brahmagupta]] développe une méthode, dite [[méthode chakravala|chakravala]] qui permet l'étude de telles équations. Il utilise une [[identité de Brahmagupta|identité]], qui dans le cas présent prend la forme suivante :


Si (''a'', ''b'') et (''c'', ''d'') forment deux couples solutions de l'équation (2), cette identité fournit donc une nouvelle solution (''e'', ''f''), donnée par ''e'' = ''ac + bd'' et ''f'' = ''ad + bc + bd''. La découverte de la « multiplication » particulière suivante permet ainsi de construire autant de solutions que désiré, à partir d'une solution non triviale :
<center><math>(a^2 + ab - b^2)(c^2 + cd - d^2) = (ac + bd)^2 + (ac + bd)(ad + bc + bd) - (ad + bc + bd)^2\;</math></center>
<center><math>(a,b)*(c,d) = (ac + bd, ad + bc + bd)</math>.</center>
En effet, en combinant une solution (''x'', ''y'') avec elle-même, on en obtient une nouvelle : (''x''{{exp|2}} + ''y''{{exp|2}}, 2''xy'' + ''y''{{exp|2}}), et l'on peut réitérer cette opération.


Remarquons aussi qu'en combinant (''F''{{ind|''p''–1}}, ''F{{ind|p}}'') avec (''F''{{ind|''q''–1}}, ''F{{ind|q}}''), [[Suite de Fibonacci#Propriétés de la suite de Fibonacci|on obtient (''F''{{ind|''p''+''q''–1}}, ''F''{{ind|''p''+''q''}})]].
Cette identité est liée à l'équation ''(1)'' précédente et donc au nombre d'or. Si (''a'', ''b'') et (''c'', ''d'') forment deux couples, solutions de l'équation ''(1)'', la partie de gauche de l'identité est égale à plus ou moins ''un''. La partie de droite de l'identité décrit donc une solution (''e'', ''f'') si ''e'' = ''ac + bd'' et ''f'' = ''ad + bc + bd''. La découverte d'une ''multiplication'' particulière *, permet de construire autant de solutions que désiré, à partir d'une unique si elle n'est pas triviale :
<center><math>(a,b)*(c,d) = (ac + bd, ad + bc + bd)\;</math></center>


=== Entiers de ℚ({{racine|5}}) ===
En combinant une solution (''a'', ''b'') avec elle-même on en obtient une nouvelle (''a''<sup>2</sup> + ''b''<sup>2</sup>, 2''a.b'' + ''b''<sup>2</sup>). Le couple (1, 1) est solution de l'équation ''(1)'', donc le couple (2, 3) l'est aussi. Elle est d'ailleurs déjà obtenue avec la méthode précédente. Avec la solution (2, 3) on obtient (13, 21) et avec la solution (13, 21) on obtient (610, 987). On vérifie que le couple (610, 987) est bien une solution de l'équation :
{{Article détaillé|Anneau des entiers de Q(√5){{!}}Anneau des entiers de ℚ({{racine|5}})}}
<center><math>610^2 + 610\times 987 - 987^2 = 372\;100 + 602\; 070 - 974\;169 = 1</math></center>
L'ensemble, noté ℤ[φ], des nombres réels de la forme ''a'' + φ''b'' (avec ''a'' et ''b'' entiers relatifs) est [[Ensemble stable|stable]] par addition, mais aussi par multiplication puisque φ{{2}} = 1 + φ (de proche en proche, toutes les puissances de φ sont donc dans ℤ[φ] ; plus précisément<ref group="alpha">Voir la [[Suite de Fibonacci#Propriétés de la suite de Fibonacci|propriété 10 de la suite de Fibonacci]], ou la partie Ⅰ du devoir sur Wikiversité {{infra|Annexes}}.</ref>, φ{{exp|''n''}} = ''F''{{ind|''n''–1}} + ''F{{ind|n}}''φ, où (''F{{ind|n}}'') désigne la suite de Fibonacci).


On obtient ainsi une structure équipée d'une addition et d'une multiplication, qui est un [[anneau commutatif]] [[Anneau intègre|intègre]]. On montre que ℤ[φ] est l'anneau des éléments « [[Entier algébrique|entiers]] » du [[corps quadratique]] ℚ({{racine|5}}), c'est-à-dire ceux qui sont racines d'un polynôme de la forme ''X''{{2}} + ''cX'' + ''d'', avec ''c'' et ''d'' entiers relatifs.
On en déduit que la fraction 987/610 est une excellente approximation du nombre d'or. En effet, 987/610 = 1,6180327... une précision proche du millionième.


L'anneau ℤ[φ] est [[Anneau euclidien|euclidien]], c'est-à-dire qu'il dispose d'une [[division euclidienne]] semblable à celle de l'anneau ℤ des entiers relatifs. Les outils de l'arithmétique usuelle sur ℤ, comme le [[théorème de Bachet-Bézout]], le [[lemme d'Euclide]] ou le [[théorème fondamental de l'arithmétique]], sont tous des conséquences de la division euclidienne<ref>{{HardyWrightFr}}, {{p.|273-275}}.</ref>.
=== Entier de Dirichlet ===
{{Article détaillé|Entier de Dirichlet}}
Dans cette vision du nombre d'or, il existe une ''multiplication'' naturelle. L'adjonction de l'addition usuelle des couples d'[[entier relatif|entiers relatifs]], définit par l'égalité suivante, confère à l'ensemble des couples (''a'', ''b'') une structure équipée d'une addition et d'une multiplication appelé, en terme contemporain, un [[anneau (mathématiques)|anneau]].
<center><math>\forall a,b,c,d \in \mathbb Z\quad (a,b) + (c,d) = (a+b, c+d)\;</math></center>


La compréhension de l'arithmétique de ℤ passe souvent par celle des [[nombre premier|nombres premiers]]. L'anneau ℤ[φ] a aussi ses propres [[Primalité dans un anneau|éléments premiers]]. Un nombre premier de ℤ n'est pas toujours premier dans ℤ[φ], comme le montre le [[contre-exemple]] 11 = (3 + 2φ)(5 – 2φ). Cette différence engendre des modifications dans l'application des théorèmes classiques. Par exemple, un [[Anneau des entiers de Q(√5)#Petit théorème de Fermat|analogue du petit théorème de Fermat]] indique qu'un nombre premier ''p'' ne divise φ{{exp|''p''–1}} – 1 que s'il est [[Congruence sur les entiers|congru à ±1 modulo 5]]<ref>{{Harvsp|Hardy|Wright|texte=Hardy et Wright|p=190}}.</ref>.
Si cet anneau est construit à partir d'une équation diophantienne connexe au nombre d'or, sa relation avec φ peut être vue plus directement. Il se conçoit simplement en considèrant les nombres réels de la forme ''a'' + φ.''b'', où ''a'' et ''b'' désignent deux nombres entiers. L'identité de Brahmagupta, définissant la multiplication se lit :
<center><math>(a + \varphi b)(c + \varphi d) = ac + (ad + bc)\varphi +bd\varphi^2 = (ac + bd) + \varphi(ad + bc + bd)\;</math></center>


== Fragments d'histoire ==
Ainsi les puissances de φ sont tous de la forme ''a'' + φ.''b'', plus précisément φ<sup>n</sup> = ''u''<sub>n-1</sub> + ''u''<sub>n</sub>.φ, où (''u''<sub>n</sub>) désigne la suite de Fibonacci.
=== Antiquité ===
{{section à recycler|date=19 janvier 2014}}
{{à prouver|date=décembre 2018}}
[[Fichier:Plato.png|thumb|upright=0.7|Selon Thomas L. Heath interprétant un passage de [[Proclus]], [[Platon]] entame une étude des propriétés de la proportion dorée, qui est poursuivie par [[Eudoxe de Cnide|Eudoxe]]<ref name=Thirteen/>.]]


Certains historiens<ref>{{en}} R. Herz-Fischler, ''A Mathematical History of Division in Extreme and Mean Ratio'', Wilfrid Laurier Univ Pr 1987 {{ISBN|0-8892-0152-8}}.</ref>{{,}}<ref name=Heath>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Thomas Little|nom1=Heath|lien auteur1=Thomas Heath|titre=A History of Greek Mathematics|volume=1|titre volume=From Thales to Euclid|éditeur=[[Cambridge University Press|CUP]]|année=2013|année première édition=1921|isbn=978-1-108-06306-7|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=J-kaAgAAQBAJ}}.</ref> considèrent que l'histoire du nombre d'or commence lorsque cette valeur fit l'objet d'une étude spécifique. Pour d'autres, la détermination d'une figure géométrique contenant au moins une proportion se calculant à l'aide du nombre d'or suffit. La [[Observation mathématique de la pyramide de Khéops#Le nombre pi et le nombre d’or|pyramide de Khéops]] (vers 2600 av. J.-C.) devient, selon cette dernière convention, un bon candidat pour l'origine<ref group="alpha">[http://www.cyberstrat.net/~tpe//kheops.html L'harmonie du nombre d'or], un [[site web]] parmi d'autres, indique : {{citation|Le nombre d'or, supposé apparaître en pleine [[Grèce antique]] était, en réalité, déjà présent dans la grande pyramide égyptienne : la pyramide de Khéops.}}</ref>{{refins}}.
Ces deux anneaux possèdent des structures ''copie'' l'une de l'autre, le terme consacré pour décrire cette situation est celui d'[[isomorphisme]]. Un nombre réel de la forme ''a'' + φ.''b'' est appelé un '''entier de Dirichlet'''. L'anneau des entiers de Dirichlet est le cadre naturel sous-jacent à toute l'arithmétique du nombre d'or. À certains égards, il est analogue à ''Z'', l'ensemble des entiers naturels. Il est [[commutatif]], et [[Anneau intègre|intègre]]. Le terme ''intègre'' signifie que si la multiplication de deux éléments α.β donne 0 alors soit α soit β est nul. La ressemblance est plus profonde, cet anneau est '''[[anneau euclidien|euclidien]]''', c'est-à-dire qu'il dispose d'une [[division euclidienne]] semblable à celle de l'arithmétique des entiers ''classiques''. Les outils de l'arithmétique usuelle sur ''Z'', comme l'[[identité de Bézout]], le [[lemme d'Euclide]], le [[théorème fondamental de l'arithmétique]] ou en plus sophistiqué le [[petit théorème de Fermat]] sont tous des conséquences de la division euclidienne. Elle offre des propriétés analogues pour l'arithmétique du nombre d'or. Cette analogie profonde pousse les arithméticiens à parler d'entiers pour décrire les éléments de cet ensemble. La compréhension de l'arithmétique de ''Z'' passe souvent par celles des [[nombre premier|nombres premiers]]. L'arithmétique du nombre d'or dispose aussi de ses '''nombres premiers de Dirichlet'''. Un nombre premier de ''Z'' n'est pas toujours premier dans l'arithmétique du nombre d'or, comme le montre le contre-exemple 19 :
<center><math>(4 + 3\varphi)(7-3\varphi) = 28 - 9 + (-12 + 21 -9)\varphi = 19\;</math></center>


Les historiens s'accordent tous sur l'existence d'une origine ancienne, mais l'absence de document d'époque définitif interdit une connaissance indiscutable de l'origine<ref>Voir à ce sujet, par exemple : {{Chapitre|id=MacTutor|lang=en|auteurs ouvrage=John J. O'Connor et Edmund F. Robertson|titre chapitre=[http://www-history.mcs.st-andrews.ac.uk/history/HistTopics/Golden_ratio.html The Golden ratio]|titre ouvrage=[[MacTutor History of Mathematics archive]]|éditeur=[[université de St Andrews]]}}.</ref>. Dans ce cadre, l'hypothèse est parfois émise que le nombre d'or a son origine chez [[École pythagoricienne|les pythagoriciens]]<ref>{{harvsp|Heath|2013|p=[https://books.google.fr/books?id=J-kaAgAAQBAJ&pg=PA160 160-162]}}.</ref>{{,}}<ref name="Thirteen">{{en}} [[Euclide]] (trad. et annot. Thomas Heath), ''The Thirteen Books of Euclid's Elements, vol. 2'', {{2e}} éd., New York, Dover, 1956, [https://books.google.fr/books?id=hhZrpywS8ZIC&pg=PA97 {{p.|97-100}}].</ref> : ils auraient connu et construit le dodécaèdre régulier.
Cette différence engendre des modifications dans l'application des théorèmes classiques. Par exemple si ''p'' est un nombre premier différent de 5 tel que le reste de sa division euclidienne par 5 soit un [[carré parfait]], donc égal à 1 ou à 4, le petit théorème de Fermat indique que φ<sup>p-1</sup> - 1 est un multiple de ''p''. Ceci montre que ''u''<sub>p-1</sub> est un multiple de ''p'' ainsi que ''u''<sub>p-2</sub> - 1, en effet, φ<sup>p-1</sup> - 1 = ''u''<sub>p-2</sub> - 1 + ''u''<sub>p-1</sub>.φ. Les démonstrations sont proposées dans l'article détaillé.


Les pythagoriciens connaissaient déjà une construction du pentagone à l'aide de [[triangle isocèle|triangles isocèles]]. À cette époque, l'étude du nombre d'or est essentiellement géométrique, [[Hypsiclès]], un mathématicien grec du {{IIe siècle av. J.-C.}}, en fait usage pour la mesure de [[Polyèdre régulier|polyèdres réguliers]]<ref name=Heath/>. Elle revient chaque fois qu'un pentagone est présent.
== Fragments d'histoire ==

=== Antiquité ===
L'approche [[arithmétique]] est initialement bloquée par le préjugé pythagoricien qui voudrait que tout nombre soit [[Nombre rationnel|rationnel]]<ref group="alpha">{{Ouvrage|prénom1=Paul|nom1=Tannery|lien auteur1=Paul Tannery|titre=Mémoires scientifiques|lieu=Paris/Toulouse|éditeur=[[Éditions Privat|Privat]]|année=1912}}, {{pc|i}}, {{p.|268}} précise : {{Citation|les Pythagoriciens sont partis de l’idée, naturelle à tout homme non instruit, que toute longueur est nécessairement commensurable à l’unité.}}</ref> (rappelons que le nombre d'or ne l'est pas). [[Platon]] évoque cette difficulté<ref group="alpha">On en trouve trace dans [[Platon]], ''[[La République]]'', {{pc|viii}}, 546 c, où il parle de ''diagonales rationnelles et irrationnelles''.</ref>. Les premières preuves du caractère irrationnel de certaines diagonales de polygones réguliers remontent probablement<ref>{{Ouvrage|prénom1=Jean-Luc|nom1=Périllié|titre=La découverte des incommensurables et le vertige de l'infini|sous-titre=transcription d’une conférence|lieu=Grenoble|année=2001|passage=18|lire en ligne=http://www.cndp.fr/RevueCPhil/91/00902911.pdf}}.</ref> au {{Ve siècle av. J.-C.}} Platon cite<ref>Platon, ''[[Théétète (Platon)|Théétète]]'', 147 d.</ref> les travaux de son précepteur, [[Théodore de Cyrène]], qui montre l'irrationalité de {{racine|5}} et, {{passage non pertinent|par voie de conséquence, celle du nombre d'or}}. {{pertinence détail|Dès cette époque, les mathématiciens grecs découvrent des [[algorithme]]s d'approximation des ''nombres diagonaux'' et latéraux<ref>{{harvsp|Périllié|2001|p=19}}.</ref>. Bien plus tard, [[Héron d'Alexandrie]], un mathématicien du {{Ier siècle}} pousse plus loin cette démarche à l'aide des tables [[trigonométrie|trigonométriques]] de [[Claude Ptolémée|Ptolémée]]<ref>{{en}} R. Herz-Fischler, ''Hero of Alexandria’s Numerical Treatment of Division in Extreme and Mean Ratio and its Implications'', ''Phoenix'' '''35''' (1981), {{p.|129-133}}.</ref>}}.
[[Image:Plato.png|thumb|upright=0.7|Pour Thomas L. Heath, [[Platon]] est le premier grec à ''oser'' étudier les propriétés d'un nombre ''scandaleux'' car irrationnel, celui maintenant appelé ''nombre d'or''.]]

Le premier texte mathématique indiscutable est celui des ''[[Éléments d'Euclide|Éléments]]'' d'[[Euclide]] (vers 300 av. J.-C.). Dans la {{3e|définition}} du [[Livre VI des Éléments d'Euclide|Livre {{pc|vi}}]], le nombre d'or est défini comme une proportion géométrique :


{{Citation bloc|''Une droite est dite coupée en extrême et moyenne raison quand, comme elle est tout entière relativement au plus grand segment, ainsi est le plus grand relativement au plus petit.''}}
Les historiens<ref>C'est le choix, par exemple de : R. Herz-Fischler ''A Mathematical History of Division in Extreme and Mean Ratio'' Wilfrid Laurier Univ Pr 1987 {{ISBN|0889201528}} ou encore de T. Heath ''A History of Greek Mathematics, Vol. 1'' Dover Publications retirage 1981 {{ISBN|0486240738}}</ref> considèrent que l'histoire du nombre d'or commence lorsque cette valeur est l'objet d'une étude spécifique. Pour d'autres, la détermination d'une figure géométrique contenant au moins une proportion se calculant à l'aide du nombre d'or suffit. La [[pyramide de Khéops]] devient, selon cette convention, un bon candidat pour l'origine<ref>[http://www.cyberstrat.net/~tpe//kheops.html L'harmonie du nombre d'or] un site Web parmi d'autres indique : ''Le nombre d'or, supposé apparaître en pleine Grèce antique était, en réalité, déjà présent dans la grande pyramide égyptienne : la pyramide de Khéops.''</ref>. D'autres encore, se contentent des restes d'un monument dont des dimensions permettent d'approximer le nombre d'or. Selon ce critère, un amas de pierres sous la mer des Bahamas est une origine plus ancienne<ref>L. R. Cedric, ''Quest for Atlantis'' Manor Books Inc., New York, 1979</ref>. Ces vestiges, dont l'origine humaine et la datation sont incertaines<ref>Valentine, J. Manson, ''Archaeological Enigmas of Florida and the Western Bahamas'' Muse News, Miami Museum of Science, Vol. 1, No. 2, June 1969</ref> sont dénommés ''temple d'Andros''.


Sa relation avec le pentagone, l'[[icosaèdre]] et le [[dodécaèdre régulier]] est mise en évidence. Il est donc lié aux problèmes géométriques déjà résolus par les pythagoriciens<ref group="alpha">Proposition 10 du [[Livre IV des Éléments d'Euclide|Livre {{IV}}]] relative à la [[Construction du pentagone régulier à la règle et au compas|construction du pentagone régulier inscrit]], elle-même liée à la proposition 11 du [[Livre II des Éléments d'Euclide|Livre {{II}}]].</ref>, mais selon l'historien des sciences [[Thomas Heath]] (s'appuyant sur [[Proclus]]), c'est probablement Platon qui en avait fait ensuite un objet d'étude en soi :
Le premier texte mathématique indiscutable<ref>[[Euclide]] ''[[Eléments d'Euclide]] Livre II théorème 11</ref> est celui des [[Eléments d'Euclide]]. Le nombre d'or est défini comme une proportion géométrique {{Citation|Une droite est dite coupée en extrême et moyenne raison quand, comme elle est toute entière relativement au plus grand segment, ainsi est le plus grand relativement au plus petit.<ref>[[Euclide]] ''[[Eléments d'Euclide]] livre VI, 3ème définition.)</ref>}} Sa relation avec le [[pentagone]], l'[[icosaèdre]] et le [[dodécaèdre]] est mis en évidence. Les historiens s'accordent tous sur l'existence d'une origine plus ancienne, mais l'absence de document d'époque définitif interdit une connaissance indiscutable de l'origine<ref>Voir à ce sujet, par exemple le site [http://www-groups.dcs.st-and.ac.uk/~history/HistTopics/Golden_ratio.html The golden ratio] par J. J. O'Connor and E. F. Robertson de l'Université de St Andrew</ref>. L'historien des sciences T. L. Heath attribue la paternité de la découverte à [[Platon]] : {{Citation|L'idée que Platon commença l'étude ''(du nombre d'or)'' comme sujet intrinsèque n'est pas sans consistance...}}<ref>[[Euclide]] ''The Thirteen Books of Euclid’s Elements'' Edition de T.L. Heath Dover, New York, 1956</ref>. Heath précise néanmoins dans la même source que les [[Pythagore|pythagoriciens]] connaissaient déjà une construction du [[pentagone]] à l'aide de [[triangle isocèle|triangles isocèles]]. À cette époque, l'étude du nombre d'or est essentiellement géométrique, Hypsicles un mathématicien grec du {{IIe siècle av. J.-C.}}, en fait usage pour la mesure de [[polyèdre]]s réguliers<ref>T L Heath ''A History of Greek Mathematics I'' Oxford 1921</ref>. Elle revient chaque fois qu'un pentagone est présent.


{{Citation bloc|L'idée que Platon initia l'étude ''(du nombre d'or)'' comme sujet intrinsèque n'est pas du tout contradictoire avec la supposition que le problème d'[[Livre II des Éléments d'Euclide|Eucl. {{II}}]]. 11 a été résolu par les pythagoriciens<ref name=Thirteen/>.}}
L'approche [[arithmétique]] est initialement bloquée par le préjugé pythagoricien qui voudrait que, à la différence du nombre d'or, tout nombre soit [[rationnel]]. [[Paul Tannery]] précise : {{Citation|les Pythagoriciens sont partis de l’idée, naturelle à tout homme non instruit, que toute longueur est nécessairement commensurable à l’unité<ref>P. Tannery Mémoires scientifiques. ''Paris-Toulouse : E. Privat'' 1912 I p 268</ref>}}. Platon évoque cette difficulté<ref>On en trouve trace dans : [[Platon]] ''[[La République]]'' Livre VIII 546c, où il parle de ''diagonales rationnelles et irrationnelles''</ref>, les premières preuves du caractère irrationnel de certaines diagonales de polygones réguliers remontent probablement<ref>Jean-Luc Périllié [http://www.cndp.fr/RevueCPhil/91/00902911.pdf La découverte des incommensurables et le vertige de l'infini] Transcription d’une conférence qui a eu lieu le 16 mai 2001 à Grenoble p 18</ref> au {{Ve siècle av. J.-C.}}. Platon cite les travaux de son précepteur, [[Théodore de Cyrène]], qui montre l'irrationalité de √5<ref>[[Platon]] ''[[Théétète (Platon)]]'' 147d</ref> et par voie de conséquence, celle du nombre d'or. Dès cette époque, les mathématiciens grecs découvrent des [[algorithme]]s d'approximation des ''nombres diagonaux'' et latéraux<ref>Jean-Luc Périllié [http://www.cndp.fr/RevueCPhil/91/00902911.pdf La découverte des incommensurables et le vertige de l'infini] p 19</ref>. Bien plus tard, [[Héron d'Alexandrie]], un mathématicien du {{Ier siècle}} pousse plus loin cette démarche à l'aide des tables [[trigonométrie|trigonométriques]] de [[Ptolémée]]<ref>R. Herz-Fischler ''Hero of Alexandria’s Numerical Treatment of Division in Extreme and Mean Ratio and its Implications'' Phoenix 35 (1981), pp. 129-133</ref>.


=== Moyen-Age ===
=== Moyen Âge ===
[[Image:Fibonacci2.jpg|thumb|upright=0.7|[[Leonardo Pisano]], plus connu sous le nom de Fibonacci, établit la relation entre des [[équation du second degré|équations du second degré]] et le nombre d'or.]]
[[Fichier:Fibonacci2.jpg|thumb|upright=0.7|[[Leonardo Pisano]], plus connu sous le nom de Fibonacci, établit la relation entre des [[équation du second degré|équations du second degré]] et le nombre d'or.]]


Les [[mathématiques arabes]] apportent un nouveau regard sur ce nombre, plus tard qualifié d'or. Ce n'est pas tant ses propriétés géométriques qui représente pour eux son intérêt, mais le fait qu'il soit solution d'[[équation du second degré|équations du second degré]]. [[Al-Khwarizmi]], un mathématicien perse du {{VIIIe siècle}}, propose plusieurs problèmes consistant à diviser une longueur de dix unités en deux parties. L'un d'eux possède comme solution la taille initiale divisée par le nombre d'or. [[Abu Kamil]] propose d'autres questions de même nature dont deux sont associées au nombre d'or. En revanche, ni pour Al-Khwarizmi ni pour Abu Kamil, la relation avec la proportion d'extrême et moyenne raison n'est mise en évidence. Il devient ainsi difficile de savoir si la relation avec le nombre d'or était claire pour eux<ref>Ces deux exemples proviennent du site [http://www-groups.dcs.st-and.ac.uk/~history/HistTopics/Golden_ratio.html The Golden Ratio] par J. J. O'Connor and E. F. Robertson de l'Université de St Andrew</ref>.
Les [[mathématiques arabes]] apportent un nouveau regard sur ce nombre, plus tard qualifié d'or. Ce n'est pas tant ses propriétés géométriques qui représentent pour eux son intérêt, mais le fait qu'il soit solution d'[[équation du second degré|équations du second degré]]. [[Al-Khawarizmi]], un mathématicien perse du {{VIIIe siècle}}, propose plusieurs problèmes consistant à diviser une longueur de dix unités en deux parties. L'un d'eux possède comme solution la taille initiale divisée par le nombre d'or. [[Abu Kamil]] propose d'autres questions de même nature dont deux sont associées au nombre d'or. En revanche, ni pour Al-Khawarizmi ni pour Abu Kamil, la relation avec la proportion d'extrême et moyenne raison n'est mise en évidence. Il devient ainsi difficile de savoir si la relation avec le nombre d'or était claire pour eux<ref>Ces deux exemples proviennent de {{harvsp|MacTutor|texte=''The Golden ratio'' sur MacTutor}}.</ref>.


[[Leonardo Pisano]], plus connu sous le nom de Fibonacci, introduit en Europe les équations d'Abu Kamil. Dans son livre ''Liber Abaci'', on trouve non seulement la longueur des deux segments d'une ligne de 10 unités mais aussi, clairement indiquée la relation entre ces nombres et la proportion d'Euclide<ref>Fibonacci ''Liber Abbaci'' 1202 ce texte est traduit par L. E. Sigler en anglais éditeur Springer-Verlag 2002 {{ISBN|0387954198}} </ref>. Son livre introduit la [[suite de Fibonacci|suite qui porte maintenant son nom]], connue aux Indes depuis<ref>P. Singh ''The So-called Fibonacci numbers in ancient and medieval India'' Historia Mathematica 12(3), 229–44, 1985.</ref> le {{VIe siècle}}. En revanche la relation avec le nombre d'or n'est pas perçue par l'auteur. Un élément de cette suite est la somme des deux précédents.
[[Leonardo Pisano]], plus connu sous le nom de Fibonacci, introduit en Europe les équations d'Abu Kamil. Dans son livre ''Liber Abaci'', on trouve non seulement la longueur des deux segments d'une ligne de 10 unités mais aussi, clairement indiquée la relation entre ces nombres et la proportion d'Euclide<ref>Fibonacci, ''[[Liber abaci]]'', 1202, traduit en anglais par L. E. Sigler, [[Springer Verlag]], 2002 {{ISBN|0387954198}}.</ref>. Son livre introduit la [[suite de Fibonacci|suite qui porte maintenant son nom]], connue [[mathématiques indiennes|« aux Indes »]] depuis<ref>{{article|lang=en|prénom=P.|nom=Singh|titre=The So-called Fibonacci numbers in ancient and medieval India|lien périodique=Historia Mathematica|revue=Historia Mathematica|vol=12|numéro=3|p.=229-44|année=1985|doi=10.1016/0315-0860(85)90021-7 |issn = 0315-0860}}.</ref> le {{VIe siècle}}. En revanche la relation avec le nombre d'or n'est pas perçue par l'auteur. Un élément de cette suite est la somme des deux précédents.


En 1260, [[Campanus de Novare|Campanus]] démontre l'irrationalité de φ par une [[descente infinie]] que l'on peut visualiser dans la [[#Rectangle et spirale d'or|spirale d'or]]<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1={{Lien|Leo Zippin}}|titre=Uses of Infinity|éditeur=[[Dover Publications|Dover]]|année=2000|année première édition=1962|passage=77-78|lire en ligne={{Google Livres|98awq8DQqlkC|page=77}}}}.</ref>{{,}}<ref>{{Article|lang=en|titre=Origin of the name “mathematical induction”|auteur=[[Florian Cajori]]|revue=[[The American Mathematical Monthly|Amer. Math. Monthly]]|vol=25|numéro=5|année=1918|p.=197-201|jstor=2972638}}<!--voir aussi http://projecteuclid.org/euclid.bams/1183420256-->.</ref>.
La quine, un système de mesure utilisé par les bâtisseurs de l'[[Art roman]], se fonde sur un principe analogue. Elle se compose de cinq unités de mesure, toutes commensurables : la paume égal à 34 lignes, la palme qui en vaut 55, l'empan 89, le pied de Charlemagne 144 et la coudée royale 233. Ces unités correspondent à des nombres consécutifs de la suite de Fibonacci. Une paume plus une palme est ainsi égale à un empan, une palme et un empan à un pied de Charlemagne, enfin un empan et un pied de Charlemagne à une coudée royale. Le rapport entre deux termes consécutifs vérifie de plus en plus précisément la proportion ''en extrême et moyenne raison''<ref>[http://www.britannica.fr/Lettre4/HistoireMesure.html La mesure du monde] dossier mensuel de Britanica France</ref>. Si au Moyen-âge, le nombre d'or est connu des tailleurs de pierres, sa géométrie est considérée comme ''assez secondaire'' et ne prend de l'importance uniquement à la renaissance<ref>{{Citation|Un autre reproche qu’il nous faut aussi, en préambule, adresser à un grand nombre de ceux qui se sont occupés de cette question, c’est que, convaincus à priori du caractère totalement « secret » de cette géométrie et, de ce fait, de la quasi inexistence de la documentation, ils se sont laissés aller à échafauder ce qui apparaît comme étant davantage des rêveries que des hypothèses, la plupart d’entre elles étant exclusivement centrées sur le fameux « Nombre d’Or », un aspect en réalité assez « secondaire » de la question et dont l’émergence au premier plan des préoccupations des bâtisseurs, ou, plus exactement, au premier plan de la littérature traitant du sujet, ne date en fait que de la Renaissance}} P. Vela ''El mas noble y cabal fundamenta de la canteria'' Letra y espiritu n° 18 nov. 2003</ref>.


=== Renaissance ===
=== Renaissance ===
[[Image:Homme-vitruve.jpg|thumb|left|L'[[homme de Vitruve]] de [[Léonard de Vinci]] respecte les proportions explicitées par [[Vitruve]], le nombre d'or n'intervient pas.]]
[[Fichier:Homme-vitruve.jpg|thumb|left|L'[[homme de Vitruve]] de [[Léonard de Vinci]] respecte les proportions explicitées par [[Vitruve]], rationnels préférés au nombre d'or par Pacioli pour ce qui concerne les œuvres d'art.]]
Trois siècles plus tard, [[Luca Pacioli]] rédige un livre dénommée ''La divine proportion''<ref name="Divina Proportionne">[[Luca Pacioli]] ''De Divina Proportione'' traduction française par G. Duschesne et M. Giraud, Librairie du Compagnonnage, 1980</ref>, illustré par [[Léonard de Vinci]]. Si l'aspect mathématique n'est pas nouveau, le traitement de la question du nombre d'or est inédit. L'intérêt du nombre ne réside pas tant dans ses propriétés mathématiques que mystiques, elles {{Citation|concordent avec les attributs qui appartiennent à Dieu...<ref name= "Divina Proportionne" />}}. Pacioli cite les dix raisons qui l'on convaincu. L'incommensurabilité prend, sous la plume de l'auteur, la forme suivante {{Citation|De même que Dieu ne peut se définir en termes propres et que les paroles ne peuvent nous le faire comprendre, ainsi notre proportion ne se peut jamais déterminer par un nombre que l'on puisse connaître, ni exprimer par quelque quantité rationnelle, mais est toujours mystérieuse et secrète, et qualifiée par les mathématiciens d'irrationnelle<ref name= "Divina Proportionne" />}}.
À la fin du {{s|XV}}, [[Luca Pacioli]] rédige un livre intitulé ''La divine proportion''<ref name="Divina Proportionne">{{la}} [[Luca Pacioli]], ''[[De divina proportione]]'', traduction française par G. Duschesne et M. Giraud, [[Librairie du Compagnonnage]], 1980.</ref>, illustré par [[Léonard de Vinci]]. Si l'aspect mathématique n'est pas nouveau, le traitement de la question du nombre d'or est inédit. L'intérêt du nombre ne réside pas tant dans ses propriétés mathématiques que mystiques, elles {{Citation|concordent avec les attributs qui appartiennent à Dieu<ref name="Divina Proportionne" />}} Pacioli cite les dix raisons qui l'ont convaincu. L'[[Commensurabilité (mathématiques)|incommensurabilité]] prend, sous la plume de l'auteur, la forme suivante {{Citation|De même que Dieu ne peut se définir en termes propres et que les paroles ne peuvent nous le faire comprendre, ainsi notre proportion ne se peut jamais déterminer par un nombre que l'on puisse connaître, ni exprimer par quelque quantité rationnelle, mais est toujours mystérieuse et secrète, et qualifiée par les mathématiciens d'irrationnelle<ref name="Divina Proportionne" />}}.


