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'''''La Vie mode d'emploi''','' sous-titré ''Romans'', est un livre de [[Georges Perec]] publié en [[1978 en littérature|1978]]. Il a obtenu le [[prix Médicis]] la même année. C'est une œuvre considérable dont la rédaction novatrice s'étend sur une dizaine d'années, avec ses 600 pages suivies d'annexes, ses six parties plus un épilogue, ses 99 chapitres et ses multiples histoires et personnages.
 
{{Infobox Livre
| titre = La Vie mode d'emploi
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| éditeur = [[Hachette Livre|Hachette]]
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}}
'''''La Vie mode d'emploi''','' sous-titré ''Romans'', est un livre de [[Georges Perec]], membre de l'[[Oulipo]], publié en [[1978 en littérature|1978]]. Il a obtenu le [[prix Médicis]] la même année. CIl s'estagit d'une œuvre considérable dont la rédaction, novatricebasée sur de nombreuses [[Contrainte artistique volontaire|contraintes artistiques]], s'étend sur une dizaine d'années, avec ses 600 pages suivies d'annexes, ses six parties plus un épilogue, ses 99 chapitres et ses multiples histoires et personnages.
{{Sommaire|niveau=2}}
 
Considéré comme le roman le plus abouti de [[Georges Perec|Perec]], connu déjà pour son roman [[La Disparition (roman)|''La Disparition'']], le narrateur suit la vie des habitants d'un [[Transformations de Paris sous le Second Empire|bâtiment haussmanien]], en suivant le [[Problème du cavalier|déplacement d'un cavalier de jeu d'échecs]].{{Sommaire|niveau=2}}
 
== Résumé ==
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Son nom est un mélange de [[Bartleby]], le copiste de [[Herman Melville|Melville]] et de Barnabooth, le voyageur de [[Valery Larbaud|Valéry Larbaud]]. Perec les considère comme les personnages les plus fascinants qu'il connaisse, « l'un qui est la pauvreté, le dénuement absolu, l'autre qui est la richesse et aussi une recherche de l'absolu. Tous deux m'ont permis de faire ce personnage [[Raymond Roussel|rousselien]], qui consacre sa vie à une futilité<ref name=":5" />. »
 
Le voyage de Bartlebooth le mène de façon parfois capricieuse tout autour du monde. Il consacre deux semaines à chaque port, voyage compris, ce qui lui laisse généralement cinq à six jours sur place. Les deux premiers jours, il se promène au bord de la mer. Le troisième il choisit son emplacement et dessine quelques brouillons. L’avant dernier, il peint sa marine, extrêmement vite, sans jamais recommencer. Puis il la donne à Smautf qui l’envoie à Winckler<ref>Chapitre XV.</ref>. Après son retour, au début, il travaille vite à reconstituer les puzzles. En dix-sept ans, il en a reconstitué près de 400. Puis, au fil des années, ils deviennent de plus en plus difficiles à résoudre, pleins de pièges que prépare Winckler, et il a le plus grand mal à tenir les délais qu'il s'était imposés<ref name="c28">Chapitre XXVIII.</ref>. Fin 1972, il se rend compte qu’il devient aveugle. Malgré une double opération de la cataracte, les troubles persistent, mais il s’aperçoit qu’il peut continuer son travail en associant le toucher à la vue. Le programme qu'il s’était fixé succombe sous l’attaque de Beyssandre et sous celle, beaucoup plus secrète et subtile de Winckler<ref>Chapitre LXXX.</ref>. Il meurt le 23 juin 1975, à presque huit heures du soir, devant son quatre cent trente-neuvième puzzle, victime du dernier piège du faiseur de puzzles<ref>Chapitre XCIX.</ref>.
 
« Croyant pouvoir s'isoler du monde, refusant de prendre en considération la circulation et l'échange, Bartlebooth voyait son projet, dès le départ, voué à l'échec. La mécanique se dérègle, inutile et paralysée, détruite par un rêve, celui d'une totalité impossible, d'une communication pure avec un fragment du réel, d'une représentation de ce réel qui serait entièrement reconstitué<ref>Jean-François Chassay, ''Récrire le monde à son image : le cas de Perceval Bartlebooth'', ''Études littéraires,'' Volume 23, numéro 1-2, été–automne 1990, ''Georges Perec : écrire / transformer.'' [https://www.erudit.org/fr/revues/etudlitt/1990-v23-n1-2-etudlitt2242/500933ar.pdf Lire en ligne].</ref>. »
 
=== Valène ===
Inscrit aux Beaux-Arts en 1919, il loue une chambre dans l'immeuble en espérant une future célébrité qui ne vient pas, simplement une discrète notoriété<ref>Chapitre XVII.</ref>. En 1925, Bartlebooth lui demande de lui donner une leçon quotidienne d'aquarelle pendant dix ans, mais il met des années à comprendre ce qu'il cherche exactement, d'autant plus qu'à part ce qui concerne la technique, ils ne se parlent presque pas<ref name="c26">Chapitre XXVI.</ref>. Après la mort de Winckler, il est hanté par l'idée d'un tableau représentant l'immeuble, éventré montrant à nu les fissures de son passé, l'écroulement de son présent, cet entassement sans suite d'histoires grandioses ou dérisoires, frivoles ou pitoyables<ref>Chapitre XXVIII.<name="c28" /ref>. Il y serait lui-même, comme les peintres de la Renaissance se réservaient toujours une place minuscule ; il y serait en haut à droite, comme sa chambre, debout en train de se peindre<ref>Chapitre LI.</ref>. Il rêve parfois de cataclysmes et de tempêtes qui emportent la maison toutetout entière comme un fétu de paille, ou d'une fissure qui l'engloutit dans une béance innommable<ref>Chapitre XLIX.</ref>. Il meurt quelques semaines après Bartlebooth. Dans sa chambre, il y a une grande toile carrée qui ne comporte que quelques traits : l'esquisse du plan en coupe de l'immeuble<ref>Épilogue.</ref>.
 
