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Renard dans la culture japonaise

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bake-kitsune
Description de cette image, également commentée ci-après
Le prince Hanzoku effrayé par un renard à neuf queues, dessin de Kuniyoshi Utagawa, XIXe siècle.
Créature
Autres noms yōko (妖狐?)
Groupe Folklore populaire
Sous-groupe Métamorphe, esprits-renards
Caractéristiques Renard, métamorphose, feu-follets
Habitat Rizières, sanctuaires shinto
Proches Bake-danuki (化け狸?), Bakeneko (化け猫?)
Origines
Origines Mythologie japonaise
Région Drapeau du Japon Japon
Première mention Nihon ryōiki (810–824)

kitsune (?) est un terme Japonais pour désigner le renard. Dans la culture japonaise, le renard tient une place importante, dans le cadre religieux en tant que messager de la divinité shintoïste Inari, ainsi que dans le folklore populaire transmis par le bouddhisme, où, avec le tanuki (?, chien viverrin), il est considéré comme une créature, un yōkai, doté de pouvoirs de métamorphoses et d'illusions, spécifiquement désignée sous les terme de bake-kitsune (化け狐?) ou encore yōko (妖狐?), désignés en français sous le nom d’esprit-renard. Hors du Japon, le terme kitsune désignant improprement, dans l'imaginaire populaire, un renard doté de pouvoirs magiques, évoquant l'esthétique japonaise ou asiatique en général, faisant un amalgame de plusieurs créatures, comme le renard à neuf queues.

Nom et étymologie

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En japonais, le renard du Japon est spécifiquement désigné sous le terme Hondogitsune, "le renard métropolitin".

En Japonais, le mot kitsune est un terme générique qui désigne littéralement le renard. On trouve sur l’archipel japonais, deux sous-espèces de renard roux, appelés en japonais akagitsune (アカギツネ?) : Le renard roux du japon (Vulpes vulpes japonica) appelé hondogitsune (ホンドギツネ?), distribué sur les îles de Honshū, Kyūshū et Shikoku ; ainsi que le renard de Hokkaido (Vulpes vulpes schrencki, appelé kitakitsune (キタキツネ?), se trouvant sur l'île du même nom, mais aussi sur d'autres petites îles alentours, notamment les îles Sakhaline. Ce terme est aussi utilisé pour désigner d'autres espèces de renards comme le renard polaire, dénommé Hokkyokugitsune (ホッキョクギツネ?), ou d'autres animaux apparentés au renard comme l'Otocyon, dénommé Ōmimigitsune (オオミミギツネ?), mais aussi des animaux n'ayant rien à voir, comme les lémuriens dénommées Kitsunezaru (キツネザル, "singes-renards"?), en raison de leur apparence physique rappelant l'animal, ainsi que la proximité de ces primates avec le surnaturel dans les différentes traditions locales.

La véritable étymologie de kitsune (?) est encore inconnue et a engendré plusieurs théories[1]. Mais le terme apparaît dans un texte de 794, Shin'yaku Kegonkyō Ongi Shiki, le plus ancien ongi encore existant. D'autres sources anciennes incluent le Nihon Ryōiki (810-824) et le Wamyō ruijushō (vers 934). Les plus vieilles sources sont écrites en man'yōgana, ce que la Jōdai Tokushu Kanazukai (en) identifie clairement comme ki1tune.

Parmi les suggestions étymologiques qui n'ont pas fait de consensus général, se trouvent :

  • Myōgoki (1268) suggère qu'il est appelé ainsi parce qu'il est « toujours (tsune) jaune (ki) » ;
  • au début de l'époque Kamakura, Mizukagami indique que cela signifie « venu (ki) [particule d'aspect perfectif tsu] à la chambre (ne) dû à la légende qu'un kitsune prendrait l'aspect de la compagne d'un homme et porterait ses enfants » ;
  • Arai Hakuseki dans Tōga (1717), suggère que ce ki signifierait « puanteur », tsu serait une particule possessive, et ne serait en relation avec inu, le mot désignant le « chien » ;
  • Tanikawa Kotosuga dans Wakun no Shiori (1777-1887), suggère que ce ki signifierait « jaune », tsu serait une particule possessive, et ne serait en relation avec neko, le mot désignant le « chat » ;
  • Ōtsuki Fumihiko dans Daigenkai (1932-1935), propose l'explication selon laquelle kitsu serait une onomatopée pour un animal, et que ne serait un affixe ou un mot honorifique signifiant serviteur d'un sanctuaire d'Inari.

Selon Nozaki, le mot kitsune était à l'origine une onomatopée[2]. Kitsu représentait le glapissement du renard et devint le mot général pour « renard » ; -ne signifierait une humeur affectueuse, ce que Nozaki présente comme une preuve supplémentaire d'une tradition établie et non-importée de renard bienveillant dans le folklore japonais[3]. Kitsu est actuellement archaïque, en japonais moderne, le glapissement du renard est transcrit en kon-kon ou gon-gon[4].

Un des plus anciens récits de renards connus provient d'une étymologie populaire largement connue du mot kitsune[5]. Contrairement à la plupart des récits de renards devenant humaines et se mariant à des humains, celui-ci, selon une ancienne légende japonaise de 545 apr. J.-C., ne finit pas tragiquement[6],[7] :

« Ono, un habitant de Mino, passait son temps à songer à son idéal de beauté féminine. Il la rencontra un soir sur une vaste lande et l'épousa. Au même moment où elle donna naissance à leur fils, le chien d'Ono donna naissance à un chiot qui, en grandissant, devint de plus en plus hostile à la dame de la lande. Elle pria son mari de le tuer, mais il refusa. Finalement, un jour, le chien l'attaqua si furieusement qu'elle perdit courage, reprit sa forme vulpine, sauta la clôture et s'enfuit. “Tu es peut-être un renard, appela Ono après elle, mais tu es la mère de mon fils et je t'aime. Reviens quand tu veux ; tu seras toujours la bienvenue.” Ainsi, chaque soir, elle revint et dormit dans ses bras. »

Parce que la renarde revient à son mari chaque nuit comme une femme et qu'elle part chaque matin comme un renard, elle est appelée Kitsune. En japonais classique, kitsu-ne signifie « vient et dort », et ki-tsune signifie « toujours vient »[7].