Pacioli rédige ainsi l'envoi de son livre : {{Citation|une œuvre nécessaire à tous les esprits perspicaces et curieux, où chacun de ceux qui aiment à étudier la philosophie, la perspective, la peinture , la sculpture, l'architecture, la musique et les autres disciplines mathématiques, trouvera une très délicate, subtile et admirable doctrine et se délectera de diverses questions touchant à une très secrète science.<ref name= "Divina Proportionne" />}}, il est en revanche discret sur la manière dont s'applique cette proportion. Dans son traité d'architecture<ref>[[Luca Pacioli]] ''Tractato de l’architectura'' 1509</ref>, l'auteur se limite aux proportions<ref>[[Vitruve]] [[De Architectura]] [http://gallica.bnf.fr/scripts/catalog.php?Mod=i&Titre=&FondsTout=on&FondsTxt=on&FondsImp=on&FondsPer=on&FondsImg=on&FondsAud=on&FondsMan=on&Auteur=Vitruve&Sujet=&RPT= lire]</ref> de [[Vitruve]], un architecte de la [[Rome antique]]. Elles correspondent à des fractions d'entiers, choisies à l'image du corps humain<ref>M-C. Hellmann ''L’Architecture Grecque T1'' Les manuels d’Art et d’Archéologie Antiques 2002 {{ISBN|270840606X}}</ref>. S'il cite comme exemple une statue du grec [[Phidias]], ce n'est que pour y voir le nombre d'or dans un [[dodécaèdre]], une figure associée au [[pentagone]] symbole de la quintessence, une représentation du divin<ref>[[Luca Pacioli]] ''Tractato de l’architectura'' 1509 ch. I 5</ref>. Les architectes de la Renaissance n'utilisent pas le nombre d'or''<ref>Il est probablement exact de dire que ni Palladio ni aucun autre architecte de la Renaissance n'a usé des proportions irrationnelles'' [[Rudolf Wittkower]], ''Les principes de l'architecture à la Renaissance'', éditions de la Passion, Traduction française de 1996 <small>{{ISBN|2-906229-30-X}}</small></ref>.<ref>Ce paragraphe s'inspire de l'article : Marcus Frings ''The Golden Section in Architectural Theory'' Nexus Network Journal Birkhäuser Basel Vol 4 N°1 2002 pp 9-32 [http://www.springerlink.com/content/n54g745j4u7202w6/fulltext.pdf Lire le pdf]</ref>
Pacioli rédige ainsi l'envoi de son livre : {{Citation|une œuvre nécessaire à tous les esprits perspicaces et curieux, où chacun de ceux qui aiment à étudier la philosophie, la perspective, la peinture, la sculpture, l'architecture, la musique et les autres disciplines mathématiques, trouvera une très délicate, subtile et admirable doctrine et se délectera de diverses questions touchant à une très secrète science<ref name="Divina Proportionne" />.}}, il est en revanche discret sur la manière dont s'applique cette proportion. Dans son traité d'architecture<ref>{{Ouvrage|langue=it|prénom1=L.|nom1=Pacioli|titre=Tractato de l’architectura|année=1509}}.</ref>, l'auteur se limite aux proportions<ref>[[Vitruve]], ''[[De architectura]]''.</ref> de [[Vitruve]], un architecte de la [[Rome antique]]. Elles correspondent à des fractions d'entiers, choisies à l'image du corps humain<ref name="Hellmann">M.-C. Hellmann, ''L’Architecture Grecque, t. 1'', Picard, 2002 {{ISBN|978-2-70840606-3}}.</ref>. S'il cite comme exemple une statue du grec [[Phidias]], ce n'est que pour y voir le nombre d'or dans un [[dodécaèdre régulier]], une figure associée au pentagone symbole de la quintessence, une représentation du divin<ref>{{harvsp|Pacioli|1509}}, ch. I, § 5.</ref>. Les architectes de la Renaissance n'utilisent pas le nombre d'or<ref><!---{{Citation|Il est probablement exact de dire que ni Palladio ni aucun autre architecte de la Renaissance n'a usé des proportions irrationnelles}} ([[Rudolf Wittkower]], ''Les principes de l'architecture à la Renaissance'', éditions de la Passion, Traduction française de 1996 {{ISBN|978-2-906229-30-3}})--->{{en}} {{citation étrangère|It is probably right to say that rarely did Palladio or any Renaissance architect use irrational proportions in practice|lang=en}} ([[Rudolf Wittkower]], ''Architectural principles in the age of humanism'', Academy Editions, 1988 {{ISBN|978-0-31202082-8}}, {{p.|108}}).</ref>{{,}}<ref>Ce paragraphe s'inspire de : {{en}} Marcus Frings, ''[http://www.springerlink.com/content/n54g745j4u7202w6/fulltext.pdf The Golden Section in Architectural Theory]'', Nexus Network Journal, vol. 4, {{n°|1}}, 2002, {{p.|9-32}}.</ref>.


Les mathématiciens de l'époque ne sont pas en reste. Les spécialistes des [[équation polynomiale|équations polynomiales]] que sont [[Gerolamo Cardano]] et [[Raphaël Bombelli]] indiquent comment calculer le nombre d'or à l'aide d'équations de second degré<ref>Ces informations proviennent du site [http://www-groups.dcs.st-and.ac.uk/~history/HistTopics/Golden_ratio.html The Golden Ratio] par J. J. O'Connor and E. F. Robertson de l'Université de St Andrew</ref>. Un résultat plus surprenant est anonyme. Une note manuscrite, datant du début du {{XVIe siècle}} et écrite dans la traduction de Pacioli des éléments d'Euclide de 1509, montre la connaissance de la relation entre la suite de Fibonacci et le nombre d'or. Si l'on divise un terme de la suite par son précédent, on trouve une approximation du nombre d'or. Plus le terme est élevé, plus l'approximation est bonne et elle peut devenir aussi précise que souhaitée<ref>L Curchin and R Herz-Fischler ''De quand date le premier rapprochement entre la suite de Fibonacci et la division en extrême et moyenne raison?'' Centaurus 28 (2) 1985 p 129-138</ref>. Ce résultat est, plus tard, retrouvé par [[Johannes Kepler]] puis par [[Albert Girard]]<ref>Ce résultat est publié deux ans après sa mort dans un livre intitulé ''Les œuvres mathématiques de Simon Stévin, augmentées par Albert Girad'' 1634</ref>. Kepler est fasciné par le nombre d'or, il dit de lui {{Citation|La géométrie contient deux grands trésors : l’un est le théorème de Pythagore ; l’autre est la division d’une ligne en moyenne et extrême raison. Le premier peut être comparé à une règle d’or ; le second à un joyau précieux.<ref>A. Ross [http://newton.mat.ulaval.ca/amq/bulletins/mai05/Extreme.pdf Extrême et moyenne raison] Association mathématique du Quebec</ref>}}
Les mathématiciens de l'époque ne sont pas en reste. Les spécialistes des [[équation polynomiale|équations polynomiales]] que sont [[Gerolamo Cardano]] et [[Raphaël Bombelli]] indiquent comment calculer le nombre d'or à l'aide d'équations de second degré<ref name="infoMacTutor">Ces informations proviennent de {{harvsp|MacTutor|texte=''The Golden ratio'' sur MacTutor}}.</ref>. Un résultat plus surprenant est anonyme. Une note manuscrite, datant du début du {{XVIe siècle}} et écrite dans la traduction de Pacioli des éléments d'Euclide de 1509, montre la connaissance de la relation entre la suite de Fibonacci et le nombre d'or. Si l'on divise un terme de la suite par son précédent, on trouve une approximation du nombre d'or. Plus le terme est élevé, plus l'approximation est bonne et elle peut devenir aussi précise que souhaitée<ref>L. Curchin et R. Herz-Fischler, ''De quand date le premier rapprochement entre la suite de Fibonacci et la division en extrême et moyenne raison?'', Centaurus '''28''' (2), 1985, {{p.|129-138}}.</ref>. Ce résultat est, plus tard, retrouvé par [[Johannes Kepler]] puis par [[Albert Girard]]<ref>Ce résultat est publié deux ans après sa mort dans un livre intitulé ''Les œuvres mathématiques de Simon Stévin, augmentées par Albert Girard'', 1634.</ref>. Kepler est fasciné par le nombre d'or, il dit de lui {{Citation|La géométrie contient deux grands trésors : l’un est le théorème de Pythagore ; l’autre est la division d’une ligne en moyenne et extrême raison. Le premier peut être comparé à une règle d’or ; le second à un joyau précieux<ref>A. Ross, [http://newton.mat.ulaval.ca/amq/bulletins/mai05/Extreme.pdf Extrême et moyenne raison], [[Association mathématique du Québec]].</ref>}}.


=== XIX{{e}} siècle : Naissance d'un mythe ===
=== {{s-|XIX}} : naissance d'un [[mythe]] ===
[[Image:Helianthus whorl.jpg|thumb|left|Aldolf Zeising appuie sa théorie sur des exemples naturels incontestables. Un Tournesol présente une figure où apparaît la [[suite de Fibonacci]], ainsi que la spirale d'or.]]
[[Fichier:Helianthus whorl.jpg|vignette|gauche|Adolf Zeising appuie sa théorie sur des exemples naturels incontestables. Un tournesol présente une figure où apparaît la [[suite de Fibonacci]], ainsi que la spirale d'or.]]


Sur le front des mathématiques, l'intérêt diminue. Au {{XVIIIe siècle}}, le nombre d'or ainsi que les [[polyèdre]]s réguliers sont considérés {{Citation|avec assez de justice, comme une branche inutile de la géométrie<ref>E. Montucla ''Histoire des Mathématiques'' 1758</ref>}}. On lui prête encore un peu d'attention au siècle suivant, Jacques Binet retrouve en [[1843]] un résultat oublié, démontré initialement par [[Leonhard Euler]] en [[1765]]<ref>Cette information provient du site [http://www.cut-the-knot.org/arithmetic/Fibonacci.shtml when de counting gets tough, the tough count on mathematics] de W. A. McWorter Jr</ref>. Si la lettre φ désigne le ''nombre d'or'', le ''n''<sup>ième</sup> terme de la suite de Fibonacci est donné par la formule 1/√5(φ<sup>n</sup> + (1 - φ)<sup>n</sup>). Ce résultat est maintenant connu sous le nom de ''Formule de Binet''. L'essentiel des travaux se reporte sur la suite de Fibonacci. [[Édouard Lucas]] trouve des propriétés subtiles associées à cette suite, auquel il donne pour la première fois le nom de Fibonacci<ref>[http://members.aol.com/jeff570/f.html earliest known uses of some of the words of mathematics]</ref>. Son résultat le plus important porte le nom de ''Loi d'apparition des nombres premiers au sein de la suite Fibonacci''<ref>[[Édouard Lucas]] ''Sur la recherche des grands nombre premiers'' AFAS Congrès 1876 5 p 61-68</ref>.<ref>Une analyse détaillée du travail d'[[Édouard Lucas]] est disponible sur [http://www.univ-lille1.fr/bustl-grisemine/pdf/extheses/50416-1999-Decaillot-Laulagnet.pdf Thèse de A. M. Decaillot-Laulagnet]</ref>
Sur le front des mathématiques, l'intérêt diminue. Au {{XVIIIe siècle}}, le nombre d'or ainsi que les [[Polyèdre régulier|polyèdres réguliers]] sont considérés {{Citation|avec assez de justice, comme une branche inutile de la géométrie<ref>[[Jean-Étienne Montucla]], ''Histoire des Mathématiques'', 1758.</ref>}}. Concernant le nombre d'or, on lui prête encore un peu d'attention au siècle suivant : Jacques Binet démontre en 1843 la [[Suite de Fibonacci#Expression fonctionnelle|formule]], peut-être connue avant lui, mais qui porte maintenant son nom : si la lettre φ désigne le ''nombre d'or'', le ''n''-ième terme de la suite de Fibonacci est donné par : {{math|(φ<sup>''n''</sup> (1 φ)<sup>''n''</sup>)/{{racine|5}}}}. L'essentiel des travaux se reporte sur la suite de Fibonacci. [[Édouard Lucas]] trouve des propriétés subtiles associées à cette suite, à laquelle il donne pour la première fois le nom de « suite de Fibonacci »<ref>{{en}} ''[http://jeff560.tripod.com/f.html Earliest known uses of some of the words of mathematics]'', site de Jeff Miller.</ref>. Son résultat le plus important porte le nom de ''Loi d'apparition des nombres premiers au sein de la suite Fibonacci''<ref>[[Édouard Lucas]], ''Sur la recherche des grands nombres premiers'', [[Association française pour l'avancement des sciences|AFAS]], Congrès 1876, '''5''', {{p.|61-68}}.</ref>{{,}}<ref>Une analyse détaillée du travail d'É. Lucas est disponible dans la [http://tony.reix.free.fr/EdouardLucas/LUCAS_BOOK_THESE.PDF thèse d'A.-M. Decaillot-Laulagnet].</ref>.


[[Image:Parthenon from West with deep blue sky.jpg|thumb|D'autres sont plus polémiques. Pour retrouver le nombre d'or dans le [[Parthénon]], il est nécessaire d'user de conventions spécifiques.]]
[[Fichier:Filopappos hill - Acropolis view - still beautiful with the cranes on - panoramio.jpg|vignette|D'autres sont plus polémiques. Pour retrouver le nombre d'or dans le [[Parthénon]], il est nécessaire d'user de conventions spécifiques.]]
C'est durant ce siècle que les termes de ''section dorée'', puis ''nombre d'or'' apparaîssent. On la trouve dans une réédition d'un livre de mathématiques élémentaires écrit par Martin Ohm. L'expression est citée dans une note de bas de page :{{Citation|Certains ont l'habitude d'appeler la division en deux telles parties une section d'or.<ref>[http://www-groups.dcs.st-and.ac.uk/~history/HistTopics/Golden_ratio.html Site de l'Université de St Andrew] par J. J. O'Connor et E. F. Robertson</ref>}} Cette réédition fait surface dans une période située entre 1826 et 1835, en revanche son origine est un mystère.
C'est durant ce siècle que les termes de « section dorée », puis « nombre d'or » apparaissent. On les trouve dans une réédition d'un livre de mathématiques élémentaires écrit par [[Martin Ohm]]. L'expression est citée dans une note de bas de page : {{Citation|Certains ont l'habitude d'appeler la division en deux telles parties une ''section d'or''<ref name=infoMacTutor/>.}} Cette réédition fait surface dans une période située entre 1826 et 1835, en revanche son origine est un mystère.


L'intérêt resurgit au milieu du siècle, avec les travaux du philosophe allemand Adolf Zeising. Le nombre d'or devient avec lui, un véritable système, une clé pour la compréhension de nombreux domaines, tant artistiques comme l'architecture, la peinture la musique, que scientifiques avec la biologie et l'anatomie<ref>Voir par exemple l'introduction de : Adolf Zeising ''Neue Lehre von den Proportionen des menschlichen Körpers'' Weigel 1854</ref>. Une dizaine d'années plus tard, il publie un article<ref>Adolf Zeising ''Das Pentagramm'' Weigel, 1865</ref> sur le [[pentagramme]] {{Citation|manifestation la plus évidente et la plus exemplaire de cette proportion}}. Une relecture de la métaphysique pythagoricienne lui permet de conclure à l'existence d'une loi universelle fondée sur le pentagramme et donc, le nombre d'or. Malgré une approche scientifique douteuse<ref>Un exemple est donnée par la pyramide de Khéops. Cette idée provient à l'origine d'un livre de John Taylor ''Why was it built and who built it?'' Longman, Green, Longman, and Roberts 1859. Elle se fonde sur une citation de Hérodote : {{Citation|Le carré construit sur la hauteur verticale égalait exactement la surface de chacune des faces triangulaires}}. La citation est inexacte, en revanche, Hérodote parle bien de la pyramide de Khéops mais propose des dimensions relativement fantaisistes, 238 mètres de large et autant de haut (cf édition de la pléade, Enquète II (123)).</ref> <ref>Un autre exemple est celui de l'[[homme de Vitruve]] de [[Léonard de Vinci]], le texte écrit par le dessinateur en dessous décrit de manière très proche le module de Vitruve : {{Citation|Dans son ouvrage sur l'architecture, l'architecte Vitruve déclare que les dimensions données à l'homme par la nature s'agencent de la façon suivante : quatre doigts font une paume et quatre paumes font un pied, six paumes font une coudée, quatre coudées font une hauteur d'homme. Et quatre coudées font une enjambée et vingt-quatre paumes font une hauteur d'homme ; il usa de ces mesures dans ses constructions. Si tu écartes les jambes jusqu'à réduire ta taille d'un quatorzième et si tu ouvres les bras jusqu'à toucher le sommet de ta tête avec tes majeures sache que ton nombril sera le centre du cercle formé par tes membres étendus et l'espace entre tes jambes formera un triangle équilatéral.
L'intérêt resurgit au milieu du siècle avec les travaux du philosophe allemand [[Adolf Zeising]]. Avec lui, le nombre d'or devient un véritable système, une clé pour la compréhension de nombreux domaines, tant artistiques comme l'architecture, la peinture, la musique, que scientifiques avec la biologie et l'anatomie<ref>Voir par exemple l'introduction de : {{Ouvrage|langue=de|prénom1=Adolf|nom1=Zeising|lien auteur1=Adolf Zeising|titre=Neue Lehre von den Proportionen des menschlichen Körpers|éditeur=Weigel|année=1854|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=k8g6AAAAcAAJ&printsec=frontcover}}.</ref>. Une dizaine d'années plus tard, il publie un article<ref>{{de}} A. Zeising, ''Das Pentagramm'', Weigel, 1865.</ref> sur le [[pentagramme]], {{Citation|manifestation la plus évidente et la plus exemplaire de cette proportion}}. Une relecture de la métaphysique pythagoricienne lui permet de conclure à l'existence d'une loi universelle fondée sur le pentagramme, et donc, sur le nombre d'or. Malgré une approche scientifique douteuse<ref name="Kheops">Un exemple est donné par la pyramide de Khéops. Cette idée provient à l'origine de : {{Ouvrage|langue=en|nom1=[[John Taylor (éditeur anglais)|John Taylor]]|titre=The great pyramid; why was it built|sous-titre=& who built it?|éditeur=Longman, Green, Longman and Roberts|année=1859|id=Taylor 1859}}. Elle se fonde sur une prétendue citation de [[Hérodote]] : {{Citation|Le carré construit sur la hauteur verticale égalait exactement la surface de chacune des faces triangulaires}}. La citation est inexacte ; en effet, Hérodote parle bien de la pyramide de Khéops mais propose des dimensions relativement fantaisistes, {{unité|238|mètres}} de large et autant de haut (Hérodote, ''Histoire'' - [http://www.mediterranees.net/geographie/herodote/euterpe.html Euterpe - Livre {{pc|ii}}], {{pc|cxxiv}}, {{Citation|chacune de ses faces a huit [[Plethron|plèthres]] de largeur sur autant de hauteur}}).</ref>{{,}}<ref group="alpha">Un autre exemple est celui de l'[[homme de Vitruve]] de [[Léonard de Vinci]], le texte écrit par le dessinateur en dessous décrit de manière très proche le module de Vitruve : {{Citation|Dans son ouvrage sur l'architecture, l'architecte Vitruve déclare que les dimensions données à l'homme par la nature s'agencent de la façon suivante : quatre doigts font une paume et quatre paumes font un pied, six paumes font une coudée, quatre coudées font une hauteur d'homme. Et quatre coudées font une enjambée et vingt-quatre paumes font une hauteur d'homme ; il usa de ces mesures dans ses constructions. Si tu écartes les jambes jusqu'à réduire ta taille d'un quatorzième et si tu ouvres les bras jusqu'à toucher le sommet de ta tête avec tes majeurs, sache que ton nombril sera le centre du cercle formé par tes membres étendus, et que l'espace entre tes jambes formera un triangle équilatéral.


La taille d'un homme est égale à l'espace compris entre ses deux bras étendus.
La taille d'un homme est égale à l'espace compris entre ses deux bras étendus.


De la naissance des cheveux au bas du menton, il y a un dixième d'une hauteur d'homme ; du bas du menton au sommet de la tête, il y a un huitième de sa hauteur ; du haut de la poitrine au sommet de la tête, il y a un sixième. Du haut de la poitrine à la naissance des cheveux, il y a un septième de hauteur d'homme. Des mamelons au sommet de la tête, il y a un quart. La plus large mesure d'une épaule à l'autre représente un quart de la taille de l'homme. Du coude à la pointe du majeur, il y a un cinquième ; et du coude à l'angle de l'épaule, il y a un huitième d'une hauteur d'homme. La main tout entière constitue un dixième ; la naissance de la verge est le milieu du corps. Le pied est la septième partie de l'homme. De la plante du pied au point juste en dessous du genou, il y a un quart d'une hauteur d'homme. De ce point à la naissance de la verge, il y a un quart. La distance entre le début du menton et le nez et entre la naissance des cheveux et les sourcils est la même et, comme l'oreille, représente un tiers de la face.}}[http://www.lalyreduquebec.com/Da_Vinci_humain/figure_humaine.htm Lire]</ref>, la théorie de Zeising obtient un franc succès.
De la naissance des cheveux au bas du menton, il y a un dixième d'une hauteur d'homme ; du bas du menton au sommet de la tête, il y a un huitième de sa hauteur ; du haut de la poitrine au sommet de la tête, il y a un sixième. Du haut de la poitrine à la naissance des cheveux, il y a un septième de hauteur d'homme. Des mamelons au sommet de la tête, il y a un quart. La plus large mesure d'une épaule à l'autre représente un quart de la taille de l'homme. Du coude à la pointe du majeur, il y a un cinquième ; et du coude à l'angle de l'épaule, il y a un huitième d'une hauteur d'homme. La main tout entière constitue un dixième ; la naissance de la verge est le milieu du corps. Le pied est la septième partie de l'homme. De la plante du pied au point juste en dessous du genou, il y a un quart d'une hauteur d'homme. De ce point à la naissance de la verge, il y a un quart. La distance entre le début du menton et le nez et entre la naissance des cheveux et les sourcils est la même et, comme l'oreille, représente un tiers de la face.}}, [http://www.lalyreduquebec.com/articles.php?lng=fr&pg=52 lire].</ref>, la théorie de Zeising obtient un franc succès.


La France n'est pas en reste, pouvoir codifier de manière scientifique la beauté est une idée qui séduit. Les dimensions du Louvre, de L'Arc de triomphe sont mesurées avec attention, des délégations sont chargées de mesurer précisément la taille des pyramides égyptiennes ainsi que du Parthénon. Les cathédrales ne sont pas en reste. La France trouve son champion en Charles Henry, un peintre qui s'inscrit dans l'esprit positiviste de son temps. Dans un texte fondateur<ref name="Charles Henry">Charles Henry ''l'introduction à une esthétique scientifique'' 1885</ref>, à l'origine du mouvement [[pointillisme|pointilliste]], il associe au nombre d'or, une théorie de la couleur et des lignes. Son influence auprès de peintres comme [[Seurat]] ou [[Pissaro]] n'est pas négligeable. Son attachement au nombre d'or n'est pas aussi profond que son collègue allemand. Il finit, en [[1895]], par abandonner définitivement l'idée de quantifier le beau.<ref>Une large partie de ce paragraphe tire ses idées et les faits notoires de l'article [http://ic.epfl.ch/webdav/site/ic/shared/article_drapel_.jaquier.pdf Le nombre d'or : réalité ou interprétations douteuses] de C. Jaquier et K. Drapel</ref>
En France, pouvoir codifier de manière scientifique la beauté est une idée qui séduit. Les dimensions du [[Palais du Louvre|Louvre]], de l'[[Arc de triomphe de l'Étoile|Arc de triomphe]] sont mesurées avec attention. Des délégations sont chargées de mesurer précisément la taille des [[pyramides d'Égypte]] ainsi que du [[Parthénon]]. Les cathédrales ne sont pas en reste. La France trouve son champion en [[Charles Henry]], un érudit qui s'inscrit dans l'esprit positiviste de son temps. Dans un texte fondateur<ref name="Charles Henry">Charles Henry, « Introduction à une esthétique scientifique », ''La Revue contemporaine'', {{numéro|25}}, 1885.</ref>, à l'origine du mouvement [[pointillisme|pointilliste]], il associe au nombre d'or, une théorie de la couleur et des lignes. Son influence auprès de peintres comme [[Georges Seurat|Seurat]] ou [[Camille Pissarro|Pissarro]] n'est pas négligeable, mais son attachement au nombre d'or n'est pas aussi profond que chez son collègue allemand : en [[1895]], il finit par abandonner définitivement l'idée de quantifier le beau<ref>Une large partie de ce paragraphe tire ses idées et les faits notoires du {{harvsp|JaquierDrapel|texte=lien externe Jaquier et Drapel}}.</ref>.


=== XX{{e}} siècle : Le paroxysme ===
=== {{s-|XX}} : le paroxysme ===
[[Image:NautilusCutawayLogarithmicSpiral.jpg|thumb|left|Toute spirale n'est pas d'or. Celle du [[nautile]] n'a rien à voir avec la ''divine proportion''<ref>En règle générale, la spirale logarithmique d'une coquille de mollusque est bien loin de celle de la proportion d'or, pour un nautile la proportion se situe autour de 1,3 : [http://hypo.ge.ch/www/math/html/node66.html La coquille des mollusques]</ref>.]]
[[Fichier:NautilusCutawayLogarithmicSpiral.jpg|vignette|Toute spirale n'est pas d'or. Celle du [[nautilus (mollusque)|nautile]] n'a rien à voir avec la divine proportion<ref group="alpha">En règle générale, la spirale logarithmique d'une coquille de mollusque est bien loin de celle de la proportion d'or. Pour un nautile, la proportion se situe autour de 1,3 : {{Ouvrage|titre=La coquille des mollusques|lire en ligne=http://archive.wikiwix.com/cache/?url=http://hypo.ge.ch/www/math/html/node66.html&title=La%20coquille%20des%20mollusques|id=CoquilleMollusques}}.</ref>.]]
Loin de s'éteindre avec le déclin du positivisme, la popularité du nombre d'or ne fait que croître durant la première partie du siècle. Le prince roumain Matila Ghyka en devient l'incontestable chantre. Il reprend les thèses du siècle précédent et les généralise. Tout comme Zeising, il s'appuie tout d'abord sur les exemples issus de la nature, comme les coquillages ou les plantes. Il applique cette universalité à l'architecture avec des règles plus souples que son prédécesseur. Le succès de cette théorie finit par influencer les notations. Le nombre d'or est souvent noté φ, en référence à l'architecte Phidias, concepteur du parthénon<ref>[http://www.diffusion.ens.fr/archeo/rech/folder.2006-11-21.2131063934/nombredor/view?searchterm=hellmann Archéologie en chantier] par M. Cariou et A. Jatteau</ref>.
Loin de s'éteindre avec le déclin du positivisme, la popularité du nombre d'or ne fait que croître durant la première partie du siècle. Le prince roumain [[Matila Ghyka]] en devient l'incontestable chantre. Il reprend les thèses du siècle précédent et les généralise. Tout comme Zeising, il s'appuie tout d'abord sur les exemples issus de la nature, comme les coquillages ou les plantes. Il applique cette universalité à l'architecture avec des règles plus souples que son prédécesseur. Cette théorie avait déjà influé sur les notations, le nombre d'or étant noté φ en référence au sculpteur Phidias, concepteur du Parthénon<ref>Comme indiqué dans le {{harvsp|CariouJatteau|texte=lien externe Cariou et Jatteau}}, qui rend compte, de même que notre [[#Archéologie|paragraphe ''Archéologie'']], de la controverse sur l'utilisation du nombre d'or dans l'architecture antique. La page {{en}} ''[http://jeff560.tripod.com/constants.html Earliest Uses of Symbols for Constants]'' de Jeff Miller fournit par ailleurs quelques pistes sur l'histoire des diverses notations de ce nombre.</ref>.


La dimension mystique n'est pas absente chez Ghyka<ref>C. M. César ''Matila Ghyka : La mesure mathématique dans l'art'' Filosofia oggi 1996 Vol 19 1-2 pp 69-72</ref> et trouve ses origines dans la [[École pythagoricienne|philosophie phytagoricienne]]. L'absence de trace écrite sur le nombre d'or chez les pythagoriciens s'expliquerait par le culte du secret. Cette idée est largement reprise et généralisée<ref>Dominique Coquelle ''Les volumes d'or'' Trajectoire 2002 {{ISBN|2841972178}}, le livre commence par {{Citation|Depuis le début de son histoire, la race humaine a traversé des périodes fabuleuses, dignes d'une légende ou d'un conte ...}}</ref> par les mouvements de pensées ésotériques au {{XXe siècle}}. Le nombre d'or serait une trace d'un savoir perdu, nommé Tradition Primordiale ou Connaissance Occulte chez les [[Rose-Croix]] ou des mouvements connexes<ref>On trouve une présentation de cette nature sur le site [http://rosamystica.oldiblog.com/?page=articles&rub=420229 Les templiers et le nombre d'or]</ref>. On le retrouve chez les passionnés de l'[[Atlantide]], qui voient dans la [[pyramide de Khéops]] ou le temple d'Andros la preuve d'un savoir mathématique oublié<ref>Pour R. Cedric Leonard l'existence d'une proportion proche de celle du nombre d'or dans ce temple permet de déduire que : {{Citation|Ceci est clairement un édifice d'importance construit par une civilisation aux mathématiques sophistiquées}} [http://www.atlantisquest.com/Bahama.html The Bahama Island Underwater Ruins]. Comme indiqué dans le sous-titre du site, cette hypothèse sur la signification de cet amas de pierres est, selon son auteur : {{Citation|ignorée par le courant archéologique principal}}</ref>. Ce mouvement de pensée reprend des idées développées en Allemagne au {{XIXe siècle}} par Franz Liharzik, pour qui la présence du nombre d'or, de [[pi|π]] et de [[carré magique|carrés magiques]] est la preuve ''incontestable''<ref>F. P. Liharzik ''Das Quadrat'' Wien 1865</ref> d'un groupe restreint d'initiés possédant la science mathématique absolue<ref>Cette information provient du site [http://ic.epfl.ch/webdav/site/ic/shared/article_drapel_.jaquier.pdf Nombre d'or : réalité ou interprétations douteuses] C. Jaquier K Drapel p 6</ref>.
La dimension mystique n'est pas absente chez Ghyka<ref>Constança Marcondes Cesar, ''Matila Ghyka : La mesure mathématique dans l'art'', Filosofia oggi, 1996, {{vol.|19}}, {{numéro|1-2}}, {{p.|69-72}}.</ref> et trouve ses origines dans la [[École pythagoricienne|philosophie pythagoricienne]]. L'absence de trace écrite sur le nombre d'or chez les pythagoriciens s'expliquerait par le culte du secret. Cette idée est largement reprise et généralisée<ref>Dominique Coquelle, ''Les volumes d'or'', Trajectoire, 2002 {{ISBN|978-2-84197217-3}} : le livre commence par {{Citation|Depuis le début de son histoire, la race humaine a traversé des périodes fabuleuses, dignes d'une légende ou d'un conte…}}.</ref> par les mouvements de pensées ésotériques au {{XXe siècle}}. Le nombre d'or serait une trace d'un savoir perdu, nommé Tradition Primordiale ou Connaissance Occulte chez les [[Rose-Croix]] ou des mouvements connexes. Ce mouvement de pensée reprend des idées développées en Allemagne au {{XIXe siècle}} par Franz Liharzik (1813 - 1866), pour qui la présence du nombre d'or, de [[pi|π]] et de [[Carré magique (mathématiques)|carrés magiques]] est la preuve « incontestable »<ref>{{Ouvrage|langue=de|prénom1=Franz|nom1=Liharzik|titre=Das Quadrat, die Grundlage aller Proportionalität in der Natur|lieu=Vienne|année=1865|présentation en ligne=http://www.peter-gerlach.eu/propindex.php?cont=1865_0.html}}.</ref> d'un groupe restreint d'initiés possédant la science mathématique absolue<ref>{{harvsp|JaquierDrapel|texte=lien externe Jaquier et Drapel|p=6}}.</ref>.