« À côté de Bartlebooth qui a aliéné sa pensée à partir du moment où il s’est enfermé et circonscrit dans son projet, figure au centre de l’ouvrage le peintre Valène, son exact contemporain, véritable génie du lieu. Contrairement à Bartlebooth, ce n’est pas un ''faire'' qui le caractérise, mais bien plutôt la pensée, la mémoire et le rêve. Alors que l’activité de Bartlebooth vise à mettre à plat une vie dont chaque moment est conçu comme la pièce d’un puzzle, vise à la clôture et à l’effacement de son travail au fur et à mesure qu’il s’accomplit, Valène se présente comme une pensée effervescente qui relie tout ce qui est disjoint, conserve la trace de ce qui a disparu, rêve, construit un imaginaire fantasmatique, et ainsi constitue un second foyer du livre d’où émane toute une vie intérieure qui embrasse la vie de tout l’immeuble et l’anime dans ses lieux les plus secrets<ref>Alain Goulet, ''La Vie mode d’emploi, archives en jeu'', in ''Cahiers Georges Perec I (Colloque de Cerisy, juillet 1984)'', P.O.L., 1985, p. 202.</ref>. »
 
=== Winckler ===
C’est à la suite d’une annonce parue dans ''Le Jouet français'' et après avoir soumis un essai que [[Gaspard Winckler]] est retenu par Bartlebooth pour réaliser ses puzzles<ref>Chapitre XLIV.</ref>. Le premier jour, il pose l’aquarelle sur un chevalet et la regarde sans la toucher. Le deuxième jour il la colle sur un support avec une colle qu’il prépare lui-même et enduit la surface d’un vernis protecteur. Puis il l’étudie pendant trois ou quatre jours. Ensuite tout va très vite : il pose sur l’aquarelle un calque extrêmement fin et pratiquement sans lever la main, dessine les découpures du puzzle, qui lui permettent de guider sa scie sauteuse. Le polissage de chaque pièce occupe les derniers jours de la quinzaine. Il n’aime pas qu’on le regarde travailler<ref>Chapitre XLIII.</ref>. Tous les puzzles qu’il fabrique sont pleins de ruses et de pièges que Bartlebooth a de plus en plus de mal à éviter. Il considère la fabrication des cinq cent puzzles comme un tout, un gigantesque puzzle de cinq cents pièces dont chaque pièce aurait été un puzzle de sept cent cinquante pièces, chacun devant exiger une attaque, un esprit, une méthode, un système différents<ref>Chapitre LXX.</ref>. En 1955, il achève le dernier des puzzles que Bartlebooth lui avait commandés<ref>Chapitre VIII.</ref>. Il meurt le 29 octobre 1973, dans sa 63<sup>e</sup> année<ref>Chapitre XXVI.<name="c26" /ref>.
 
Comme le fait remarquer Claude Burgelin, la raison d'être de Winckler est de tendre des pièges à Bartlebooth. « C’est d’être ainsi sous sa coupe et les découpes de cet Autre-là qui à la fois met en fureur et fait jouir Bartlebooth. Une implacable dialectique du maître et de l’esclave se met tout aussitôt en place puisqu’on ne sait rapidement qui de Winckler ou de Bartlebooth est le maître de l’autre : celui qui déploie tant d’obstination renouvelée et de talent pour piéger Bartlebooth ou celui qui impose le contrat et voue au néant le travail et la subtilité de Winckler quinzaine après quinzaine<ref>Claude Burgelin, ''Les Parties de dominos chez Monsieur Lefèvre'', Circé, 1996, p.15.</ref>.
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L'immeuble dont la façade aurait été enlevée provient à la fois du roman de [[Alain-René Lesage|Lesage]], ''[[Le Diable boiteux (roman)|Le Diable boiteux]]'', et des maisons de poupée dont Perec possédait plusieurs catalogues<ref>Danielle Constantin, ''Les maisons de poupées de Perec : un catalogue'', in ''Cahier Perec,'' L’Herne, 2016. [https://www.academia.edu/29827163/_Les_maisons_de_poup%C3%A9es_de_Perec_un_catalogue_LHerne_Cahier_Perec_Paris_%C3%89ditions_de_lHerne_2016_p_260_266 Lire en ligne].</ref>.
 
L'une des sources est un dessin de [[Saul Steinberg|Saül Steinberg]]<ref>[http://escarbille.free.fr/vme/?txt=esp Voir en ligne].</ref> qui représente un meublé dont une partie de la façade a été enlevée, laissant voir l’intérieur de quelquesquelque vingt-trois pièces<ref>Georges Perec, ''Espèces d'espaces,'' Galilée, 1974, chapitre ''L'immeuble.''</ref>. « Ce que je fais en littérature ressemble beaucoup à ce que fait Steinberg en graphisme : comme lui, j’aime changer d’échelle en cours d’histoire<ref>''Galerie des arts'', n° 184, octobre 1978. Repris dans ''Entretiens et conférences'', Joseph K., 2003, volume I, p. 246.</ref>. »
 
=== Les contraintes ===
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La vraie quenine est définie dans l’''Atlas de littérature potentielle''<ref>Gallimard, Collection ''Idées'', 1981, p. 243 et suivantes.</ref> : « La quenine est une généralisation de la [[sextine]], inventée par le troubadour Arnault Daniel, et illustrée entre autres par [[Dante Alighieri|Dante]] et [[Pétrarque]]. Une quenine de ''n'' est un poème de ''n'' strophes où chaque strophe a ''n'' vers terminés par les mêmes mots-rimes qui se déplacent selon la permutation suivante. Un mot qui est à la place ''p'', pour p < = n/2 vient à la place 2p et un mot qui est à la place ''p'', p > n/2, vient à la place 2n + 1 – 2p. On impose en outre que les ordres des mots-rimes dans toutes les strophes soient distincts. Il existe potentiellement des quenines de 5, 6, 11, 14... »
 
La quenine est une permutation réglée, mais il n’existe pas de ''vraie'' quenine d’ordre 10. La permutation d’une pseudo-quenine est donc réglée selon un algorithme voisin, mais différent. Dans un bi-carré, permuter une colonne ou une ligne revient à modifier les places de 10 chiffres dans les lignes ou les colonnes, en laissant en l’état les autres. Il s’agit donc d’une permutation minimale. En recourant à la pseudo-quenine, Perec obtient une permutation maximale telle que d’un état à un autre aucun des 100 couples de chiffres n’occupe la même place. La pseudo-quenine d’ordre 10 appliquée aux colonnes engendre 9 nouveaux bi-carrés et 9 autres différents appliqués aux lignes, soit 18 bi-carrés. Bi-carré et pseudo-quenine correspondent à deux systèmes de permutation opérant à des niveaux différents. Le bi-carré latin réalise la permutation des paires de listes de 10 éléments, la pseudo-quenine réalise la permutation des éléments du bi-carré latin. C’est une permutation de permutation. Il s’agit essentiellement d’éviter l’application mécanique du bi-carré à la gestion des listes. Il s’agit de dissimuler les échafaudages<ref>Bernard Magné, ''Cinquième figure pour La Vie mode d'emploi,'' in ''Cahiers Georges Perec I'', P.O.L., 1985, p. 173-176.</ref>.
 
==== La liste des listes ====
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==== Les citations ====
Citer un auteur ou un livre est la seule contrainte que l'on retrouve à trois reprises dans lela liste des listes : ''citation 1'', ''citation 2'', et ''livres''. Mais le camouflage préside à leur intégration dans le texte du roman : « Par exemple, la description du dernier puzzle de Bartlebooth, "petit port des [[Dardanelles]] près de l’embouchure de ce fleuve que les anciens appelaient Maiandros, le [[Méandre (fleuve)|Méandre]]" dissimule, mais légèrement modifié, un passage de ''[[La Fugitive]],'' de [[Marcel Proust|Proust]]<ref>Bernard Magné, ''Lavis mode d’emploi'', in ''Cahiers Georges Perec I'', P.O.L., 1985, p. 242.</ref>. » De la même manière, une partie de la description du magasin de Madame Marcia provient de ''[[La Montagne magique]]'' de Thomas Mann<ref>Dominique Bertelli, Mireille Ribière, ''Entretiens et conférences'', Joseph K., 2003, volume 1, p. 175 note 41.</ref>.
 
