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Kaiten

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Kaiten Type 1 exposé au musée militaire Yūshūkan.

Le Kaiten (en japonais : 回天, à traduire par « Départ pour le ciel ») était un sous-marin de poche suicide conçu autour de la torpille Type 93 par la Marine impériale japonaise dans l'étape finale de la Seconde Guerre mondiale.

Ces engins étaient dotés de 1 550 kg d'explosif soit trois fois plus qu'une torpille classique. Les Japonais attendaient donc beaucoup de cette arme nouvelle, mais son utilisation se révéla être un fiasco car 45 seulement purent être lancés et les pertes infligées aux Américains furent faibles et inférieures à celles des attaquants.[réf. nécessaire]

Développement

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Dès 1942, des projets d'armes plus précises, plus puissantes et plus faciles à utiliser que les armes classiques mais impliquant le sacrifice de leurs servants furent proposées. Elles furent d'abord refusées mais le Japon n'arrivant pas à entraver l'avance des Alliés, le haut-commandement changea d'avis fin 1943. Cela conduisit à la création des « Unités d'attaque spéciale » (特別攻撃隊 tokubetsu kōgeki tai, souvent abrégé en 特攻隊 tokkōtai) dont les plus connues sont les kamikazes aériens.

Les créateurs : Hiroshi Kuroki et Sekio Nishina

Les deux officiers de marine japonais concepteurs du Kaiten, Hiroshi Kuroki[1] et Sekio Nishina[2] avaient été formés sur les sous-marins de poche Ko-hyoteki, mais les jugeaient trop lents et pas assez armés. Ils proposèrent d'en faire une arme suicide en remplaçant les torpilles par une charge explosive, impliquant que le sous-marin vienne très près de sa cible. Ils mourront tous les deux aux commandes de l'arme.

Leur projet fut élaboré autour de la torpille Type 93, très fiable et dotée d'une longue portée, permettant un développement rapide avec un projet lancé en , un prototype terminé le et une première commande de 100 exemplaires dans la foulée[3]. L’inconvénient de partir d'une torpille était que le moteur dégageait des vapeurs toxiques, c'était sans importance pour la torpille mais cela posa des problèmes récurrents pour la convertir en sous-marin piloté (des maux de tête à la perte de conscience).

La base d'origine fut installée dans l'île d'Ōtsu, centre d'essai des torpilles, le et Hiroshi Kuroki fut tué lors d'un essai dès le à moins de 24 ans.

Seul le type 1 fut utilisé en opération, mais plusieurs autres firent l'objet de développements avancés.

Le type 3 et 6 furent des projets abandonnés.

Classe Kaiten (type 1)
illustration de Kaiten
Caractéristiques techniques
Type Sous-marin de poche
Longueur 14,75 m
Maître-bau 1 m
Déplacement 9 tonnes
Propulsion oxygène (torpille type 93)
Puissance 410 kW
Puissance 410 kW
Vitesse 56 km/h
Profondeur 80 m
Caractéristiques militaires
Armement 1 550 kg d'explosif
Rayon d'action 78 km
Autres caractéristiques
Équipage 1
Histoire
A servi dans  Marine impériale japonaise
Période de service 1944-1945
Navires construits 330 environ
Navires perdus 90 environ (dont 45 lancés)
Navires démolis 240 environ
Navires préservés 2 au moins

Ce fut la seule version opérationnelle dont 45 exemplaires furent lancés contre des navires américains. Il en existait deux versions qui ne diffèrent que par des détails.

Schéma d'un type 1.

Classe Kaiten (type 2)
illustration de Kaiten
Photographie d'un Kaiten de type 2.
Caractéristiques techniques
Type Sous-marin de poche
Longueur 16,5 m
Maître-bau 1,35 m
Déplacement 18 tonnes
Propulsion peroxyde d'hydrogène
Puissance 1 110 kW
Puissance 1 110 kW
Vitesse 75 km/h (prévu)
Profondeur 100 m
Caractéristiques militaires
Armement 1 500 kg d'explosif
Rayon d'action 83 km
Autres caractéristiques
Équipage 1
Histoire
Période de
construction
1944-1945
Navires construits 1 prototype
Navires préservés 1

Le type 2 est une tentative infructueuse d'implanter un moteur au peroxyde d'hydrogène (comme dans les sous-marins allemand Walter). Une autre tentative sera faite avec le sous-marin de poche Maru-Se.

La coque est réutilisée pour le type 4 à propulsion classique.

Schéma d'un type 2.

Types 4 et 5

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Classe Kaiten (type 4)
illustration de Kaiten
Caractéristiques techniques
Type Sous-marin de poche
Longueur 16,5 m
Maître-bau 1,35 m
Déplacement 20 tonnes
Propulsion oxygène
Puissance 900 kW
Puissance 900 kW
Vitesse 37 km/h
Profondeur 100 m
Caractéristiques militaires
Armement 1 800 kg d'explosif
Rayon d'action 38 km
Autres caractéristiques
Équipage 1
Histoire
Période de
construction
1945
Navires construits 50 environ
Navires démolis 46 environ
Navires préservés 4

Ce type devait remplacer le type 1 mais connut des problèmes de moteur qui entraînèrent son abandon.