Pendant longtemps, le terme kitsune servait à désigner le renard sous toutes ses formes, que ce soit l'animal sauvage ou les esprits associés. Dans son recueil de voyage, le zoologiste allemand Philipp Franz von Siebold en parle sur ces termes :

« Une foule de contes qu’on débite sur les qualités dont cet animal serait doué a produit une telle impression sur l’esprit du peuple, que son nom en est devenu un objet de crainte et de vénération; la superstition à fait naître chez eux le doute, de façon qu’ils ne sont pas d’accord s’il faut voir dans le renard l’emblème d’un dieu ou d’un diable[8]. »

C'est pourquoi, hors du Japon, le mot kitsune a tendance à être utilisé pour spécifiquement désigner les renards japonais, mais plus particulièrement les renards dans une dimension spirituelle, comme les yōkai inspirés de renards tels les renards à neuf queues notamment. Pourtant aujourd'hui en japonais, un renard doté de facultés surnaturelles est spécifiquement désignée sous les termes génériques de bake-kitsune ou bake-gitsune (化け狐?) ou encore yōko (妖狐?), indépendant de toutes les autres dénominations spécifiques trouvables dans la littérature. Une différence qui a tendance à créer des quiproquos. Parmi les traductions utilisés, figure le terme "d'Esprit-renard" dérivé du terme chinois pour le bake-kitsune, húlíjīng (狐狸精), dont le caractère jing 精 renvoi à un concept, comme l'essence ou l'énergie. Ce concept est utilisé pour refléter un état de connaissance ou d'illumination, tout au long de leur longue vie, où les renards gagnent des capacités surnaturelles[9], mais surtout une enveloppe immatérielle. Dans d'autres traductions, les esprits-renards japonais peuvent être traduits sous le terme de démon-renard.

Origines de la culture autour du renard

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Les premières traces du renard dans la culture Japonaise, seraient sous forme d'ornements en pendentifs constitué de canines percées. Ces bijoux remonterai à une date estimée à environ 3500 ans avant notre ère, lorsque les premières populations installées sur l'archipel Japonais avaient encore un mode de vie de chasseurs-cueilleurs[10]. La période Jōmon, était également propice a la confections de ces pendentifs : Ceux trouvés dans le site de la grotte Ōkubo à Abashiri, étaient fabriqués à partir de mandibules de renard percées et colorées, ressemblant à des amulettes[11], toutefois, bien que le renard était abondant dans certaine zones, comme dans la préfecture de Fukui, l'animal ne figure cependant pas, dans les monticules de déchets humains où de nombreux restes d'autres animaux ont été découverts[12].

Le renard dans les légendes animistes

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Il y a de nombreux débats sur les origines des légendes des renards au Japon, quant à savoir s'ils sont en totalité originaires de sources étrangères ou s'ils proviennent d'un concept indigène japonais datant du Ve siècle av. J.-C. Le folkloriste japonais Kiyoshi Nozaki argue que les Japonais considéraient le renard de manière positive dès le IVe siècle apr. J.-C. ; les seuls éléments importés de Chine ou de Corée étaient les attributs négatifs du renard[3]. Il affirmait que, selon un recueil du XVIe siècle nommé le Nihon Ryakki (en), les renards et les humains vivaient côte à côte dans le Japon ancien, et il soutient que les légendes indigènes concernant les créatures sont apparues par la suite[2]. L'érudite Karen Smyers remarque que l'idée d'un renard séducteur et le lien entre les mythes des renards et le bouddhisme ont été introduits dans le folklore japonais à travers des histoires chinoises similaires, mais elle maintient que certains éléments culturels relatif au renard, contiennent des éléments propres au Japon[9]. Des éléments, en grande partis basé sur le mode de vie agricole, notamment nés de la nécessité de cultiver le riz et les céréales. Le renard, appréciant généralement les plaines et les zones ouverte, était le meilleur allié des agriculteurs, en raison de leur rôle dans la préservation des culture par la prédation des rongeurs, nuisibles pour les cultures. Son urine était également, un assez bon répulsif pour éloigner les autres animaux des surfaces agricoles. Dans l'optique de conserver la présence du canidé près des plantations, les agriculteurs plaçaient donc, près des rizières, des aliments tels que du tofu frit pour maintenir cet effet répulsif[13]. Au cours de la période Yayoi, lorsque la culture du riz à grande échelle s'est développée au Japon, les invasions de rongeurs et d'autres animaux se sont évidement multipliées, les renards et les loups, en tant que prédateurs de ces animaux, il a joué un rôle dans la préservation des récoltes[14],[15]. Ce rapport avec les champs pourrait être dû au fait que durant des temps anciens, mais non précisés, les renards, tout comme les tanukis, avaient pour symbolique première l'arrivée de la belle saison et notamment des récoltes, il y avait une croyance selon laquelle la divinité de la montagne, yama-no kami (山の神) prenait le nom de la divinité des champs ta-no-kami (田の神) lorsqu'elle descendait de son sommet dès l'arrivée du printemps. Ces animaux étaient alors considérés comme des apparitions relatives à la belle saison et non des entités réelles[16]. Toutefois, le folkloriste Kunio Yanagita démonte toutes les hypothèses évoquées et affirme la théorie selon laquelle la croyance populaire selon laquelle les renards étaient considérés comme sacrés ont pris racine, indépendamment de la correspondance entre le cycle des saisons, de la croissance du riz et de l'impact de la prédation du renard.

Intégration du renard dans le shintoïsme

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Au cours de la période Yamato, le clan Hata, qui a immigré au Japon au cours de la période Kofun, était en pleine expansion et cherchait a étendre son influence sur différent territoires, tout en soumettant d'autres populations autochtones. Le clan Hata adorait Inari sous le nom de Miketsu, un nom souvent interprété par les populations locales comme voulant dire "trois-divinités-renards". C'est dans ce contexte que le clan Hata en a profité, pour utiliser la figure de l'animal, comme moyen efficace de pacification des populations autochtones, auparavant excluent a causes de leurs pratiques religieuses non conformes aux pratiques du clan, étaient désignées à l'époque par le nom de l'animal. Les agriculteurs autochtones vénéraient leurs propres divinités, des champs et des montagnes, et avaient une culture associant les renards à ces divinités. Cependant, le Nihon shoki indique que durant la période kinmei, le clan Hata, qui avait acquis une puissance économique considérable en commerçant avec Ise, a exercé une pression telle sur ces agriculteurs, que ces sanctuaires autrefois dédiés a ces anciennes divinités gardiennes, sont alors devenues des sanctuaires du clan Hata, et bien que les agriculteurs aient continué à vénérer leurs anciens dieux, ils ont toutefois fini par être absorbé[17], la culture autour du renard n'est qu'un reste de ces pratiques ancestrales. Les renards, initialement issue d'une pratique religieuse différente, ont fini par s'intégrer petit à petit au culte autour d'Inari, en portant le nom de Myōbu (命婦 、"servantes de la vie"). Dans la même continuité, les divinités autochtones, en raison de leur caractère divin apportant la fertilité, ont été reconnues comme "Inari" sous le nom de Uga-no-Mitama-no-Ōkami(宇迦之御魂大神)[18].