Ce jeu de leurres fait partie intégrante de la pratique d'écriture de Perec : « un jeu d’incisions, de découpures et de découpages, vers un texte mutilé, relu et réécrit, au moyen de greffes adroites favorisant un nappage subtil de l’écriture de l’autre<ref name=":19">Ewa Pawlikowska, ''Citation, prise d’écriture'', in ''Cahiers Georges Perec I'', P.O.L., 1985.</ref>. »
 
Cette manière de réutiliser un autre texte « est tout à la fois ''cassure'' (elle découpe un fragment dans le texte source et interrompt par sa présence le texte d’accueil), ''suture'' (elle insère le fragment prélevé dans le texte d’accueil en rétablissant, par un effet de nappage, une apparente continuité de surface) et ''couverture'' (elle dissimule l’emprunt ou le déguise)<ref name=":18" />. »
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==== Clinamen ====
Le [[clinamen]] est une notion chère à l'Oulipo et à Perec.
{{Citation bloc|Il faut – et c'est important – détruire le système des contraintes. Il ne faut pas qu'il soit rigide, il faut qu'il y ait du jeu, comme on dit, que ça grince un peu ; il ne faut pas que ça soit complètement cohérent, il faut un clinamen – c'est dans la théorie des atomes d'Épicure : « Le monde fonctionne parce que, au départ, il y a un déséquilibre. » Selon Klee, « le génie, c'est l'erreur dans le système.<ref> Entretien avec Ewa Pawlikowska, 5 avril 1981. Repris dans ''Entretiens et conférences'', Joseph K., 3003, volume II, p. 202.</ref>.}}Le principe du clinamen peut également avoir une influence sur les éléments narratifs :« Il faut noter que cette impossibilité – ou plutôt ce refus – de laisser le système se refermer entièrement sur lui-même aura sa contrepartie dans l’incapacité de nombreux personnages à se rendre jusqu’au bout de projets qui se veulent totalisants<ref>Jean-François Chassay, ''Le Jeu des coïncidences dans La Vie mode d'emploi de Georges Perec'', Le Castor Astral, 1992, p. 53.</ref>. »
 
''La Vie mode d'emploi'' comporte de nombreux clinamens, par exemple :
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=== Exergues ===
L'exergue du roman : « Regarde de tous tes yeux, regarde. (Jules Verne, ''[[Michel Strogoff]]'') » incite à une lecture attentive. Mais l'exergue du préambule : « L’œil suit les chemins qui lui ont été ménagés dans l’œuvre ([[Paul Klee]], ''PädegogischesPädagogisches skizzenbuch'' [Esquisses pédagogiques], 1925) prévient le lecteur qu'il ne verra pas tout, du moins à la première lecture.
 
=== Préambule : l’art du puzzle ===
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==== Le ''Compendium'' du chapitre LI ====
Au milieu du livre, dans le seul chapitre dont le titre est précédé d'un article défini, ''Le chapitre LI'', se trouve ce que la critique a nommé le ''Compendium''<ref group="alpha">Abrégé d’une science, d’un domaine. [[wikt:compendium|Définition sur le WikitionnaireWiktionnaire]].</ref>. Il s'agit de 179 affirmations (formant trois blocs de soixante, soixante et cinquante-neuf vers) qui évoquent chacun l'un des personnages du roman en résumant son histoire. Chaque « vers » comporte soixante signes typographiques, incluant les blancs, et chacun des trois blocs est traversé par une lettre en diagonale, de haut en bas, et de droite à gauche. Pour le premier, il s’agit d’un A, pour le second d’un M et pour le troisième d’un E<ref name=":0">Jean-François Chassay, ''Le Jeu des coïncidences dans La Vie mode d'emploi de Georges Perec'', Le Castor Astral, 1992, p. 47 et 66.</ref>.
[[Fichier:Compendium vie mode d'emploi.jpg|alt=Premières lignes du compendium de La Vie mode d'emploi de Georges Perec|centré|sans_cadre|721x721px|Premières lignes du compendium de La Vie mode d'emploi]]
 
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=== Le chapitre XCIX ===
Le dernier chapitre du roman commence par une [[Épigraphe (littérature)|épigraphe]] : « Je cherche en même temps l'éternel et l'éphémère », phrase provenant du roman ''[[Les Revenentes]].'' Ce qui a inspiré à Paul A. Harris ce commentaire : « L'éphémère autant que l'éternel sont liés à la mort, mais de points de vue opposés. L'éphémère est le présent absolu, la frontière du présent pur ; l'éternel reste inchangé, pas tant statique que libre de frictions. Cette double relation à la mort est comprise dans la dynamique de l'écriture de Perec. Le royaume de la mémoire et de l'écriture s'étend entre l'éphémère et l'éternel : un monde d'ombres composé de présences sans substance, souvenirs vacillants, signes susceptibles d'une transformation incessante<ref>Paul A. Harris, ''La vie de l’autre côté : le temps à l’ombre du signe'', in ''Cahiers Georges Perec'', n° 8, Le Castor Astral, 2004, p. 53.</ref>. »
[[Fichier:Icone_mentor_puzzle_w.svg|alt=Pièce de puzzle représentant un W|sans_cadre|95x95px|gauche]]
{{Citation bloc|C'est le vingt-trois juin mille neuf cent soixante-quinze et il est va être huit heures du soir. Assis devant son puzzle, Bartlebooth vient de mourir. Sur le drap de la table, quelque part dans le ciel crépusculaire du quatre cent trente-neuvième puzzle, le trou noir de la seule pièce non encore posée dessine la silhouette presque parfaite d'un X. Mais la pièce que le mort tient entre ses doigts a la forme, depuis longtemps prévisible, dans son ironie même, d'un W.}}
« La fin de ''La Vie mode d’emploi'' est peut-être la plus bouleversante, où il nous est révélé que l’ensemble du livre tient dans l’instant de la mort de Bartlebooth. Du coup, le livre est réduit à néant (le passé n’est que fiction, la fiction n’est que ce qui est passé) ; la toile de Valène, réplique de l’auteur, restera vide<ref>Harry Mathews, ''Le catalogue d’une vie'', Le Magazine littéraire, n° 193, mars 1983. </ref>. »
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Le court épilogue qui suit le chapitre XCIX et dernier relate la mort de Valène, quelques semaines après celle de Bartlebooth. Dans sa chambre, une grande toile carrée, pratiquement vierge. « Quelques traits au fusain, soigneusement tracés, la divisaient en carrés réguliers, esquisse d'un plan en coupe d'un immeuble qu'aucune figure désormais, ne viendrait habiter. »
 