En [[1929]], une époque troublée par des idées d'un autre âge, Ghyka n'hésite pas tirer comme conclusion de son étude sur le nombre d'or, la suprématie de ce qu'il considère comme sa race : {{Citation|le point de vue géométrique a caractérisé le développement mental (...) de toute la civilisation occidentale (...) ce sont la géométrie grecque et le sens géométrique (... ) qui donnèrent à la race blanche sa suprématie technique et politique<ref>Ce point de vue de Matila Ghyka est unanimement condamné par la communauté scientifique, voir à ce sujet : Marguerite Neveux , H.E. Huntley ''Le nombre d'or'' Le Seuil 1995 {{ISBN|2020259168}} ou encore le site [http://membres.lycos.fr/morvillier/hist.htm Historique du nombre d'or] par L. Morvillier J. Rey et G. Rigault</ref>.}} Si le prince n'insiste que très médiocrement sur cet aspect du nombre d'or, d'autres n'ont pas ses scrupules. Ils usent de l'adéquation de la morphologie d'une population avec les différentes ''proportions divines'' pour en déduire une supériorité qualifiée de ''raciale''. Ce critère permet de fustiger certaines populations, sans d'ailleurs la moindre analyse<ref>On trouve par exemple : {{Citation|s’il existe une race dont le nombril est trop bas pour la grande majorité des individus, cette race n’a pas encore atteint sa maturité}} D. Neroman ''Le nombre d'Or, clé du monde vivant'' Dervy {{ISBN|2844540899}}</ref>. Le nombre d'or est, encore maintenant, sujet à de prétendues preuves de supériorité culturelle, sociale ou ethnique<ref>Dans une étude sur le cerveau, le nombre d'or est prétexte à condamner une minorité : {{Citation|au contact d’immigrés attirés par une vie plus facile [… qui] rêvent de nous soumettre à leur culture, sinon de réduire et d’altérer la nôtre}}L. Israël ''Cerveau droit, cerveau gauche, cultures et civilisations'' Plon 1995 {{ISBN|2259028012}}. Tout un chapitre cherche à démontrer un accord entre le cerveau et le nombre d'or.</ref>.
En [[1929]], une époque troublée par des idées d'un autre âge, Ghyka n'hésite pas à tirer comme conclusion de son étude sur le nombre d'or, la suprématie de ce qu'il considère comme sa race : {{Citation|le point de vue géométrique a caractérisé le développement mental […] de toute la civilisation occidentale […] ce sont la géométrie grecque et le sens géométrique […] qui donnèrent à la race blanche sa suprématie technique et politique<ref>Ce point de vue de Matila Ghyka est unanimement condamné par la communauté scientifique, voir à ce sujet
*{{Ouvrage|nom1=Marguerite Neveux et H. E. Huntley|titre=Nombre d'or|sous-titre=radiographie d'un mythe|éditeur=[[Éditions du Seuil|Seuil]]|collection=Points|série=Sciences|numéro dans collection=108|année=1995|pages totales=328|isbn=978-2-02-025916-3|id=Neveux et Huntley}}{{Commentaire biblio|Ce livre est la référence sur l'analyse critique de l'usage du nombre d'or dans les différents domaines artistiques.}}
*ou encore la page [http://archive.wikiwix.com/cache/?url=http://membres.lycos.fr/morvillier/hist.htm&title=Historique Historique] du site<!--exaspérant--> sur le nombre d'or réalisé par L. Morvillier, J. Rey et G. Rigault.</ref>.}} Si le prince n'insiste que très médiocrement sur cet aspect du nombre d'or, d'autres n'ont pas ses scrupules. Ils usent de l'adéquation de la morphologie d'une population avec les différentes ''proportions divines'' pour en déduire une supériorité qualifiée de ''raciale''. Ce critère permet de fustiger certaines populations, sans d'ailleurs la moindre analyse<ref>[[Dom Neroman]] écrit par exemple, dans ''Le nombre d'Or, clé du monde vivant'' (écrit en 1945) : {{Citation|s’il existe une race dont le nombril est trop bas pour la grande majorité des individus, cette race n’a pas encore atteint sa maturité}} – cf. {{Article|prénom=Jean-Paul|nom=Krivine|url=http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article796|titre=Le mythe du nombre d’or|revue=Science… et pseudo-sciences|numéro=278|mois=août|année=2007|éditeur=[[Association française pour l'information scientifique|AFIS]]|commentaire=Un article très critique sur le mythe du nombre d'or, bien documenté et amusant.}}.</ref>. Le nombre d'or est, encore maintenant, sujet à de prétendues preuves de supériorité culturelle, sociale ou ethnique<ref>Dans une étude sur le cerveau, le nombre d'or est prétexte à condamner une minorité : {{Citation|au contact d’immigrés attirés par une vie plus facile [… qui] rêvent de nous soumettre à leur culture, sinon de réduire et d’altérer la nôtre}} : [[Lucien Israël (psychanalyste)|L. Israël]], ''Cerveau droit, cerveau gauche, cultures et civilisations'', Plon, 1995 {{ISBN|978-2-25902801-1}}. Tout un chapitre cherche à démontrer un accord entre le cerveau et le nombre d'or.</ref>.


Sans cautionner ces idées extrêmes, certains intellectuels ou artistes éprouvent une authentique fascination pour le nombre d'or ou son mythe. Le [[compositeur]] [[Iannis Xenakis]] utilise ses propriétés mathématiques pour certaines compositions<ref name="Xenakis">[[Makis Solomos]], [http://www.iannis-xenakis.org/fxe/actus/solom2.pdf Les ''Anastenaria'' de Xenakis. Continuité et discontinuité historique], [[Université Montpellier III]], [[Institut universitaire de France|IUF]], 2003.</ref>. L'[[architecte]] [[Le Corbusier]] reprend l'idée consistant à établir les dimensions d'un bâtiment en fonction de la morphologie humaine et utilise pour cela le nombre d'or. Le poète et intellectuel [[Paul Valéry]] s'est beaucoup intéressé au nombre d'or, qu'il évoque dans ses cahiers et dans plusieurs poèmes, dont son ''Cantique des colonnes'' (1922)<ref>{{Ouvrage|auteur1=Suzanne Larnaudie|titre=Paul Valéry et la Grèce|éditeur=[[Librairie Droz|Droz]]|année=1992|passage=229-231}}. Rappelons qu'une lettre de Valéry à Matyla Ghyka sert en 1931 de préface au livre de ce dernier, ''Le nombre d'or''.</ref> :
{{Citation bloc|Filles des nombres d'or,<br>Fortes des lois du ciel,<br>Sur nous tombe et s'endort<br>Un dieu couleur de miel<ref>''Charmes'', [[s:Cantique des colonnes|Cantique des colonnes]], 1922.</ref>.}}


Le peintre [[Salvador Dalí]] fait référence au nombre d'or et à sa mythologie dans sa peinture, par exemple dans un tableau dénommé [[La Dernière Cène (Salvador Dalí)|Le Sacrement de la dernière Cène]].
Sans cautionner ces idées extrêmes, certains intellectuels ou artistes éprouvent une authentique fascination pour le nombre d'or ou son mythe. Le [[compositeur]] [[Iannis Xenakis]] utilise ses propriétés mathématiques pour certaines compositions<ref name="Xenakis">Makis Solomos [http://www.iannis-xenakis.org/fxe/actus/solom2.pdf Les Anastenaria de Xenakis. Continuité et discontinuité historique] Université Montpellier 3, Institut Universitaire de France 2003</ref>. L'[[architecte]] [[Le Corbusier]] reprend l'idée consistant à établir les dimensions d'un bâtiment en fonction de la morphologie humaine et utilise pour cela le nombre d'or. [[Paul Valéry]] un poète et intellectuel écrit à ce sujet des vers dans son ''Cantique des colonnes'' :
<center>{{Citation|Filles des nombres d'or<br/> Fortes des lois du ciel<br/>Sur nous tombe et s'endort<br/>Un dieu couleur de miel.}}
</center>
Le peintre [[Salvador Dali]] fait référence au nombre d'or et sa mythologie dans sa peinture, par exemple dans un tableau dénommé ''Le Sacrement de la dernière Cène''.


Sur le plan mathématique, le nombre d'or suit une trajectoire inverse, son aura ne fait que diminuer et il quitte le domaine de la recherche pure. Il existe néanmoins une exception, une revue sur la suite de Fibonacci<ref>Cette revue porte le nom de ''Fibonacci quarterly'' [http://www.engineering.sdstate.edu/~fib/ Publication officielle de l'association Fibonacci]</ref>, dont l'objet est plus ludique qu'associé à la recherche. En revanche, le nombre d'or apparaît comme la clé de quelques sujets scientifiques. La question de [[phyllotaxie]], se rapportant à la [[spirale logarithmique|spirale]] que l'on trouve dans certains végétaux comme les écailles de la pomme de pin est-elle vraiment liée à la proportion d'Euclide? Cette question fait couler beaucoup d'encre dès le siècle précédent. Wilhelm Friedrich Benedict Hofmeister suppose que cette spirale est la conséquence d'une [[Règle de Hofmeister|règle]] simple<ref>W. F. B. Hofmeister ''Handbuch der Physiologischen Botanik'' W. Engelmann, Leipzig 1868</ref>. Pour le botaniste allemand Julius Sachs, ce n'est qu'un orgueilleux jeu mathématique, purement subjectif<ref>Julius Sachs ''Vorlesungen uber Pflanzenphysiologie'' 1882</ref>. En 1952, un scientifique, père fondateur de l'[[informatique]], [[Alan Turing]] propose un mécanisme qui donnerait raison à Hofmeister. Deux physiciens, Douady et Couder, finissent par trouver l'expérience qui permet de conclure cette longue histoire<ref>S. Douady, Y. Couder ''Phyllotaxis as a Dynamical Self Organizing Process'' (Part I, II, III), J. Theor. Biol. 139, pp 178 312 1996</ref>. Hofmeister et Turing avaient raison, la présence du nombre d'or dans le monde végétal n'est ni fortuite ni subjective.
Sur le plan mathématique, le nombre d'or suit une trajectoire inverse, son aura ne fait que diminuer et il quitte le domaine de la recherche pure. Il existe néanmoins une exception, la [[Revue scientifique|revue]] ''[[Fibonacci Quarterly]]''<ref>{{en}} ''[http://www.fq.math.ca/ Purpose and Editorial Policy of the Fibonacci Quarterly]''.</ref> sur la suite de Fibonacci. En revanche, le nombre d'or apparaît comme la clé de quelques sujets scientifiques. La question de [[phyllotaxie]], se rapportant à la [[spirale logarithmique|spirale]] que l'on trouve dans certains végétaux comme les écailles de la pomme de pin est-elle vraiment liée à la proportion d'Euclide ? Cette question fait couler beaucoup d'encre dès le siècle précédent. [[Wilhelm Hofmeister]] suppose que cette spirale est la conséquence d'une [[Règle de Hofmeister|règle]] simple<ref>{{de}} W. Hofmeister, ''Handbuch der Physiologischen Botanik'', W. Engelmann, Leipzig, 1868.</ref>. Pour le [[botaniste]] allemand [[Julius von Sachs]], ce n'est qu'un orgueilleux jeu mathématique, purement subjectif<ref>{{de}} J. Sachs, ''Vorlesungen über Pflanzen-Physiologie'', 1882.</ref>. En 1952, un scientifique, père fondateur de l'[[informatique]], [[Alan Turing]] propose un mécanisme qui donnerait raison à Hofmeister<ref>P. De Kepper, ''[http://cerimes.cines.fr/3517/load/documents/utls/download/pdf/240800.pdf Morphogenèse chimique : les réactions créatrices des rythmes et de formes]'', {{237e}}conférence de l’[[Université de tous les savoirs]] donnée le {{date-|24 août 2000}}.</ref>. Deux physiciens français, [[Stéphane Douady]] et [[Yves Couder]], finissent par trouver l'expérience confirmant Hofmeister et Turing<ref>{{Article|id=Douady et Couder (1996)|lang=en|nom=S. Douady et Y. Couder|titre=Phyllotaxis as a Dynamical Self Organizing Process (Part I, II, III)|périodique=J. Theor. Biol.|volume=139|numéro=3|pages=255-312|année=1996|lire en ligne=http://www.math.ntnu.no/~jarlet/Douady96.pdf}}.</ref>. La présence du nombre d'or dans le monde végétal ne semble ni fortuite ni subjective<ref>S. Boissière, ''[http://www-math.sp2mi.univ-poitiers.fr/~sboissie/Recherche/Phyllotaxie.pdf Dynamique de la Phyllotaxie]'', Laboratoire de mathématiques Jean Leray, [[université de Nantes]].</ref>.


== Nature ==
== Nature ==
=== Omniprésence ===
=== Présence ===
[[Image:Whirpool Galaxy.jpg|thumb|upright=0.8|L'absence de nombre d'or dans la [[spirale logarithmique]] décrivant la forme d'une [[galaxie]] rend l'astronome sceptique sur l'usage de cette proportion dans ce contexte.]]
[[Fichier:Whirpool Galaxy.jpg|thumb|upright=0.8|L'absence de nombre d'or dans la [[spirale logarithmique]] décrivant la forme d'une [[galaxie]] rend l'astronome sceptique sur l'usage de cette proportion dans ce contexte.]]
La thèse de l'omniprésence du nombre d'or est souvent reprise<ref name="Robert Chalavoux" >Robert Chalavoux ''Nombre d'or, nature et œuvre humaine'' Chalagam 2001 {{ISBN|2950800173}}</ref>. Si un avis définitif sur ce phénomène est difficile à propos de l'œuvre des hommes, il est plus aisé de comprendre la différence d'opinion que soulève cette question pour les sciences de la nature. Elle provient de l'usage des critères utilisés pour lier ou non le nombre d'or avec un phénomène.
La thèse de l'omniprésence du nombre d'or est souvent reprise<ref name="Robert Chalavoux">Robert Chalavoux, ''Nombre d'or, nature et œuvre humaine'', Chalagam, 2001 {{ISBN|978-2-95080017-6}}{{référence à confirmer|date=juillet 2011}}<!--cf http://www.chalagam.com/ligne-editoriale.asp-->
*</ref>. Si un avis définitif sur ce phénomène est difficile à propos de l'œuvre des hommes, il est plus aisé de comprendre la différence d'opinion que soulève cette question pour les sciences de la nature. Elle provient de l'usage des critères utilisés pour lier ou non le nombre d'or avec un phénomène.


Dans le monde végétal, les écailles des pommes de pins engendrent des spirales particulières, dites [[spirale logarithmique|logarithmiques]]. Ces spirales se construisent à l'aide d'un [[nombre réel]] non nul quelconque. S'il est égal au nombre d'or, les proportions correspondent à la moyenne et extrême proportion d'Euclide et la suite de Fibonacci apparaît. Ce phénomène se produit sur les [[étamine]]s d'une fleur de tournesol. La présence du nombre d'or n'est pas controversé dans ce cas.
Dans le monde végétal, les écailles des pommes de pin engendrent des spirales particulières, dites [[spirale logarithmique|logarithmiques]]. Ces spirales se construisent à l'aide d'un [[nombre réel]] non nul quelconque. Si ce nombre est égal au nombre d'or, les proportions correspondent à la moyenne et extrême proportion d'Euclide et la suite de Fibonacci apparaît. Ce phénomène se produit sur les [[étamine]]s d'une fleur de tournesol. La présence du nombre d'or n'est pas controversée dans ce cas<ref name="Phillotaxie" group="alpha">L'article ayant convaincu la communauté scientifique est celui de {{harvsp|Douady et Couder (1996)}}. Une explication simple est donnée dans le site [http://archive.wikiwix.com/cache/?url=http://den35.club.fr/index.html&title=Physique%20des%20spirales%20v%C3%A9g%C3%A9tales%C2%A0%3A%20la%20Phyllotaxie Physique des spirales végétales : la Phyllotaxie]. Une explication plus technique est donnée dans l'article [[Phyllotaxie]].</ref>.


[[Image:USDA Mineral Quartz Crystal 93c3951.jpg|left|thumb|Une organisation autour d'un schéma pentagonal des atomes d'un cristal de quartz explique l'usage du nombre d'or pour l'étude d'un tel minéral.]]
[[Fichier:Quartz Brésil.jpg|left|thumb|Une organisation autour d'un schéma pentagonal des atomes d'un cristal de quartz explique l'usage du nombre d'or pour l'étude d'un tel minéral.]]
En revanche, le fait qu'une telle spirale puisse aussi se construire avec le nombre d'or est une raison insuffisante pour l'associer à n'importe quelle spirale logarithmique, comme celles que forment la coquille du mollusque le [[Nautilus (mollusque)|nautilus]]<ref name="Robert Chalavoux" />, les yeux sur les plumes d'un paon<ref>[http://jmbreux.ifrance.com/nombre_d_or.html iFrance et le nombre d'or]</ref> ou encore à certaines galaxies<ref>[http://www.lavf.com/guide-bourse/lexique/Nombre_d_or-404.html Nombre d'or] dans La vie financière</ref>. Pour un spécialiste, l'absence de nombre d'or dans une spirale rend le concept caduque. Ni proportion d'or, ni suite de Fibonacci ne sont présents. Le nombre d'or n'offre aucune information sur son sujet d'étude<ref>[http://hypo.ge.ch/www/math/html/node66.html La coquille des mollusques]</ref>{{,}}<ref>[http://www.astrofiles.net/astronomie-les-galaxies-histoire-et-classification-49.html Astrofiles galaxie]</ref>.
En revanche, si ce nombre n'est pas égal au nombre d'or, alors ni proportion d'or, ni suite de Fibonacci ne sont pertinentes dans l'étude de la spirale logarithmique correspondante, comme celles que forment la [[Coquille (mollusque)|coquille du mollusque]] le [[Nautilus (mollusque)|nautilus]]<ref name="Robert Chalavoux" />, les yeux sur les plumes d'un paon<ref>{{Lien web |titre=le nombre d'or |url=http://jmbreux.chez-alice.fr/nombre_d_or.html |site=jmbreux.chez-alice.fr |consulté le=2024-08-02}}</ref> ou encore certaines [[galaxie]]s.


En [[minéralogie]], il existe des [[Cristal|cristaux]] dont les atomes s'organisent selon un schéma pentagonal. Les proportions entre les cotés et les diagonales du pentagone font intervenir le nombre d'or. Il est aussi présent dans des structures dites [[quasi-cristal]]lines. Les atomes dessinent des triangles d'or qui remplissent l'espace sans pour autant présenter de périodicité, on obtient un [[pavage de Penrose]]. Pour la même raison que précédemment, le nombre d'or est présent et l'on retrouve la suite de Fibonacci<ref>Kitaev Levitov ''Al_0.86 Mn_0.14: a six-dimensional crystal'' JETP Lett. 41 p 145 1985</ref>. Le pentagone n'est pas présent dans tous les cristaux. La structure [[cubique à faces centrées]] d'un [[diamant]] ne fait pas intervenir le nombre d'or.
En [[minéralogie]], il existe des [[Cristal|cristaux]] dont les atomes s'organisent selon un schéma pentagonal. Les proportions entre les côtés et les diagonales du pentagone font intervenir le nombre d'or. Il est aussi présent dans des structures dites [[Quasi-cristal|quasi cristallines]]. Les atomes dessinent des triangles d'or qui remplissent l'espace sans pour autant présenter de périodicité, on obtient un [[pavage de Penrose]]. Pour la même raison que précédemment, le nombre d'or est présent et l'on retrouve la suite de Fibonacci{{référence à confirmer|date=mai 2014}}<ref>{{en}} P. A. Kalugin, [[Alexei Kitaev|A. Yu. Kitaev]] et L. S. Levitov, ''[http://www.jetpletters.ac.ru/ps/1442/article_21941.shtml Al<sub>0.86</sub>Mn<sub>0.14</sub>: a six-dimensional crystal]'', JETP Lett. '''41'''(3), 1985, {{p.|145-149}}.</ref>. Le pentagone n'est pas présent dans tous les cristaux. La structure [[cubique à faces centrées]] d'un [[diamant]] ne fait pas intervenir le nombre d'or.


Ainsi, selon l'axe d'analyse, la réponse sur l'omniprésence du nombre d'or est différente. Pour un scientifique, spécialiste dans un domaine, l'usage du nombre d'or est finalement plutôt rare, limité à quelques sujets comme la [[phyllotaxie]] du tournesol ou la [[cristallographie]] du [[Quartz (minéral)|quartz]]. S'il recherche des concepts explicatifs pour mieux comprendre son domaine, la proportion d'Euclide est rarement de ceux là. D'autres<ref name="Robert Chalavoux" /> utilisent l'analogie ainsi que l'esthétique comme critère. La divine proportion est pour eux présente dans les cieux, la vie animale et végétale, les minéraux et finalement dans toute la nature.
Ainsi, selon l'axe d'analyse, la réponse sur l'omniprésence du nombre d'or est différente. Pour un scientifique spécialiste dans un domaine, l'usage du nombre d'or est finalement plutôt rare, limité à quelques sujets comme la [[phyllotaxie]] du tournesol ou la [[cristallographie]] du [[Quartz (minéral)|quartz]]. S'il recherche des concepts explicatifs pour mieux comprendre son domaine, la proportion d'Euclide est rarement de ceux-là. D'autres<ref name="Robert Chalavoux" /> utilisent l'analogie ainsi que l'esthétique comme critère. La divine proportion est pour eux présente dans les cieux, la vie animale et végétale, les minéraux et finalement dans toute la nature.
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=== Phyllotaxie ===
=== Phyllotaxie ===
{{Article détaillé|Phyllotaxie}}
{{Article détaillé|Phyllotaxie}}
[[Image:Phyllotaxie.jpg|thumb|left|Une [[pomme de pin]] illustre par ses écailles un phénomène de [[phyllotaxie]]. On trouve des spirales dont la proportion est proche de celle d'Euclide. Le nombre d'écailles dans une spirale ainsi que le nombre de spirales correspond à deux nombres consécutifs dans la suite de Fibonacci.]]
[[Fichier:Phyllotaxie.jpg|thumb|left|Une [[pomme de pin]] illustre par ses écailles un phénomène de [[phyllotaxie]]. On trouve des spirales dont la proportion est proche de celle d'Euclide. Le nombre d'écailles dans une spirale ainsi que le nombre de spirales correspond à deux nombres consécutifs dans la suite de Fibonacci.]]
[[Image:Archimenes erecta.jpg|thumb|Le mécanisme ne fait pas toujours apparaître le nombre d'or. Pour l'achimenes erecta, on remarque ici trois jeu de trois feuilles. Chaque jeu est pivoté d'un sixième de tour par rapport à la génération précédente. On obtient encore deux jeux de spirales, mais qui n'ont plus rien à voir avec le nombre d'or.]]
[[Fichier:Archimenes erecta.jpg|thumb|Le mécanisme ne fait pas toujours apparaître le nombre d'or. Pour l'''Achimenes erecta'', on remarque ici trois jeux de trois feuilles. Chaque jeu est pivoté d'un sixième de tour par rapport à la génération précédente. On obtient encore deux jeux de spirales, mais qui n'ont plus rien à voir avec le nombre d'or.]]
En [[biologie]], l'ordonnancement des écailles d'une pomme de pin ou de l'écorce d'un ananas induit des [[spirale logarithmique|spirales]] ordonnées par des nombres entiers, souvent associés au nombre d'or. Sur la figure de gauche, on observe 8 spirales, chacune formée de 13 écailles dans un sens et 13 spirales formées de 8 écailles dans l'autre sens. Les proportions de ces spirales ne sont pas très éloignées de celles d'une spirale d'or. Les nombres 8 et 13 sont deux nombres consécutifs de la suite de Fibonacci et leur rapport est proche du nombre d'or. Un phénomène analogue se produit avec les [[étamine]]s des tournesols, cette fois avec les couples d'entiers (21,34), (34,55) et (55, 89). Chacun de ces couples correspond à deux entiers consécutifs de la suite de Fibonacci.
En [[biologie]], l'ordonnancement des écailles d'une pomme de pin ou de l'écorce d'un ananas induit des [[spirale logarithmique|spirales]] ordonnées par des nombres entiers, souvent associés au nombre d'or. Sur la figure de gauche, on observe 8 spirales, chacune formée de 13 écailles dans un sens et 13 spirales formées de 8 écailles dans l'autre sens. Les proportions de ces spirales ne sont pas très éloignées de celles d'une spirale d'or. Les nombres 8 et 13 sont deux nombres consécutifs de la suite de Fibonacci et leur rapport est proche du nombre d'or. Un phénomène analogue se produit avec les [[étamine]]s des tournesols, cette fois avec les couples d'entiers (21,34), (34,55) et (55,89). Chacun de ces couples correspond à deux entiers consécutifs de la suite de Fibonacci.


La phyllotaxie ne suit pas toujours les lois du nombre d'or. À droite, on voit un mécanisme analogue sur des feuilles, les deux spirales sont toujours logarithmiques mais ne suivent plus la proportion d'or. Les nombres de spirales dans un sens et dans l'autre sont égaux.
La phyllotaxie ne suit pas toujours les lois du nombre d'or. À droite, on voit un mécanisme analogue sur des feuilles, les deux spirales sont toujours logarithmiques mais ne suivent plus la proportion d'or. Les nombres de spirales dans un sens et dans l'autre sont égaux.


Ce mécanisme est régi par la règle dite de [[règle de Hofmeister|Hofmeister]] : ''Le primordium apparaît périodiquement dans le plus grand espace disponible.'' Un [[primordium]] correspond à un ''embryon'' de partie de plante : écaille, feuille, d'étamine etc... Ce mécanisme est contrôlé par la production d'une substance inhibitrice, appelée morphogène, émise par les primordia. Ainsi une nouvelle pousse ne peut naître que le plus loin possible des précédentes.
Ce mécanisme est régi par la [[règle de Hofmeister]] : {{citation|Le primordium apparaît périodiquement dans le plus grand espace disponible.}} Un [[primordium]] correspond à un embryon de partie de plante : écaille, feuille, d'étamine, etc. Ce mécanisme est contrôlé par la production d'une substance inhibitrice, appelée morphogène, émise par les primordia. Ainsi une nouvelle pousse ne peut naître que le plus loin possible des précédentes.


Dans le cas de l'achimenes eracta, la tige pousse rapidement par rapport à la feuille, la deuxième feuille naît dans la direction opposée, le rapport entre la croissance de la tige et le temps d'apparition d'un nouveau primordium fait que la troisième position la meilleure est à un angle d'un tiers de tour par rapport à la première feuille et deux tiers par rapport à la deuxième. Finalement on obtient l'apparition de trois feuilles, décalées d'un tiers de tour l'une par rapport à l'autre, puis d'un nouveau jeu de trois feuilles, décalé d'un sixième de tour par rapport au jeu précédent.
Dans le cas de l'''Achimenes erecta'', la tige pousse rapidement par rapport à la feuille, la deuxième feuille naît dans la direction opposée, le rapport entre la croissance de la tige et le temps d'apparition d'un nouveau primordium fait que la troisième position la meilleure est à un angle d'un tiers de tour par rapport à la première feuille et deux tiers par rapport à la deuxième. Finalement on obtient l'apparition de trois feuilles, décalées d'un tiers de tour l'une par rapport à l'autre, puis d'un nouveau jeu de trois feuilles, décalé d'un sixième de tour par rapport au jeu précédent.


La pomme de pin suit la même règle pour le primordium de l'écaille. La croissance de la tige entre deux primordia est beaucoup plus modérée. Le troisième primordium naît en conséquence entre les deux premiers, avec un angle légèrement plus faible du côté du premier primordium, la tige ayant un peu grandi. Douady et Couder ont montré qu'un tel mécanisme produit deux jeux de spirales d'or de direction opposée dont les nombres de spirales par jeu correspondent à deux éléments consécutifs de la suite de Fibonacci. Plus la croissance entre l'apparition de deux primordia est petite, plus élevés sont les deux éléments consécutifs de la suite.<ref>Une explication simple est donnée dans le site [http://den35.club.fr/index.html Physique des spirales végétales : la Phyllotaxie]. Une explication plus technique est donnée dans l'article détaillé. L'article ayant convaincu la communauté scientifique est : S. Douady Y Couder ''Phyllotaxis as a Dynamical Self Organizing Process (Part I, II, III)'' J. Theor. Biol. 139 pp 178-312 1996</ref>
La pomme de pin suit la même règle pour le primordium de l'écaille. La croissance de la tige entre deux primordia est beaucoup plus modérée. Le troisième primordium naît en conséquence entre les deux premiers, avec un angle légèrement plus faible du côté du premier primordium, la tige ayant un peu grandi. Douady et Couder ont montré qu'un tel mécanisme produit deux jeux de spirales d'or de directions opposées dont les nombres de spirales par jeu correspondent à deux éléments consécutifs de la suite de Fibonacci. Plus la croissance entre l'apparition de deux primordia est petite, plus élevés sont les deux éléments consécutifs de la suite<ref group="alpha" name=Phillotaxie />.


=== Corps humain ===
=== Corps humain ===
[[Image:Anatomie par Zeising.jpg|thumb|left|upright=0.6|Le squelette de Zeising ne respecte pas précisément les proportions du corps humain, le crâne est par exemple irréaliste.]]
[[Fichier:Anatomie par Zeising.jpg|thumb|left|upright=0.6|Le squelette de Zeising ne respecte pas précisément les proportions du corps humain, le crâne est par exemple irréaliste.]]
Le corps humain est un enjeu souvent corrélé à celui du nombre d'or. Il comporte différentes facettes. Tout d'abord scientifique, la question mainte fois posée est de savoir si le corps, à l'image de la fleur de tournesol, possède une relation plus ou moins directe avec le nombre d'or. En terme artistique, la ''divine proportion'' est-elle utilisable pour représenter le corps ? Il existe enfin un enjeu esthétique. Si le nombre d'or, comme le pense<ref name="Xenakis" /> le compositeur Xenakis, est relié à notre corps, son usage peut être une technique pour obtenir de l'harmonie.
Le corps humain est un enjeu souvent corrélé à celui du nombre d'or. Il comporte différentes facettes. Tout d'abord scientifique : la question maintes fois posée est de savoir si le corps, à l'image de la fleur de tournesol, possède une relation plus ou moins directe avec le nombre d'or. En termes artistiques, la « divine proportion » est-elle utilisable pour représenter le corps ? Il existe enfin un enjeu esthétique. Si le nombre d'or, comme le pense<ref name="Xenakis" /> le compositeur Xenakis, est relié à notre corps, son usage peut être une technique pour obtenir de l'harmonie.
[[Image:Anatomical and geometrical proportions - Albrecht Dürer.png|thumb|[[Albrecht Dürer]] développe un [[notion de module|module]] dans le même esprit que l'[[homme de Vitruve]] de [[Léonard de Vinci]]. Le sien utilise le nombre d'or. La proportion entre la taille du corps et la hauteur du nombril est celle d'extrême et de moyenne raison]]
[[Fichier:Anatomical and geometrical proportions - Albrecht Dürer.png|thumb|[[Albrecht Dürer]] développe un [[notion de module|module]] dans le même esprit que l'[[homme de Vitruve]] de [[Léonard de Vinci]]. Le sien utilise un système de division par dix<ref>L'essentiel des informations sur l'anatomie du point de vue artistique est détaillé dans {{Chapitre|id=L'anatomie artistique dans ''Imago Mundi''|titre ouvrage=''Imago Mundi''|éditeur=par [[Serge Jodra]]|titre=[http://www.cosmovisions.com/anatomieartistique.htm L'anatomie artistique]}}.</ref>.]]