Influence du Bouddhisme et naissances des esprits-renards du Japon

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Une dakini chevauchant un renard blanc, assimilé à un renard d’Inari.

Il est largement accepté que la piste de nombreux récits japonais relatifs aux esprits-renards, les renards dotés de pouvoirs magiques en tant que tel, peuvent être aisément retracée jusque dans les pays voisins, et plus particulièrement en Corée, mais surtout en Chine. Sous la dynastie chinoise des Han postérieurs (25-220), les histoires de renards étaient déjà bien enracinées, et ont connu un grand essor sous les dynasties des Wei et des Jin (220-420). Le renard avait un passif d'animal divaguant aux abords des cimetières, creusant parfois leurs terriers à proximité des tombes et manipulant parfois les os des défunts[16]. Ces légendes auraient été introduites au Japon en même temps que le bouddhisme, avant de s’ancrer dans les traditions locales à compter du IXe siècle[19]. Les plus anciennes histoires étant parvenues jusqu'à nous sont compilées dans le Nihon ryōiki, écrit entre 787 et 824[19], et dans le Konjaku Monogatari, un recueil de textes chinois, indiens et japonais datant du XIe siècle[20].

À l’époque de Heian, le bouddhisme ésotérique a été introduit au Japon par Kūkai en provenance de Chine, et les renards ont commencé à être appelés par le nom de yakan (野干) qui apparaît dans les sutras bouddhiques. Les renards d'Inari ont alors été assimilé progressivement au bouddhisme par l'intermédiaire d'une dakini chevauchant un renard blanc[18]. Cela fait écho a la soumission des forces du mal, généralement illustrées par des renards maléfiques, aux forces du bouddha, incarnées par la figure du moine. À cette époque, des récits évoquant ces renards maléfiques ont commencé à apparaître, et on a prétendu qu’ils étaient responsables de certaines maladies mentales ne pouvant être guéris que par des pouvoirs surnaturels. Par l’ésotérisme, les renards ont alors été associé à des rituels magiques. C'est à ce moment, que le renard à commencé par être associé au monde des yōkai et du surnaturel, dans la conscience populaire, sous le nom de yōko(妖狐).

Émergence des croyances populaires autour du renard

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Malgré la forte influence des cultures bouddhique sur l'imaginaire populaire, la figure du renard ne s'est pas entachée aux yeux de la population pour autant. Inari est même redevenue populaire à partir de la période d'Édo étant désormais devenue une divinité de l'abondance et de la prospérité commerciale. Une coutume est née dans laquelle les gens plaçaient des figurines de renard de Fushimi sur leurs étagères d'autel domestique en guise d'objet de dévotion. Lorsque le gouvernement de l’ère Meiji a interdit la fabrication de figurines de renard en raison de leur caractère impie, les figurines de chat ont commencée à être produite en petite quantités pour ne pas éveiller les soupçons. Petit à petit, les figurines de maneki-neko ont commencées a se populariser dans tout le Japon, reprenant les différentes formes apparues dans la culture autour du renard, pouvant prendre une couleur blanche, noire, rouge, dorée et argentée.

De l'époque d'Edo à l’ère Shōwa, de nombreux sanctuaires d'Inari, situés à l'arrière des temples, étaient associés à des terriers de renard, ce qui a donné lieu à une coutume de vénération des terriers dans tout le pays. La tradition de déposer de la nourriture à l'entrée d'une tanière avait perduré. Le célèbre sanctuaire Kuzunoha Inari, associé au célèbre onmyōji Abe no Seimei, conserve encore des vestiges de ses anciens autels en pierre à l'arrière du sanctuaire.

Période contemporaine

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Depuis la période Meiji, des mouvement d’abolition du bouddhisme sont survenus, et les sanctuaires dédiés à Inari se sont divisés en une minorité de tendance bouddhiste et une majorité de tendance shintoïste. L'émergence des figures du shintoïsme dans la culture populaire a drastiquement augmenté, et le renard a progressivement commencé à perdre son caractère religieux et a été relégué aux contes et au folklore populaire. Le riz comme objet symbolique de la déesse Inari, lui est largement préféré par ses adorateurs.

Dans la ville de Matsubara, préfecture d’Osaka, le folklore local raconte que des bake-kitsune auraient vécu parmi les humains pendant un certain temps après la Seconde Guerre mondiale. Non seulement ils auraient entretenu de bonnes relations avec les habitants, mais disposaient également des noms de famille et des prénoms, enregistrés comme résident Japonais. Le folklore populaire a propos de bake-kitsune a perduré jusqu'au début des années 60. Dans son livre “Pourquoi les Japonais ne se font-ils plus duper par les renards ?”(日本人はなぜキツネにだまされなくなったのか) le philosophe Takashi Uchiyama époque plusieurs éléments, comme la “révolution spirituelle de 1965” ayant conduit à la dilution de la croyance aux éléments surnaturels et trompé par les renards, induit par des changements économiques, éducatifs, mais surtout une progressive disparition des environnements natures[21]. Depuis l'ère Meiji, le renard a massivement été chassé pour sa fourrure, une pratique qui a également affecté les croyances envers cet animal.

Caractéristiques

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Une statue d'un renard gardien au sanctuaire Inari adjacent au temple bouddhique de Tōdai-ji à Nara

Les bake-kitsune sont, tout comme leurs homologues dans les autres pays asiatiques, généralement désignés dans le folklore japonais, comme des renards dotés de pouvoirs les rendant absolument différents des renards normaux, même si cette dichotomie est plus ou moins visible selon les versions. L'une des caractéristiques principale réside en une intelligence et une longévité supérieure, mais surtout la possession de pouvoirs magiques, comme la métamorphose, la possession, ou encore la maîtrise des éléments naturels.

Les différentes formes d'esprits-renards

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Au japon, les esprits-renards dispose d'un nombre de formes et d'incarnation relativement important, mais deux formes reviennent le plus souvent dans la littérature et le folklore :

Les yako (野狐?, littéralement "les renards des champs"), aussi appelés nogitsune (野狐?), désigne les "renards sauvages". Il s'agit de la forme de bake-kitsune la plus commune, bien souvent assimilée aux renards normaux, sous entendant, que tout les renards seraient des yako. Ils ont tendent à être espiègles voire malicieux[22]. Les traditions locales ajoutent d'autres types[23] dont les dénominations variaient énormément d'une région à l'autre. Les yako utilisant leurs pouvoirs de métamorphose et de possession pour semer le trouble autour d'eux. Ces derniers, ont une forte tendance à importuner les humains, mais également les autres animaux, comme les tanukis, mais aussi les animaux d'élevage. Sur l’île de kyūshū, il est raconté que les personnes n’étant pas en bon terme avec les renards finiraient possédés par ces derniers[24]. Cette forme est considérée comme étant la plus basse dans la hiérarchie des esprits-renards. Ce nom "d'esprit-renard" lui est même, par ailleurs, particulièrement mal-adaptée au vu du contexte, puisque cette forme est généralement décrite comme une forme matérielle[25], qui interagit avec les hommes dans la réalité.