Cet épilogue sort du cadre narratif : un narrateur différent de celui qui a décrit les pièces de l’immeuble, raconte la mort du personnage à la voix duquel on peut rattacher cette description. « D’un coup, Perec fait basculer dans l’irréalité tout ce que le roman s’est ingénié à faire prendre corps dans les quelquesquelque six centcents pages qui ont précédé. Ce qui, au fil des pages s’est imposé comme la description objective de l’immeuble et de ses habitants bascule d’un coup dans la fiction ou, du moins, dans la représentation imaginaire. Le lecteur se révolte face à cet incroyable coup d’éponge : mais non, a-t-il envie de réclamer, je sais bien ce que j’ai lu, vous ne pouvez pas faire cela ! Dans sa révolte, le lecteur affirme du même coup la réalité de la fiction, le pouvoir souverain de l’imagination – ce qui est le but recherché<ref name=":3" />. »
 
=== Annexes ===
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==== Index ====
Pour Perec, les quelquesquelque 3000 entrées<ref>Georges Perec, ''Entretiens et conférences'', Joseph K., 2003, volume II, p. 167, note 12, qui rectifie le chiffre de 5000 donné par Perec dans son entretien avec Claudette Oriol-Boyer le 18 février 1981, titré ''Ce qui stimule ma racontouze''.</ref> de l'index se rattachent au fonctionnement du livre : « Le livre est le puzzle terminé, tandis que les entrées de l'index fonctionnent comme les pièces à partir desquelles on peut reconstituer tout le livre<ref name=":15">Entretien avec Claudette Oriol-Boyer, 18 février 1981, Repris dans ''Entretiens et conférences'', Joseph K., 2003, volume II, p. 167 et 172.</ref>. » Son rêve était « que les lecteurs jouent avec le livre, qu’ils se servent de l’index, qu’ils reconstruisent, en se promenant dans les chapitres, les histoires dispersées, qu’ils voient comment tous les personnages s’accrochent les uns aux autres et se rapportent tous, d’une manière ou d’une autre, à Bartlebooth, comment tout cela circule, comment se construit le puzzle<ref>''Le Magazine littéraire'', n° 141, octobre 1978. Repris dans ''Entretiens et conférences'', Joseph K., 2003, volume I, p. 244.</ref>. »
 
[[Jean-François Chassay]] a identifié quatre fonctions dans cet index<ref name=":17" /> :
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Le post-scriptum livre, sans aucun commentaire, une liste alphabétique de 30 auteurs (dont Perec) qui ont fourni des citations « parfois légèrement modifiées » faisant partie du roman.
 
Comme le fait remarquer Jacques Lecarme : «Ultime feinte, il désigne les auteurs pillés, mais ne localise ni les sources ni les résurgences. Le lecteur peut partir à la chasse aux réeemploisréemplois ; on lui souhaite bonne chance, et bien du plaisir, pour cette relecture du palimpseste perecquien<ref name=":20" />. »
 
== Aspects romanesques ==
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=== Le roman comme puzzle ===
[[Fichier:Kommunikation_puzzle.jpg|alt=puzzle|droite|sans_cadre|190x190px]]
La structure de ''La Vie mode d'emploi'' l'a fait comparer à un puzzle.« On peut, sans grande difficulté, transposer ce que dit Perec de l'art du puzzle à la lecture de son roman : une analyse au sens traditionnel du terme (retrouver les parties qui composent le tout) est futile, car c'est dans les connections, dans les juxtapositions, dans les soudures des parties qu'émerge le sens toujours plus riche que ses parties. Ces soudures sont implicites. Elles participent du non-dit et ne s'actualisent que dans notre esprit<ref name=":8" />. »
 
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Au-delà du puzzle, ''La Vie mode d'emploi'' a été également comparée à un labyrinthe ou à un tangram.
 
* Labyrinthe, moins en référence à la célèbre définition des Oulipiens : « rats qui construisent le labyrinthe dont ils se proposent de sortir<ref>Oulipo, ''Abrégé de littérature potentielle'', Mille et une nuits n° 379, 2002, p. 6.</ref>, que du fait de la structure du roman. « Les multiples labyrinthes de l’histoire dessinent un parcours indéfini qui ne renvoie en dernier ressort qu’à lui-même, parcours [[Ruban de Möbius|möbien]] qui circonscrit ses propres manques, jeu indéfiniment varié, aux innombrables entrées, inépuisable<ref>Alain Goulet, ''La Vie mode d’emploi, archives en jeu'', in ''Cahiers Georges Perec I (Colloque de Cerisy, juillet 1984)'', P.O.L., 1985, p. 210.</ref>.
 
* Tangram, jeu que pratiquait assidument Perec<ref>Entretien avec Alain Hervé, ''Le Sauvage'', n° 60, décembre 1978. Repris dans ''Entretiens et conférences'', Joseph K., 2003, volume I, p. 274.</ref>, car l'un des buts du livre est de permettre au lecteur d’y prendre plaisir, le plaisir subjuguant de la narration romanesque, mais aussi le plaisir de démonter et recomposer le texte pour en obtenir des nouvelles histoires, des nouveaux sens, des nouvelles figures<ref name=":11">Mariano D'Ambrosio, ''Lectures mode d’emploi : théories de la lecture et La Vie mode d’emploi de Georges Perec,'' in ''Mélanges francophones'', Galaţi University Press, VI, 7, 2013. [https://www.academia.edu/17312683/Lectures_mode_d_emploi_th%C3%A9ories_de_la_lecture_et_La_Vie_mode_d_emploi_de_Georges_Perec_M%C3%A9langes_francophones_Gala%C5%A3i_University_Press_VI_7_2013_pp._147-157_ Lire en ligne].</ref>.
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Ainsi, le ''Cahier des charges'' contient une rubrique « allusion à un événement quotidien survenu pendant la rédaction du chapitre ». Transparaissent ainsi dans le roman les lectures et les amis de l'auteur, sous la forme de références indirectes ou de « citations, parfois légèrement modifiées », les faits marquants de son existence et les infimes détails de son quotidien, les éléments d'une mythologie personnelle et les emprunts à ses propres œuvres antérieures {{incise|le [[W ou le Souvenir d'enfance|W]] du souvenir et de la vengeance, la cicatrice, la saga familiale|stop}}… Autant d'éléments qui permettent d'avancer que ''La Vie mode d'emploi'' est bien le livre d'une vie. Et ces marques discrètes, que [[Bernard Magné]] a désignées sous l'appellation d'« æncrages » {{incise|encrage/ancrage}} font de ''la Vie mode d'emploi'' un livre intime, et parfois même intimiste<ref>{{Article|auteur1=Bernard Magné|titre=Le Cahier des charges de La Vie mode d’emploi : pragmatique d’une archive puzzle|périodique=Protée|volume=35|numéro=3|titre numéro=Poétiques de l’archive|date=hiver 2007|doi=10.7202/017481ar|lire en ligne=https://www.erudit.org/fr/revues/pr/2007-v35-n3-pr1985/017481ar/|pages=69-85}}</ref>.
 