La première corrélation recherchée est dans les dimensions du corps humain. Elle débouche sur la tentative d'un système de mesure construit à l'aide du seul nombre d'or. Zeising fonde toute une anatomie<ref>Adolf Zeising ''Neue Lehre von den Proportionen des menschlichen Körpers'' Weigel 1854.</ref> sur cette arithmétique. Après un vif effet de mode, cette approche est finalement abandonnée. Ses proportions sont à la fois trop imprécises et ne correspondent que trop mal à l'anatomie du corps humain. Les proportions du crâne, par exemple, ne sont pas réalistes<ref>[http://ic.epfl.ch/webdav/site/ic/shared/article_drapel_.jaquier.pdf Nombre d'or : réalité ou interprétations douteuses] C. Jaquier K Drapel p 18</ref>. D'autres raisons, plus profondes encore, sont la cause de l'abandon d'une démarche de cette nature. L'anatomie médicale n'est pas à la recherche d'une proportion particulière, mais des limites qui, si elles sont dépassées deviennent pathologiques. Elle utilise des fractions simples ainsi que des plages de longueur, mais jamais le nombre d'or<ref>Une description anatomique est disponible sur le site [http://www.cours-anatomie.info/ Cours d'anatomie de la faculté de Médecine de Rouen], on peut aussi consulter le livre K. L. Moore A. F. Dalley ''Anatomie médicale'' Groupe de Boek 2007 {{ISBN|274450114X}}</ref>. Là où certains voient une ''divine proportion'', comme dans le rapport de la longueur de l'avant-bras sur celui de la main, l'anatomiste scientifique calcule le rapport entre la longueur de la main et celle de l'avant bras, il voit 2/3. La différence entre les deux approches, inférieure à 8%, ne lui parait pas justifier une telle complexité, au vue des variations observées entre les individus.
La première corrélation recherchée est dans les dimensions du corps humain. Elle débouche sur la tentative d'un système de mesure construit à l'aide du seul nombre d'or. Zeising fonde toute une anatomie<ref>{{harvsp|Zeising|1854}}.</ref> sur cette arithmétique. Après un vif effet de mode, cette approche est finalement abandonnée. Ses proportions sont trop imprécises, et elles correspondent trop mal à l'anatomie du corps humain. Les proportions du crâne, par exemple, ne sont pas réalistes<ref>{{harvsp|JaquierDrapel|texte=Lien externe Jaquier et Drapel|p=18}}.</ref>. D'autres raisons, plus profondes encore, sont la cause de l'abandon d'une démarche de cette nature. L'[[Anatomie|anatomie médicale]] n'est pas à la recherche d'une proportion particulière, mais des limites qui, si elles sont dépassées, deviennent pathologiques. Elle utilise des fractions simples ainsi que des plages de longueur, mais jamais le nombre d'or. Là où certains voient une ''divine proportion'', comme dans le rapport de la longueur de l'avant-bras sur celui de la main, l'anatomiste scientifique qui calcule le rapport entre la longueur de la main et celle de l'avant-bras voit 2/3. La différence entre les deux approches, inférieure à 8 %, ne lui paraît pas justifier une telle complexité, au vu des variations observées entre les individus. [[Stephen Jay Gould]], un [[Paléontologie|paléontologue]], a montré à quel point les mesures anthropométriques visant à étayer les doctrines de cette époque étaient biaisées par leurs auteurs<ref>S. J. Gould, ''La Mal-Mesure de l'homme'', O. Jacob, 1997 {{ISBN|978-2-7381-0508-0}}.</ref>.


Une autre raison est fournie par S. J. Gould, un [[Paléontologie|paléontologue]]<ref>Cet argument provient du site [http://ic.epfl.ch/webdav/site/ic/shared/article_drapel_.jaquier.pdf Nombre d'or : réalité ou interprétations douteuses] C. Jaquier K Drapel p 19</ref>. Les dimensions d'un être humain sont en constante évolution. En un siècle, le français moyen a gagné 11 centimètres<ref>Les références sont donnés dans l'article [[Stature]]</ref>, et cette croissance n'est pas uniforme. Le jeu des proportions d'un corps humain est essentiellement dynamique, cette aspect rend difficile d'imaginer une proportion unique, clé universelle de l'anatomie humaine. Une approche de cette nature, trop normative et intemporelle, n'a pas beaucoup de sens scientifique en anatomie<ref>S. J. Gould ''La mal-mesure de l'homme'' 1997 {{ISBN|2738105084}}</ref>. Si cet axe de recherche n'est plus d'actualité, cela ne signifie pas l'abandon de la quête du nombre d'or dans le corps humain. Le cerveau est maintenant source d'attention<ref>[http://cerveaudroit.ouvaton.org/article.php3?id_article=21 L'esthétique et le nombre d'or]</ref>. Cette théorie reste minoritaire et controversée.
Une autre raison<ref>Cet argument provient du {{harvsp|JaquierDrapel|texte=lien externe Jaquier et Drapel|p=19}}.</ref> est que les dimensions d'un être humain sont en constante évolution. En un siècle, la [[stature]] du Français moyen a augmenté de 9 centimètres, et cette croissance n'est pas uniforme. Le jeu des proportions d'un corps humain étant essentiellement dynamique, on imagine mal une proportion unique, clé universelle de l'anatomie humaine. Une approche de cette nature, trop normative et intemporelle, n'a pas beaucoup de sens scientifique en anatomie. Si cet axe de recherche n'est plus d'actualité, cela ne signifie pas l'abandon de la quête du nombre d'or dans le corps humain. Le cerveau est maintenant source d'attention<ref>[http://cerveaudroit.ouvaton.org/article.php3?id_article=21 L'esthétique et le nombre d'or].</ref>. Cette théorie reste minoritaire et controversée.


Les contraintes artistiques sont de nature différentes. Les artistes, attentifs au travail des médecins, ont imaginé des [[Notion de module|modules]] ou systèmes de proportions, propres au corps humain. Le désir de le représenter impose une démarche de cette nature. Un très ancien module est celui des égyptiens<ref>Ce module est retrouvé par [[Karl Richard Lepsius]] en 1852, cf [http://www.cosmovisions.com/anatomieartistique.htm L'anatomie] Imago Mundi par Serge Jodra</ref>, la classique proportion du rapport de la taille complète à la hauteur du nombril est estimé à 19/11, relativement loin du nombre d'or. Les modules sont, en général, purement fractionnaires. Tel est le cas de celui inventé par les égyptiens, par [[Polyclète]], qui nous est rapporté par Vitruve, de celui de Cousin ou de Vinci. Celui d'[[Albrecht Dürer]] contient aussi le nombre d'or<ref>L'essentiel des informations sur l'anatomie du point de vue artistique est détaillé dans le site [http://www.cosmovisions.com/anatomieartistique.htm L'anatomie] Imago Mundi par Serge Jodra</ref>. Il est néanmoins difficile d'en déduire que Dürer croyait en un canon universel dont la clé serait le nombre d'or. Il initie une conception fondée sur la pluralité des types de beauté<ref> [http://museefabre.montpellier-agglo.com/pdf.php/?filePath=var/storage/original/application/55f805117cf1d839bbee6dca8fec094d L'idéal classique et la figure humaine] p 2 par le musée Fabre 2006</ref>, ayant chacune ses proportions propres.
Les contraintes artistiques sont de nature différente. Les artistes, attentifs au travail des médecins, ont imaginé des [[Notion de module|modules]], ou systèmes de proportions, propres au corps humain. C'est le désir de le représenter qui impose cette démarche. Un très ancien module est celui des Égyptiens<ref>Ce module est retrouvé par [[Karl Richard Lepsius]] en 1852, cf {{harvsp|L'anatomie artistique dans ''Imago Mundi''}}.</ref> ; la classique proportion qu'est le rapport de la taille complète à la hauteur du nombril est estimée à 19/11, relativement loin du nombre d'or. Les modules sont, en général, purement fractionnaires. Tel est le cas de celui inventé par les Égyptiens, par [[Polyclète]], qui nous est rapporté par Vitruve, de celui de Cousin, de Vinci ou de [[Albrecht Dürer|Dürer]]. Il est néanmoins difficile d'en déduire que Dürer croyait en un canon universel. Il initie une conception fondée sur la pluralité des types de beauté<ref>[http://museefabre.montpellier-agglo.com/pdf.php/?filePath=var/storage/original/application/55f805117cf1d839bbee6dca8fec094d L'idéal classique et la figure humaine] par le [[musée Fabre]], 2006, {{p.|2}}.</ref>, ayant chacune ses proportions propres.


== Œuvre de l'homme ==
== Œuvre de l'homme ==
=== Peinture ===
=== Peinture ===
L'idée que le nombre d'or possède une qualité visuelle intrinsèque est largement citée<ref>Par exemple {{Citation|certains artistes n’ont eu de cesse de réutiliser et de creuser cette veine ... on retrouve cette quête de perfection dans
L'idée que le nombre d'or possède une qualité visuelle intrinsèque est largement citée<ref>Par exemple {{Citation|certains artistes n’ont eu de cesse de réutiliser et de creuser cette veine (…) on retrouve cette quête de perfection dans
le partage et la proportion ''(celle d'Euclide)'' qui intéressait déjà les anciens}} [http://www.crdp-montpellier.fr/petiteshistoires/communs/docpp/PP-MAT-1-%20Le%20nombre%20d'or%20et%20les%20arts.pdf Lire] ''À la recherche de l’harmonie'' M. Bourget IUFM de Montpellier</ref>. Un argument est la présence de la divine proportion dans de nombreux chefs d'œuvres. Le ''canon de la figure humaine'' de Dürer le contient explicitement. Cependant les commentaires précis sont rares, ce qui amène à rechercher le rapport d'Euclide, sans information directe de la part de l'auteur. L'existence d'une forme géométrique ayant des concordances avec le tableau est pour certains, un élément de preuve. Pour d'autres<ref name="Neveux">Marguerite Neveux H.E. Huntley ''Le nombre d'or'' Le Seuil 1995 (ISBN 2020259168)</ref> une démarche de cette nature est peu convaincante.
le partage et la proportion qui intéressait déjà les anciens}} (extrait de ''[http://www.crdp-montpellier.fr/petiteshistoires/communs/docpp/PP-MAT-1-%20Le%20nombre%20d'or%20et%20les%20arts.pdf À la recherche de l’harmonie]'', M. Bourguet, [[Université Montpellier 2#L'IUFM de l'académie de Montpellier|IUFM de Montpellier]]).</ref>. Un argument est la présence de la divine proportion dans de nombreux chefs-d'œuvre. Cependant les commentaires précis sont rares, ce qui amène à rechercher le rapport d'Euclide, sans information directe de la part de l'auteur. L'existence d'une forme géométrique ayant des concordances avec le tableau est, pour certains, un élément de preuve. Pour d'autres<ref name="Neveux">{{harvsp|Neveux et Huntley}}.</ref>, une démarche de cette nature est peu convaincante.


[[Image:Vénus et le nombre d'or.jpg|thumb|left|Les dimensions de [[La Naissance de Vénus (Botticelli)|La Naissance de Vénus]] de [[Sandro Botticelli]] respectent assez précisément la ''divine proportion''. Il est pourtant très peu probable que cela indique une quelconque volonté de l'auteur.]]
[[Fichier:Vénus et le nombre d'or.jpg|thumb|left|Les dimensions de ''[[La Naissance de Vénus (Botticelli)|La Naissance de Vénus]]'' de [[Sandro Botticelli]] respectent assez précisément la ''divine proportion''. Il est pourtant très peu probable que cela indique une quelconque volonté de l'auteur.]]


Un exemple est celui de ''[[La Naissance de Vénus (Botticelli)|La Naissance de Vénus]]'' de [[Sandro Botticelli]]<ref>Une analyse de même nature que celle proposée ici est disponible sur le site [http://www.lenombredor.free.fr/naissvenus.htm La Naissance de Vénus] on trouve une analyse très proche sur le site d'[http://expo.ifrance.com/lenombre/ven_gril.htm iFrance]</ref>. Ses dimensions, 172,5 × 278,5 cm respectent précisément la proportion. Le carré, associé au rectangle d'or, correspond à un rythme du tableau, enfin la diagonale du rectangle restant, ainsi que celle symétrique, sont des lignes de forces. Ce raisonnement n'a pas convaincu certains spécialistes. Le tableau semble faire partie d'un [[diptyque]] avec ''[[Le Printemps (Botticelli)|Le Printemps]]'', un autre tableau du maître. L'aile d'un des Dieux, nommé Aura est étrangement coupé. Pour en avoir le cœur net, une analyse finit par être faite. Le verdict est sans appel, Botticelli avait choisi une taille analogue à celle du Printemps<ref>Par exemple : [http://www.bergerfoundation.ch/Sandro/44venusprintemps.html La Naissance de Vénus - Le Printemps]</ref>, le haut du tableau est amputé de 32,5 cm et avait, à sa conception la taille de son alter ego. Dans ce cas, le choix de la ''divine proportion'' ne correspond pas à celui de son créateur.
Un exemple est celui de ''[[La Naissance de Vénus (Botticelli)|La Naissance de Vénus]]'' de [[Sandro Botticelli]]<ref>Une analyse de même nature que celle proposée ici est disponible sur la page [http://www.lenombredor.free.fr/naissvenus.htm La Naissance de Vénus] du site lenombredor.free.fr.</ref>. Ses dimensions, 172,5 × {{Unité|278.5|cm}}, respectent précisément la proportion. Le carré, associé au rectangle d'or, correspond à un rythme du tableau ; enfin, la diagonale du rectangle restant, ainsi que celle symétrique, sont des lignes de force. Ce raisonnement n'a pas convaincu certains spécialistes. Le tableau semble faire partie d'un [[diptyque]] avec ''[[Le Printemps (Botticelli)|Le Printemps]]'', un autre tableau du maître. L'aile d'Aura, un des dieux, est étrangement coupée. Pour en avoir le cœur net, une analyse finit par être faite. Le verdict est sans appel : Botticelli avait choisi une taille analogue à celle du ''Printemps''<ref>Par exemple : [http://www.bergerfoundation.ch/Sandro/44venusprintemps.html La Naissance de Vénus - Le Printemps], sur le site de la [[Fondation Jacques-Édouard Berger]].</ref> ; le haut de ''La Naissance ''est amputé de {{Unité|32.5|cm}} et avait, à sa conception, la taille du ''Printemps''. Dans ce cas, la ''divine proportion'' n'a pas été choisie par le créateur.


[[Image:Saint-jerome-or.JPG|thumb|upright=0.7|De nombreuses indications laissent penser que ce n'est pas du côté de la divine proportion qu'il faut chercher à comprendre les ''rythmes'' du Saint-Jérôme de [[Léonard de Vinci]].]]
[[Fichier:Saint-jerome-or.JPG|thumb|upright=0.7|De nombreuses indications laissent penser que ce n'est pas du côté de la divine proportion qu'il faut chercher à comprendre les ''rythmes'' du ''[[Saint Jérôme (Léonard de Vinci)|Saint Jérôme]]'' de [[Léonard de Vinci]].]]
Pour certains, il existe un fondement scientifique à la beauté : {{Citation|... la nature, ministre de la divinité, lorsqu'elle façonna l'homme, en disposa la tête avec toutes les proportions voulues ...<ref name="Divina Proportionne" />}}. Cette idée n'est pas une invention de Pacioli, le traité de peinture<ref>Leon Battista Alberti ''De pictura'' 1425</ref> de [[Leon Battista Alberti]], établissant les premières règles de la [[perspective]], était déjà l'illustration d'une philosophie analogue. La découverte de lois ''scientifiques'', modifie la peinture et permet d'incarner un nouvel idéal. Si l'approche mathématiques d'Alberti obtient un large consensus, peu d'éléments laissent penser à un succès analogue pour la loi de la divine proportion.
Pour certains, il existe un fondement scientifique à la beauté : {{Citation|[…] la nature, ministre de la divinité, lorsqu'elle façonna l'homme, en disposa la tête avec toutes les proportions voulues<ref name="Divina Proportionne" /> […]}}. Cette idée n'est pas une invention de Pacioli, le traité de peinture<ref>{{la}} Leon Battista Alberti, ''De pictura'', 1425.</ref> de [[Leon Battista Alberti]], établissant les premières règles de la [[Perspective (représentation)|perspective]], était déjà l'illustration d'une philosophie analogue. La découverte de lois ''scientifiques'', modifie la peinture et permet d'incarner un nouvel idéal. Si l'approche mathématique d'Alberti obtient un large consensus, peu d'éléments laissent penser à un succès analogue pour la loi de la divine proportion.


Un exemple est le cas Vinci. Pacioli est un de ses amis proches<ref>Voir par exemple sa biographie [http://www-groups.dcs.st-andrews.ac.uk/~history/Biographies/Pacioli.html Luca Pacioli] par J. J. O'Connor E. F. Robertson dans le Site de l'Université de St Andrew</ref>, Vinci connaît suffisamment ses théories pour illustrer son livre. À travers ses codex<ref>[[Léonard de Vinci]] ''Carnets de Léonard de Vinci'' : [http://digital.library.upenn.edu/webbin/gutbook/lookup?num=5000 Projet Gutenberg édition 1939]</ref>, son traité<ref>[[Léonard de Vinci]] ''Traité de la peinture'' [http://www.comunitarismo.it/%5Bebook%20-%20ita%20-%20ARTE%5D%20Da%20Vinci%20Leonardo%20-%201436%20-%20Trattato%20della%20pittura%20-%20Einaudi%201924.pdf Version de 1490-1517]</ref> et les multiples analyses de ses sources<ref>par exemple : [[Daniel Arasse]] ''Léonard de Vinci'' Hazan 2002 {{ISBN|2850258253}}</ref>, la pensée de Vinci sur la proportion en peinture nous est connue. Si, pour le maître, la peinture s'apparente à une science<ref>{{Citation|... il ''(Vinci)'' s'intéresse semble-t-il davantage aux fondements scientifique et au contrôle rationnel ''(de la peinture)'' ...}} [[Daniel Arasse]] ''Léonard de Vinci'' Hazan 2002 {{ISBN|2850258253}} p 266</ref>, ses thèses sont forts éloignées de celle de son ami. Sa première source est l'observation et l'expérience, et non les mathématiques : {{Citation|... l'expérience ayant été la maîtresse de ceux qui écrivent bien, je la choisis pour maîtresse et, en tout cas ferai appel à elle<ref>[[Léonard de Vinci]] ''Codex Atlanticus'' 119 v-a</ref>}}. Cette attitude se traduit, par exemple pour le choix des proportions humaines. À travers de multiples dissections, il mesure systématiquement les rapports entre les dimensions des différents os et muscles. Ses planches médicales l'amènent à une conception de l'anatomie dont les rapports sont de même nature que celle de la médecine moderne : ils sont fort nombreux et s'expriment à l'aide de fractions composées de petits facteurs entiers<ref>Une analyse de cette nature est accessible sur le site [http://www.fromoldbooks.org/Richter-NotebooksOfLeonardo/section-7/item-315.html Proportions of the head and face] par [[Léonard de Vinci]]</ref>. La science de Vinci s'applique aussi sur des sujets déjà traités comme la perspective. Une fois encore, sa logique est plus proche de l'observation que de la rigidité mathématique. Les lois qu'il ajoute à celles d'Alberti traitent de la couleur : une chose éloignée voit sa couleur tirer vers le bleu, ainsi que de la netteté {{Citation|comment les choses qui s'éloignent doivent être moins nettes proportionnellement à leur distance.<ref> texte de [[Léonard de Vinci]] tiré de [[Daniel Arasse]] ''Léonard de Vinci'' Hazan 2002 {{ISBN|2850258253}} p 303</ref>}}. Les règles régissant la proportion chez Vinci sont subtiles et en opposition avec des ''articulations albertiennes, trop claires à ses yeux''<ref>[[Daniel Arasse]] ''Léonard de Vinci'' Hazan 2002 {{ISBN|2850258253}} p. 349</ref>, comme l'application directe d'une proportion sans lien avec ses observations.
Un exemple est le cas Vinci. [[Luca Pacioli|Pacioli]] est un de ses amis proches, Vinci connaît suffisamment ses théories pour illustrer son livre. À travers [[Léonard de Vinci#Compilation des écrits de Léonard de Vinci|ses codex]], son ''[[Léonard de Vinci#Éditions du Traité de la Peinture|Traité de la peinture]]'' et les multiples analyses de ses sources<ref>Par exemple : {{Ouvrage|prénom1=Daniel|nom1=Arasse|lien auteur1=Daniel Arasse|titre=Léonard de Vinci|sous-titre=le rythme du monde|éditeur=Hazan|année=2002|numéro d'édition=2|pages totales=543|isbn=978-2-85025-825-1}}.</ref>, la pensée de Vinci sur la proportion en peinture nous est connue. Si, pour le maître, la peinture s'apparente à une science<ref>{{Citation| il ''(Vinci)'' s'intéresse semble-t-il davantage aux fondements scientifique et au contrôle rationnel ''(de la peinture)''}} {{harvsp|Arasse|2002|p=266}}.</ref>, ses thèses sont fort éloignées de celle de son ami. Sa première source est l'observation et l'expérience, et non les mathématiques : {{Citation| l'expérience ayant été la maîtresse de ceux qui écrivent bien, je la choisis pour maîtresse et, en tout cas ferai appel à elle<ref>L. de Vinci, ''[[Codex Atlanticus]]'', 119 v-a.</ref>}}. Cette attitude se traduit, par exemple pour le choix des proportions humaines. À travers de multiples dissections, il mesure systématiquement les rapports entre les dimensions des différents os et muscles. Ses planches médicales l'amènent à une conception de l'anatomie dont les rapports sont de même nature que celle de la médecine moderne : ils sont fort nombreux et s'expriment à l'aide de fractions composées de petits facteurs entiers<ref>Une analyse de cette nature, extraite des carnets de L. de Vinci, est traduite en anglais dans ''[http://www.fromoldbooks.org/Richter-NotebooksOfLeonardo/section-7/item-315.html Proportions of the head and face]''.</ref>. La science de Vinci s'applique aussi sur des sujets déjà traités comme la perspective. Une fois encore, sa logique est plus proche de l'observation que de la rigidité mathématique. Les lois qu'il ajoute à celles d'Alberti traitent de la couleur : une chose éloignée voit sa couleur tirer vers le bleu, ainsi que de la netteté {{Citation|comment les choses qui s'éloignent doivent être moins nettes proportionnellement à leur distance<ref>Texte de Vinci tiré de {{harvsp|Arasse|2002|p=303}}.</ref>}}. Les règles régissant la proportion chez Vinci sont subtiles et en opposition avec des {{Citation|articulations albertiennes, trop claires à ses yeux}}<ref>{{harvsp|Arasse|2002|p=349}}.</ref>, comme l'application directe d'une proportion sans lien avec ses observations.


À l'instar du Saint Jérôme à droite, beaucoup d'exemples de ''rectangle d'or'' trouvés chez un peintre<ref>On trouve celui là par exemple sur le site [http://membres.lycos.fr/nombredor2003/?page=devinci Nombre d'or 2003 Léonard de Vinci]</ref> supposent une approche de la proportion sans justification de la part du peintre ou, comme ici, contraire aux règles établies par son auteur. Ni [[Daniel Arasse|Arasse]] dans son volumineux ouvrage sur Vinci, ni Marani dans le sien<ref>P. C. Marani ''Léonard'' Actes Sud Traduction A. Guglielmetti 2003 {{ISBN|2742744274}}</ref> ne font référence à une explication de cette nature.
À l'instar du ''Saint Jérôme'' à droite, beaucoup d'exemples de ''rectangle d'or'' trouvés chez un peintre<ref>Par exemple sur le site [http://membres.lycos.fr/nombredor2003/?page=devinci Nombre d'or 2003 Léonard de Vinci].</ref> supposent une approche de la proportion sans justification de la part du peintre ou, comme ici, contraire aux règles établies par son auteur. Ni [[Daniel Arasse|Arasse]] dans son volumineux ouvrage sur Vinci, ni Marani dans le sien<ref>Pietro C. Marani, ''Léonard de Vinci : une carrière de peintre'', Actes Sud, trad. A. Guglielmetti, 2003 {{ISBN|978-2-74274427-5}}.</ref> ne font référence à une explication de cette nature.


Le nombre d'or a aussi influencé les peintres du [[groupe de Puteaux]], appelé aussi « Section d'or », groupe qui se crée autour de [[Jacques Villon]] en 1911. Leur emploi du nombre d'or en peinture est cependant davantage intuitif que purement mathématique.
=== Archéologie ===
[[Image:07Epidaurus Theater07.jpg|thumb|left|Le [[théâtre d'Épidaure]] contient deux séries de gradins, l'une de 21, l'autre de 34, deux nombres connexes de la suite de Fibonacci dont le rapport est proche du nombre d'or.]]


=== Archéologie ===
L'archéologie est un sujet de controverse. Pour le prince Ghyka, elle est la preuve de l'universalité du canon de beauté qu'est le nombre d'or. L'argument principal est le caractère vaste du nombre d'exemples. Le prince reprend les travaux de son prédécesseur Zeising et l'enrichit considérablement. Le [[théâtre d'Épidaure]] possède deux séries de gradins l'une de 21 et l'autre de 34 marches, deux éléments consécutifs de la suite de Fibonacci.
[[Fichier:07Epidaurus Theater07.jpg|thumb|left|Le [[théâtre d'Épidaure]] contient deux séries de gradins, l'une de 21, l'autre de 34, deux nombres consécutifs de la suite de Fibonacci dont le rapport est proche du nombre d'or.]]


L'usage du nombre d’or dans les constructions anciennes est un sujet de controverse. Pour le prince Ghyka, l’archéologie offre la preuve de l'universalité du canon de beauté qu'est le nombre d'or. L'argument principal est le vaste nombre d'exemples. Le prince reprend les travaux de son prédécesseur Zeising et l'enrichit considérablement. Le [[théâtre d'Épidaure]] possède deux séries de gradins l'une de 21 et l'autre de 34 marches, deux éléments consécutifs de la suite de Fibonacci.
[[Image:Westmacott athlete BM Sc1754 n2.jpg|thumb|upright=0.7|Si l'on en croit les ''canons'' de la beauté de [[Polyclète]] le sculpteur à qui l'on attribue l’''éphèbe Westmacott'' les proportions du corps humains sont des fractions d'entiers et non le nombre d'or.]]


[[Fichier:Westmacott athlete BM Sc1754 n2.jpg|thumb|upright=0.7|Si l'on en croit les canons de la beauté de [[Polyclète]], le sculpteur à qui l'on attribue l’''éphèbe Westmacott'', les proportions du corps humain sont des fractions d'entiers et non le nombre d'or.]]
Les plus convaincus citent le temple d'Andros et celui de Salomon comme exemple d'utilisation du nombre d'or. Pour le temple d'Andros, sa forme actuelle est un losange dont deux cotés ont un rapport approximativement égal à 5/3, une valeur proche du nombre d'or. L'origine humaine de ces vestiges, qui daterait de 10 000 ans, n'est pas avérée. Ce site, non reconnu par les ''archéologues officiels''<ref>Cette assertion provient de son ardent défenseur, me site est {{Citation|ignoré par le courant archéologique principal}} [http://www.atlantisquest.com/Bahama.html The Bahama Island Underwater Ruins]</ref> est pour ses partisans une preuve de l'existence de l'[[Atlantide]]<ref>L. R. Cedric, ''Quest for Atlantis'' Manor Books Inc., New York, 1979</ref>. Le temple de Salomon aurait une dimension d'un rapport 2/1, certains<ref>par exemple le site : [http://angelsplace.club.fr/Nombred'Or.htm Le nombre d'or ou la divine proportion]</ref> remarquent que ce sont deux termes consécutifs de la suite de Fibonacci, un élément suffisant à leurs yeux pour voir la trace du nombre d'or.


La [[pyramide de Kheops]] convainc un public plus vaste. Cet exemple est cité depuis le milieu de {{XIXe siècle}}, une époque ou la méconnaissance presque totale de l'[[égyptologie]] donne naissance à d'innombrables mythes<ref>Celui-ci date de 1859 : John Taylor Why was it built and who built it? Longman, Green, Longman, and Roberts 1859</ref>. La coïncidence entre les dimensions de la pyramide et le nombre d'or est ici excellente. Le rapport entre la longueur de la plus grande pente d'une des faces et la demi-longueur d'un coté correspond au nombre d'or avec une précision de moins de 1%. Le scepticisme des professionnels est la conséquence de la connaissance actuelle de la civilisation égyptienne<ref>[[Eric Temple Bell]] ''The Magic of Numbers '' Dover Publications 1992 {{ISBN|0486267881}}</ref>. Les outils mathématiques nécessaires pour une détermination du nombre d'or, n'apparaissent que 700 ans plus tard, grâce à un apport babylonien<ref> Stillwell, John. 2004. ''Mathematics and its History''. Berlin and New York: Springer-Verlag. 542 pages. p. 86</ref>. On ne trouve pas non plus la moindre trace religieuse ou esthétique qui justifie un choix de cette nature. Cette faiblesse pousse Taylor, à l'origine de cette hypothèse, à créer de toute pièce une citation de Hérodote : {{Citation|Le carré construit sur la hauteur verticale égalait exactement la surface de chacune des faces triangulaires}}<ref>Une analyse détaillée par George Markowsky est disponible ''[http://www.cs.umaine.edu/~markov/GoldenRatio.pdf Misconceptions about the golden ratio]''</ref>.
La [[Pyramide de Khéops#Considérations mathématiques et astronomiques|grande pyramide de Gizeh]] convainc un public plus vaste. Cet exemple est cité depuis le milieu du {{s-|XIX}}, une époque la méconnaissance presque totale de l'[[égyptologie]] donne naissance à d'innombrables mythes<ref name=Kheops/>. La coïncidence entre les dimensions de la pyramide et le nombre d'or est ici excellente. Le rapport entre la longueur de la plus grande pente d'une des faces et la demi-longueur d'un côté correspond au nombre d'or avec une précision de moins de 1%. Le scepticisme des professionnels est la conséquence de la connaissance actuelle de la civilisation égyptienne<ref>{{en}} [[Eric Temple Bell]], ''The Magic of Numbers, '' Dover Publications, 1992 {{ISBN|978-0-486-26788-3}}.</ref>. En effet, les systèmes de longueur utilisés dans les documents connus pour mesurer les pentes et les longueurs horizontales ne coïncident pas, interpréter leur rapport n’a donc pas beaucoup de sens<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Richard|nom1=Gillings|titre=Mathematics in the Time of the Pharaohs|éditeur=MIT Press (reprint : Dover)|passage=185-187, 237-239}}.</ref>. On ne trouve pas non plus la moindre trace religieuse ou esthétique qui justifie un choix de cette nature<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Corinna|nom1=Rossi|titre=Architecture and Mathematics in Ancient Egypt|lieu=Cambridge|éditeur=[[Cambridge University Press]]|année=2001}}.</ref>. Cette faiblesse pousse Taylor, à l'origine de cette hypothèse, à créer de toutes pièces une citation de Hérodote<ref name=Kheops/>{{,}}<ref>Voir l'analyse détaillée de {{Article|lang=en|prénom=George|nom=Markowsky|titre=[http://www.umcs.maine.edu/~markov/GoldenRatio.pdf Misconceptions about the Golden Ratio]|revue={{Lien|The College Mathematics Journal}}|année=1992|volume=23|numéro=1|pages=2-19|commentaire=Une liste précise d'arguments démontrant l'inexactitude d'une série de faits associés au nombre d'or.}}</ref>.