Les zenko (善狐?, littéralement "bons renards") sont des renards bienveillants, Dans le recueil kitsune monogatari (狐ものがたり) issu du Miyagawasha manpitsu (宮川舎漫筆), il existerai en tout cinq espèces de renards vertueux : les kinko (金狐 ; "renard d’or"), les gingitsune ou plus rarement ginko (銀狐 ; "renard d’argent"), les kurogitsune (黒狐 ; "renard noir") et les hyakko (白狐 ; "renard blanc")[26]. Tout ces renards bienveillants sont généralement associés à la déesse Inari, dans ce contexte, ils sont spécifiquement désignés sous le nom de reiko (霊狐) « les renards d'Inari » ou même directement par Inari sama (稲荷様). Dans la hiérarchie des bake-kitsune, ces renards sont évidement au dessus des renards sauvages. Dans ce contexte, ces renards sont généralement considérés comme n'étant plus tout à fait des animaux, mais des créatures spirituelles invisible pour les mortels.

Pour changer de forme, un renard peut s'exercer dans l'optique d'accroître ses pouvoirs magiques et ses capacitées spirituelles pendant un certain nombre d'année. Au Japon, les renards qui se sont exercés durant un millénaire peuvent espérer devenir des tenko (天狐 ; "renards célestes"), deviennent des créations égales à des divinités[27],[28]. Et si un tenko accumule encore des pouvoirs magiques pendant encore deux mille ans, il devient alors un kūko (空狐 ; "renards du néant"), des êtres immatériels dotés de pouvoirs infinis[28]. Toutefois, dans son essai, le Zenan duihitsu (善庵随筆), publié vers la fin de la période Edo, Gen Minagawa propose de placer les renards célestes (天狐) tout en haut de la hiérarchie des esprits-renards.

Mais ces dénominations restent assez rares dans la littérature, et il est généralement admis qu'un renard qui accumule du savoir pendant plusieurs siècles, il gagne de nouveaux pouvoirs, représentés sous la formes de nouvelles queues. Généralement, un grand nombre de queues indique un renard plus vieux et plus puissant ; en fait, quelques contes populaires disent que le renard n'aura de queues supplémentaires que lorsqu'il aura plus de 100 ans[29]. Cinq, sept et neuf queues restent les nombres les plus courants dans les histoires populaires[30]. Au bout d'un millénaire, les bake-kitsune, sont connus pour avoir jusqu'à neuf queues[31]. Il deviennent alors des renards à neuf queues, désignés au Japon, sous les noms de kyūbi no kitsune 九尾の狐, kyūbiko 九尾狐, kyūbikori 九尾の狐狸, ou encore kyūbiyōko 九尾妖狐 ou kyūbi no yōko 九尾の妖狐 ou simplement kyūbi. Au Japon, le renard à neuf queue est souvent une créature au statut suprême, arborant une fourrure blanche ou dorée[31]. Ils acquièrent la capacité de voir et d'entendre ce qui arrive n'importe où dans le monde. D'autres récits leur attribuent une sagesse infinie (l'omniscience)[32].

Cet obake karuta (carte de monstre) du début du XIXe siècle dépeint un bake-kitsune.

Facultés magiques

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Métamorphoses et illusions

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Fox Women par Bertha Lum : bake-kitsune comme des femmes

Un bake-kitsune peut prendre forme humaine, une capacité apprise quand il atteint un certain âge : habituellement 100 ans, cependant quelques récits disent 50 ans[29]. Le prérequis commun pour la transformation est que le renard doit placer sur sa tête un roseau, une large feuille ou un crâne[33]. Les formes communes prises par les bake-kitsune incluent des belles femmes, des jeunes filles ou des hommes âgés. Ces formes ne sont pas limitées par l'âge ou le genre du renard[9], et un bake-kitsune peut se déguiser sous les traits d'une personne spécifique[34].

Les renards sont particulièrement connus pour se faire passer pour des belles femmes. La croyance commune dans le Japon médiéval était que n'importe quelle femme seule rencontrée en particulier au crépuscule ou la nuit pouvait être un renard[35]. Kitsune-gao, ou « visage de renard », se réfère aux femmes qui ont un visage étroit avec des yeux rapprochés, des sourcils minces et des pommettes hautes. Traditionnellement, cette structure faciale est considérée comme attirante, et certains récits l'attribuent aux renards sous forme humaine[36]. Des variantes sur ce thème présentent des renards possédant d'autres traits vulpins, tel qu'un fin pelage, une ombre en forme de renard ou un reflet qui montrent sa vraie forme[37].

Dans certaines histoires, les renards ont des difficultés à cacher leur queue quand ils prennent forme humaine ; chercher une queue, quand le renard est ivre ou ne fait pas attention, est une méthode ordinaire pour discerner leur véritable nature[38]. Un individu particulièrement croyant peut même voir à travers le déguisement du renard[39]. Les renards peuvent aussi être exposés quand ils sont sous forme humaine par leur peur et haine des chiens, et certains deviennent si perturbés par leur présence qu'ils revêtent la forme d'un renard et s'enfuient.

Une histoire populaire illustrant ces imperfections de la forme humaine du bake-kitsune concerne Koan, un personnage historique crédité de sagesse et de pouvoir magique de divination. Selon l'histoire, il résidait dans la demeure d'un de ses adeptes quand il s'ébouillanta le pied en entrant dans le bain parce que l'eau était trop chaude. Puis, « de douleur, il courut hors du bain nu. Quand les gens de la maison le virent, ils furent étonnés de voir que le corps de Koan était en grande partie recouvert de fourrure, et sa queue de renard. Puis Koan se transforma devant eux, devenant un renard âgé et s'enfuit[40] ».

Les feux du renard : kitsunebi

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« Kitsunebi (“feux du renard”), la nuit du Nouvel An sous l'arbre enoki près d'Ōji », dans Cent vues d'Edo par Hiroshige. Chaque renard a un kitsunebi flottant devant sa tête.

D'autres capacités surnaturelles communément attribuées aux renards incluent la capacité de faire jaillir du feu ou des éclair. Ces manifestation pyrotechniques, apparentés aux feu follets sont désignés sous le nom de kitsunebi, « feux du renard »), Dans le kinmō zui, il est écrit que les renards peuvent créer leur kitsunebi en soufflant après avoir rongé un os de cheval. Les renards se serviraient ainsi de la lumière émise par ces feux, pour chercher leur nourriture[41].