C'est un travail de mots croisés qui forme la trame d’un roman total, rassemblant les connaissances et les expériences d’une vie. Dessinant un parcours, l’auteur se définit à travers ce parcours<ref>Alain Goulet, ''La Vie mode d’emploi, archives en jeu'', in ''Cahiers Georges Perec I (Colloque de Cerisy, juillet 1984)'', P.O.L., 1985, p. 194.</ref>.
 
=== Le narrateur ===
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Car cette « formidable machine à narrer » autorise des parcours interprétatifs multiples, en laissant une importante marge de manœuvre au lecteur<ref>Jacques-Denis Bertharion, ''Poétique de Georges Perec'', Nizet, 1998, p. 143.</ref>
 
Mais le « lecteur innocent<ref name=":7">Bernard Magné'', La Figure du lecteur dans La Vie mode d'emploi'', in ''Actes du colloque international Georges Perec'', Cluj-Napoca, Éditions Dacia, 1997, p. 53-65.</ref> » est la victime de nombreuses ruses énonciatives. Ainsi, au chapitre LVIII, Olivier Gratiolet lit dans une histoire de l'anatomie un texte de [[François Béroalde de Verville|Béroalde de Verville]]. Mais comme le fait remarquer Bernard Magné, « Bien entendu ce texte ne doit rien à Béroalde de Verville. Il correspond en réalité à une citation programmée de [[Jacques Roubaud]], en l’occurrence un passage de son ''Autobiographie, chapitre dix''. Mais Roubaud a lui-même emprunté ce texte à ''Louve basse'', de [[Denis Roche (1937-2015)|Denis Roche]], lequel l’avait recopié dans un rapport d’autopsie. La morale de cette histoire, c’est que chez Perec un texte peut toujours en cacher un autre. Confronté à un texte instable, piégé, incertain, discontinu, le lecteur se doit d'être à la fois méfiant et confiant, sans jamais céder à la tentation d’une illusoire et fantasmatique reconstruction<ref name=":7">Bernard Magné'', La Figure du lecteur dans La Vie mode d'emploi'', in ''Actes du colloque international Georges Perec'', Cluj-Napoca, Éditions Dacia, 1997, p. 53-65.</ref>. »
 
S'il éprouve un léger malaise car il ne sait jamais au fond ce qui lui est demandé<ref>Claude Burgelin, ''Les Parties de dominos chez Monsieur Lefèvre'', Circé, 1996, p. 232.</ref>, le lecteur doit surtout reconstituer des histoires, être actif, conscient, créateur, sous peine d’être complètement perdu<ref name=":10" />. Car « le lecteur est condamné à l’expérience de l’incomplétude, tout en ayant l’impression que la totalité existe : on a quand même le livre entre les mains ! Mais ce livre ne cesse d’échapper à la compréhension, de se refuser, comme s’il fuyait vers l’intérieur, vers là où il est sûr de nous égarer si on décide de le suivre<ref name=":3" />.
 
{{Citation bloc|Mais s’il y a secret, il n’est certainement pas où nous l’allons chercher.<ref>Georges Perec, Harry Mathews, ''Roussel et Venise, esquisse d'une géographie mélancolique'' in ''[[Cantatrix sopranica L.]]'', Seuil, 1991, p. 29.</ref>.}}
 
=== Niveaux de lecture ===
[[Benoît Peeters]] a identifié trois niveaux de lecture possibles<ref name=":9">Benoît Peeters, ''Échafaudages,'' in ''Cahiers Georges Perec I,'' P.O.L., 1985, p. 182 et 185.</ref> :
 
* une lecture romanesque, avec de multiples personnages, une profuse matière narrative, une foisonnante variété de détails ;
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* des secrets, des cryptages, comme les contraintes supplémentaires, les allusions, les citations, point de départ d'une patiente exégèse.
 
Il privilégie le premier niveau. Pour lui, « il n’est à aucun moment nécessaire pour le lecteur de percevoir le jeu citationnel, celui-ci n’étant qu’une simple prime pour l’érudit, prime pouvant fonctionner comme un aimable passe-temps ou comme un effroyable piège à herméneute : la lecture ne doit nullement se confondre avec une reconstitution de ce que fut le périple de l’écrivain. Pourquoi s’efforcer de reconstituer laborieusement le dispositif délibérément retiré par l’écrivain ?<ref name=":9">Benoît Peeters, ''Échafaudages,'' in ''Cahiers Georges Perec I,'' P.O.L., 1985, p. 182 et 185.</ref>. ? »
 
Jacques Lecarme abonde dans son sens : « Il n’est pas sûr que l’inventaire des secrets de l’atelier et des archives du peintre ne détruise pas un effet spécifique du roman<ref name=":20">Jacques Lecarme, ''Perec et Freud ou le mode du réemploi'', in ''Cahiers Georges Perec'', n° 4, Éditions du Limon, 1990, p. 122.</ref>. Ainsi que Jacques-Denis Bertharion : « Le lecteur peut ignorer totalement les contraintes qui ont nourri le roman sans pour autant être gêné ou bloqué dans son activité. Perec fait une nette distinction entre la démarche de l’''écriture'' et les compétences mises en jeu par la ''lecture''. Le roman n’a pas pour objectif de proposer au lecteur un déchiffrage de ses contraintes organisatrices. Ces contraintes ont été sciemment dissimulées dans le texte. C’est un fait que l’on perd rapidement de vue en s’immergeant dans les manuscrits préparatoires<ref>Jacques-Denis Bertharion, ''Poétique de Georges Perec'', Nizet, 1998, p. 151-152.</ref>. Même remarque chez Danielle Constantin, qui a étudié les manuscrits préparatoires : « Le dévoilement du ''Cahier des charges'' a eu un impact de taille sur la réception du roman. Il n'est pas certain que cette ère interprétative ait toujours constitué une amélioration, surtout dans les cas où les listes des contraintes sont devenues des devinettes dont les réponses seraient dans le texte<ref name=":13">Danielle Constantin, ''Les manuscrits de la Vie mode d'emploi, des pistes à explorer,'' in ''Relire Perec, La Licorne'' n° 122, Presses Universitaires de Rennes, 2016, p. 328-329.</ref>. »
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=== Temps et espace ===
Tout le roman se passe pendant la « monstrueuse dilatation d’une minute de la vie d’un immeuble<ref name=":6">Alain Goulet, ''La Vie mode d’emploi, archives en jeu'', in ''Cahiers Georges Perec I (Colloque de Cerisy, juillet 1984)'', P.O.L., 1985, p. 196-197.</ref>. » Contrairement à Bartlebooth qui s’abstrait de l’histoire et nie le temps, Perec introduit le temps pour raconter des histoires. Contrairement au temps traditionnel des romans orientés vers l’avenir, le temps du roman est orienté vers un passé dont les objets et les personnes de l’immeuble gardent encore la trace. Mais ce mouvement de retour sur le passé, de remontée dans le temps, butte constamment sur la question d’une impossible et improbable origine. Comme Perec, ses personnages n’ont pas d’enfance et presque pas de parents<ref name=":6">Alain Goulet, ''La Vie mode d’emploi, archives en jeu'', in ''Cahiers Georges Perec I (Colloque de Cerisy, juillet 1984)'', P.O.L., 1985, p. 196-197.</ref>.
 