Le cas grec est encore plus populaire et très largement étayé. Mais l'écart entre la culture grecque et le nombre d'or laisse perplexe les spécialistes<ref>On trouve une analyse de cette perplexité chez Marguerite Neveux H.E. Huntley ''Le nombre d'or Le Seuil'' 1995 ({{ISBN|2020259168}} ou encore sur le site : [http://www.diffusion.ens.fr/archeo/rech/folder.2006-11-21.2131063934/nombredor/view?searchterm=hellmann Archéologie en chantier] par M. Cariou et A. Jatteau</ref>. Ces proportions [[incommensurable]]s, que sont la diagonale d'un carré ou celle d'Euclide, sont vécues comme un scandale<ref>Le terme est utilisé par P. Tannery : ''Mémoires scientifiques'' Paris-Toulouse : E. Privat 1912 I p 268. Platon et Aristote utilise le terme moins fort : ''θαυηάζειν'' que l'on pourrait traduire par ''frappé par le tonnerre'' : [[Platon]] ''Lois'' Livre VII 819 d6 ou encore [[Aristote]] [[Métaphysique]] A, 983 a 15</ref>, une trahison<ref>{{Citation|Quelques rares témoignages platoniciens et présocratiques montrent en tout cas que la prise de conscience de l’incommensurabilité, loin d’avoir été vécue sous le mode de la jubilation archimédienne, aurait bien plutôt fait l’objet d’un scandale, d’une trahison, plongeant momentanément la conscience grecque dans l’absurdité, voire l’obscurité.}} [http://www.cndp.fr/RevueCPhil/91/00902911.pdf La découverte des incommensurables et le vertige de l'infini] par Jean-Luc Périllié</ref> des dieux à l'époque de Pythagore. Un grec n'imagine pas qu'un nombre puisse être autre chose qu'une fraction d'entiers. L'existence de proportions, comme celle d'Euclide, qui ne sont pas des nombres est une source de chaos intellectuel, à l'opposée des valeurs philosophiques et mystiques des pythagoriciens<ref>Simone Jacquemard ''Trois mystiques grecs : Orphée, Pythagore, Empédocle'' Albin Michel 1997 {{ISBN|2226089462}}</ref>. On raconte que Hippase de Métaponte aurait été exclu de la confrérie des pythagoriciens pour avoir dévoilé le scandale de l'incommensurabilité d'une diagonale d'un [[dodécaèdre]], une autre indique qu'il aurait péri noyé<ref>Jamblique ''De Vita Pythagorica'' § 88 p 246 247</ref>, conséquence de son impiété. Qu'une proportion aussi négative soit utilisée pour les monuments apparaît étonnant. Les textes d'architecture grecs confirment l'usage des nombres rationnels pour définir les proportions des bâtiments. Les ''proportions harmonieuses'' sont longuement relatées par [[Vitruve]] un architecte, auteur du célèbre traité [[De Architectura]] en dix volumes<ref>Ce traité est disponible sur Gallica sous trois traductions distinctes : [http://gallica.bnf.fr/scripts/catalog.php?Mod=i&Titre=&FondsTout=on&FondsTxt=on&FondsImp=on&FondsPer=on&FondsImg=on&FondsAud=on&FondsMan=on&Auteur=Vitruve&Sujet=&RPT= lire]</ref>. Pour se faire il utilise largement, au volume IX, les mathématiques de Platon, Pythagore ou d'autres mathématiciens. Les proportions proviennent du module de [[Polyclète]] un sculpteur grec contemporain de [[Phidias]]. Le traité de Vitruve ne contient aucune trace de proportion irrationnelle à l'exception de la diagonale du carré<ref>M-C. Hellmann ''L’Architecture Grecque T1'' Les manuels d’Art et d’Archéologie Antiques 2002 {{ISBN|270840606X}}</ref>.
Le cas grec est encore plus populaire et très largement étayé. Mais l'écart entre la culture grecque et le nombre d'or laisse perplexe les spécialistes<ref group="alpha">On trouve une analyse de cette perplexité chez {{harvsp|Neveux et Huntley}} ou encore dans le {{harvsp|CariouJatteau|texte=lien externe Cariou et Jatteau}}.</ref>. Ces proportions [[Commensurabilité (mathématiques)|incommensurables]], que sont la diagonale d'un carré ou celle d'Euclide, sont vécues comme un scandale{{refsou}}. Le terme est utilisé par {{harvsp|Tannery|1912}}, {{pc|i}}, {{p.|268}}. Platon et Aristote utilisent le terme moins fort : {{Grec ancien|θαυμάζω|thaumázō}}, « s’étonner, voir avec étonnement ou admiration » : [[Platon]], ''[[Les Lois]]'', Livre {{pc|vii}}, 819 d 6 ({{Grec ancien|ἐθαύμασα|ethaúmasa}}, « j'en ai été frappé »<ref>{{lien web |auteur=Philippe Remacle | titre=Platon Dialogues Les Lois |url=https://remacle.org/bloodwolf/philosophes/platon/cousin/lois7.htm |consulté le=23 octobre 2023}}.</ref>), ou encore [[Aristote]]<ref>''[[Métaphysique (Aristote)|Métaphysique]]'', A, 983 a 15.</ref>, une trahison<ref>{{Citation|Quelques rares témoignages platoniciens et présocratiques montrent en tout cas que la prise de conscience de l’incommensurabilité, loin d’avoir été vécue sous le mode de la jubilation archimédienne, aurait bien plutôt fait l’objet d’un scandale, d’une trahison, plongeant momentanément la conscience grecque dans l’absurdité, voire l’obscurité.}} {{harv|Périllié|2001|p=9}}.</ref> des dieux à l'époque de Pythagore. Un grec n'imagine pas qu'un nombre puisse être autre chose qu'une fraction d'entiers. L'existence de proportions, comme celles d'Euclide qui ne sont pas des nombres, est une source de chaos intellectuel, à l'opposé des valeurs philosophiques et mystiques des pythagoriciens<ref>[[Simonne Jacquemard]], ''Trois mystiques grecs : Orphée, Pythagore, Empédocle'', Albin Michel, 1997 {{ISBN|978-2-22608946-5}}.</ref>{{refinc}}. On raconte que [[Hippase de Métaponte]] aurait été exclu de la confrérie des pythagoriciens pour avoir dévoilé le scandale de l'incommensurabilité d'une diagonale d'un [[dodécaèdre régulier]], une autre indique qu'il aurait péri noyé<ref>{{la}} [[Jamblique]], ''De Vita Pythagorica'', {{référence à confirmer|date=juillet 2011}}§ 88 {{p.|246-247}}.</ref>, conséquence de son impiété. Qu'une proportion aussi négative soit utilisée pour les monuments apparaît étonnant. Les textes d'architecture grecs confirment l'usage des nombres rationnels pour définir les proportions des bâtiments. Les ''proportions harmonieuses'' sont longuement relatées par [[Vitruve]] un architecte, auteur du célèbre traité ''[[De architectura]]'' en dix volumes. Pour ce faire, il utilise largement, au volume {{pc|ix}}, les mathématiques de Platon, Pythagore ou d'autres mathématiciens. Les proportions proviennent du module de [[Polyclète]], un sculpteur grec contemporain de [[Phidias]]. Le traité de Vitruve ne contient aucune trace de proportion irrationnelle à l'exception de la diagonale du carré<ref name=Hellmann/>.


Enfin, les exemples choisis par le prince sont controversés. Retrouver la ''divine proportion'' dans la façade du Parthénon demande des conventions spécifiques, comme d'inclure trois des quatre marches du fronton<ref>Cette technique est utilisée par Huntley : [http://ic.epfl.ch/webdav/site/ic/shared/article_drapel_.jaquier.pdf Nombre d'or : réalité ou interprétations douteuses] C. Jaquier K Drapel p 9</ref> ou de tronquer le toit<ref>C'est la solution adoptée par Matila Ghyka :''Le nombre d’or'' Gallimard, 1931, réédité en 1976 {{ISBN|2070292983}}.</ref>. L'usage de valeurs non spécifiques donne des résultats trop éloignés de l'objectif<ref>M. Trachtenberg I. Hyman ''Architecture, from Prehistory to Post-Modernism'' Prentice Hall {{ISBN|0131833650}} p 118. Pour le Parthénon, par exemple on trouve une largeur de 30.78 m pour une hauteur de 13.71 m, soit une proportion de 2,25 : M. Trachtenberg and I. Hyman. ''Architecture, from Prehistory to Post-Modernism'' New York: Harry N. Abrams, 1986 {{ISBN|0810910772}}</ref>. Pour expliquer la présence du nombre d'or dans les proportions des monuments grecs, Ghyka n'hésite pas à utiliser des fractions comme 1/φ<sup>4</sup>, bien difficile à différencier de 1/4, ou d'une racine quatrième de φ. Les techniques hellénistiques sont pourtant incapables de réaliser un tel calcul<ref>Matila Ghyka ''Le nombre d’or'' Gallimard, 1931, réédité en 1976 {{ISBN|2070292983}}</ref>.
Enfin, les exemples choisis par le prince sont controversés. Retrouver la ''divine proportion'' dans la façade du Parthénon demande des conventions spécifiques, comme d'inclure trois des quatre marches du fronton<ref>Le {{harvsp|JaquierDrapel|texte=lien externe Jaquier et Drapel|p=9}} signale que cette technique est utilisée par Huntley, ce que l'on peut vérifier dans {{harvsp|Neveux et Huntley|p=223}}.</ref> ou de tronquer le toit<ref>C'est la solution adoptée par {{Ouvrage|prénom1=Matila|nom1=Ghyka|lien auteur1=Matila Ghyka|titre=Le nombre d’or|sous-titre=Rites et rythmes pythagoriciens dans le développement de la civilisation occidentale|éditeur=[[Éditions Gallimard|Gallimard]]|année=1976|année première édition=1931|pages totales=456 p. + hors texte 65|isbn=978-2-07-029298-1|id=Ghyka 1931}}{{Commentaire biblio|Cet ouvrage est à l'origine du mythe moderne du nombre d'or. Ce livre a séduit de nombreux penseurs comme Paul Valéry ou Le Corbusier.}}</ref>. L'usage de mesures non spécifiques donne une proportion différente<ref>{{es}} M. Trachtenberg et I. Hyman, ''Arquitectura, de la prehistoria a la postmodernidad'' (traduction de {{en}} ''Architecture, from Prehistory to Post-Modernism''), Akal, 1990 {{ISBN|978-8-47600628-3}}, [https://books.google.fr/books?id=F_YpWVKLG8gC&pg=PA102 {{p.|102-103}}], calculent un rapport largeur (31 m) sur hauteur (13,7 m) d'approximativement 2,25 et retrouvent ce rapport dans deux autres proportions de cet édifice.</ref>. Pour faire apparaître le nombre d'or dans les proportions des monuments grecs, Ghyka<ref>{{harvsp|Ghyka 1931}} {{Référence incomplète}}.</ref> n'hésite pas à utiliser des fractions comme 1/φ{{exp|4}}. Patrice Foutakis a examiné les dimensions de 15 temples, 18 tombeaux monumentaux, 8 sarcophages et 58 stèles funéraires pour la période du {{s-|V}} avant notre ère au {{s-|II}} de notre ère. Les temples étaient l'endroit par excellence pour la communication entre les humains et les dieux, tandis que les tombeaux, sarcophages et stèles funéraires étaient directement liés au passage des mortels de la vie matérielle à celle immortelle. Si le nombre d'or impliquait des propriétés divines, mystiques ou esthétiques, dans ce cas la plupart de ce type des constructions obéiraient à la règle de la proportion d'or. Le résultat de cette recherche originale est sans appel : le nombre d'or était complètement absent de l'architecture grecque du {{s-|V}} avant notre ère, et quasiment absent pendant les six siècles suivants. Quatre exemples très rares, et pour cela précieux, d'application du nombre d'or ont été identifiés dans une tour antique à [[Modon]], le [[Grand autel de Pergame]], une stèle funéraire d'[[Édessa (Grèce)|Édessa]] et un tombeau monumental à [[Pella (cité antique)|Pella]]. C'est la première fois qu'une preuve est apportée pour une utilisation du nombre d'or dans des constructions de la Grèce antique, toutefois, selon cet auteur, utilisation marginale qui témoigne de l'indifférence des Grecs anciens pour le nombre d'or en architecture<ref>{{Article|lang=en|prénom=Patrice|nom=Foutakis|titre=Did the Greeks Build According to the Golden Ratio?|revue=Cambridge Archaeological Journal|vol=24|numéro=1|mois=2|année=2014|p.=71-86}}.</ref>.


=== Architecture ===
=== Architecture ===
[[Image:ronchamp chapel3.jpg|thumb|left|La [[Chapelle Notre-Dame-du-Haut de Ronchamp]] est un exemple de réalisation architecturale conçue à l'aide du [[modulor]], un système de mesure fondé sur le nombre d'or.]]
[[Le Corbusier]] est l'architecte qui théorise l'usage du nombre d'or dans son métier. S'il reprend l'idée de Vitruve, consistant à proportionner un bâtiment aux dimensions d'un corps humain, il y associe d'autres éléments justifiant l'usage de la proportion d'Euclide.
[[Le Corbusier]] est l'architecte qui théorise l'usage du nombre d'or dans son métier. S'il reprend l'idée de Vitruve, consistant à proportionner un bâtiment aux dimensions d'un corps humain, il y associe d'autres éléments justifiant l'usage de la proportion d'Euclide.


Le nombre d'or permet de créer un curieux [[système de numération]]. Les mathématiques nous apprennent qu'il est possible de construire une [[Notation positionnelle|numération positionnelle]], non seulement avec dix, comme celle des humains, ou avec deux, pour les ordinateurs, mais avec n'importe quel nombre réel strictement positif et différent de ''un''. Celui construit avec le nombre d'or, appelé [[base d'or]], lui semble le plus adapté à l'architecture. Au premier contact, il est un peu étrange. Par exemple dans ce monde 100 est égal à 10 + 1, ce qu'un mathématicien lit φ<sup>2</sup> = φ + 1. Cette loi est la réincarnation de la vieille ''quine'' des tailleurs de pierre du Moyen-Âge, une paume plus une palme est égal à un empan.
On peut construire un [[système de numération]] [[Notation positionnelle|positionnelle]] non seulement avec dix, comme celui des humains, ou avec deux, comme celui des ordinateurs, mais avec n'importe quel nombre réel ''b'' strictement positif et différent de [[1 (nombre)|1]]. Dans un tel système, la base ''b'' se note 10 et son carré ''b''{{2}} se note 100. Le système construit avec le nombre d'or est appelé [[base d'or]]. Il semble, pour Le Corbusier, être le plus adapté à l'architecture.


Cette ''échelle harmonique'' pour reprendre son expression<ref>Cette expression est tirée du titre de son premier livre sur le sujet : [[Le Corbusier]] ''Le modulor : Essai sur une mesure harmonique à l'échelle humaine applicable universellement à l'architecture et à la mécanique'' Paris : Architecture d'Aujourd'hui, Réédition 1983 {{ISBN|2904833013}}</ref> permet de réconcilier les atouts du système métrique décimal, pratique et abstrait, avec ceux du système anglais des pouces et des pieds, naturel mais peu pratique. En calant les différentes ''dizaines'', c'est-à-dire ici les puissances du nombre d'or, sur les dimensions humaines, Le Corbusier cherche à obtenir un système alliant les deux avantages. La deuxième unité correspond à la taille d'un avant-bras, la troisième à la distance entre le nombril et le sommet de la tête, la quatrième à celle entre le sol et le nombril d'un homme debout et la cinquième à la taille d'un adulte.
Cette ''échelle harmonique'', pour reprendre son expression<ref>{{Ouvrage|nom1=Le Corbusier|titre=Le Modulor|sous-titre=Essai sur une mesure harmonique à l'échelle humaine applicable universellement à l'architecture et à la mécanique|éditeur=[[L'Architecture d'aujourd'hui]]|collection=Ascoral|année=1983|année première édition=1949|pages totales=344|isbn=978-2-904833-01-4}}{{Commentaire biblio|Ce livre est le premier d'une série de deux avec ''Modulor 2 – 1955 (La parole est aux usagers)''. Il explicite et théorise les raisons qui amènent Le Corbusier à utiliser le nombre d'or en architecture.}}</ref>, permet de réconcilier les atouts du système métrique décimal, pratique et abstrait, avec ceux du système anglais des pouces et des pieds, naturel mais peu pratique. En calant les différentes ''dizaines'', c'est-à-dire ici les puissances du nombre d'or, sur les dimensions humaines, Le Corbusier cherche à obtenir un système alliant les deux avantages. La deuxième unité correspond à la taille d'un avant-bras, la troisième à la distance entre le nombril et le sommet de la tête, la quatrième à celle entre le sol et le nombril d'un homme debout et la cinquième à la taille d'un adulte.


En terme d'architecture, cette démarche offre un moyen naturel pour incarner l'idéal de Vitruve. Chaque dizaine correspond à une proportion humaine et les différentes proportions se répondent entre elles. En terme d'[[urbanisme]] Le Corbusier cherche à trouver un moyen de normalisation. En [[1950]], date de parution du premier tome sur le [[modulor]], nom qu'il donne à ce système, les besoins de reconstruction sont vastes et la rationalisation de la production, un impératif. L'auteur parle de ''machine à habiter''. Cette démarche, vise aussi un objectif esthétique. La normalisation dispose d'un avantage, elle permet ''plus d'harmonie''. Le tracé régulateur, c'est-à-dire l'échelle construite sur la suite de Fibonacci y joue un rôle : {{Citation| Le tracé régulateur n'apporte pas d'idée poétique ou lyrique ; il n'inspire nullement le thème ; il n'est pas créateur ; il est équilibreur. Problème de pure plasticité.<ref>[[Le Corbusier]] ''Le modulor : Essai sur une mesure harmonique à l'échelle humaine applicable universellement à l'architecture et à la mécanique'' Paris : Architecture d'Aujourd'hui, Réédition 1983 {{ISBN|2904833013}} p 34</ref>}}
En matière d'architecture, cette démarche offre un moyen naturel pour incarner l'idéal [[canon (architecture)|canonique]] de Vitruve. Chaque dizaine correspond à une proportion humaine et les différentes proportions se répondent entre elles. En matière d'[[urbanisme]], Le Corbusier cherche à trouver un moyen de normalisation. En [[1950]], date de parution du premier tome sur le [[Modulor]], nom qu'il donne à ce système, les besoins de reconstruction sont vastes et la rationalisation de la production, un impératif. L'auteur parle de ''machine à habiter''. Cette démarche, vise aussi un objectif esthétique. La normalisation dispose d'un avantage, elle permet ''plus d'harmonie''. Le tracé régulateur, c'est-à-dire l'échelle construite sur la suite de Fibonacci y joue un rôle : {{Citation|Le tracé régulateur n'apporte pas d'idée poétique ou lyrique ; il n'inspire nullement le thème ; il n'est pas créateur ; il est équilibreur. Problème de pure plasticité<ref>{{harvsp|Le Corbusier|1983|p=34}}.</ref>}}.


À partir des années [[1950]], Le Corbusier utilise systématiquement le modulor pour concevoir son œuvre architecturale. La [[Cité radieuse de Marseille]] ou la [[Chapelle Notre-Dame-du-Haut de Ronchamp]] sont deux exemples célèbres.
À partir des années 1950, Le Corbusier utilise systématiquement le modulor pour concevoir son œuvre architecturale. La [[Cité radieuse de Marseille]] ou la [[Chapelle Notre-Dame-du-Haut de Ronchamp]] sont deux exemples célèbres.


=== Musique ===
=== Musique ===
En musique, le nombre d'or est recherché à la fois dans l'[[harmonie]] et dans le [[Rythme (solfège)|rythme]].
En musique, le nombre d'or est recherché à la fois dans l'[[harmonie]] et dans le [[Rythme (solfège)|rythme]].


Le terme d'harmonie désigne ici une technique permettant de choisir les différentes notes jouées simultanément. Durant une période qui s'étend du {{XVIe siècle}} au début du {{XXe siècle}}, elle est essentiellement [[harmonie tonale|tonale]], à l'image de la musique de [[Bach]] ou [[Mozart]]. Aucune série de deux notes ne définit une ''proportion d'or''. L'approximation la plus proche étant la [[quinte]] obtenue par deux sons dont les fréquences définissent un rapport d'un tiers. Pour cette raison, le nombre d'or est souvent recherchée dans la musique du {{XXe siècle}}. De nouvelles [[Gamme musicale|gammes]] sont explorées, comme celle [[Dodécaphonisme|tempérée dodécaphonique]]. Pour cette gamme, le nombre d'or est proche du rapport défini par deux notes séparées de 7 tons. Cette tonalité est utilisée par [[Alexandre Scriabine]] dans sa septième sonate, bâties sur des [[Tierce (musique)|tierce]]s et des [[Quarte (musique)|quarte]]s<ref>Voir par exemple le site [http://www.olats.org/pionniers/pp/scriabine/musiqueScriabine.php Scriabine] par N. Ruget-Langlois, L. Olats 2003</ref>. La présence du nombre d'or ici est néanmoins un peu fortuite. La gamme est divisée en 10 tons, soit un rapport de 2<sup>1/10</sup> entre deux tons. Un écart entre 7 tons donne une proportion de 2<sup>7/10</sup> approximativement égal à 1,624.
Le terme d'harmonie désigne ici une technique permettant de choisir les différentes notes jouées simultanément. Durant une période qui s'étend du {{s-|XVI}} au début du {{s-|XX}}, elle est essentiellement [[harmonie tonale|tonale]], à l'image de la musique de [[Johann Sebastian Bach|Bach]] ou [[Mozart]]. Aucune série de deux notes ne définit une ''proportion d'or''. L'approximation la plus proche étant la [[Sixte (musique)|sixte]] mineure obtenue par deux sons dont les [[fréquence]]s définissent un rapport de 8/5 = 1,6 (la sixte majeure correspondant à un rapport de fréquence de 5/3 = 1,66 est une approximation moins bonne). Pour cette raison, le nombre d'or est souvent recherché dans la musique du {{s-|XX}}. De nouvelles [[Gamme musicale|gammes]] sont explorées, comme la gamme décatonique ou 10-TET<ref>{{Ouvrage|langue=en|nom1={{Lien|William Sethares|texte=William A. Sethares}}|titre=Tuning, timbre, spectrum, scale|éditeur=Springer|année=2005|numéro d'édition=2|année première édition=1999|pages totales=426|isbn=978-1-85233-797-1|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=KChoKKhjOb0C&printsec=frontcover|numéro chapitre=14|titre chapitre=A “Music Theory” for 10-tet}}.</ref> ({{Langue|en|ten-ton [[Tempérament par division multiple|equal temperament]]}}). Dans celle-ci, l'[[Octave (musique)|octave]] est partagée en 10 parties égales. Chaque [[Degré (musique)|degré]] représente alors un écart de 2<sup>1/10</sup>. Pour cette gamme, le nombre d'or est proche du rapport défini par deux notes séparées de 7 degrés. La présence du nombre d'or ici est néanmoins fortuite. Un écart entre 7 degrés donne une proportion de 2<sup>7/10</sup> approximativement égal à 1,624.


Le rythme est plus largement associé au nombre d'or et sur une période musicale plus vaste. Son traitement par [[Jean Sébastien Bach|Bach]] est l'objet d'une thèse de doctorat<ref>Cette thèse a donné lieu à un livre : Guy Marchand ''Bach ou la Passion selon Jean-Sébastien : de Luther au nombre d'or'', L'Harmattan, ISBN 2747546519</ref>, sur l'analogie entre les rythmes de Suite en ''do mineur pour luth'' (BWV 997) et la ''[[Passion selon saint Matthieu]]'' (BWV 244). Roy Howat montre que [[Debussy]] était associé à des revues symbolistes à auxquelles il participait et qui analysaient les proportions et le nombre d'or. Il montre aussi comment on retrouve cette approche à travers des œuvres comme [[La Mer (Debussy)|La mer]] ou [[Images de Debussy|Reflets dans l'eau]]<ref> Roy Howat, ''Debussy in Proportion : a musical analysis'' Cambridge 1986 {{ISBN|0521311454}}</ref>. Des études montrent des résultats analogues pour [[Erik Satie]]<ref> M. Gillmor, ''Erik satie'', 1988 ou Robert Orledge, ''Satie the composer''</ref>, [[Béla Bartók]]<ref>Ernö Lendvai ''Bartók's Music and Golden Section''</ref> ou encore [[Karlheinz Stockhausen]]<ref>Gérard Assayag et Jean-Pierre Cholleton, [http://recherche.ircam.fr/equipes/repmus/RMPapers/Assayag95c/ Musique, nombre et Ordinateurs]</ref>.
Le rythme est plus largement associé au nombre d'or et sur une période musicale plus vaste. Son traitement par [[Johann Sebastian Bach|Bach]] est l'objet d'une thèse de doctorat<ref name="Marchand">Cette thèse de l'[[université de Montréal]] a donné lieu à un livre, présenté par le [http://www.iforum.umontreal.ca/Forum/ArchivesForum/2003-2004/031208/article3016.htm Forum de l'université de Montréal] : {{Ouvrage|prénom1=Guy|nom1=Marchand|titre=Bach ou la Passion selon Jean-Sébastien|sous-titre=De Luther au nombre d'or|éditeur=[[Éditions L'Harmattan|L'Harmattan]]|année=2003|pages totales=391|isbn=978-2-7475-4651-5|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=rX9SxHfQnF4C&printsec=frontcover}}, qui présente une analyse technique des rythmes de la musique de Bach et particulièrement de la [[Passion selon saint Matthieu]] à l'aide du nombre d'or.</ref>, sur l'analogie entre les rythmes de la ''Suite en do mineur pour luth''<ref>[[:commons:Fichier:Johann Sebastian Bach - BWV 997 - Lute Suite No. 2 in C minor - II Fuge.ogg|Fichier audio]] sur [[Wikimedia Commons|Commons]].</ref> (BWV 997) et la ''[[Passion selon saint Matthieu]]'' (BWV 244). Roy Howat montre que [[Debussy]] était associé à des revues [[Symbolisme (art)|symbolistes]] auxquelles il participait et qui analysaient les proportions et le nombre d'or. Il montre aussi comment on retrouve cette approche à travers des œuvres comme ''[[La Mer (Debussy)|La Mer]]'' ou ''[[Images de Debussy|Reflets dans l'eau]]''<ref>{{en}} Roy Howat, ''Debussy in Proportion : a musical analysis'', [[Cambridge University Press]], 1986 {{ISBN|978-0-52131145-8}}.</ref>. Des études montrent des résultats analogues pour [[Erik Satie]]<ref>{{en}} Alan M. Gillmor, ''Erik Satie'', Norton & Co, 1988 {{ISBN|978-0-39330810-5}} ou {{en}} [[Robert Orledge]], ''Satie the composer'', Cambridge University Press, 1990 {{ISBN|978-0-52135037-2}}.</ref>, [[Béla Bartók]]<ref>{{en}} [[Ernő Lendvaï]], ''The workshop of Bartók and Kodály'', Editio Musica, 1983 {{ISBN|978-9-63330382-5}}<!--Le titre "Bartók's Music and Golden Section" n'est pas de Lendvaï mais de Condat (note suivante) qui répondait à une réponse de Lendvaï sur sa critique de ce livre-->.</ref>, [[Karlheinz Stockhausen]]<ref name="AssayagCholleton">{{Article|prénom1=Gérard|nom1=Assayag|prénom2=Jean-Pierre|nom2=Cholleton|titre=[http://recherche.ircam.fr/equipes/repmus/RMPapers/Assayag95c/ Musique, Nombre et Ordinateurs]|périodique=[[La Recherche (magazine)|La Recherche]]|numéro=278 spécial sur les nombres|mois=juillet/août|année=1995}}.</ref>, ou encore [[Jean-Louis Florentz]]<ref>{{Ouvrage|prénom1=Bourcier,|nom1=Michel,|titre=Jean-Louis Florentz et l'orgue|sous-titre=essai analytique et exégétique|isbn=978-2-36485-033-0|isbn2=2364850339|isbn3=9782364850392|oclc=1057454281|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/1057454281|consulté le=2019-03-18}}.</ref>. Certains compositeurs de [[musique électroacoustique]] ont fabriqué des [[Synthèse sonore|sons synthétiques]] dont les fréquences des [[Partiel (acoustique)|partiels]] sont basées sur le nombre d'or<ref>{{en}} ''[http://www.starcage.org/music/index.html Star cage music composed by Akio Hizume]''.</ref>.


Outre ceci, pour Bach, dans le Credo de la Messe en Si mineur (BWV 232), Guy Marchand note la répartition de mesures suivantes : 129 mesures de de choeurs suivies de 80 mesures de duo, puis 233 de choeurs, 144 de solo (aria), 251 de choeurs. 233 et 144 sont deux nombres consécutifs de la suite de Fibonacci, dont le rapport tend vers φ<ref>{{Ouvrage|prénom1=Guy|nom1=Marchand|titre=Bach ou La passion selon Jean-Sébastien: de Luther au nombre d'or|éditeur=l'Harmattan|collection=Univers musical|date=2003|isbn=978-2-7475-4651-5|consulté le=2024-12-07}}</ref>.
À l'exception de compositeurs comme Xenakis où l'usage du nombre d'or est explicité par l'auteur<ref name="Xenakis" />, l'absence de preuve définitive empêche le consensus<ref>Par exemple pour Satie : Courtney S. Adams dans ''Erik Satie and Golden Section Analysis'', Music & Letters, Vol. 77, No. 2 (May, 1996), pp. 242-252 ou pour Bartok : J-B Condat''Reply to Ernö Lendvai: Bartók's Music and Golden Section'' Leonardo Vol. 21 N° 3 1988 p 340</ref>. La polémique est néanmoins de nature différente de celle qui sévit, par exemple en archéologie. Ici la position favorable à l'existence d'un usage large du nombre d'or est défendue par des institutions professionnelles comme l'[[Institut de recherche et coordination acoustique/musique|Ircam]]<ref>Voir à ce sujet le site : [http://recherche.ircam.fr/equipes/repmus/RMPapers/Assayag95c/ Musique, Nombre et Ordinateur] par G. Assayag et J. P. Cholleton 1995</ref> ou une thèse d'Université comme celle de Montréal<ref>Comme par exemple celle de Guy Marchand [http://www.iforum.umontreal.ca/Forum/ArchivesForum/2003-2004/031208/article3016.htm Forum de l'Université de Montréal]</ref>.

À l'exception de compositeurs comme Xenakis où l'usage du nombre d'or est explicité par l'auteur<ref name="Xenakis" />, l'absence de preuve définitive empêche le consensus<ref>Par exemple pour Satie : {{en}} Courtney S. Adams, ''Erik Satie and golden section analysis'', [[Music & Letters]], vol. 77, {{n°|2}}, mai 1996, {{p.|242-252}} ou pour Bartók : {{en}} Jean-Bernard Condat, ''Reply to Ernö Lendvai: Bartók's Music and Golden Section'', [[Leonardo (magazine)|Leonardo]], vol. 21, {{n°|3}}, 1988, {{p.|340}}.</ref>. La polémique est néanmoins de nature différente de celle qui sévit, par exemple, en archéologie. Ici la position favorable à l'existence d'un usage large du nombre d'or est défendue par des institutions professionnelles comme l'[[Institut de recherche et coordination acoustique/musique|Ircam]]<ref name=AssayagCholleton/> ou une thèse de doctorat comme [[université de Montréal|celle de Montréal]]<ref name=Marchand/>.