Le type 5 est un projet d'un type 4 légèrement amélioré.

Schéma d'un type 4.

Classe Kaiten (type 10)
illustration de Kaiten
Caractéristiques techniques
Type Sous-marin de poche
Longueur 9 m
Maître-bau 0,7 m
Déplacement 3,3 tonnes
Propulsion électrique
Puissance 6 kW
Puissance 6 kW
Vitesse 13 km/h
Profondeur 20 m
Caractéristiques militaires
Armement 300 kg d'explosif
Rayon d'action 3,5 km
Autres caractéristiques
Équipage 1
Histoire
Période de
construction
1945
Navires construits 3 à 7
Navires prévus 500
Navires annulés 493 à 497
Navires démolis 2 à 6
Navires préservés 1

Le type 10 vise à utiliser les stocks de torpilles électriques type 92 pour en faire une arme tirée depuis la terre. Il s'agit pratiquement d'une torpille dans laquelle on insère le poste de pilotage ce qui rend sa production aussi simple que possible mais sa charge explosive, sa vitesse et sa portée sont nettement amoindries par rapport au type 1. Des problèmes de fuites ne sont pas surmontés avant la fin de la guerre.

Schéma d'un type 10.

La marine sélectionna 1 426 hommes (dont 1 375 étaient formés à la fin de la guerre). 1 075 étaient des apprentis-pilotes de l'aéronavale du Yokaren (choix cohérent étant donné les nécessités de la conduite des Kaiten), 244 des officiers réservistes, 122 d'autres écoles et 10 sous-officiers. Ils avaient de 17 à 28 ans pour une moyenne d'âge à peine supérieure à 21 ans. Il y eut donc beaucoup plus de pilotes que de Kaiten disponibles.

Comme plus généralement les kamikazes, ce sont des jeunes qualifiés, normalement destinés à devenir des cadres du pays. Comme pour les autres kamikazes, ils étaient officiellement volontaires mais la pression sociale était énorme et les influençait fortement.

Déploiement

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En plus de la base de l'île d'Ōtsu (Ōtsu-shima, Préfecture de Yamaguchi), trois autres furent créées pour les entrainements à Hikari, Hirao et Okami (seule à être située dans la Préfecture d'Ōita), toutes assez proches du grand port militaire de Kure[4].

Mise à l'eau d'un Kaiten à partir du croiseur Kitakami lors d'un entrainement le 18 février 1945.

16 navires furent impliqués dans le programme à un moment ou à un autre :

Ils jouèrent un rôle important dans l'entrainement, les transports et certains furent transformés pour lancer des Kaiten mais aucun ne fut envoyé au combat. Le Kitakami fut endommagé le (32 tués)[8] et le Nashi fut coulé le (17 tués)[9] par des raids aériens.

Étant donné la campagne meurtrière des sous-marins américains, les détourner de leur tâche d'escorte et de lutte anti-sous-marine fut une erreur.

Leurs équipages mobilisent environ 3 500 hommes sans compter le personnel de soutien à terre.

Sous-marins

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Avant un départ en mission.

26 sous-marins au moins furent impliqués à des titres divers dont 10 furent coulés. Ce furent les seuls lanceurs utilisés.

L'accès aux Kaiten pouvaient généralement se faire depuis le sous-marin porteur mais ce n'était pas toujours le cas.

  • Coule un navire au Kaiten
  • Coule un navire à la torpille
  • Endommagé avant mission
  • Endommagé
  • Coulé
Participation aux opérations et nombre de Kaiten lancés+défectueux/emportés
Nom Classe Kikusui Kongō Chihaya Shimbu (1) Tatara Tembu Shimbu (2) Todoroki Tamon Autre rôle
I-8[10] Classe I-7 (Junsen III) transformé pour 4 Kaiten mais jamais utilisé dans ce rôle
I-36 Classe I-15 (B-1) 1+3/4 4+0/4 0+0/5 4+2/6 3+2/6
I-37 Classe I-15 (B-1) 0+0/4
I-38[11] Classe I-15 (B-1) coulé 13/11/1944 : reconnaissance dans les Carolines, 110 tués, non transformé
I-41[12] Classe I-40 (B2) temporairement pour l'entraînement en , non transformé
I-44 Classe I-40 (B2) 0+0/4 0+0/4
I-46 Classe I-16 tardif (C2) ? , non transformé
I-47 Classe I-16 tardif (C2) 4+0/4 4+0/4 0+0/6 4+2/6 0+0/6
I-48 Classe I-16 tardif (C2) 0+0/4
I-53 Classe I-52 (C3) 3+1/4 0+0/4 4+1/5
I-56 Classe I-54 (B3) 0+0/4 0+0/6
I-58 Classe I-54 (B3) 4+0/4 0+0/4 0+0/6 5+1/6
I-361 Classe I-361 (D1) 0+0/5
I-363 Classe I-361 (D1) 0+0/5 0+0/5
I-366 Classe I-361 (D1) 0+0/5 3+2/5
I-367 Classe I-361 (D1) 2+3/5 0+0/5
I-368 Classe I-361 (D1) 0+0/5
I-370 Classe I-361 (D1) 0+0/5
I-372[13] Classe I-372 5 Kaiten, coulé le par raid aérien, 1 tué
I-155[14] Classe Kaidai IIIa groupe anti-invasion du Japon, 2 Kaiten
I-156[15] Classe Kaidai IIIb groupe anti-invasion du Japon, 2 Kaiten
I-157[16] Classe Kaidai IIIb groupe anti-invasion du Japon, 2 Kaiten
I-158[17] Classe Kaidai IIIa groupe anti-invasion du Japon, 2 Kaiten
I-159[18] Classe Kaidai IIIb groupe anti-invasion du Japon, 2 Kaiten
I-162[19] Classe Kaidai IV groupe anti-invasion du Japon, 2 Kaiten
I-165 Classe Kaidai V 0+0/2