Dans ''La Vie mode d’emploi,'' différentes formes de représentations spatiales se superposent et s’entremêlent. Le plan de l’immeuble avec la mention de ses habitants reproduit en clôture du récit romanesque est la projection de la toile que ne parviendra jamais à peindre Valène. Le plan de l’immeuble fonctionne pour le lecteur comme un index spatial. En effet la non-linéarité des nombreux récits de ''La Vie mode d’emploi'' amène ce dernier à tenter de se situer dans le récit et de relier les fragments que constituent chacune des histoires des personnages<ref>Christl Lidl, ''La Vie mode d’emploi : cartographies en « jeux »'', in Isabelle Ost [Dir], ''Cartographier, Regards croisés sur les pratiques littéraires et philosophiques contemporaines'', Bruxelles, Presses de l’Université Saint-Louis, 2019. [https://books.openedition.org/pusl/4502 Lire en ligne].</ref>.
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*1970 : rédaction d'une ébauche : « On peut imaginer un homme – appelons-le Bartlebooth -– dont la richesse n'aurait d'égale que l'indifférence et dont l'ambition serait de décrire, non la totalité du monde (projet dont le seul énoncé ruine l'éventualité) mais un fragment constitué de celui-ci. J'entends par fragment constitué une classe d'objets susceptible d'un savoir à peu près cohérent, d'un langage commun<ref>Archives Georges Perec, f° 111, 85, 6d, cité par Danielle Constantin, ''Les manuscrits de la Vie mode d'emploi, des pistes à explorer,'' in ''Relire Perec, La Licorne'' n° 122, Presses Universitaires de Rennes, 2016, p. 328.</ref>.
*1972 : travail sur « trois ébauches indépendantes, aussi floues l’une que l’autre », bientôt fusionnées en un projet unique : un roman faisant la description d’un immeuble parisien dont la façade a été enlevée, l’utilisation du bi-carré latin qui est superposé au plan de l’immeuble, et l’ébauche de l’histoire de Bartlebooth. Suit l’idée de la polygraphie du cavalier et de la pseudo-quenine.
*8 novembre 1972, présentation du projet lors d'une réunion de l'Oulipo. Perec précise que « le roman se présentera comme la description d'un tableau<ref name=":13">Danielle Constantin, ''Les manuscrits de la Vie mode d'emploi, des pistes à explorer,'' in ''Relire Perec, La Licorne'' n° 122, Presses Universitaires de Rennes, 2016, p. 328-329.</ref>. »
* 1974 : description partielle du projet dans ''[[Espèces d'espaces|Espèces d’espaces]]''.
* 18 avril 1975, début de la rédaction après deux ans de travail sur le ''Cahier des charges''.
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== Réception ==
[[Fichier:Bertall - Cinq étages du monde parisien.jpg|alt=Cinq étages du monde parisien, composition de Bertall (1845)|gauche|vignette|Cinq étages du monde parisien, composition de Bertall (1845)|390x390px]]
''[[Je me souviens (Perec)|Je me souviens]]'' a été publié en janvier 1978. En même temps paraît dans la revue [[Po&sie]] le ''Compendium'' du chapitre LI. En mai un tirage à part du chapitre LV est distribué au Festival du livre de [[Nice]]. Le roman paraît en septembre et obtient le [[prix Médicis]] le 27 novembre<ref>Dominique Bertelli, Mireille Ribière, ''Georges Perec, Entretiens et conférences'', Joseph K., 2003, volume I, p. 209-210.</ref>.
 
Le roman n'emporte pas l'adhésion de tous les critiques. Carsten Sestoft, qui a étudié 47 recensions<ref>Carsten Sestoft, ''Georges Perec et la critique journalistique'', Aarhus Universitet, mai 1996. [https://pure.au.dk/portal/files/2061023/Perec-critique1996.pdf Lire en ligne]</ref>, en classe 25 comme positives, 4 comme négatives, et 18 comme ambivalentes. Il en dégage une structure assez claire : « Les périodiques spécifiquement littéraires et toute la presse de gauche sont positifs ; de même que la plupart des magazines et hebdomadaires destinés à un public plus riche en culture qu'en argent. On trouve les jugements ambivalents et négatifs dans la presse de droite et dans la presse catholique et provinciale. Tout se passe comme si le progressisme et le conservatisme politiques étaient aussi un progressisme et un conservatisme littéraires. » Ce qui divise les critiques est le caractère construit du livre – perçu par certains comme froid, à l'instar du [[Nouveau Roman]] –, ainsi que les descriptions des pièces de l'immeuble, que les critiques positifs lisent avec jubilation et ivresse, tandis que les critiques négatifs les déclarent pleines d'ennui. Par contre l'abondance des histoires racontées est perçue par tous comme un point positif, marquant le retour du romanesque, de la part d'un auteur qui prend plaisir à raconter.
 
* « Entrez dans cet immeuble et vous ferez le tour du monde en six cent deux pages et quatre-vingt-dix-neuf chapitres plus un épilogue. Un vertige majuscule. Quand on en sort, on se sent léger comme une montgolfière. » [[Catherine David (écrivain)|Catherine David]], ''[[Le Nouvel observateur|Le Nouvel Observateur]]'', 18 septembre 1978.
* « Défi, œuvre limite, peut-être une grosse blague. Prodigieux livre brocante qu'on visite sans se presser, à la fois livre fourre-tout, livre promenade. » JeanJacques-Pierre Amette, ''[[Le Point]]'', 25 septembre 1978.
* « Voici toute une semaine que j'explore avec passion, patience et peine, tantôt dans l'hilarité, tantôt dans l'émotion, parfois dans l'ennui, toujours dans l'étonnement, l'énorme nef que Georges Perec vient de lancer sur notre mer littéraire. » [[Jacqueline Piatier]], ''[[Le Monde]]'', 29 septembre 1978.
* « Iceberg colossal qui dérive à l'horizon plutôt vide du roman français d'aujourd'hui. Si l'on espère être envouté, ému, il ne faut pas visiter le "grand ensemble" de la rue Simon-Crubellier. Rien n'évoque le cœur rouge de la passion ou de la colère, mais tout y dispense le vertige technicien d'un ordinateur. Perec ne charme pas, il estomaque. Lecture passionnante et vaguement déçue. » [[François Nourissier]], ''[[Le Figaro Magazine]],'' 14-20 octobre 1978.
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Elles peuvent être axées :
 