=== Esthétique mathématique ===
=== Esthétique mathématique ===
Une question récurrente est celle de l'existence ou non d'une réalité scientifique de l'idée de beauté associée au nombre d'or. Elle s'inscrit dans le cadre général d'une théorie scientifique de l'esthétique. Certains artistes, comme Xenakis en sont persuadé : {{Citation|Or, les durées musicales sont créées par des décharges musculaires qui actionnent les membres humains. Il est évident que les mouvements de ces membres ont tendance à se produire en des temps proportionnels aux dimensions de ces nombres. D’où la conséquence : les durées qui sont en rapport du nombre d’or sont plus naturelles pour les mouvements du corps humain<ref name="Xenakis" />}}. Charles Henry, dans le domaine des arts picturaux, inscrit le nombre d'or dans une vaste théorie de cette nature, traitant non seulement des proportions, mais aussi de la couleur et des constrastes<ref name="Charles Henry" />.
Une question récurrente est celle de l'existence ou non d'une réalité scientifique de l'idée de beauté associée au nombre d'or. Elle s'inscrit dans le cadre général d'une théorie scientifique de l'esthétique. Certains artistes, comme Xenakis en sont persuadés : {{Citation|Or, les durées musicales sont créées par des décharges musculaires qui actionnent les membres humains. Il est évident que les mouvements de ces membres ont tendance à se produire en des temps proportionnels aux dimensions de ces nombres. D’où la conséquence : les durées qui sont en rapport du nombre d’or sont plus naturelles pour les mouvements du corps humain<ref name="Xenakis" />}}. Charles Henry, dans le domaine des arts picturaux, inscrit le nombre d'or dans une vaste théorie de cette nature, traitant non seulement des proportions, mais aussi de la couleur et des contrastes<ref name="Charles Henry" />.


Préfigurant une démarche de nature [[sociologie|sociologique]] comme celle d'[[Émile Durkheim]], le philosophe allemand [[Gustav Fechner]] tente des expériences statistiques pour ''valider scientifiquement'' une association humaine entre le beau et le rectangle d'or<ref>Gustav Fechner ''Zür experimentalen Aesthetik'' S.Hirzel 1871</ref>. Des formes sont présentées à un public qui évalue les proportions les plus esthétiques. Si les résultats vont dans le sens de l'existence d'un canon de beauté construit à l'aide de la divine proportion, le protocole choisi ne correspond pas aux critères actuels de rigueur<ref name="Markowsky">Le biais provient d'un nombre trop faible de figures présentées, une dizaine. George Markowsky ''[http://www.cs.umaine.edu/~markov/GoldenRatio.pdf Misconceptions about the golden ratio]'' trouve une "proportion universelle" plus proche de 1,83.</ref>. Une deuxième expérience, plus objective<ref name="Markowsky" /> met en évidence une préférence pour un format proche du ''16/9'' de la télévision. Une fois encore, et malgré son caractère plus rigoureux, le caractère universel d'un tel format n'est pas établi.
Préfigurant une démarche de nature [[sociologie|sociologique]] comme celle d'[[Émile Durkheim]], le philosophe allemand [[Gustav Fechner]] tente des expériences statistiques pour ''valider scientifiquement'' une association humaine entre le beau et le rectangle d'or<ref>{{de}} Gustav Fechner, ''Zür experimentellen Aesthetik'', Hirzel, 1871.</ref>. Des formes sont présentées à un public qui évalue les proportions les plus esthétiques. Si les résultats vont dans le sens de l'existence d'un canon de beauté construit à l'aide de la divine proportion, le protocole choisi ne correspond pas aux critères actuels de rigueur<ref group="alpha" name="Markowsky">Le biais provient d'un nombre trop faible de figures présentées, une dizaine. {{harvsp|Markowsky|1992}} trouve une « proportion universelle » plus proche de 1,83.</ref>. Une deuxième expérience, plus objective<ref group="alpha" name="Markowsky" /> met en évidence une préférence pour un format proche du ''16/9'' de la télévision. Une fois encore, et malgré son caractère plus rigoureux, le caractère universel d'un tel format n'est pas établi.


Si l'intuition d'artistes comme Xenakis, Valéry ou Le Corbusier, laisse penser à l'existence d'une transcendance esthétique du nombre d'or, aucune approche scientifique ne permet d'affirmer la pertinence d'une telle hypothèse.
Si l'intuition d'artistes comme Xenakis, Valéry ou Le Corbusier laisse présager l'existence d'une transcendance esthétique du nombre d'or, aucune approche scientifique ne permet aujourd'hui de confirmer cette hypothèse.

=== Vexillologie ===
Le [[drapeau du Togo]] a les proportions d'un rectangle d'or<ref>Jean-Philippe Vert, [http://cbio.mines-paristech.fr/~jvert/talks/140402gouter/nombre_d_or.pdf Le nombre d'or].</ref>.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
=== Notes ===
<div class="references-small" style="-moz-column-count:2; column-count:2;">
{{Références|groupe=alpha|taille=25}}
<references /></div>


== Annexes ==
=== Références ===
{{Références nombreuses|taille=25}}
=== Articles connexes ===

* [[Construction du pentagone régulier à la règle et au compas]]
== Voir aussi ==
* [[Entier de Dirichlet]]
{{Autres projets
* [[Suite de Fibonacci]]
| commons = Category:Golden ratio
* [[Base d'or]]
| wikiversity = Racine carrée/Devoir/Nombre d'or|wikiversity titre=Devoir corrigé sur le nombre d'or et le rectangle d'or
* [[Angle d'or]]
}}
* [[Notion de module]]
* [[Nombre d'argent]]
*[[Nombre plastique]]


=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Roger|nom1=Herz-Fischler|titre=A Mathematical History of the Golden Number|éditeur=[[Dover Publications|Dover]]|année=1998|pages totales=216|isbn=978-0-486-40007-5}}
* M. Neveux, ''Nombre d'or - radiographie d'un mythe'', Seuil/Points, 1995 {{ISBN|2020259168}} {{Commentaire biblio|Ce livre est la référence sur l'analyse critique de l'usage du nombre d'or dans les différents domaines artistiques.}}
* Marius Cleyet-Michaud, ''Le nombre d'or'', [[PUF]], coll. ''[[Que sais-je ?]]'', {{13e}} éd., 2009 {{ISBN|978-2-13057614-3}}{{Commentaire biblio|Ce livre suppose un niveau mathématique un peu technique ; il traite avec une orientation scientifique des différents aspects culturels du nombre d'or.}}
* Robert Vincent, ''Géométrie du nombre d'or'', Chalagam, {{5e}} éd., 2007 {{ISBN|978-2-95196070-1}}{{Commentaire biblio|Ce petit traité de 128 pages illustre, sans demander de connaissances mathématiques, différentes constructions géométriques à l'aide du nombre d'or.}}
* Christian Hakenholz, ''Nombre d'or et mathématique'', Chalagam, 2001 {{ISBN|978-2-95080016-9}}{{Commentaire biblio|Ce petit livre de 63 pages traite spécifiquement de l'aspect géométrique du nombre d'or. Il ne nécessite pas de connaissances mathématiques préalables.}}
* Jérôme Haubourdin, ''Le Mythe du Nombre d'Or – Une Esthétique Mathématique'', Biospheric, 2011 {{ISBN|978-2-95280208-6}}{{Commentaire biblio|Ce livre CD ROM apporte une lecture plus axée sur l'art, la peinture et l'architecture.}}


=== Articles connexes ===
* M. Ghyka ''Le nombre d’or'' Gallimard, 1931, réédité en 1976 {{ISBN|2070292983}} {{Commentaire biblio|Cet ouvrage est à l'origine du mythe moderne du nombre d'or. Ce livre a séduit de nombreux penseurs comme Valéry ou Le Corbusier.}}
{{catégorie principale}}

* [[Angle d'or]] - [[Base d'or]]
* [[Le Corbusier]] ''LE MODULOR, essai sur une mesure harmonique à l'échelle humaine applicable universellement à l'Architecture et à la mécanique'', Éditions de l'Architecture d'Aujourd'hui, collection ASCORAL, 1949 Réédition 1983 {{ISBN|2904833013}} {{Commentaire biblio|Ce livre est le premier d'une série de 2 avec ''LE MODULOR, La parole est aux usagers''. Il explicite et théorise les raisons qui amènent Le Corbusier à utiliser le nombre d'or en architecture.}}
* [[Icosaèdre]]

* [[Méthode du nombre d'or]], algorithme de recherche de l'extremum d'une fonction
* G. Marchand ''Bach ou la passion selon Jean-Sébastien de Luther au nombre d'or'' L'Harmattan 2003 {{ISBN|2747546519}} {{Commentaire biblio|Ce livre est tiré d'une thèse de doctorat. Il présente une analyse technique des rythmes de la musique de Bach et particulièrement de la [[Passion selon Saint Matthieu]] à l'aide du nombre d'or.}}
* [[Nombre d'argent]] - [[Nombre plastique]] - [[Super nombre d'or]] - [[Nombre métallique]]

* [[Notion de module]]
* R. Herz-Fischler ''A Mathematical History of the Golden Number'' Dover Publications 1998 {{ISBN|0486400077}} {{Commentaire biblio|Ce texte relate l'histoire mathématique du nombre d'or.}}
* [[Règle des tiers]]

* [[Pseudoscience]]
* Marius Cleyet-Michaud, ''Le nombre d'or'', P.U.F., coll. ''Que sais-je ?'', 12{{e}} édition, 2002 {{ISBN|2130527736}} {{Commentaire biblio|Ce livre suppose un niveau mathématique un peu technique, il traite avec une orientation scientifique les différents aspects culturels du nombre d'or.}}

* R. Vincent ''Géométrie du nombre d'or'' Chalagam Édition 2004 {{ISBN|2951960700}} {{Commentaire biblio|Ce petit traité de 128 pages illustre, sans nécessité de connaissance mathématique, différentes constructions géométriques à l'aide du nombre d'or.}}

* C. Hakenholz ''Nombre d'or et mathématique'' Chalagam 2001 {{ISBN|2950800165}} {{Commentaire biblio|Ce petit livre de 63 traite spécifiquement de l'aspect géométrique du nombre d'or. Il ne nécessite pas de connaissance mathématiques préalables.}}


=== Liens externes ===
=== Liens externes ===
* {{Ouvrage|auteur1=Cyril Jaquier|auteur2=Kévin Drapel|titre=Le nombre d'or : réalité ou interprétations douteuses ?|éditeur=Projet STS|année=2005|mois=avril|lire en ligne=https://www.jaqpot.net/wp/wp-content/uploads/2020/02/nombredor.pdf|id=JaquierDrapel}}.{{Commentaire biblio|Une analyse critique du mythe, solidement documentée.}}
{{commons|Category:Golden ratio|{{PAGENAME}}}}
* {{Ouvrage|auteur1=Morgane Cariou|auteur2=Adèle Jatteau|titre=Le nombre d'or dans l'architecture grecque|sous-titre=mythe ou réalité ?|éditeur=Archéologie en chantier|année=2006|lire en ligne=http://archive.wikiwix.com/cache/?url=http://www.diffusion.ens.fr/archeo/rech/folder.2006-11-21.2131063934/nombredor/view?searchterm=hellmann&title=Arch%C3%A9ologie%20en%20chantier|id=CariouJatteau}}.{{Commentaire biblio|Une analyse du rôle du nombre d'or dans l'architecture grecque, par deux élèves de première année de l'École Normale Supérieure.}}

* {{Lien web|url=http://therese.eveilleau.pagesperso-orange.fr/pages/truc_mat/textes/nature_dor.htm|auteur=Thérèse Eveilleau|titre=Le nombre d'or}}.
* {{fr}} P. Arnoux ''[http://www.cite-sciences.fr/francais/ala_cite/college/v2/html/2006_2007/conferences/conference_239.htm Les merveilles du nombre d'or] Cité des sciences {{Commentaire biblio|Une présentation mathématiques du nombre d'or sous forme de visio conférence. Didactique, riche et remarquablement clair.}}
* Michel Gardes, ''[http://ww3.ac-poitiers.fr/arts_p/b@lise14/pageshtm/page_4.htm La Divine Proportion de Luca Pacioli]''<!--Luca : sic-->, [[Académie de Poitiers]].

* [[GeoGebra]], ''[http://www.geogebratube.org/student/m57386 Quand un simple partage conduit au nombre d'or]''.
* {{fr}} {{pdf}} K. Drapel C. Jaquier ''[http://ic.epfl.ch/webdav/site/ic/shared/article_drapel_.jaquier.pdf Le nombre d'or : réalité ou interprétations douteuses ?]'' {{Commentaire biblio|Une analyse critique du mythe, solidement documenté.}}
* {{MathWorld|nom_url=GoldenRatio|titre=Golden Ratio}}.

* Nombreuses illustrations parlantes : ''[http://www.cut-the-knot.org/do_you_know/GoldenRatio.shtml Golden Ratio in Geometry]''
* {{en}} {{pdf}} G. Markowsky, ''[http://www.umcs.maine.edu/~markov/GoldenRatio.pdf Misconceptions about the Golden Ratio]'', in ''The College Mathematicals Journal'' (1992, 23-1 p. 2-19) {{Commentaire biblio|Une liste précise d'arguments démontrant l'inexactitude d'une série de faits associés au nombre d'or.}}

* {{fr}} M. Cariou et A. Jatteau ''[http://www.diffusion.ens.fr/archeo/rech/folder.2006-11-21.2131063934/nombredor/view?searchterm=hellmann Le nombre d'or dans l'architecture grecque : mythe ou réalité ?]'' Archéologie en chantier {{Commentaire biblio|Une analyse du rôle du nombre d'or dans l'architecture grecque, par deux élèves de l'Ecole Normale Supérieure.}}

* {{fr}} J.-P. Krivine ''[http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article796 Le mythe du nombre d’or]'' Association française pour l'information scientifique {{Commentaire biblio|Un site très critique sur le mythe du nombre d'or, bien documenté et amusant.}}

* {{fr}} M. Gardes ''[http://ww3.ac-poitiers.fr/arts_p/b@lise14/pageshtm/page_4.htm La Divine Proportion de luca Pacioli]'' Académie de Poitiers {{Commentaire biblio|Analyse de la ''divine proportion'' de Luca Pacioli.}}

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La proportion définie par a et b est dite d'« extrême et moyenne raison » lorsque a est à b ce que a + b est à a, soit : lorsque (a + b)/a = a/b. Le rapport a/b est alors égal au nombre d'or (phi).

Le nombre d'or (ou section dorée, proportion dorée, ou encore divine proportion) est une proportion, définie initialement en géométrie comme l'unique rapport a/b entre deux longueurs a et b telles que le rapport de la somme a + b des deux longueurs sur la plus grande (a) soit égal à celui de la plus grande (a) sur la plus petite (b), ce qui s'écrit :

avec

Le découpage d'un segment en deux longueurs vérifiant cette propriété est appelé par Euclide découpage en « extrême et moyenne raison ». Le nombre d'or est maintenant souvent désigné par la lettre φ ou (phi), et il est lié à l'angle d'or.

Ce nombre irrationnel est l'unique solution positive de l'équation φ2 = φ + 1. Il vaut[a]:

Il intervient dans la construction du pentagone régulier. Ses propriétés algébriques le lient à la suite de Fibonacci et au corps quadratique ℚ(5). Le nombre d'or s'observe aussi dans la nature (quelques phyllotaxies, par exemple chez les capitules du tournesol, pavage de Penrose de quasi-cristaux) ou dans quelques œuvres et monuments (architecture de Le Corbusier, musique de Xenakis, peinture de Dalí).

L'histoire de cette proportion commence à une période de l'Antiquité qui n'est pas connue avec certitude ; la première mention connue de la division en extrême et moyenne raison apparaît dans les Éléments d'Euclide. À la Renaissance, Luca Pacioli, un moine franciscain italien, la met à l'honneur dans un manuel de mathématiques et la surnomme « divine proportion » en l'associant à un idéal envoyé du ciel. Cette vision se développe et s'enrichit d'une dimension esthétique, principalement au cours des XIXe et XXe siècles où naissent les termes de « section dorée » et de « nombre d'or ».

Il est érigé en théorie esthétique et justifié par des arguments d'ordre mystique, comme une clé importante, voire explicative, dans la compréhension des structures du monde physique, particulièrement pour les critères de beauté et surtout d'harmonie ; sa présence est alors revendiquée dans les sciences de la nature et de la vie, proportions du corps humain ou dans les arts comme la peinture, l'architecture ou la musique. Certains artistes, tels le compositeur Xenakis ou le poète Paul Valéry ont adhéré à une partie de cette vision, soutenue par des livres populaires. À travers la médecine, l'archéologie ou les sciences de la nature et de la vie, la science infirme les théories de cette nature car elles sont fondées sur des généralisations abusives et des hypothèses inexactes.

Géométrie

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Figure 1. Les triangles OAB et OCA sont semblables si et seulement si les longueurs a et b respectent la proportion d'or.

Le nombre d'or possède une première définition d'origine géométrique, fondée sur la notion de proportion :

Définition de la proportion d'or — Deux longueurs a et b (strictement positives) respectent la « proportion d'or » si le rapport de a sur b est égal au rapport de a + b sur a :

.

Il existe une interprétation graphique de cette définition, conséquence des propriétés des triangles semblables illustrée par la figure 1. Les segments bleus sont de longueur a et le rouge de longueur b. Dire que la proportion définie par a et b est d'or revient à dire que les triangles OAB et OCA sont semblables. Euclide exprime la « proportion d'or », qu'il appelle « extrême et moyenne raison », de la manière suivante : « Une droite est dite coupée en extrême et moyenne raison lorsque la droite entière est au plus grand segment comme le plus grand segment est au plus petit. »

Le rapport a/b ne dépend pas des deux valeurs a et b, dès lors que ces deux nombres sont en proportion d'extrême et de moyenne raison. Cela donne une nouvelle définition du nombre d'or :

Définition du nombre d'or — Le nombre d'or est le nombre réel positif, noté φ, égal à la fraction a/b si a et b sont deux nombres en proportion d'extrême et de moyenne raison. Il est donné par la formule :

.

Sa valeur approximative est donc[a] 1,6180339887.

La proportion (1), définissant la proportion d'or, peut être écrite de la manière suivante, obtenue en multipliant l'égalité par a/b :

φ est donc solution d'une équation du second degré. Cette propriété donne lieu à une troisième définition :

Définition alternative du nombre d'or — Le nombre d'or est l'unique solution positive de l'équation du second degré suivante :

.

Cette équation est équivalente à celle indiquant que l'inverse de l'inconnue x est égal à x – 1 (ce qui implique que 1/φ est égal à la partie fractionnaire de φ). Plus généralement, toutes les puissances de φ, d'exposant n entier positif ou négatif, peuvent s'écrire sous la forme φn = an + bnφ, où an et bn sont des entiers relatifs qui suivent la suite de Fibonacci.

Il existe deux modes de définition du nombre d'or, celle géométrique qui s'exprime sous forme de proportion et celle algébrique qui définit le nombre comme l'unique racine positive d'une équation. Cette double approche permet de résoudre un problème d'algèbre, en l'occurrence une équation du second degré, à l'aide de méthode géométrique : on parle d'algèbre géométrique.

Rectangle et spirale d'or

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Figure 2. Construction, à la règle et au compas, d'un segment de longueur égale au nombre d'or.
Figure 3. Rectangles d'or et divine proportion. D'après le théorème de Pythagore, , donc
Autre construction, équivalente. Le rectangle est de côtés 2 et 1. . Notons que la puissance du point par rapport au cercle, égale à , vaut 1.

Les calculs précédents permettent, à l'aide d'une règle et d'un compas de dessiner une proportion d'extrême et de moyenne raison. La méthode est illustrée sur la figure 2. On dessine un cercle de centre C et de rayon 1 (en orange). Puis, de l'extrémité du rayon, on élève un segment (en vert) perpendiculaire au rayon, de longueur 1/2, et on trace le cercle de centre C′ et de rayon 1/2. Le segment bleu qui a pour extrémités C et le point du cercle C' dans le prolongement de CC' est de longueur φ.

Cette méthode permet donc de construire un « rectangle d'or », c'est-à-dire un rectangle de longueur a et de largeur b tel que a et b soient en proportion d'extrême et de moyenne raison. En d'autres termes, un rectangle est dit d'or si le quotient de sa longueur par sa largeur est égal au nombre d'or. Mais pour tracer un rectangle d'or de largeur b, une méthode plus simple (cf. figure 3) est de dessiner un carré de côté b. En prenant le milieu de la base comme centre, on trace un cercle passant par les deux sommets opposés. L'intersection de ce cercle avec la droite prolongeant la base du carré détermine l'extrémité de la base a du rectangle d'or[b].

Figure 4. Deux petits rectangles d'or inscrits dans un grand rectangle d'or.

En disposant côte à côte deux rectangles identiques, l'un en format paysage et l'autre en format portrait (figure 4), on dessine les contours d'un nouveau rectangle. Le rectangle de départ est d'or si et seulement si sa diagonale est confondue avec la diagonale du grand rectangle. En effet, si sur le rectangle a × b de la figure 3 on trace la diagonale, le rectangle horizontal obtenu sera d'or parce qu'homothétique du grand, et comme sa longueur est b, c'est donc le même que le rectangle vertical, qui est d'or comme expliqué dans le paragraphe suivant.

Figure 5.

En enlevant un carré de côté b d'un rectangle d'or de côtés a × b (figures 3 et 4), il reste un rectangle de longueur b et de largeur a − b. Un rapide calcul montre que ce rectangle est encore d'or[c] :

.

Il est possible de réitérer le processus et d'intégrer un carré de côté ab dans le rectangle d'or de côtés b × (ab). Cette méthode peut être prolongée indéfiniment (figure 5). Si, dans chaque carré est dessiné un quart de cercle d'extrémités deux côtés du carré, comme sur la figure, on obtient une spirale. Ce graphique est une bonne approximation d'une spirale d'or, d'équation polaire :

.

Cette spirale est un cas particulier de spirale logarithmique. Comme toute spirale de cette famille, elle possède une propriété caractéristique : si A est un point de la spirale, alors la droite passant par le centre de la spirale et A fait un angle constant avec la tangente à la spirale en A. Une telle spirale est dite « équiangle ».

Pour se faire une idée de ce qu'est un rectangle d'or, on peut regarder une carte de paiement de format ISO 7810 (à condition de réduire son petit côté d'au moins un millimètre, le rapport entre longueur et largeur est inférieur d'environ 2 % au nombre d'or), ou bien, parmi les nombreux formats de livre de poche, un livre de format 11 × 18 cm (à condition de réduire son grand côté d'au moins deux millimètres, le rapport est cette fois supérieur d'un peu plus de 1 %)[1]. Une feuille de papier au format A4 est trop large pour représenter un rectangle d'or, il faudrait enlever à son petit côté plus de deux centimètres et demi pour l'en rapprocher (dans ces formats, le rapport entre longueur et largeur est exactement , soit un peu moins que ).

D'autres figures se dessinent à l'aide du nombre d'or à l'instar de l'« œuf d'or »[d].

Pentagone et pentagramme

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Une fois la proportion d'extrême et de moyenne raison construite, il est simple de dessiner un pentagone.

Un pentagone régulier se construit à l'aide de la proportion d'extrême et moyenne raison. Soit un cercle de diamètre OP1 et de rayon a, illustré sur la figure de gauche. Si b est le nombre réel plus petit que a tel que a et b soient en proportion d'or, et P2, P3, P4 et P5 les intersections du cercle de diamètre OP1 avec les deux cercles de centre O et de rayon a + b et b, alors les cinq points Pi définissent un pentagone.

Le pentagramme associé, c'est-à-dire la figure composée des cinq diagonales du pentagone (Cf. figure de droite), contient aussi de multiples proportions d'extrêmes et moyennes raisons. Elles s'expriment simplement à l'aide de triangles isocèles dont les longueurs des côtés sont en proportion d'or. De tels triangles sont appelés triangles d'or. Il en existe de deux types différents, les jaunes ayant une base proportionnelle à a et deux côtés à b et les orange ayant une base proportionnelle à b et deux côtés à a. Les triangles foncés sont semblables aux plus clairs de même couleur, la proportion entre clair et foncé est encore d'or.

Les triangles jaunes possèdent deux angles de 36°, soit le cinquième d'un angle plat et un de 108°, soit les trois cinquièmes d'un angle plat. Un tel triangle est parfois appelé « triangle d'argent ». Les triangles orange possèdent deux angles de 72°, soit les deux cinquièmes d'un angle plat et un angle de 36°. Avec des triangles d'or et d'argent dont les côtés sont toujours a et b, il est possible de paver intégralement un plan euclidien de manière non périodique. Un tel pavage est dit de Penrose.

Trigonométrie

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L'analyse des mesures des triangles d'argent et d'or permettent de déterminer les valeurs trigonométriques associées au pentagone. Considérons un triangle d'argent de base φ et donc de côtés adjacents de longueur 1. Ce triangle, coupé en son milieu, comme sur la figure de droite, est un triangle rectangle d'hypoténuse de longueur 1. Sa base est de longueur φ/2 car elle correspond à la demi-base du rectangle d'argent. On en déduit :

.

Un raisonnement analogue s'applique au triangle d'or. Les côtés ont toujours une longueur 1, la base est en proportion d'or donc de longueur φ –1. On en déduit que le cosinus de 72° est égal à (φ – 1)/2. À partir de ces valeurs et de différentes formules, il est possible de calculer les images par les fonctions trigonométriques des multiples ainsi que les moitiés de l'angle 36°.

Une autre manière de déterminer les différentes valeurs caractéristiques d'un pentagone consiste à utiliser le plan complexe. Les affixes des sommets sont les racines cinquièmes de l'unité. Comme 5 est un nombre de Fermat, le théorème de Gauss-Wantzel a pour conséquence que le pentagone régulier est constructible à la règle et au compas : les racines s'obtiennent par résolutions successives d'équations du second degré. Dans le plan complexe, les affixes des sommets du pentagone sont 1 et les racines du cinquième polynôme cyclotomique X4 + X3 + X2 + X + 1.

Arithmétique

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Un autre chemin que celui de la géométrie permet de mieux comprendre les propriétés du nombre d'or, l'arithmétique. Elle met en évidence ses propriétés algébriques ainsi que les profondes relations entre des sujets de prime abord différents comme la suite de Fibonacci, les fractions continues ou certaines équations diophantiennes. Une équation diophantienne est une équation dont les coefficients sont entiers et dont les solutions recherchées sont entières.

Le nombre d'or vérifie la relation , s'écrivant aussi . Ceci permet d'écrire φ sous forme de racines carrées imbriquées :

,

ou sous forme de séries géométriques :

,

 ;

voir dans l'article base d'or comment ces relations s'écrivent en système de numération "phinaire".

Le nombre d'or est également lié à un certain anneau d'entiers algébriques. Les repères sont modifiés par rapport à ceux des entiers relatifs, mais le mot « entier » est encore utilisé, par analogie : le nombre d'or est un entier algébrique et même un entier quadratique. Le mot accolé à « entier » marque la différence. Par exemple 11, qui est un nombre premier dans les entiers usuels, n'est pas un élément premier dans ce nouvel univers de nombres.

Fraction continue

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La fraction continue est une manière d'approcher un nombre réel ; dans le cas du nombre d'or, elle est simple. On peut l'approcher par les valeurs 1 ou 1 + 1/1. La fraction suivante est plus précise :

.

Le prolongement à l'infini de cette méthode donne exactement le nombre d'or :

.

En effet, le membre de droite représente un irrationnel positif x qui vérifie, par construction, c'est-à-dire x2 = x + 1. Ce nombre x est donc égal à φ.

La fraction continue approximant le nombre d'or possède systématiquement la plus petite valeur possible pour chacun de ses coefficients, à savoir 1. Ce nombre irrationnel et tous ceux qui lui sont équivalents sont ceux qui s'approximent le plus mal par des rationnels. On dit de lui qu'il est « le plus irrationnel » des nombres réels[2] (cf. théorème de Hurwitz sur les approximations diophantiennes).

Suite de Fibonacci

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Le calcul des couples de numérateurs et dénominateurs obtenus par la fraction continue donne les valeurs suivantes (1, 1), (2, 1), (3, 2), (5, 3), … le dénominateur correspond au numérateur de la fraction précédente. Il est aussi égal au n-ième terme de la suite de Fibonacci (Fn). Elle est définie par récurrence :

.
Représentation des termes de la suite de Fibonacci mettant en évidence les ratios convergents vers le nombre d'or.


La suite de Fibonacci fournit donc des approximations du nombre d'or :

.

La vitesse de convergence est linéaire ; la différence entre Fn+1/Fn et φ est, en valeur absolue, inférieure au carré de l'inverse de Fn. Par exemple, la fraction F16/F15 = 987/610 = 1,6180327… offre une précision proche du millionième.

Réciproquement, la formule de Binet exprime la suite de Fibonacci en fonction du nombre d'or :

.

On en déduit l'équivalent :

.

En effet, –1/φ est strictement compris entre –1 et 0 donc ses puissances s'approchent de plus en plus de 0, tandis que celles de φ tendent vers l'infini. Si l'on prend l'entier le plus proche de l'expression précédente en négligeant le terme en (–1/φ)n, on obtient :

.


Équation diophantienne

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La fraction continue offre des approximations rationnelles Fn+1/Fn qui sont « presque » des solutions à l'équation (1) ci-dessus. Plus précisément, (Fn+1/Fn)2 – (Fn+1/Fn) – 1 n'est bien sûr pas égal à 0 (puisque le nombre d'or est irrationnel) mais à (–1)n/Fn2, ou encore :

.

Ceci est lié à l'équation diophantienne :

.

Le cas n = 5 de l'identité de Brahmagupta prend, par changement de variables, la forme suivante :

.

Si (a, b) et (c, d) forment deux couples solutions de l'équation (2), cette identité fournit donc une nouvelle solution (e, f), donnée par e = ac + bd et f = ad + bc + bd. La découverte de la « multiplication » particulière suivante permet ainsi de construire autant de solutions que désiré, à partir d'une solution non triviale :

.

En effet, en combinant une solution (x, y) avec elle-même, on en obtient une nouvelle : (x2 + y2, 2xy + y2), et l'on peut réitérer cette opération.

Remarquons aussi qu'en combinant (Fp–1, Fp) avec (Fq–1, Fq), on obtient (Fp+q–1, Fp+q).

Entiers de ℚ(5)

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L'ensemble, noté ℤ[φ], des nombres réels de la forme a + φb (avec a et b entiers relatifs) est stable par addition, mais aussi par multiplication puisque φ2 = 1 + φ (de proche en proche, toutes les puissances de φ sont donc dans ℤ[φ] ; plus précisément[e], φn = Fn–1 + Fnφ, où (Fn) désigne la suite de Fibonacci).

On obtient ainsi une structure équipée d'une addition et d'une multiplication, qui est un anneau commutatif intègre. On montre que ℤ[φ] est l'anneau des éléments « entiers » du corps quadratique ℚ(5), c'est-à-dire ceux qui sont racines d'un polynôme de la forme X2 + cX + d, avec c et d entiers relatifs.

L'anneau ℤ[φ] est euclidien, c'est-à-dire qu'il dispose d'une division euclidienne semblable à celle de l'anneau ℤ des entiers relatifs. Les outils de l'arithmétique usuelle sur ℤ, comme le théorème de Bachet-Bézout, le lemme d'Euclide ou le théorème fondamental de l'arithmétique, sont tous des conséquences de la division euclidienne[3].

La compréhension de l'arithmétique de ℤ passe souvent par celle des nombres premiers. L'anneau ℤ[φ] a aussi ses propres éléments premiers. Un nombre premier de ℤ n'est pas toujours premier dans ℤ[φ], comme le montre le contre-exemple 11 = (3 + 2φ)(5 – 2φ). Cette différence engendre des modifications dans l'application des théorèmes classiques. Par exemple, un analogue du petit théorème de Fermat indique qu'un nombre premier p ne divise φp–1 – 1 que s'il est congru à ±1 modulo 5[4].

Fragments d'histoire

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Selon Thomas L. Heath interprétant un passage de Proclus, Platon entame une étude des propriétés de la proportion dorée, qui est poursuivie par Eudoxe[5].

Certains historiens[6],[7] considèrent que l'histoire du nombre d'or commence lorsque cette valeur fit l'objet d'une étude spécifique. Pour d'autres, la détermination d'une figure géométrique contenant au moins une proportion se calculant à l'aide du nombre d'or suffit. La pyramide de Khéops (vers 2600 av. J.-C.) devient, selon cette dernière convention, un bon candidat pour l'origine[f][source insuffisante].