La possession par le renard : Kitsunetsuki

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Kitsunetsuki (狐憑き, 狐付き?, aussi écrit kitsune-tsuki) signifie littéralement l'« état d'être possédé par un renard ». La victime est toujours une jeune femme, le renard est entré en elle en passant sous ses ongles ou à travers sa poitrine[42]. Dans certains cas, les expressions faciales de la victime changeraient pour ressembler à celles d'un renard. La tradition japonaise retient que la possession du renard peut permettre aux victimes illettrées de gagner la capacité de lire[43].

Lorsqu'un renard possède une personne ou toute autre objet, il peut invoquer des tsukimono qui se chargent de la possession : par exemple les yako font apparaître de petites créatures vulpines noires ou blanches dont la taille avoisine celle d'un chat ou d'un rat[44]. De telles créatures existent également dans la nature et peuvent être utilisées par des humains en tant que leurs propres familiers, comme les osaki (尾先) ou encore les kuda-gitsune (管狐 ;"renards-pipe"). La possession pourra alors toucher une personne, une famille entière où il sera alors conservé comme un familier, la famille est alors nommée tsukimono-tsuji (憑物辻), tsukimono-tsukai (憑物遣い), ou encore un médium pour des cas de divination. Ainsi, les humains ont adopté la capacité d'utiliser les pouvoirs des esprit-renards pour divers usages, comme s'enrichir. Mais du fait que la possession de tels renards affectent le cercle familial, les familles détenant ce genre de familiers sont progressivement mises à l'écart de la société, et en premier lieu des cérémonies de mariages[45] On dit aussi que ces familiers sont utilisés sont pour causer la maladie et maudire les biens, les cultures et le bétail de ceux qu'ils détestent[46]. La possession de famille par ces renards peut également être involontaire et héréditaire, résultante des mauvaises intentions d'un membre ayant eu recours à une possession.

Le folkloriste Lafcadio Hearn décrit cet état de possession dans le premier volume de ses Glimpses of Unfamiliar Japan (en) :

« Étrange est la folie de ceux en qui les démons renards entrent. Quelquefois ils courent nus et crient dans les rues. Quelquefois, ils s'allongent, de l'écume aux lèvres, et poussent des glapissements de renard. Et sur certaines parties du corps des possédés, une boule mobile apparaît sous leur peau, qui semble avoir une vie propre. Si on la pique avec une aiguille, elle glisse instantanément à un autre endroit. Aucune prise ne permet à une main puissante de la compresser sans qu'elle ne glisse sous ses doigts. On dit aussi que les gens possédés peuvent parler et écrire dans des langues dont ils étaient totalement ignorants avant la possession. Ils ne mangent exclusivement que ce qu'on pense que les renards aiment — comme du tofu, des aburaage, des azukimeshi, etc. — et ils mangent beaucoup alléguant que ce n'est pas eux, mais le renard, qui est affamé[47]. »

Il poursuit en indiquant que, une fois libéré de la possession, la victime ne sera jamais plus capable de manger du tofu, des azukimeshi ou d'autres aliments favoris des renards :

« L'exorcisme, souvent pratiqué dans un sanctuaire d'Inari, peut provoquer le départ du renard de son hôte[48]. Dans le passé, lorsque de telles mesures douces échouaient ou qu'aucun prêtre n'était disponible, les victimes des kitsunetsuki étaient battues ou gravement brûlées dans l'espoir de forcer le renard à partir. Des familles entières ont été ostracisées par leur communauté après qu'un membre de la famille était soupçonné d'être possédé[47]. »

Au Japon, le kitsunetsuki est reconnu comme maladie dès l'époque Heian et est resté un diagnostic ordinaire pour les maladies mentales jusqu'au début du XXe siècle[49],[50]. La possession était l'explication pour les comportements anormaux des individus qui en étaient affligés. À la fin du XIXe siècle, le Dr Shunichi Shimamura remarqua que les maladies physiques causant de la fièvre étaient souvent considérées comme un kitsunetsuki[51]. Cette croyance est tombée en désuétude, mais des histoires de possession par un renard arrivent encore, telles les allégations que les membres du culte Aum Shinrikyō étaient possédés[52].

En médecine, le kitsunetsuki est un syndrome lié à la culture qu'on ne retrouve que dans la culture japonaise. Ceux qui en souffrent croient être possédés par un renard[53]. Les symptômes incluent des envies de riz ou de asukimeshi sucré, de l'apathie, de l'agitation et de l'aversion pour les contacts les yeux dans les yeux. Le kitsunetsuki est similaire mais distinct de la lycanthropie clinique[54].

La perle du renard : Hoshi no tama

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Les représentations des renards, ou de leurs victimes possédées, peuvent présenter des boules blanches rondes ou en forme d'oignon, connues comme hoshi no tama (ほしのたま?, « perles d'étoile »). Les récits les décrivent comme brillant du kitsunebi (« feu du renard »)[55]. Certaines histoires les identifient comme des joyaux ou des perles magiques[56]. Quand il n'est pas sous forme humaine ou qu'il ne possède pas un humain, un renard tient la balle dans sa bouche ou la porte sur sa queue[29]. Les joyaux sont un symbole habituel d'Inari, et les représentations des renards sacrés d'Inari sans eux sont rares[57].

Une croyance veut que quand un bake-kitsune change de forme, sa hoshi no tama garde une portion de son pouvoir magique. Une autre tradition dit que la perle représente l'âme du renard ; ce dernier mourra s'il s'en sépare trop longtemps. Ceux qui obtiennent la balle peuvent être capables d'exiger une promesse au bake-kitsune en échange de son retour[58]. Par exemple, un récit du XIIe siècle décrit un homme utilisant la hoshi no tama d'un renard pour obtenir une faveur :

« “Trouvé !” glapit le renard. “Rends-moi ma perle !” L'homme ignora sa requête jusqu'à ce qu'il dise en larmes : “D'accord, tu as la perle, mais tu ne sais pas comment la garder. Elle ne sera pas bonne pour toi. Pour moi, c'est une perte terrible, si tu ne me la rends pas, je serais ton ennemi à jamais. Si tu la rends cependant, je serais pour toi comme un dieu protecteur.” »

Plus tard, le renard lui sauve la vie en lui faisant éviter une bande de voleurs armés[59].

Autres facultées

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En plus de la métamorphose et la création de feu-follets, le renard dispose également de la capacité d'altérer la réalité perçue par leur cibles, d'apparaître dans les rêves, de voler dans les cieux, de se rendre complètement, mais surtout la création d'illusions si élaborées qu'elles sont difficilement distinguables de la réalité[33],[37] : Certains récits parlent de bake-kitsune ayant de grands pouvoirs, capables de tordre l'espace-temps, de rendre les gens fous, ou prendre des formes fantastiques comme celle d'un arbre d'une hauteur incroyable ou d'une seconde lune dans le ciel[60],[61]. D'autres renards ont des réminiscences caractéristiques des vampires ou des succubes, et se nourrissent de la vie ou de l'esprit des êtres humains, généralement par contact sexuel[62].