* sur la narration : « Un gros livre plein d'histoires, un roman boulimique, qui absorbe tout le réel, et un texte anorexique, résorbé dans son mouvement d'entropie, s'abîmant dans l'instant de la disparition (23 juin 1975) qui annulera d'un coup ses cohortes de personnages-Bartleby dévorés par le néant<ref name=":21">Dominique Jullien, ''La Cuisine de Georges Perec'', in ''Littérature'', n° 129, 2003. [https://www.persee.fr/docAsPDF/litt_0047-4800_2003_num_129_1_1784.pdf Lire en ligne].</ref>. » ;
* sur l'écriture : « L’antinomie partie/tout, bribes/totalité est dynamisée par le jeu – le puzzle, présenté dans le préambule et métaphorisé dès le premier chapitre par la présence de Winckler – qui défait sans cesse ce qu’il a construit et qui reconstruit ce qui est en morceaux, à l’image du langage qui combine indéfiniment un nombre limité de signes<ref name=":17" />. » ;
* sur la totalité : « Perec a donné forme au vieux rêve de totalité du roman. Il a réussi l’exploit de fournir une image, une projection, un modèle totalisant du monde<ref>Jean-Luc Joly, ''La vie modèle : détail et totalité dans La Vie mode d’emploi de Georges Perec'', in ''La Mécanique du détail'', ENS Éditions, 2013. [https://books.openedition.org/enseditions/6697 Lire en ligne].</ref>. » ;
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*Cécile de Bary, ''Il faut encore une fois partir de l’image du puzzle'', in ''L’œuvre de Georges Perec, réception et mythisation'', [[Rabat]], [[Université Mohammed-V de Rabat|Université Mohammed V]], 2000. <small>(Le puzzle est lui-même un trompe-l’œil)</small>
*Isabelle Dangy-Scaillierez, ''L'énigme criminelle dans les romans de Georges Perec'', Honoré Champion, 2002. <small>(Centré sur ''La Vie mode d'emploi'' et ''[[« 53 jours »|53 jours]]''. Contient un ''Tableau récapitulatif des crimes et délits commis dans La Vie mode d'emploi'')</small>
*Alain Goulet, ''La Vie mode d’emploi, archives en jeu'', in ''Cahiers Georges Perec I (Colloque de [[Centre culturel international de Cerisy-la-Salle|Cerisy]], juillet 1984)'', P.O.L., 1985. <small>(Le temps et la mort dans le roman)</small>
*[[Gabriel Josipovici]], ''À propos de La Vie mode d'emploi'', in ''Revue [[Europe (revue)|Europe]],'' n° 993-994, janvier-février 2012. <small>(Tentative de description des effets narratifs dans le roman)</small>
*Jean-Luc Joly, ''La vie modèle : détail et totalité dans La Vie mode d’emploi de Georges Perec'', in ''La Mécanique du détail'', [[École normale supérieure de Lyon|ENS]] Éditions, 2013. [https://books.openedition.org/enseditions/6697 Lire en ligne]. <small>(''Comment Perec a donné forme'' au vieux rêve de totalité du roman)</small>
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===== Chapitres =====
 
* Danielle Constantin, ''Genèse du chapitre XLVI de La Vie mode d'emploi'', nin Christelle Reggiani, Bernard Magné [Dir], ''Écrire l'énigme,'' [[Presses de l'université Paris-Sorbonne|Presses de l'Université Paris-Sorbonne]], 2007. <small>(À partir des manuscrits du chapitre)</small>
*Danielle Constantin, ''« Je ne manque pas d’ingéniosité » : La Vie mode d’emploi, performance scripturale'', ''Le Cabinet d'amateur'', décembre 2019. [https://associationgeorgesperec.fr/IMG/pdf/dconstantin_cabinet_3_corrected.pdf Lire en ligne]. <small>(Étude génétique du chapitre XXXV)</small>
* Paul A. Harris, ''La vie de l’autre côté : le temps à l’ombre du signe'', in ''Cahiers Georges Perec'', n° 8, Le Castor Astral, 2004. <small>(Étude du chapitre XCIX)</small>
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*Bernard Magné'', Perec lecteur de Roussel'', in ''Actes du colloque international Raymond Roussel, Mélusine'' n° VI, L'Âge d'homme, 1984, Repris dans ''Perecollages 1981-1988'', Presses Universitaires du Mirail-Toulouse, 1989. <small>(Typologie des réseaux rousselliens dans les œuvres de Perec et corpus des citations dans ''La Vie mode d'emploi'')</small>
*Bernard Magné, ''Emprunts à Queneau (bis)'', in ''Perecollages 1981-1988'', Presses Universitaires du Mirail-Toulouse, 1989. <small>(Complément du texte de Perec ''Emprunts à Queneau'' et analyse des transformations apportées aux citations)</small>
*Ewa Pawlikowska, ''Citation, prise d’écriture'', in ''Cahiers Georges Perec I'', P.O.L., 1985. <small>(Structure et fonction des citations dans le roman)</small>
*Caren Sestoft, ''Les allusions à la littérature danoise dans La Vie mode d'emploi'', in ''Le Cabinet d'amateur'', n° 7-8, décembre 1998. <small>(Recension réservant des surprises)</small>
*Mustafa Taleb, ''Georges Perec et le monde arabe'', in ''L’œuvre de Georges Perec, réception et mythisation'', Rabat, Université Mohammed V, 2000. <small>(Les références arabes dans le roman)</small>
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* Dominique Bertelli, ''Des lieux d'une ruse'', in ''L’œuvre de Georges Perec, réception et mythisation'', Rabat, Université Mohammed V, 2000. <small>(À propos des présentations qu'a faites Perec de certaines contraintes du roman)</small>
*Dominique Bertelli, ''« Hors programme »'', Revue ''Formules'' n° 6, 2002. [http://www.formules.net/pdf/Formules-06.pdf Lire en ligne]<ref name=":0" group="alpha" />. <small>(Les emprunts à des œuvres d’auteur ne figurant pas dans le ''Cahier des charges'')</small>
*Jean-Luc Joly, ''Petits modes d'emploi : une communication-feuilleton'', in ''Relire Perec'', ''[[La Licorne (revue)|La Licorne]]'' n° 122, [[Presses universitaires de Rennes|Presses Universitaires de Rennes]], 2016. <small>(Des contraintes non révélées – nom des personnages secondaires, sutures entre chapitres : une autre pièce manquante dans l'immeuble)</small>
*Jean-Luc Joly, ''Disparition hypographique de l'Oulipo dans La Vie mode d'emploi'', in ''Cahier Georges Perec'', L'Herne, 2016. <small>(Décodage détaillé du cryptage du nom des membres de l'Oulipo dans le chapitre LIX)</small>
*Jean-Luc Joly, ''Petits modes d'emploi, un feuilleton critique, Le Cabinet d'amateur,'' 2019. [https://associationgeorgesperec.fr/IMG/pdf/jljoly_petits_modes_d_emploi.pdf Lire en ligne]. <small>(L’application de la contrainte «nom de personnage», les sutures entre chapitres, les 9 assiettes décorées de Rorschash du chapitre XVIII, la numérotation des chambres de bonne, le père de Célia Crespi, les 4 angles de l’immeuble, l’appartement fantôme du troisième droite, la progression des 10 derniers chapitres, la disparition hypographique de l’Oulipo dans le roman, la génétique du titre, le Russe du chapitre LXXXV)</small>
*Bernard Magné, ''Cinquième figure pour La Vie mode d'emploi,'' in ''Cahiers Georges Perec I'', P.O.L., 1985. <small>(Sur la pseudo-quenine)</small>
*Bernard Magné, ''La Vie mode d'emploi, texte oulipien ?'', ''Perecollages 1981-1988'', Presses Universitaires du Mirail-Toulouse, 1989. <small>(Aspects oulipiens, aspects non oulipiens)</small>
*Benoît Peeters, ''Échafaudages,'' in ''Cahiers Georges Perec I,'' P.O.L., 1985. <small>(De l'utilité ou non de déchiffrer les contraintes)</small>
*[[Christelle Reggiani]], ''Amours et naufrages : contraintes et romanesque dans La Vie mode d'emploi,'' in ''Formules'', n° 6, 2002. <small>(Hypothèse d'une spécificité génériquement déterminée des contraintes d'écriture)</small>
 