Les historiens s'accordent tous sur l'existence d'une origine ancienne, mais l'absence de document d'époque définitif interdit une connaissance indiscutable de l'origine[8]. Dans ce cadre, l'hypothèse est parfois émise que le nombre d'or a son origine chez les pythagoriciens[9],[5] : ils auraient connu et construit le dodécaèdre régulier.

Les pythagoriciens connaissaient déjà une construction du pentagone à l'aide de triangles isocèles. À cette époque, l'étude du nombre d'or est essentiellement géométrique, Hypsiclès, un mathématicien grec du IIe siècle av. J.-C., en fait usage pour la mesure de polyèdres réguliers[7]. Elle revient chaque fois qu'un pentagone est présent.

L'approche arithmétique est initialement bloquée par le préjugé pythagoricien qui voudrait que tout nombre soit rationnel[g] (rappelons que le nombre d'or ne l'est pas). Platon évoque cette difficulté[h]. Les premières preuves du caractère irrationnel de certaines diagonales de polygones réguliers remontent probablement[10] au Ve siècle av. J.-C. Platon cite[11] les travaux de son précepteur, Théodore de Cyrène, qui montre l'irrationalité de 5 et, par voie de conséquence, celle du nombre d'or[non pertinent]. Dès cette époque, les mathématiciens grecs découvrent des algorithmes d'approximation des nombres diagonaux et latéraux[12]. Bien plus tard, Héron d'Alexandrie, un mathématicien du Ier siècle pousse plus loin cette démarche à l'aide des tables trigonométriques de Ptolémée[13][pertinence contestée].

Le premier texte mathématique indiscutable est celui des Éléments d'Euclide (vers 300 av. J.-C.). Dans la 3e définition du Livre vi, le nombre d'or est défini comme une proportion géométrique :

« Une droite est dite coupée en extrême et moyenne raison quand, comme elle est tout entière relativement au plus grand segment, ainsi est le plus grand relativement au plus petit. »

Sa relation avec le pentagone, l'icosaèdre et le dodécaèdre régulier est mise en évidence. Il est donc lié aux problèmes géométriques déjà résolus par les pythagoriciens[i], mais selon l'historien des sciences Thomas Heath (s'appuyant sur Proclus), c'est probablement Platon qui en avait fait ensuite un objet d'étude en soi :

« L'idée que Platon initia l'étude (du nombre d'or) comme sujet intrinsèque n'est pas du tout contradictoire avec la supposition que le problème d'Eucl. II. 11 a été résolu par les pythagoriciens[5]. »

Leonardo Pisano, plus connu sous le nom de Fibonacci, établit la relation entre des équations du second degré et le nombre d'or.

Les mathématiques arabes apportent un nouveau regard sur ce nombre, plus tard qualifié d'or. Ce n'est pas tant ses propriétés géométriques qui représentent pour eux son intérêt, mais le fait qu'il soit solution d'équations du second degré. Al-Khawarizmi, un mathématicien perse du VIIIe siècle, propose plusieurs problèmes consistant à diviser une longueur de dix unités en deux parties. L'un d'eux possède comme solution la taille initiale divisée par le nombre d'or. Abu Kamil propose d'autres questions de même nature dont deux sont associées au nombre d'or. En revanche, ni pour Al-Khawarizmi ni pour Abu Kamil, la relation avec la proportion d'extrême et moyenne raison n'est mise en évidence. Il devient ainsi difficile de savoir si la relation avec le nombre d'or était claire pour eux[14].

Leonardo Pisano, plus connu sous le nom de Fibonacci, introduit en Europe les équations d'Abu Kamil. Dans son livre Liber Abaci, on trouve non seulement la longueur des deux segments d'une ligne de 10 unités mais aussi, clairement indiquée la relation entre ces nombres et la proportion d'Euclide[15]. Son livre introduit la suite qui porte maintenant son nom, connue « aux Indes » depuis[16] le VIe siècle. En revanche la relation avec le nombre d'or n'est pas perçue par l'auteur. Un élément de cette suite est la somme des deux précédents.

En 1260, Campanus démontre l'irrationalité de φ par une descente infinie que l'on peut visualiser dans la spirale d'or[17],[18].

Renaissance

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L'homme de Vitruve de Léonard de Vinci respecte les proportions explicitées par Vitruve, rationnels préférés au nombre d'or par Pacioli pour ce qui concerne les œuvres d'art.

À la fin du XVe siècle, Luca Pacioli rédige un livre intitulé La divine proportion[19], illustré par Léonard de Vinci. Si l'aspect mathématique n'est pas nouveau, le traitement de la question du nombre d'or est inédit. L'intérêt du nombre ne réside pas tant dans ses propriétés mathématiques que mystiques, elles « concordent avec les attributs qui appartiennent à Dieu[19]… » Pacioli cite les dix raisons qui l'ont convaincu. L'incommensurabilité prend, sous la plume de l'auteur, la forme suivante « De même que Dieu ne peut se définir en termes propres et que les paroles ne peuvent nous le faire comprendre, ainsi notre proportion ne se peut jamais déterminer par un nombre que l'on puisse connaître, ni exprimer par quelque quantité rationnelle, mais est toujours mystérieuse et secrète, et qualifiée par les mathématiciens d'irrationnelle[19] ».

Pacioli rédige ainsi l'envoi de son livre : « une œuvre nécessaire à tous les esprits perspicaces et curieux, où chacun de ceux qui aiment à étudier la philosophie, la perspective, la peinture, la sculpture, l'architecture, la musique et les autres disciplines mathématiques, trouvera une très délicate, subtile et admirable doctrine et se délectera de diverses questions touchant à une très secrète science[19]. », il est en revanche discret sur la manière dont s'applique cette proportion. Dans son traité d'architecture[20], l'auteur se limite aux proportions[21] de Vitruve, un architecte de la Rome antique. Elles correspondent à des fractions d'entiers, choisies à l'image du corps humain[22]. S'il cite comme exemple une statue du grec Phidias, ce n'est que pour y voir le nombre d'or dans un dodécaèdre régulier, une figure associée au pentagone symbole de la quintessence, une représentation du divin[23]. Les architectes de la Renaissance n'utilisent pas le nombre d'or[24],[25].

Les mathématiciens de l'époque ne sont pas en reste. Les spécialistes des équations polynomiales que sont Gerolamo Cardano et Raphaël Bombelli indiquent comment calculer le nombre d'or à l'aide d'équations de second degré[26]. Un résultat plus surprenant est anonyme. Une note manuscrite, datant du début du XVIe siècle et écrite dans la traduction de Pacioli des éléments d'Euclide de 1509, montre la connaissance de la relation entre la suite de Fibonacci et le nombre d'or. Si l'on divise un terme de la suite par son précédent, on trouve une approximation du nombre d'or. Plus le terme est élevé, plus l'approximation est bonne et elle peut devenir aussi précise que souhaitée[27]. Ce résultat est, plus tard, retrouvé par Johannes Kepler puis par Albert Girard[28]. Kepler est fasciné par le nombre d'or, il dit de lui « La géométrie contient deux grands trésors : l’un est le théorème de Pythagore ; l’autre est la division d’une ligne en moyenne et extrême raison. Le premier peut être comparé à une règle d’or ; le second à un joyau précieux[29] ».

XIXe siècle : naissance d'un mythe

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Adolf Zeising appuie sa théorie sur des exemples naturels incontestables. Un tournesol présente une figure où apparaît la suite de Fibonacci, ainsi que la spirale d'or.

Sur le front des mathématiques, l'intérêt diminue. Au XVIIIe siècle, le nombre d'or ainsi que les polyèdres réguliers sont considérés « avec assez de justice, comme une branche inutile de la géométrie[30] ». Concernant le nombre d'or, on lui prête encore un peu d'attention au siècle suivant : Jacques Binet démontre en 1843 la formule, peut-être connue avant lui, mais qui porte maintenant son nom : si la lettre φ désigne le nombre d'or, le n-ième terme de la suite de Fibonacci est donné par : n – (1 − φ)n)/5. L'essentiel des travaux se reporte sur la suite de Fibonacci. Édouard Lucas trouve des propriétés subtiles associées à cette suite, à laquelle il donne pour la première fois le nom de « suite de Fibonacci »[31]. Son résultat le plus important porte le nom de Loi d'apparition des nombres premiers au sein de la suite Fibonacci[32],[33].

D'autres sont plus polémiques. Pour retrouver le nombre d'or dans le Parthénon, il est nécessaire d'user de conventions spécifiques.

C'est durant ce siècle que les termes de « section dorée », puis « nombre d'or » apparaissent. On les trouve dans une réédition d'un livre de mathématiques élémentaires écrit par Martin Ohm. L'expression est citée dans une note de bas de page : « Certains ont l'habitude d'appeler la division en deux telles parties une section d'or[26]. » Cette réédition fait surface dans une période située entre 1826 et 1835, en revanche son origine est un mystère.

L'intérêt resurgit au milieu du siècle avec les travaux du philosophe allemand Adolf Zeising. Avec lui, le nombre d'or devient un véritable système, une clé pour la compréhension de nombreux domaines, tant artistiques — comme l'architecture, la peinture, la musique —, que scientifiques — avec la biologie et l'anatomie[34]. Une dizaine d'années plus tard, il publie un article[35] sur le pentagramme, « manifestation la plus évidente et la plus exemplaire de cette proportion ». Une relecture de la métaphysique pythagoricienne lui permet de conclure à l'existence d'une loi universelle fondée sur le pentagramme, et donc, sur le nombre d'or. Malgré une approche scientifique douteuse[36],[j], la théorie de Zeising obtient un franc succès.

En France, pouvoir codifier de manière scientifique la beauté est une idée qui séduit. Les dimensions du Louvre, de l'Arc de triomphe sont mesurées avec attention. Des délégations sont chargées de mesurer précisément la taille des pyramides d'Égypte ainsi que du Parthénon. Les cathédrales ne sont pas en reste. La France trouve son champion en Charles Henry, un érudit qui s'inscrit dans l'esprit positiviste de son temps. Dans un texte fondateur[37], à l'origine du mouvement pointilliste, il associe au nombre d'or, une théorie de la couleur et des lignes. Son influence auprès de peintres comme Seurat ou Pissarro n'est pas négligeable, mais son attachement au nombre d'or n'est pas aussi profond que chez son collègue allemand : en 1895, il finit par abandonner définitivement l'idée de quantifier le beau[38].

XXe siècle : le paroxysme

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Toute spirale n'est pas d'or. Celle du nautile n'a rien à voir avec la divine proportion[k].

Loin de s'éteindre avec le déclin du positivisme, la popularité du nombre d'or ne fait que croître durant la première partie du siècle. Le prince roumain Matila Ghyka en devient l'incontestable chantre. Il reprend les thèses du siècle précédent et les généralise. Tout comme Zeising, il s'appuie tout d'abord sur les exemples issus de la nature, comme les coquillages ou les plantes. Il applique cette universalité à l'architecture avec des règles plus souples que son prédécesseur. Cette théorie avait déjà influé sur les notations, le nombre d'or étant noté φ en référence au sculpteur Phidias, concepteur du Parthénon[39].

La dimension mystique n'est pas absente chez Ghyka[40] et trouve ses origines dans la philosophie pythagoricienne. L'absence de trace écrite sur le nombre d'or chez les pythagoriciens s'expliquerait par le culte du secret. Cette idée est largement reprise et généralisée[41] par les mouvements de pensées ésotériques au XXe siècle. Le nombre d'or serait une trace d'un savoir perdu, nommé Tradition Primordiale ou Connaissance Occulte chez les Rose-Croix ou des mouvements connexes. Ce mouvement de pensée reprend des idées développées en Allemagne au XIXe siècle par Franz Liharzik (1813 - 1866), pour qui la présence du nombre d'or, de π et de carrés magiques est la preuve « incontestable »[42] d'un groupe restreint d'initiés possédant la science mathématique absolue[43].

En 1929, une époque troublée par des idées d'un autre âge, Ghyka n'hésite pas à tirer comme conclusion de son étude sur le nombre d'or, la suprématie de ce qu'il considère comme sa race : « le point de vue géométrique a caractérisé le développement mental […] de toute la civilisation occidentale […] ce sont la géométrie grecque et le sens géométrique […] qui donnèrent à la race blanche sa suprématie technique et politique[44]. » Si le prince n'insiste que très médiocrement sur cet aspect du nombre d'or, d'autres n'ont pas ses scrupules. Ils usent de l'adéquation de la morphologie d'une population avec les différentes proportions divines pour en déduire une supériorité qualifiée de raciale. Ce critère permet de fustiger certaines populations, sans d'ailleurs la moindre analyse[45]. Le nombre d'or est, encore maintenant, sujet à de prétendues preuves de supériorité culturelle, sociale ou ethnique[46].

Sans cautionner ces idées extrêmes, certains intellectuels ou artistes éprouvent une authentique fascination pour le nombre d'or ou son mythe. Le compositeur Iannis Xenakis utilise ses propriétés mathématiques pour certaines compositions[47]. L'architecte Le Corbusier reprend l'idée consistant à établir les dimensions d'un bâtiment en fonction de la morphologie humaine et utilise pour cela le nombre d'or. Le poète et intellectuel Paul Valéry s'est beaucoup intéressé au nombre d'or, qu'il évoque dans ses cahiers et dans plusieurs poèmes, dont son Cantique des colonnes (1922)[48] :

« Filles des nombres d'or,
Fortes des lois du ciel,
Sur nous tombe et s'endort
Un dieu couleur de miel[49]. »

Le peintre Salvador Dalí fait référence au nombre d'or et à sa mythologie dans sa peinture, par exemple dans un tableau dénommé Le Sacrement de la dernière Cène.

Sur le plan mathématique, le nombre d'or suit une trajectoire inverse, son aura ne fait que diminuer et il quitte le domaine de la recherche pure. Il existe néanmoins une exception, la revue Fibonacci Quarterly[50] sur la suite de Fibonacci. En revanche, le nombre d'or apparaît comme la clé de quelques sujets scientifiques. La question de phyllotaxie, se rapportant à la spirale que l'on trouve dans certains végétaux comme les écailles de la pomme de pin est-elle vraiment liée à la proportion d'Euclide ? Cette question fait couler beaucoup d'encre dès le siècle précédent. Wilhelm Hofmeister suppose que cette spirale est la conséquence d'une règle simple[51]. Pour le botaniste allemand Julius von Sachs, ce n'est qu'un orgueilleux jeu mathématique, purement subjectif[52]. En 1952, un scientifique, père fondateur de l'informatique, Alan Turing propose un mécanisme qui donnerait raison à Hofmeister[53]. Deux physiciens français, Stéphane Douady et Yves Couder, finissent par trouver l'expérience confirmant Hofmeister et Turing[54]. La présence du nombre d'or dans le monde végétal ne semble ni fortuite ni subjective[55].

L'absence de nombre d'or dans la spirale logarithmique décrivant la forme d'une galaxie rend l'astronome sceptique sur l'usage de cette proportion dans ce contexte.

La thèse de l'omniprésence du nombre d'or est souvent reprise[56]. Si un avis définitif sur ce phénomène est difficile à propos de l'œuvre des hommes, il est plus aisé de comprendre la différence d'opinion que soulève cette question pour les sciences de la nature. Elle provient de l'usage des critères utilisés pour lier ou non le nombre d'or avec un phénomène.

Dans le monde végétal, les écailles des pommes de pin engendrent des spirales particulières, dites logarithmiques. Ces spirales se construisent à l'aide d'un nombre réel non nul quelconque. Si ce nombre est égal au nombre d'or, les proportions correspondent à la moyenne et extrême proportion d'Euclide et la suite de Fibonacci apparaît. Ce phénomène se produit sur les étamines d'une fleur de tournesol. La présence du nombre d'or n'est pas controversée dans ce cas[l].

Une organisation autour d'un schéma pentagonal des atomes d'un cristal de quartz explique l'usage du nombre d'or pour l'étude d'un tel minéral.

En revanche, si ce nombre n'est pas égal au nombre d'or, alors ni proportion d'or, ni suite de Fibonacci ne sont pertinentes dans l'étude de la spirale logarithmique correspondante, comme celles que forment la coquille du mollusque le nautilus[56], les yeux sur les plumes d'un paon[57] ou encore certaines galaxies.

En minéralogie, il existe des cristaux dont les atomes s'organisent selon un schéma pentagonal. Les proportions entre les côtés et les diagonales du pentagone font intervenir le nombre d'or. Il est aussi présent dans des structures dites quasi cristallines. Les atomes dessinent des triangles d'or qui remplissent l'espace sans pour autant présenter de périodicité, on obtient un pavage de Penrose. Pour la même raison que précédemment, le nombre d'or est présent et l'on retrouve la suite de Fibonacci[réf. à confirmer][58]. Le pentagone n'est pas présent dans tous les cristaux. La structure cubique à faces centrées d'un diamant ne fait pas intervenir le nombre d'or.

Ainsi, selon l'axe d'analyse, la réponse sur l'omniprésence du nombre d'or est différente. Pour un scientifique spécialiste dans un domaine, l'usage du nombre d'or est finalement plutôt rare, limité à quelques sujets comme la phyllotaxie du tournesol ou la cristallographie du quartz. S'il recherche des concepts explicatifs pour mieux comprendre son domaine, la proportion d'Euclide est rarement de ceux-là. D'autres[56] utilisent l'analogie ainsi que l'esthétique comme critère. La divine proportion est pour eux présente dans les cieux, la vie animale et végétale, les minéraux et finalement dans toute la nature.

Phyllotaxie

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Une pomme de pin illustre par ses écailles un phénomène de phyllotaxie. On trouve des spirales dont la proportion est proche de celle d'Euclide. Le nombre d'écailles dans une spirale ainsi que le nombre de spirales correspond à deux nombres consécutifs dans la suite de Fibonacci.
Le mécanisme ne fait pas toujours apparaître le nombre d'or. Pour l'Achimenes erecta, on remarque ici trois jeux de trois feuilles. Chaque jeu est pivoté d'un sixième de tour par rapport à la génération précédente. On obtient encore deux jeux de spirales, mais qui n'ont plus rien à voir avec le nombre d'or.

En biologie, l'ordonnancement des écailles d'une pomme de pin ou de l'écorce d'un ananas induit des spirales ordonnées par des nombres entiers, souvent associés au nombre d'or. Sur la figure de gauche, on observe 8 spirales, chacune formée de 13 écailles dans un sens et 13 spirales formées de 8 écailles dans l'autre sens. Les proportions de ces spirales ne sont pas très éloignées de celles d'une spirale d'or. Les nombres 8 et 13 sont deux nombres consécutifs de la suite de Fibonacci et leur rapport est proche du nombre d'or. Un phénomène analogue se produit avec les étamines des tournesols, cette fois avec les couples d'entiers (21,34), (34,55) et (55,89). Chacun de ces couples correspond à deux entiers consécutifs de la suite de Fibonacci.

La phyllotaxie ne suit pas toujours les lois du nombre d'or. À droite, on voit un mécanisme analogue sur des feuilles, les deux spirales sont toujours logarithmiques mais ne suivent plus la proportion d'or. Les nombres de spirales dans un sens et dans l'autre sont égaux.

Ce mécanisme est régi par la règle de Hofmeister : « Le primordium apparaît périodiquement dans le plus grand espace disponible. » Un primordium correspond à un embryon de partie de plante : écaille, feuille, d'étamine, etc. Ce mécanisme est contrôlé par la production d'une substance inhibitrice, appelée morphogène, émise par les primordia. Ainsi une nouvelle pousse ne peut naître que le plus loin possible des précédentes.

Dans le cas de l'Achimenes erecta, la tige pousse rapidement par rapport à la feuille, la deuxième feuille naît dans la direction opposée, le rapport entre la croissance de la tige et le temps d'apparition d'un nouveau primordium fait que la troisième position la meilleure est à un angle d'un tiers de tour par rapport à la première feuille et deux tiers par rapport à la deuxième. Finalement on obtient l'apparition de trois feuilles, décalées d'un tiers de tour l'une par rapport à l'autre, puis d'un nouveau jeu de trois feuilles, décalé d'un sixième de tour par rapport au jeu précédent.

La pomme de pin suit la même règle pour le primordium de l'écaille. La croissance de la tige entre deux primordia est beaucoup plus modérée. Le troisième primordium naît en conséquence entre les deux premiers, avec un angle légèrement plus faible du côté du premier primordium, la tige ayant un peu grandi. Douady et Couder ont montré qu'un tel mécanisme produit deux jeux de spirales d'or de directions opposées dont les nombres de spirales par jeu correspondent à deux éléments consécutifs de la suite de Fibonacci. Plus la croissance entre l'apparition de deux primordia est petite, plus élevés sont les deux éléments consécutifs de la suite[l].

Corps humain

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Le squelette de Zeising ne respecte pas précisément les proportions du corps humain, le crâne est par exemple irréaliste.

Le corps humain est un enjeu souvent corrélé à celui du nombre d'or. Il comporte différentes facettes. Tout d'abord scientifique : la question maintes fois posée est de savoir si le corps, à l'image de la fleur de tournesol, possède une relation plus ou moins directe avec le nombre d'or. En termes artistiques, la « divine proportion » est-elle utilisable pour représenter le corps ? Il existe enfin un enjeu esthétique. Si le nombre d'or, comme le pense[47] le compositeur Xenakis, est relié à notre corps, son usage peut être une technique pour obtenir de l'harmonie.

Albrecht Dürer développe un module dans le même esprit que l'homme de Vitruve de Léonard de Vinci. Le sien utilise un système de division par dix[59].

La première corrélation recherchée est dans les dimensions du corps humain. Elle débouche sur la tentative d'un système de mesure construit à l'aide du seul nombre d'or. Zeising fonde toute une anatomie[60] sur cette arithmétique. Après un vif effet de mode, cette approche est finalement abandonnée. Ses proportions sont trop imprécises, et elles correspondent trop mal à l'anatomie du corps humain. Les proportions du crâne, par exemple, ne sont pas réalistes[61]. D'autres raisons, plus profondes encore, sont la cause de l'abandon d'une démarche de cette nature. L'anatomie médicale n'est pas à la recherche d'une proportion particulière, mais des limites qui, si elles sont dépassées, deviennent pathologiques. Elle utilise des fractions simples ainsi que des plages de longueur, mais jamais le nombre d'or. Là où certains voient une divine proportion, comme dans le rapport de la longueur de l'avant-bras sur celui de la main, l'anatomiste scientifique qui calcule le rapport entre la longueur de la main et celle de l'avant-bras voit 2/3. La différence entre les deux approches, inférieure à 8 %, ne lui paraît pas justifier une telle complexité, au vu des variations observées entre les individus. Stephen Jay Gould, un paléontologue, a montré à quel point les mesures anthropométriques visant à étayer les doctrines de cette époque étaient biaisées par leurs auteurs[62].

Une autre raison[63] est que les dimensions d'un être humain sont en constante évolution. En un siècle, la stature du Français moyen a augmenté de 9 centimètres, et cette croissance n'est pas uniforme. Le jeu des proportions d'un corps humain étant essentiellement dynamique, on imagine mal une proportion unique, clé universelle de l'anatomie humaine. Une approche de cette nature, trop normative et intemporelle, n'a pas beaucoup de sens scientifique en anatomie. Si cet axe de recherche n'est plus d'actualité, cela ne signifie pas l'abandon de la quête du nombre d'or dans le corps humain. Le cerveau est maintenant source d'attention[64]. Cette théorie reste minoritaire et controversée.

Les contraintes artistiques sont de nature différente. Les artistes, attentifs au travail des médecins, ont imaginé des modules, ou systèmes de proportions, propres au corps humain. C'est le désir de le représenter qui impose cette démarche. Un très ancien module est celui des Égyptiens[65] ; la classique proportion qu'est le rapport de la taille complète à la hauteur du nombril est estimée à 19/11, relativement loin du nombre d'or. Les modules sont, en général, purement fractionnaires. Tel est le cas de celui inventé par les Égyptiens, par Polyclète, qui nous est rapporté par Vitruve, de celui de Cousin, de Vinci ou de Dürer. Il est néanmoins difficile d'en déduire que Dürer croyait en un canon universel. Il initie une conception fondée sur la pluralité des types de beauté[66], ayant chacune ses proportions propres.

Œuvre de l'homme

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L'idée que le nombre d'or possède une qualité visuelle intrinsèque est largement citée[67]. Un argument est la présence de la divine proportion dans de nombreux chefs-d'œuvre. Cependant les commentaires précis sont rares, ce qui amène à rechercher le rapport d'Euclide, sans information directe de la part de l'auteur. L'existence d'une forme géométrique ayant des concordances avec le tableau est, pour certains, un élément de preuve. Pour d'autres[68], une démarche de cette nature est peu convaincante.

Les dimensions de La Naissance de Vénus de Sandro Botticelli respectent assez précisément la divine proportion. Il est pourtant très peu probable que cela indique une quelconque volonté de l'auteur.

Un exemple est celui de La Naissance de Vénus de Sandro Botticelli[69]. Ses dimensions, 172,5 × 278,5 cm, respectent précisément la proportion. Le carré, associé au rectangle d'or, correspond à un rythme du tableau ; enfin, la diagonale du rectangle restant, ainsi que celle symétrique, sont des lignes de force. Ce raisonnement n'a pas convaincu certains spécialistes. Le tableau semble faire partie d'un diptyque avec Le Printemps, un autre tableau du maître. L'aile d'Aura, un des dieux, est étrangement coupée. Pour en avoir le cœur net, une analyse finit par être faite. Le verdict est sans appel : Botticelli avait choisi une taille analogue à celle du Printemps[70] ; le haut de La Naissance est amputé de 32,5 cm et avait, à sa conception, la taille du Printemps. Dans ce cas, la divine proportion n'a pas été choisie par le créateur.

De nombreuses indications laissent penser que ce n'est pas du côté de la divine proportion qu'il faut chercher à comprendre les rythmes du Saint Jérôme de Léonard de Vinci.

Pour certains, il existe un fondement scientifique à la beauté : « […] la nature, ministre de la divinité, lorsqu'elle façonna l'homme, en disposa la tête avec toutes les proportions voulues[19] […] ». Cette idée n'est pas une invention de Pacioli, le traité de peinture[71] de Leon Battista Alberti, établissant les premières règles de la perspective, était déjà l'illustration d'une philosophie analogue. La découverte de lois scientifiques, modifie la peinture et permet d'incarner un nouvel idéal. Si l'approche mathématique d'Alberti obtient un large consensus, peu d'éléments laissent penser à un succès analogue pour la loi de la divine proportion.

Un exemple est le cas Vinci. Pacioli est un de ses amis proches, Vinci connaît suffisamment ses théories pour illustrer son livre. À travers ses codex, son Traité de la peinture et les multiples analyses de ses sources[72], la pensée de Vinci sur la proportion en peinture nous est connue. Si, pour le maître, la peinture s'apparente à une science[73], ses thèses sont fort éloignées de celle de son ami. Sa première source est l'observation et l'expérience, et non les mathématiques : « … l'expérience ayant été la maîtresse de ceux qui écrivent bien, je la choisis pour maîtresse et, en tout cas ferai appel à elle[74] ». Cette attitude se traduit, par exemple pour le choix des proportions humaines. À travers de multiples dissections, il mesure systématiquement les rapports entre les dimensions des différents os et muscles. Ses planches médicales l'amènent à une conception de l'anatomie dont les rapports sont de même nature que celle de la médecine moderne : ils sont fort nombreux et s'expriment à l'aide de fractions composées de petits facteurs entiers[75]. La science de Vinci s'applique aussi sur des sujets déjà traités comme la perspective. Une fois encore, sa logique est plus proche de l'observation que de la rigidité mathématique. Les lois qu'il ajoute à celles d'Alberti traitent de la couleur : une chose éloignée voit sa couleur tirer vers le bleu, ainsi que de la netteté « comment les choses qui s'éloignent doivent être moins nettes proportionnellement à leur distance[76] ». Les règles régissant la proportion chez Vinci sont subtiles et en opposition avec des « articulations albertiennes, trop claires à ses yeux »[77], comme l'application directe d'une proportion sans lien avec ses observations.

À l'instar du Saint Jérôme à droite, beaucoup d'exemples de rectangle d'or trouvés chez un peintre[78] supposent une approche de la proportion sans justification de la part du peintre ou, comme ici, contraire aux règles établies par son auteur. Ni Arasse dans son volumineux ouvrage sur Vinci, ni Marani dans le sien[79] ne font référence à une explication de cette nature.

Le nombre d'or a aussi influencé les peintres du groupe de Puteaux, appelé aussi « Section d'or », groupe qui se crée autour de Jacques Villon en 1911. Leur emploi du nombre d'or en peinture est cependant davantage intuitif que purement mathématique.

Archéologie

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Le théâtre d'Épidaure contient deux séries de gradins, l'une de 21, l'autre de 34, deux nombres consécutifs de la suite de Fibonacci dont le rapport est proche du nombre d'or.

L'usage du nombre d’or dans les constructions anciennes est un sujet de controverse. Pour le prince Ghyka, l’archéologie offre la preuve de l'universalité du canon de beauté qu'est le nombre d'or. L'argument principal est le vaste nombre d'exemples. Le prince reprend les travaux de son prédécesseur Zeising et l'enrichit considérablement. Le théâtre d'Épidaure possède deux séries de gradins l'une de 21 et l'autre de 34 marches, deux éléments consécutifs de la suite de Fibonacci.

Si l'on en croit les canons de la beauté de Polyclète, le sculpteur à qui l'on attribue l’éphèbe Westmacott, les proportions du corps humain sont des fractions d'entiers et non le nombre d'or.

La grande pyramide de Gizeh convainc un public plus vaste. Cet exemple est cité depuis le milieu du XIXe siècle, une époque où la méconnaissance presque totale de l'égyptologie donne naissance à d'innombrables mythes[36]. La coïncidence entre les dimensions de la pyramide et le nombre d'or est ici excellente. Le rapport entre la longueur de la plus grande pente d'une des faces et la demi-longueur d'un côté correspond au nombre d'or avec une précision de moins de 1%. Le scepticisme des professionnels est la conséquence de la connaissance actuelle de la civilisation égyptienne[80]. En effet, les systèmes de longueur utilisés dans les documents connus pour mesurer les pentes et les longueurs horizontales ne coïncident pas, interpréter leur rapport n’a donc pas beaucoup de sens[81]. On ne trouve pas non plus la moindre trace religieuse ou esthétique qui justifie un choix de cette nature[82]. Cette faiblesse pousse Taylor, à l'origine de cette hypothèse, à créer de toutes pièces une citation de Hérodote[36],[83].

Le cas grec est encore plus populaire et très largement étayé. Mais l'écart entre la culture grecque et le nombre d'or laisse perplexe les spécialistes[m]. Ces proportions incommensurables, que sont la diagonale d'un carré ou celle d'Euclide, sont vécues comme un scandale[réf. souhaitée]. Le terme est utilisé par Tannery 1912, i, p. 268. Platon et Aristote utilisent le terme moins fort : θαυμάζω / thaumázō, « s’étonner, voir avec étonnement ou admiration » : Platon, Les Lois, Livre vii, 819 d 6 (ἐθαύμασα / ethaúmasa, « j'en ai été frappé »[84]), ou encore Aristote[85], une trahison[86] des dieux à l'époque de Pythagore. Un grec n'imagine pas qu'un nombre puisse être autre chose qu'une fraction d'entiers. L'existence de proportions, comme celles d'Euclide qui ne sont pas des nombres, est une source de chaos intellectuel, à l'opposé des valeurs philosophiques et mystiques des pythagoriciens[87][réf. incomplète]. On raconte que Hippase de Métaponte aurait été exclu de la confrérie des pythagoriciens pour avoir dévoilé le scandale de l'incommensurabilité d'une diagonale d'un dodécaèdre régulier, une autre indique qu'il aurait péri noyé[88], conséquence de son impiété. Qu'une proportion aussi négative soit utilisée pour les monuments apparaît étonnant. Les textes d'architecture grecs confirment l'usage des nombres rationnels pour définir les proportions des bâtiments. Les proportions harmonieuses sont longuement relatées par Vitruve un architecte, auteur du célèbre traité De architectura en dix volumes. Pour ce faire, il utilise largement, au volume ix, les mathématiques de Platon, Pythagore ou d'autres mathématiciens. Les proportions proviennent du module de Polyclète, un sculpteur grec contemporain de Phidias. Le traité de Vitruve ne contient aucune trace de proportion irrationnelle à l'exception de la diagonale du carré[22].