Inari et ses esprits renards aident le forgeron Munechika à forger la lame kogitsune-maru (« petit renard ») à la fin du Xe siècle. La légende est le sujet du drame Sanjō Kokaji.

Représentations et mentions

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Inari apparaît à un guerrier, accompagné d'un renard. Cette représentation d'Inari montre l'influence des dix concepts Dakinidu Bouddhisme. Imprimé par Utagawa Kuniyoshi.

Le renard dans la religion

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Les renards sont associés à Inari, la divinité shintoïste du Riz[63]. Cette association a renforcé l'importance surnaturelle du renard[64]. Originairement, les renards étaient les messagers d'Inari, mais la ligne entre les deux est maintenant si floue qu'Inari lui-même est dépeint comme une renarde. De plus, des sanctuaires entiers sont dédiés aux renards, où les fidèles peuvent laisser des offrandes[23]. Les esprits renards seraient particulièrement friands de tofu frit, appelé aburaage, qui est utilisé dans les plats à base de nouilles, le kitsune udon et le kitsune soba. De même, Inari-zushi est un type de sushi nommé d'après Inari, qui consiste en des poches de tofu frites remplies de riz[65]. Il existe une spéculation parmi les folkloristes selon laquelle une autre divinité renard shinto existait par le passé. Les renards ont été longtemps adorés comme kami[66].

Les renards d'Inari sont blancs, couleur de bon augure[23]. Ils possèdent le pouvoir de protéger du mal, et ils servent quelquefois comme esprits gardiens. En plus de protéger les sanctuaires d'Inari, ils sont habilités à intervenir en faveur des paysans et à les aider particulièrement contre les nogitsune, ces esprits renards qui ne servent pas Inari et qui causent des problèmes. Les renards noirs et les renards à neuf queues sont aussi considérés comme de bon augure[38].

Selon les croyances dérivées du fusui (feng shui), le pouvoir des renards sur le mal est tel qu'une simple statue de renard peut dissiper le kimon démoniaque, ou l'énergie, qui provient du nord-est. Beaucoup de sanctuaires d'Inari, comme celui de Fushimi Inari à Kyoto ont de telles statues, et certains lieux en abritent en grand nombre.

Les renards sont liés à la religion bouddhiste par les dakiniten, déesses confondues avec l'aspect féminin d'Inari. La dakiniten est dépeinte comme un bodhisattva féminin tenant une épée et chevauchant un renard blanc volant[67].

Esprits-farceurs

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Le sanctuaire Fushimi Inari à Kyoto et ses nombreuses statues de renards.

Les bake-kitsune, plus particulièrement les nogitsune, sont souvent représentés comme des frippons, dont les motivations vont de la malice à la malveillance. Des histoires racontent que des renards jouent des tours aux samouraïs trop fiers, aux marchands cupides et aux roturiers fanfarons, pendant que les plus cruels abusent des pauvres commerçants et fermiers, ou de fervents moines bouddhistes. Leurs victimes sont habituellement des hommes ; les femmes sont plutôt possédées[35]. Par exemple, les renards emploieraient leur kitsunebi pour égarer les voyageurs à la manière d'un feu follet[68],[69]. Une autre tactique consiste pour le renard à plonger sa victime en pleine confusion au moyen d'illusions et de visions[35]. Les autres buts des renards farceurs incluent la séduction, le vol de nourriture, l'humiliation du fier ou la vengeance pour un trop peu perçu.

Un jeu traditionnel appelé kitsune-ken (« renard-poing ») se réfère aux pouvoirs du renard sur les êtres humains. Le jeu est similaire à pierre-papier-ciseaux, mais les trois positions de la main signifie un renard, un chasseur et le chef du village. Le chef bat le chasseur qu'il dépasse, le chasseur bat le renard qu'il tire, le renard bat le chef qu'il ensorcelle[70],[71].

Cette représentation ambiguë, couplée à leur réputation de vengeance, mènent les gens à essayer de découvrir les motivations du renard problématique. Dans un cas, au XVIe siècle, le daïmio Toyotomi Hideyoshi écrivit une lettre au kami Inari :

« À Inari Daimyojin,
Mon seigneur, j'ai l'honneur de vous informer qu'un des renards sous votre juridiction a ensorcelé un de mes serviteurs, causant à lui et aux autres de nombreux problèmes. Je dois vous demander de faire une enquête minutieuse sur la question, et vous efforcer de découvrir la raison de la mauvaise conduite de votre sujet, et me laisser en connaître le résultat.
S'il s'avère que le renard n'a pas de raisons suffisantes expliquant son comportement, vous devrez à la fois l'arrêter et le punir. Si vous hésitez à agir, j'ordonnerai la destruction de tous les renards de cette terre. Pour tous les autres renseignements dont vous pourriez souhaiter être informé sur ce qui est arrivé, vous pourrez l'apprendre du haut prêtre de Yoshida[72]. »

Tamamo-no-Mae, un renard légendaire représenté dans les pièces du théâtre noh et kyogen (imprimé par Yoshitoshi).

Les renards tiennent leurs promesses et s'efforcent de rembourser les faveurs. Occasionnellement, un renard s'attache à une personne ou à une demeure, où il peut causer toutes sortes de méfaits. Dans une histoire du XIIe siècle, seule la menace du propriétaire d'exterminer les renards les ont convaincus de bien se comporter. Le patriarche des renards est apparu dans les rêves de l'homme :

« Mon père a vécu ici avant moi, messire, et maintenant j'ai beaucoup d'enfants et petits-enfants. Ils ont causé de nombreux méfaits, j'en ai peur, et je suis toujours après eux pour les arrêter, mais ils n'écoutent jamais. Et maintenant, messire, naturellement vous en avez assez de nous. Je crois comprendre que vous allez tous nous tuer. Mais je veux juste que vous sachiez, messire, combien je suis désolé que ce soit la dernière nuit de notre vie. Ne nous pardonnerez-nous pas, une fois de plus ? Si jamais nous vous causions de nouveau des problèmes, alors bien sûr, vous pourrez agir comme vous pensez qui sera le mieux. Mais les jeunes — je suis “sûr” qu'ils comprendront quand je leur expliquerai pourquoi vous êtes si en colère. Nous ferons tout ce que nous pourrons pour vous protéger à partir de maintenant, si seulement vous nous pardonnez, et nous vous informerons si quoi que ce soit de bien arrive[73] ! »

D'autres renards utilisent leur magie pour le bénéfice de leur compagnon ou de leurs hôtes aussi longtemps que les êtres humains les traitent avec respect. En tant que yōkai, cependant, les renards ne partagent pas la morale humaine, et un renard qui a été adopté dans une maison de cette manière pourrait, par exemple, apporter à ses hôtes de l'argent ou des objets qu'il a volé aux voisins. Par conséquent, les ménages ordinaires pensaient qu'abriter un renard risquait de leur poser des problèmes[74].