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*Danielle Constantin, ''Les manuscrits de la Vie mode d'emploi, des pistes à explorer,'' in ''Relire Perec, La Licorne'' n° 122, Presses Universitaires de Rennes, 2016. <small>(Des tableaux non publiés dans le ''Cahier des charges'' ; l'écriture du chapitre X)</small>
*Danielle Constantin, ''Les maisons de poupées de Perec : un catalogue'', in ''Cahier Perec,'' [[L'Herne|L’Herne]], 2016. [https://www.academia.edu/29827163/_Les_maisons_de_poup%C3%A9es_de_Perec_un_catalogue_LHerne_Cahier_Perec_Paris_%C3%89ditions_de_lHerne_2016_p_260_266 Lire en ligne]. <small>(Inventaire sur la base des archives de Perec)</small>
*Bernard Magné, ''Du registre au chapitre : le Cahier des charges de La Vie mode d'emploi de Georges Perec'', in [[Béatrice Didier]], Jacques Neefs [Dir], ''Penser, classer, écrire, de Pascal à Perec'', [[Presses universitaires de Vincennes|Presses Universitaires de Vincennes]], 1990. <small>(Description synthétique du ''Cahier des charges'')</small>
*Bernard Magné, ''Le Cahier des charges de La Vie mode d'emploi : pragmatique d'une archive puzzle'', in ''Protée, Revue internationale de théories et de pratiques sémiotiques'', volume 35, n° 3, hiver, 2007. [https://www.erudit.org/fr/revues/pr/2007-v35-n3-pr1985/017481ar/ Lire en ligne]. <small>(La complexité d'un avant-texte, qui ne peut être réduit à un catalogue de contraintes)</small>
*Ewa Pawlikowska, ''Post-scriptum : figures de citations dans La Vie mode d'emploi de Georges Perec'', in ''Texte en main'', n° 6, 1986. <small>(Transcription du ''Cahier des citations'' et du ''Cahier des allusions'' et liste de leurs emplois dans le roman)</small>
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===== Graphismes =====
 
* Bernard Magné, ''Lavis mode d’emploi'', in ''Cahiers Georges Perec I'', P.O.L., 1985. <small>(Les tableaux dans le roman)</small>
* Bernard Magné, ''La Vie mode d’emploi, roman polygraphique'', in ''Cahiers Georges Perec'', n° 8, Le Castor Astral, 2004. <small>(Sur les graphismes hétérogènes – partitions, dépliants – figurant dans le roman)</small>
* Jean-Paul Meyer, ''Images de l'immeuble dans La Vie mode d'emploi : une BD de façade ?'', in Revue ''Formules'' n° 9, 2005. [http://www.formules.net/pdf/formules-09.pdf Lire en ligne]<ref name=":0" group="alpha">Il est nécessaire de télécharger l'ensemble du numéro pour accéder à l'article.</ref>. <small>(Comparaison du modèle narratif de l’œuvre avec la narration figurative)</small>
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* Bernard Magné, ''Quelques problèmes de l'énonciation en régime fictionnel : l'exemple de La Vie mode d'emploi'', in ''Colloque d'Albi, langages et significations'', 1982, Repris dans ''Perecollages 1981-1988'', Presses Universitaires du Mirail-Toulouse, 1989. <small>(La question du narrateur ; Les citations implicites)</small>
* Bernard Magné'', La Figure du lecteur dans La Vie mode d'emploi'', in ''Actes du colloque international Georges Perec'', [[Cluj-Napoca]], Éditions Dacia, 1997. <small>(Personnages lecteurs et objets de lecture dans le roman)</small>
* Marie-Odile Martin, ''L’inscription de la pièce du lecteur dans le puzzle de La Vie mode d’emploi,'' in ''Cahiers Georges Perec I, P.O.L., 1985. <small>(Interactions entre [[narrateur]] et [[narrataire]] dans le roman)</small>''
* Tonia Raus, ''Le Voyage de Bartlebooth ou le tour de son monde'', in ''Cahiers Georges Perec'', n° 14, Les Venterniers, 2021. <small>(Une poétique de l'enchâssement)</small>
* Shuichiro Shiotsuka, ''La fonction du savoir imaginaire dans La Vie mode d’emploi de Georges Perec'', in ''Arts et Savoirs'', n° 5, 2015. [https://journals.openedition.org/aes/312 Lire en ligne]. <small>(Les savoirs imaginaires comme métaphores de la conception du roman et de ses techniques romanesques)</small>
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* Georges Perec présente son projet de livre intitulé ''La vie mode d'emploi'', Antenne 2, 22 mars 1976. [https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/i09365760/georges-perec-presente-la-vie-mode-d-emploi Voir en ligne]. (2 minutes 56)
*Georges Perec parle de ''La Vie mode d'emploi'' dans ''Les Matinées de France Culture'', 12 octobre 1978. [https://www.franceculture.fr/litterature/la-vie-mode-demploi-tout-ce-que-jappelle-le-romanesque-sest-concentre-dans-ce-livre Écouter en ligne] (20 minutes)
*Georges Perec à propos de ''La vie mode d'emploi'', Antenne 2, ''Apostrophes'', 8 décembre 1978. [https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/i05038353/georges-perec-a-propos-de-la-vie-mode-d-emploi Voir en ligne]. (à partir de 0:45, durée 7 minutes 05)
*''La Vie Mode d'Emploi et autres espaces pérecquiens'', France Culture, 8 mars 2016. [https://www.franceculture.fr/emissions/la-compagnie-des-auteurs/georges-perec-24-la-vie-mode-d-emploi-et-autres-espaces Écouter en ligne]. (1 heure)
 
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=== Références ===
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{{Début dynastie|nom=''La Vie mode d'emploi''}}