Enfin, les exemples choisis par le prince sont controversés. Retrouver la divine proportion dans la façade du Parthénon demande des conventions spécifiques, comme d'inclure trois des quatre marches du fronton[89] ou de tronquer le toit[90]. L'usage de mesures non spécifiques donne une proportion différente[91]. Pour faire apparaître le nombre d'or dans les proportions des monuments grecs, Ghyka[92] n'hésite pas à utiliser des fractions comme 1/φ4. Patrice Foutakis a examiné les dimensions de 15 temples, 18 tombeaux monumentaux, 8 sarcophages et 58 stèles funéraires pour la période du Ve siècle avant notre ère au IIe siècle de notre ère. Les temples étaient l'endroit par excellence pour la communication entre les humains et les dieux, tandis que les tombeaux, sarcophages et stèles funéraires étaient directement liés au passage des mortels de la vie matérielle à celle immortelle. Si le nombre d'or impliquait des propriétés divines, mystiques ou esthétiques, dans ce cas la plupart de ce type des constructions obéiraient à la règle de la proportion d'or. Le résultat de cette recherche originale est sans appel : le nombre d'or était complètement absent de l'architecture grecque du Ve siècle avant notre ère, et quasiment absent pendant les six siècles suivants. Quatre exemples très rares, et pour cela précieux, d'application du nombre d'or ont été identifiés dans une tour antique à Modon, le Grand autel de Pergame, une stèle funéraire d'Édessa et un tombeau monumental à Pella. C'est la première fois qu'une preuve est apportée pour une utilisation du nombre d'or dans des constructions de la Grèce antique, toutefois, selon cet auteur, utilisation marginale qui témoigne de l'indifférence des Grecs anciens pour le nombre d'or en architecture[93].

Architecture

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Le Corbusier est l'architecte qui théorise l'usage du nombre d'or dans son métier. S'il reprend l'idée de Vitruve, consistant à proportionner un bâtiment aux dimensions d'un corps humain, il y associe d'autres éléments justifiant l'usage de la proportion d'Euclide.

On peut construire un système de numération positionnelle non seulement avec dix, comme celui des humains, ou avec deux, comme celui des ordinateurs, mais avec n'importe quel nombre réel b strictement positif et différent de 1. Dans un tel système, la base b se note 10 et son carré b2 se note 100. Le système construit avec le nombre d'or est appelé base d'or. Il semble, pour Le Corbusier, être le plus adapté à l'architecture.

Cette échelle harmonique, pour reprendre son expression[94], permet de réconcilier les atouts du système métrique décimal, pratique et abstrait, avec ceux du système anglais des pouces et des pieds, naturel mais peu pratique. En calant les différentes dizaines, c'est-à-dire ici les puissances du nombre d'or, sur les dimensions humaines, Le Corbusier cherche à obtenir un système alliant les deux avantages. La deuxième unité correspond à la taille d'un avant-bras, la troisième à la distance entre le nombril et le sommet de la tête, la quatrième à celle entre le sol et le nombril d'un homme debout et la cinquième à la taille d'un adulte.

En matière d'architecture, cette démarche offre un moyen naturel pour incarner l'idéal canonique de Vitruve. Chaque dizaine correspond à une proportion humaine et les différentes proportions se répondent entre elles. En matière d'urbanisme, Le Corbusier cherche à trouver un moyen de normalisation. En 1950, date de parution du premier tome sur le Modulor, nom qu'il donne à ce système, les besoins de reconstruction sont vastes et la rationalisation de la production, un impératif. L'auteur parle de machine à habiter. Cette démarche, vise aussi un objectif esthétique. La normalisation dispose d'un avantage, elle permet plus d'harmonie. Le tracé régulateur, c'est-à-dire l'échelle construite sur la suite de Fibonacci y joue un rôle : « Le tracé régulateur n'apporte pas d'idée poétique ou lyrique ; il n'inspire nullement le thème ; il n'est pas créateur ; il est équilibreur. Problème de pure plasticité[95] ».

À partir des années 1950, Le Corbusier utilise systématiquement le modulor pour concevoir son œuvre architecturale. La Cité radieuse de Marseille ou la Chapelle Notre-Dame-du-Haut de Ronchamp sont deux exemples célèbres.

En musique, le nombre d'or est recherché à la fois dans l'harmonie et dans le rythme.

Le terme d'harmonie désigne ici une technique permettant de choisir les différentes notes jouées simultanément. Durant une période qui s'étend du XVIe siècle au début du XXe siècle, elle est essentiellement tonale, à l'image de la musique de Bach ou Mozart. Aucune série de deux notes ne définit une proportion d'or. L'approximation la plus proche étant la sixte mineure obtenue par deux sons dont les fréquences définissent un rapport de 8/5 = 1,6 (la sixte majeure correspondant à un rapport de fréquence de 5/3 = 1,66 est une approximation moins bonne). Pour cette raison, le nombre d'or est souvent recherché dans la musique du XXe siècle. De nouvelles gammes sont explorées, comme la gamme décatonique ou 10-TET[96] (ten-ton equal temperament). Dans celle-ci, l'octave est partagée en 10 parties égales. Chaque degré représente alors un écart de 21/10. Pour cette gamme, le nombre d'or est proche du rapport défini par deux notes séparées de 7 degrés. La présence du nombre d'or ici est néanmoins fortuite. Un écart entre 7 degrés donne une proportion de 27/10 approximativement égal à 1,624.

Le rythme est plus largement associé au nombre d'or et sur une période musicale plus vaste. Son traitement par Bach est l'objet d'une thèse de doctorat[97], sur l'analogie entre les rythmes de la Suite en do mineur pour luth[98] (BWV 997) et la Passion selon saint Matthieu (BWV 244). Roy Howat montre que Debussy était associé à des revues symbolistes auxquelles il participait et qui analysaient les proportions et le nombre d'or. Il montre aussi comment on retrouve cette approche à travers des œuvres comme La Mer ou Reflets dans l'eau[99]. Des études montrent des résultats analogues pour Erik Satie[100], Béla Bartók[101], Karlheinz Stockhausen[102], ou encore Jean-Louis Florentz[103]. Certains compositeurs de musique électroacoustique ont fabriqué des sons synthétiques dont les fréquences des partiels sont basées sur le nombre d'or[104].

Outre ceci, pour Bach, dans le Credo de la Messe en Si mineur (BWV 232), Guy Marchand note la répartition de mesures suivantes : 129 mesures de de choeurs suivies de 80 mesures de duo, puis 233 de choeurs, 144 de solo (aria), 251 de choeurs. 233 et 144 sont deux nombres consécutifs de la suite de Fibonacci, dont le rapport tend vers φ[105].

À l'exception de compositeurs comme Xenakis où l'usage du nombre d'or est explicité par l'auteur[47], l'absence de preuve définitive empêche le consensus[106]. La polémique est néanmoins de nature différente de celle qui sévit, par exemple, en archéologie. Ici la position favorable à l'existence d'un usage large du nombre d'or est défendue par des institutions professionnelles comme l'Ircam[102] ou une thèse de doctorat comme celle de Montréal[97].

Esthétique mathématique

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Une question récurrente est celle de l'existence ou non d'une réalité scientifique de l'idée de beauté associée au nombre d'or. Elle s'inscrit dans le cadre général d'une théorie scientifique de l'esthétique. Certains artistes, comme Xenakis en sont persuadés : « Or, les durées musicales sont créées par des décharges musculaires qui actionnent les membres humains. Il est évident que les mouvements de ces membres ont tendance à se produire en des temps proportionnels aux dimensions de ces nombres. D’où la conséquence : les durées qui sont en rapport du nombre d’or sont plus naturelles pour les mouvements du corps humain[47] ». Charles Henry, dans le domaine des arts picturaux, inscrit le nombre d'or dans une vaste théorie de cette nature, traitant non seulement des proportions, mais aussi de la couleur et des contrastes[37].

Préfigurant une démarche de nature sociologique comme celle d'Émile Durkheim, le philosophe allemand Gustav Fechner tente des expériences statistiques pour valider scientifiquement une association humaine entre le beau et le rectangle d'or[107]. Des formes sont présentées à un public qui évalue les proportions les plus esthétiques. Si les résultats vont dans le sens de l'existence d'un canon de beauté construit à l'aide de la divine proportion, le protocole choisi ne correspond pas aux critères actuels de rigueur[n]. Une deuxième expérience, plus objective[n] met en évidence une préférence pour un format proche du 16/9 de la télévision. Une fois encore, et malgré son caractère plus rigoureux, le caractère universel d'un tel format n'est pas établi.

Si l'intuition d'artistes comme Xenakis, Valéry ou Le Corbusier laisse présager l'existence d'une transcendance esthétique du nombre d'or, aucune approche scientifique ne permet aujourd'hui de confirmer cette hypothèse.

Vexillologie

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Le drapeau du Togo a les proportions d'un rectangle d'or[108].

Notes et références

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  1. a et b Pour plus de décimales, voir la suite A001622 de l'OEIS.
  2. Cette propriété est démontrée dans la partie Ⅲ du devoir sur Wikiversité (voir infra).
  3. Une variante de ce calcul figure dans la partie Ⅱ du devoir sur Wikiversité (voir infra).
  4. Voir par exemple le tracé utilisé pour la construction d'une cuve à vin en forme d'œuf
  5. Voir la propriété 10 de la suite de Fibonacci, ou la partie Ⅰ du devoir sur Wikiversité (voir infra).
  6. L'harmonie du nombre d'or, un site web parmi d'autres, indique : « Le nombre d'or, supposé apparaître en pleine Grèce antique était, en réalité, déjà présent dans la grande pyramide égyptienne : la pyramide de Khéops. »
  7. Paul Tannery, Mémoires scientifiques, Paris/Toulouse, Privat, , i, p. 268 précise : « les Pythagoriciens sont partis de l’idée, naturelle à tout homme non instruit, que toute longueur est nécessairement commensurable à l’unité. »
  8. On en trouve trace dans Platon, La République, viii, 546 c, où il parle de diagonales rationnelles et irrationnelles.
  9. Proposition 10 du Livre IV relative à la construction du pentagone régulier inscrit, elle-même liée à la proposition 11 du Livre II.
  10. Un autre exemple est celui de l'homme de Vitruve de Léonard de Vinci, le texte écrit par le dessinateur en dessous décrit de manière très proche le module de Vitruve : « Dans son ouvrage sur l'architecture, l'architecte Vitruve déclare que les dimensions données à l'homme par la nature s'agencent de la façon suivante : quatre doigts font une paume et quatre paumes font un pied, six paumes font une coudée, quatre coudées font une hauteur d'homme. Et quatre coudées font une enjambée et vingt-quatre paumes font une hauteur d'homme ; il usa de ces mesures dans ses constructions. Si tu écartes les jambes jusqu'à réduire ta taille d'un quatorzième et si tu ouvres les bras jusqu'à toucher le sommet de ta tête avec tes majeurs, sache que ton nombril sera le centre du cercle formé par tes membres étendus, et que l'espace entre tes jambes formera un triangle équilatéral. La taille d'un homme est égale à l'espace compris entre ses deux bras étendus. De la naissance des cheveux au bas du menton, il y a un dixième d'une hauteur d'homme ; du bas du menton au sommet de la tête, il y a un huitième de sa hauteur ; du haut de la poitrine au sommet de la tête, il y a un sixième. Du haut de la poitrine à la naissance des cheveux, il y a un septième de hauteur d'homme. Des mamelons au sommet de la tête, il y a un quart. La plus large mesure d'une épaule à l'autre représente un quart de la taille de l'homme. Du coude à la pointe du majeur, il y a un cinquième ; et du coude à l'angle de l'épaule, il y a un huitième d'une hauteur d'homme. La main tout entière constitue un dixième ; la naissance de la verge est le milieu du corps. Le pied est la septième partie de l'homme. De la plante du pied au point juste en dessous du genou, il y a un quart d'une hauteur d'homme. De ce point à la naissance de la verge, il y a un quart. La distance entre le début du menton et le nez et entre la naissance des cheveux et les sourcils est la même et, comme l'oreille, représente un tiers de la face. », lire.
  11. En règle générale, la spirale logarithmique d'une coquille de mollusque est bien loin de celle de la proportion d'or. Pour un nautile, la proportion se situe autour de 1,3 : La coquille des mollusques (lire en ligne).
  12. a et b L'article ayant convaincu la communauté scientifique est celui de Douady et Couder (1996). Une explication simple est donnée dans le site Physique des spirales végétales : la Phyllotaxie. Une explication plus technique est donnée dans l'article Phyllotaxie.
  13. On trouve une analyse de cette perplexité chez Neveux et Huntley ou encore dans le lien externe Cariou et Jatteau.
  14. a et b Le biais provient d'un nombre trop faible de figures présentées, une dizaine. Markowsky 1992 trouve une « proportion universelle » plus proche de 1,83.

Références

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  1. Fernando Corbalán (trad. de l'espagnol), Le nombre d'or : Le langage mathématique de la beauté, Paris, RBA (es)-Le Monde, coll. « Le Monde est mathématique », , 159 p. (ISBN 978-2-8237-0100-5, lire en ligne), chap. 1.
  2. (en) The most irrational number, billet de Tony Phillips (université Stony Brook) sur le site de l'AMS.
  3. G. H. Hardy et E. M. Wright (trad. de l'anglais par François Sauvageot, préf. Catherine Goldstein), Introduction à la théorie des nombres [« An Introduction to the Theory of Numbers »] [détail de l’édition], p. 273-275.
  4. Hardy et Wright, p. 190.
  5. a b et c (en) Euclide (trad. et annot. Thomas Heath), The Thirteen Books of Euclid's Elements, vol. 2, 2e éd., New York, Dover, 1956, p. 97-100.
  6. (en) R. Herz-Fischler, A Mathematical History of Division in Extreme and Mean Ratio, Wilfrid Laurier Univ Pr 1987 (ISBN 0-8892-0152-8).
  7. a et b (en) Thomas Little Heath, A History of Greek Mathematics, vol. 1 : From Thales to Euclid, CUP, (1re éd. 1921) (ISBN 978-1-108-06306-7, lire en ligne).
  8. Voir à ce sujet, par exemple : (en) « The Golden ratio », dans John J. O'Connor et Edmund F. Robertson, MacTutor History of Mathematics archive, université de St Andrews.
  9. Heath 2013, p. 160-162.
  10. Jean-Luc Périllié, La découverte des incommensurables et le vertige de l'infini : transcription d’une conférence, Grenoble, (lire en ligne), p. 18.
  11. Platon, Théétète, 147 d.
  12. Périllié 2001, p. 19.
  13. (en) R. Herz-Fischler, Hero of Alexandria’s Numerical Treatment of Division in Extreme and Mean Ratio and its Implications, Phoenix 35 (1981), p. 129-133.
  14. Ces deux exemples proviennent de The Golden ratio sur MacTutor.
  15. Fibonacci, Liber abaci, 1202, traduit en anglais par L. E. Sigler, Springer Verlag, 2002 (ISBN 0387954198).
  16. (en) P. Singh, « The So-called Fibonacci numbers in ancient and medieval India », Historia Mathematica, vol. 12, no 3,‎ , p. 229-44 (ISSN 0315-0860, DOI 10.1016/0315-0860(85)90021-7).
  17. (en) Leo Zippin (en), Uses of Infinity, Dover, (1re éd. 1962) (lire en ligne), p. 77-78.
  18. (en) Florian Cajori, « Origin of the name “mathematical induction” », Amer. Math. Monthly, vol. 25, no 5,‎ , p. 197-201 (JSTOR 2972638).
  19. a b c d et e (la) Luca Pacioli, De divina proportione, traduction française par G. Duschesne et M. Giraud, Librairie du Compagnonnage, 1980.
  20. (it) L. Pacioli, Tractato de l’architectura, .
  21. Vitruve, De architectura.
  22. a et b M.-C. Hellmann, L’Architecture Grecque, t. 1, Picard, 2002 (ISBN 978-2-70840606-3).
  23. Pacioli 1509, ch. I, § 5.
  24. (en) « It is probably right to say that rarely did Palladio or any Renaissance architect use irrational proportions in practice » (Rudolf Wittkower, Architectural principles in the age of humanism, Academy Editions, 1988 (ISBN 978-0-31202082-8), p. 108).
  25. Ce paragraphe s'inspire de : (en) Marcus Frings, The Golden Section in Architectural Theory, Nexus Network Journal, vol. 4, no 1, 2002, p. 9-32.
  26. a et b Ces informations proviennent de The Golden ratio sur MacTutor.
  27. L. Curchin et R. Herz-Fischler, De quand date le premier rapprochement entre la suite de Fibonacci et la division en extrême et moyenne raison?, Centaurus 28 (2), 1985, p. 129-138.
  28. Ce résultat est publié deux ans après sa mort dans un livre intitulé Les œuvres mathématiques de Simon Stévin, augmentées par Albert Girard, 1634.
  29. A. Ross, Extrême et moyenne raison, Association mathématique du Québec.
  30. Jean-Étienne Montucla, Histoire des Mathématiques, 1758.
  31. (en) Earliest known uses of some of the words of mathematics, site de Jeff Miller.
  32. Édouard Lucas, Sur la recherche des grands nombres premiers, AFAS, Congrès 1876, 5, p. 61-68.
  33. Une analyse détaillée du travail d'É. Lucas est disponible dans la thèse d'A.-M. Decaillot-Laulagnet.
  34. Voir par exemple l'introduction de : (de) Adolf Zeising, Neue Lehre von den Proportionen des menschlichen Körpers, Weigel, (lire en ligne).
  35. (de) A. Zeising, Das Pentagramm, Weigel, 1865.
  36. a b et c Un exemple est donné par la pyramide de Khéops. Cette idée provient à l'origine de : (en) John Taylor, The great pyramid; why was it built : & who built it?, Longman, Green, Longman and Roberts, . Elle se fonde sur une prétendue citation de Hérodote : « Le carré construit sur la hauteur verticale égalait exactement la surface de chacune des faces triangulaires ». La citation est inexacte ; en effet, Hérodote parle bien de la pyramide de Khéops mais propose des dimensions relativement fantaisistes, 238 mètres de large et autant de haut (Hérodote, Histoire - Euterpe - Livre ii, cxxiv, « chacune de ses faces a huit plèthres de largeur sur autant de hauteur »).
  37. a et b Charles Henry, « Introduction à une esthétique scientifique », La Revue contemporaine, no 25, 1885.
  38. Une large partie de ce paragraphe tire ses idées et les faits notoires du lien externe Jaquier et Drapel.
  39. Comme indiqué dans le lien externe Cariou et Jatteau, qui rend compte, de même que notre paragraphe Archéologie, de la controverse sur l'utilisation du nombre d'or dans l'architecture antique. La page (en) Earliest Uses of Symbols for Constants de Jeff Miller fournit par ailleurs quelques pistes sur l'histoire des diverses notations de ce nombre.
  40. Constança Marcondes Cesar, Matila Ghyka : La mesure mathématique dans l'art, Filosofia oggi, 1996, vol. 19, no 1-2, p. 69-72.
  41. Dominique Coquelle, Les volumes d'or, Trajectoire, 2002 (ISBN 978-2-84197217-3) : le livre commence par « Depuis le début de son histoire, la race humaine a traversé des périodes fabuleuses, dignes d'une légende ou d'un conte… ».
  42. (de) Franz Liharzik, Das Quadrat, die Grundlage aller Proportionalität in der Natur, Vienne, (présentation en ligne).
  43. lien externe Jaquier et Drapel, p. 6.
  44. Ce point de vue de Matila Ghyka est unanimement condamné par la communauté scientifique, voir à ce sujet
    • Marguerite Neveux et H. E. Huntley, Nombre d'or : radiographie d'un mythe, Seuil, coll. « Points / Sciences » (no 108), , 328 p. (ISBN 978-2-02-025916-3)
      Ce livre est la référence sur l'analyse critique de l'usage du nombre d'or dans les différents domaines artistiques.
    • ou encore la page Historique du site sur le nombre d'or réalisé par L. Morvillier, J. Rey et G. Rigault.
  45. Dom Neroman écrit par exemple, dans Le nombre d'Or, clé du monde vivant (écrit en 1945) : « s’il existe une race dont le nombril est trop bas pour la grande majorité des individus, cette race n’a pas encore atteint sa maturité » – cf. Jean-Paul Krivine, « Le mythe du nombre d’or », Science… et pseudo-sciences, AFIS, no 278,‎ (lire en ligne)
    Un article très critique sur le mythe du nombre d'or, bien documenté et amusant.
    .
  46. Dans une étude sur le cerveau, le nombre d'or est prétexte à condamner une minorité : « au contact d’immigrés attirés par une vie plus facile [… qui] rêvent de nous soumettre à leur culture, sinon de réduire et d’altérer la nôtre » : L. Israël, Cerveau droit, cerveau gauche, cultures et civilisations, Plon, 1995 (ISBN 978-2-25902801-1). Tout un chapitre cherche à démontrer un accord entre le cerveau et le nombre d'or.
  47. a b c et d Makis Solomos, Les Anastenaria de Xenakis. Continuité et discontinuité historique, Université Montpellier III, IUF, 2003.
  48. Suzanne Larnaudie, Paul Valéry et la Grèce, Droz, , p. 229-231. Rappelons qu'une lettre de Valéry à Matyla Ghyka sert en 1931 de préface au livre de ce dernier, Le nombre d'or.
  49. Charmes, Cantique des colonnes, 1922.
  50. (en) Purpose and Editorial Policy of the Fibonacci Quarterly.
  51. (de) W. Hofmeister, Handbuch der Physiologischen Botanik, W. Engelmann, Leipzig, 1868.
  52. (de) J. Sachs, Vorlesungen über Pflanzen-Physiologie, 1882.
  53. P. De Kepper, Morphogenèse chimique : les réactions créatrices des rythmes et de formes, 237econférence de l’Université de tous les savoirs donnée le .
  54. (en) S. Douady et Y. Couder, « Phyllotaxis as a Dynamical Self Organizing Process (Part I, II, III) », J. Theor. Biol., vol. 139, no 3,‎ , p. 255-312 (lire en ligne).
  55. S. Boissière, Dynamique de la Phyllotaxie, Laboratoire de mathématiques Jean Leray, université de Nantes.
  56. a b et c Robert Chalavoux, Nombre d'or, nature et œuvre humaine, Chalagam, 2001 (ISBN 978-2-95080017-6)[réf. à confirmer]
  57. « le nombre d'or », sur jmbreux.chez-alice.fr (consulté le )
  58. (en) P. A. Kalugin, A. Yu. Kitaev et L. S. Levitov, Al0.86Mn0.14: a six-dimensional crystal, JETP Lett. 41(3), 1985, p. 145-149.
  59. L'essentiel des informations sur l'anatomie du point de vue artistique est détaillé dans « L'anatomie artistique », dans Imago Mundi, par Serge Jodra.
  60. Zeising 1854.
  61. Lien externe Jaquier et Drapel, p. 18.
  62. S. J. Gould, La Mal-Mesure de l'homme, O. Jacob, 1997 (ISBN 978-2-7381-0508-0).
  63. Cet argument provient du lien externe Jaquier et Drapel, p. 19.
  64. L'esthétique et le nombre d'or.
  65. Ce module est retrouvé par Karl Richard Lepsius en 1852, cf L'anatomie artistique dans Imago Mundi.
  66. L'idéal classique et la figure humaine par le musée Fabre, 2006, p. 2.
  67. Par exemple « certains artistes n’ont eu de cesse de réutiliser et de creuser cette veine (…) on retrouve cette quête de perfection dans le partage et la proportion qui intéressait déjà les anciens » (extrait de À la recherche de l’harmonie, M. Bourguet, IUFM de Montpellier).
  68. Neveux et Huntley.
  69. Une analyse de même nature que celle proposée ici est disponible sur la page La Naissance de Vénus du site lenombredor.free.fr.
  70. Par exemple : La Naissance de Vénus - Le Printemps, sur le site de la Fondation Jacques-Édouard Berger.
  71. (la) Leon Battista Alberti, De pictura, 1425.
  72. Par exemple : Daniel Arasse, Léonard de Vinci : le rythme du monde, Hazan, , 2e éd., 543 p. (ISBN 978-2-85025-825-1).
  73. « … il (Vinci) s'intéresse semble-t-il davantage aux fondements scientifique et au contrôle rationnel (de la peinture)… » Arasse 2002, p. 266.
  74. L. de Vinci, Codex Atlanticus, 119 v-a.
  75. Une analyse de cette nature, extraite des carnets de L. de Vinci, est traduite en anglais dans Proportions of the head and face.
  76. Texte de Vinci tiré de Arasse 2002, p. 303.
  77. Arasse 2002, p. 349.
  78. Par exemple sur le site Nombre d'or 2003 Léonard de Vinci.
  79. Pietro C. Marani, Léonard de Vinci : une carrière de peintre, Actes Sud, trad. A. Guglielmetti, 2003 (ISBN 978-2-74274427-5).
  80. (en) Eric Temple Bell, The Magic of Numbers, Dover Publications, 1992 (ISBN 978-0-486-26788-3).
  81. (en) Richard Gillings, Mathematics in the Time of the Pharaohs, MIT Press (reprint : Dover), p. 185-187, 237-239.
  82. (en) Corinna Rossi, Architecture and Mathematics in Ancient Egypt, Cambridge, Cambridge University Press, .
  83. Voir l'analyse détaillée de (en) George Markowsky, « Misconceptions about the Golden Ratio », The College Mathematics Journal (en), vol. 23, no 1,‎ , p. 2-19
    Une liste précise d'arguments démontrant l'inexactitude d'une série de faits associés au nombre d'or.
  84. Philippe Remacle, « Platon Dialogues Les Lois » (consulté le ).
  85. Métaphysique, A, 983 a 15.
  86. « Quelques rares témoignages platoniciens et présocratiques montrent en tout cas que la prise de conscience de l’incommensurabilité, loin d’avoir été vécue sous le mode de la jubilation archimédienne, aurait bien plutôt fait l’objet d’un scandale, d’une trahison, plongeant momentanément la conscience grecque dans l’absurdité, voire l’obscurité. » (Périllié 2001, p. 9).
  87. Simonne Jacquemard, Trois mystiques grecs : Orphée, Pythagore, Empédocle, Albin Michel, 1997 (ISBN 978-2-22608946-5).
  88. (la) Jamblique, De Vita Pythagorica, [réf. à confirmer]§ 88 p. 246-247.
  89. Le lien externe Jaquier et Drapel, p. 9 signale que cette technique est utilisée par Huntley, ce que l'on peut vérifier dans Neveux et Huntley, p. 223.
  90. C'est la solution adoptée par Matila Ghyka, Le nombre d’or : Rites et rythmes pythagoriciens dans le développement de la civilisation occidentale, Gallimard, (1re éd. 1931), 456 p. + hors texte 65 (ISBN 978-2-07-029298-1)
    Cet ouvrage est à l'origine du mythe moderne du nombre d'or. Ce livre a séduit de nombreux penseurs comme Paul Valéry ou Le Corbusier.
  91. (es) M. Trachtenberg et I. Hyman, Arquitectura, de la prehistoria a la postmodernidad (traduction de (en) Architecture, from Prehistory to Post-Modernism), Akal, 1990 (ISBN 978-8-47600628-3), p. 102-103, calculent un rapport largeur (31 m) sur hauteur (13,7 m) d'approximativement 2,25 et retrouvent ce rapport dans deux autres proportions de cet édifice.
  92. Ghyka 1931 [réf. incomplète].
  93. (en) Patrice Foutakis, « Did the Greeks Build According to the Golden Ratio? », Cambridge Archaeological Journal, vol. 24, no 1,‎ , p. 71-86.
  94. Le Corbusier, Le Modulor : Essai sur une mesure harmonique à l'échelle humaine applicable universellement à l'architecture et à la mécanique, L'Architecture d'aujourd'hui, coll. « Ascoral », (1re éd. 1949), 344 p. (ISBN 978-2-904833-01-4)
    Ce livre est le premier d'une série de deux avec Modulor 2 – 1955 (La parole est aux usagers). Il explicite et théorise les raisons qui amènent Le Corbusier à utiliser le nombre d'or en architecture.
  95. Le Corbusier 1983, p. 34.
  96. (en) William A. Sethares (en), Tuning, timbre, spectrum, scale, Springer, , 2e éd. (1re éd. 1999), 426 p. (ISBN 978-1-85233-797-1, lire en ligne), chap. 14 (« A “Music Theory” for 10-tet »).
  97. a et b Cette thèse de l'université de Montréal a donné lieu à un livre, présenté par le Forum de l'université de Montréal : Guy Marchand, Bach ou la Passion selon Jean-Sébastien : De Luther au nombre d'or, L'Harmattan, , 391 p. (ISBN 978-2-7475-4651-5, lire en ligne), qui présente une analyse technique des rythmes de la musique de Bach et particulièrement de la Passion selon saint Matthieu à l'aide du nombre d'or.
  98. Fichier audio sur Commons.
  99. (en) Roy Howat, Debussy in Proportion : a musical analysis, Cambridge University Press, 1986 (ISBN 978-0-52131145-8).
  100. (en) Alan M. Gillmor, Erik Satie, Norton & Co, 1988 (ISBN 978-0-39330810-5) ou (en) Robert Orledge, Satie the composer, Cambridge University Press, 1990 (ISBN 978-0-52135037-2).
  101. (en) Ernő Lendvaï, The workshop of Bartók and Kodály, Editio Musica, 1983 (ISBN 978-9-63330382-5).
  102. a et b Gérard Assayag et Jean-Pierre Cholleton, « Musique, Nombre et Ordinateurs », La Recherche, no 278 spécial sur les nombres,‎ .
  103. Bourcier, Michel,, Jean-Louis Florentz et l'orgue : essai analytique et exégétique (ISBN 978-2-36485-033-0, 2364850339 et 9782364850392, OCLC 1057454281, lire en ligne).
  104. (en) Star cage music composed by Akio Hizume.
  105. Guy Marchand, Bach ou La passion selon Jean-Sébastien: de Luther au nombre d'or, l'Harmattan, coll. « Univers musical », (ISBN 978-2-7475-4651-5)
  106. Par exemple pour Satie : (en) Courtney S. Adams, Erik Satie and golden section analysis, Music & Letters, vol. 77, no 2, mai 1996, p. 242-252 ou pour Bartók : (en) Jean-Bernard Condat, Reply to Ernö Lendvai: Bartók's Music and Golden Section, Leonardo, vol. 21, no 3, 1988, p. 340.
  107. (de) Gustav Fechner, Zür experimentellen Aesthetik, Hirzel, 1871.
  108. Jean-Philippe Vert, Le nombre d'or.

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Bibliographie

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  • (en) Roger Herz-Fischler, A Mathematical History of the Golden Number, Dover, , 216 p. (ISBN 978-0-486-40007-5)
  • Marius Cleyet-Michaud, Le nombre d'or, PUF, coll. Que sais-je ?, 13e éd., 2009 (ISBN 978-2-13057614-3)
    Ce livre suppose un niveau mathématique un peu technique ; il traite avec une orientation scientifique des différents aspects culturels du nombre d'or.
  • Robert Vincent, Géométrie du nombre d'or, Chalagam, 5e éd., 2007 (ISBN 978-2-95196070-1)
    Ce petit traité de 128 pages illustre, sans demander de connaissances mathématiques, différentes constructions géométriques à l'aide du nombre d'or.
  • Christian Hakenholz, Nombre d'or et mathématique, Chalagam, 2001 (ISBN 978-2-95080016-9)
    Ce petit livre de 63 pages traite spécifiquement de l'aspect géométrique du nombre d'or. Il ne nécessite pas de connaissances mathématiques préalables.
  • Jérôme Haubourdin, Le Mythe du Nombre d'Or – Une Esthétique Mathématique, Biospheric, 2011 (ISBN 978-2-95280208-6)
    Ce livre CD ROM apporte une lecture plus axée sur l'art, la peinture et l'architecture.

Articles connexes

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Liens externes

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Bases de données et dictionnaires

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