Étrangement, les familles de samouraïs sont souvent réputées pour partager de tels arrangements avec les renards, mais ces renards sont considérés comme des zenko et l'usage de leur magie est un signe de prestige[75]. Les maisons abandonnées sont ordinairement hantées par des renards[35]. Une histoire du XIIe siècle raconte qu'un ministre déménageant dans une vieille demeure découvrit une famille de renards vivant là. D'abord, ils essayèrent de l'effrayer, puis ils clamèrent que la maison « a été la [leur] depuis tant d'années, et… [qu'ils souhaitent] vigoureusement protester ». L'homme refusa, et les renards partirent et déménagèrent dans un bâtiment abandonné des environs[76].

Les récits distinguent les dons des renards des paiements des renards. Si un renard offre un paiement ou une récompense qui inclut de l'argent ou de la richesse matérielle, une partie de toute la somme consistera en de vieux papiers, des feuilles, des brindilles, des pierres ou d'autres objets sans valeur pris dans une illusion magique[77],[78]. Les vrais dons des renards sont habituellement intangibles comme une protection, des connaissances ou une longue vie[78].

Le renard Kuzunoha projette l'ombre d'un renard même sous forme humaine. Kuzunoha est une figure populaire du folklore et un sujet des pièces de kabuki (imprimé par Utagawa Kuniyoshi).

Les femmes-renardes au Japon

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Les renardes sont ordinairement représentées comme des amantes, habituellement les histoires impliquent un jeune homme et un renard qui prend la forme d'une femme humaine[79]. Le renard peut être une séductrice, mais ces histoires sont souvent plus romantiques[80]. Typiquement, le jeune homme se marie avec un renarde sans le savoir, et ce dernier se révèle être une femme dévouée. L'homme finit par découvrir la vraie nature du renarde, cette dernière est contrainte de le quitter. Dans quelques cas, le mari se réveille comme si c'était un rêve, sale, désorienté et loin de chez lui. Il doit alors revenir pour affronter sa famille abandonnée dans la honte.

Beaucoup d'histoires parlent de femme-renarde portant des enfants. Quand la progéniture est humaine, elle possède des qualités surnaturelles ou physiques qu'elle transmet à ses propres enfants[38]. L'astrologue-magicien Abe no Seimei est réputé avoir hérité de tels pouvoirs extraordinaires[81].

D'autres histoires racontent que les renards se marient entre eux. La pluie tombant d'un ciel bleu est appelée kitsune no yomeiri (en) ou « mariage des renards », en référence à un récit populaire décrivant qu'une cérémonie de mariage entre créatures se tient dans de telles conditions[82]. L'événement est considéré comme de bon augure, mais le renard cherchera vengeance contre les visiteurs non-invités[83], comme dépeint dans le film Rêves d'Akira Kurosawa[84].

Stephen Turnbull, dans Nagashino 1575[85], relate le récit de l'implication du clan Takeda avec une renarde transformée en femme. Le seigneur de guerre Takeda Shingen, en 1544, a vaincu au cours d'une bataille le seigneur de guerre local nommé Suwa Yorishige et l'a conduit à se suicider après une conférence de paix « humiliante et fallacieuse », après quoi, Shingen força dame Koi, fille aînée de Suwa Yorishige et propre nièce de Shingen, âgée de 14 ans, à l'épouser. Turnbull écrit : « Shingen était si obsédé par la fille que ses partisans s'alarmèrent et crurent qu'elle était l'incarnation d'un esprit renard blanc du sanctuaire de Suwa, qui l'avait ensorcelée afin de se venger. » Quand leur fils Takeda Katsuyori prouva être un chef désastreux et mena le clan à une défaite dévastatrice à la bataille de Nagashino, Turnbull note : « Les vieilles têtes sages acquiescèrent, se souvenant des circonstances malheureuses de sa naissance et de sa mère magique. »

Le renard dans la culture aïnou

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Dans la culture aïnou à hokkaidō, le renard, entre autres désigné sous le nom de tchironupp dont le nom en langue aïnoue, signifie « celui que nous tuons en abondance », était un animal assez commun et pouvant, tout comme le nogitsune du bouddhisme, être considéré comme un animal doté de métamorphoses jouant des tours aux humains, jusqu’a être considéré comme une sorte de porte-malheur. Dans certains récits folkloriques locaux, le renard fait manger aux hommes, du satchipar, des œufs de saumon séchés. Un plat relativement difficile à manger puisqu’il nécessite de récupérer les restes d’œufs collés entre les dents en mettant la main dans sa bouche. Son petit tour effectué, le renard reprend sa forme naturelle avant de s’enfuir[86].

Dans la culture populaire contemporaine

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La figure du renard en tant qu'être magique et divin est un élément extrêmement récurrent dans la culture populaire japonaise, par l'intermédiaire des mangas, des dessins animés et des jeux vidéos notamment. L'animal est d'autant apprécié qu'il est massivement repris à l'international. Très présent dans le domaine du tourisme et de l’audiovisuel, il constitue un élément important dans la popularisation de la culture japonaise à l'échelle mondiale, par l'intermédiaire de la Cool Japan. Le terme kitsune est d'ailleurs entré dans le langage courent pour désigner un esprit-renard ou toute autres créatures apparentées.

Les renards japonais dans la fiction

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Jeux vidéo

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  • Le jeu-vidéo, devenue franchise cross-média Pokémon introduit un grand nombre de créatures qui pourraient être inspirés de la figure du renard au Japon, mais la créature la plus associée spécifiquement au bake-kitsune est le pokémon Zoroark, un monstre capable de métamorphose, d'illusion et d'apparitions fantomatiques et pyrotechniques.
  • L'extension Samouraï Empire du MMORPG Ultima Online introduit plusieurs nouvelles créatures, dont les kitsune.
  • Dans le jeu en ligne Dofus, le donjon Kitsoune est peuplé de créatures semblables à des kitsune, de couleurs différentes selon leur élément : feu, air, eau ou terre.
  • Dans le jeu de rôle Shadowrun sur SNES, un des personnages est une femme chamane nommée Kitsune et ayant le pouvoir de se transformer en renard.
  • Dans Phoenix Wright Ace attorney: Dual Destinies, le kitsune est au centre de la deuxième affaire du jeu.
  • Dans Muramasa: The Demon Blade, Kongiku et Yuzuruha sont des femmes-renardes servant le dieu Inari.
  • Dans Super Mario 3D Land et Super Mario 3D World, Luigi peut se transformer en kitsune, ce qui lui donne la possibilité de planer ou d'attaquer avec sa queue et se changer en statue (excepté dans Super Mario 3D World).
  • Dans Yo-kai Watch, une kitsune nommée Kyubi est présente.
  • Dans Aura Kingdom, on peut obtenir l'eidolon Kitsune, d'apparence une belle jeune femme en kimono, qui combat aux côtés du personnage. Cependant, elle est dépourvue de queue (du moins de façon visible) et ses oreilles ont l'air d'être sur un serre-tête futuriste.
  • Dans Fire Emblem Fates, Kaden et Selkie possèdent la classe Kitsune qui leur permet de se transformer en renard[87].
  • Dans Genshin Impact d'HoYoverse, on retrouve une kitsune du nom de Yae Miko qui est la prêtresse divine du sanctuaire de Narukami.
  • Dans Overwatch 2, l'un des personnages, Kiriko, est un héros de soutien qui possède un esprit kitsune.

Littérature

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  • Dans le troisième, le quatrième et le cinquième livre de la série littéraire Le Journal d'un vampire, deux kitsune qui s'appellent Shinichi et Misao peuvent prendre forme humaine et pousser les gens à des actes horrifiants et inhumains. Ils se nourrissent des souvenirs des personnes, et leur énergie vitale est contenue dans une sphère sous la forme d'un fluide. Ils ont le pouvoir de contrôler les plantes et contrôlent les personnes grâce à des malachs. D'après L.J. Smith, il existe deux façons de tuer un kitsune : le tuer grâce à des balles bénites ou détruire sa sphère magique. Enfin, si un kitsune admet avoir des remords, il meurt sur le champ.
  • Dans les livres de la série Cygne Noir, de Richelle Mead, Kiyo un des alliés de l’héroïne est un « changeforme » kitsune.
  • Dans la série de light novels, Kanokon, Chizuru est un esprit renard a une queue, et on découvre que Kouta peut se transformer en esprit renard à cinq queues.
  • Dans la bande dessinée Les Monstres de Mayuko de Marie Caillou, on retrouve un kitsune dans le cauchemar de Mayuko.

Manga et anime

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  • Dans le manga Nana, l'héroïne soupçonne deux personnages plus âgés (membres du personnel de sa maison de disques) d'être en réalité un renard (kitsune) et un tanuki transformés.
  • Dans l’anime Pompoko, le peuple des Kitsune apparaît comme s'étant adapté au monde des humains avant les tanuki et partageant avec eux Le Grand Art (nom donné à leur don de polymorphie).
  • Dans le manga et l’anime Yū Yū Hakusho de Togashi Yoshihiro, le personnage de Kurama est la réincarnation d'un démon renard.
  • Dans le manga Love Hina, l'une des personnages principales, Mitsune Konno, est surnommée « Kitsune » par les autres filles de la pension, car elle est considérée comme très rusée, d'où la forme de ses yeux, toujours presque fermés et fins.
  • Dans le manga Usagi Yojimbo, Kitsune est l'un des nombreux protagonistes ; une femme renard très vaillante, combative et rusée qui croise la route du héros lapin aux longues oreilles Usagi.
  • Dans le manga InuYasha, un des personnages, Shippo, est un jeune kitsune à une queue. Il peut changer de forme, créer des illusions, mais ses pouvoirs sont assez limités.
  • Dans l’anime et manga Divine Nanami, Tomoe, le familier de Nanami, divinité de la terre, est un kitsune de forme humaine doté d'oreilles et d'une seule queue.
  • Dans le manga et anime Blue Exorcist, la jeune Izumo Kamiki peut manipuler deux kitsune, Uke et Mike, associés à Inari. De plus, sa mère a été tuée par un kitsune.
  • Dans l’anime Inari, Konkon, Koi Iroha (en), les messagers de la déesse Uka sont des renards.
  • Dans le manga XxxHOLiC, le héros Kimihiro Watanuki (en) entre en possession de Mugetsu, un « renard en tube » (petite créature ressemblant à un croisement entre un serpent et un renard) qui prend la forme d'un kitsune à neuf queues lorsqu'il est exposé au danger.

Autres médiums

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  • Dans le cycle Kamigawa du jeu de cartes Magic, le peuple des kitsune apparaît.

Notes et références

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  8. Siebold, Philipp Franz von,1796-1866; Haan, W. de(Willem),1801-1855; Temminck, C. J.(Coenraad Jacob),1778-1858; Schlegel, H.(Hermann),1804-1884, Fauna japonica, sive, Descriptio animalium, quae in itinere per Japoniam, jussu et auspiciis, superiorum, qui summum in India Batava imperium tenent, suscepto, annis 1823-1830 volume 5 mamalia, 1842 page 40 (Consulter en ligne)
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  11. (ja)金子浩昌『貝塚の獣骨の知識 人と動物とのかかわり』東京美術〈考古学シリーズ 10〉、1984年8月、127–128頁。 (ISBN 978-4-8087-0229-8)
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  14. (ja)上智大学紀尾井文学会 公式ブログ
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  70. Nozaki, Kitsune, p. 230.
  71. Smyers 1999, p. 98
  72. Hall, Half Human, p. 137 ; le prêtre de Yoshida en question était Yoshida Kanemi (1535-1610), alors prêtre en chef au sanctuaire de Yoshida à Kyoto.
  73. Tyler, p. 114-115.
  74. Hearn, Glimpses, p. 159-161.
  75. Hall, Half Human, p. 148.
  76. Tyler, p. 122-124.
  77. Nozaki, Kitsune, p. 195.
  78. a et b Smyers 1999, p. 103-105
  79. Hamel 2003, p. 90
  80. Hearn, Glimpses, p. 157.
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  82. Addiss, Ghosts & Demons, p. 132.
  83. Bert Vaux, “Sunshower summary”. LINGUIST List, 9.1795 (décembre 1998). “A Compilation of terms for sun showers from various cultures and langages” (extrait), .
  84. Robert Blust, « The Fox's Wedding », Anthropos, vol. 94, nos 4/6,‎ (JSTOR 40465016).
  85. Stephen Turnbull, Nagashino 1575 : Slaughter at the Barricades, Osprey Publishing, Oxford, 2000, 96 p. (ISBN 978-1855326194).
  86. “アイヌと自然デジタル図鑑”. www.ainu-museum.or.jp. 2021年1月4日閲覧。
  87. « Kitsune » (consulté le ).

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Articles connexes

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Liens externes

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Bibliographie

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