Leurs équipages mobilisent plus de 2 000 hommes sans compter le personnel de soutien à terre.

Déploiement à Okinawa

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Le navire de débarquement no 4 comparable au no 18.

Un débarquement à Okinawa étant prévisible, le le Navire de débarquement no 18 (Classe de navire de débarquement n° 1 (en)) embarque 8 Kaiten et les moyens de créer une base. Il est coulé le par le sous-marin USS Springer (SS-414). Les 225 marins, 120 membres des équipes de soutien Kaiten et 7 pilotes sont tous morts dans le naufrage ou à Okinawa[20].

Déploiement en prévision de l'invasion du Japon

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En bleu, les bases de Kaiten.

Face à l'invasion prévisible du Japon, le plan de défense prévoyait des armes-suicide dont des Kaiten[21].

Dans ce cadre fut développé le Kaiten type 10, plus simple donc plus facile à produire en nombre et à mettre en œuvre, mais sa mise au point n'était pas achevée lors de la capitulation.

Outre les sous-marins encore disponibles, des Kaiten commencèrent à être déployés dans les zones de débarquement pour être lancés depuis la côte. 17 unités devaient être déployées avec 4 à 12 Kaiten (en plus de la 1re, celle d'Okinawa) mais seules 11 sont plus ou moins opérationnelles lors de la capitulation[22].

Opérations

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L'USS Mississinewa brûle au milieu des autres navires.

Le groupe Kikusui (菊水队) composé des sous-marins I-36[23], I-37[24] et I-47[25] avec chacun 4 Kaiten part le de la base des Kaiten d'Ōtsu-shima à destination d'Ulithi (îles Carolines) où sont mouillés de nombreux navires américains.

Le I-37 est repéré le à proximité de sa cible avant d'avoir pu lancer ses Kaiten et est coulé avec ses 117 hommes et les 4 pilotes de Kaiten par les destroyers d'escorte USS Conklin et USS McCoy Reynolds avec des Hedgehog et des grenades.

Les I-36 et I-47 lancent leur attaque le . Le I-36 ne peut lancer qu'un Kaiten par suite de problèmes mais l'un des cinq lancés coule le pétrolier auxiliaire USS Mississinewa tuant 63 des 299 membres d'équipage (aucun des 5 pilotes de Kaiten ne survivra). Il semble que cette destruction ait été obtenue par Sekio Nishina, l'un des concepteurs de l'arme qui emmenait avec lui les cendres de l'autre créateur, Hiroshi Kuroki, tué lors des premiers essais. Les sous-marins sont de retour à Kure le .

Le les Japonais concluent[26] que la mission a coulé 3 porte-avions et 2 cuirassés. Cette surestimation a notamment été entraînée par les multiples fortes explosions du Mississinewa qui était plein lors de l'attaque. Elle incite à développer le programme.

Le groupe Kongō (金刚队) composé des I-36, I-47, I-48, I-53, I-56 et I-58, chacun avec 4 Kaiten, doivent mener une attaque simultanée de mouillages variés le .

Le I-56[27] part le pour Manus (îles de l'Amirauté). Du 10 au il est plusieurs fois repéré par des avions et ne peut s'approcher de sa cible. Sa mission est finalement annulée et il est de retour à Kure le .

Le I-47 part le pour Hollandia (Nouvelle-Guinée). Le il lance ses 4 Kaiten dont l'un frôle et endommage légèrement le petit Liberty ship SS Pontus H Ross puis explose plus loin et un autre explose sans causer de dommage. Retour à Kure le 1er février.

Le I-53[28] part le pour Kossol Roads (île de Babeldaob dans les Palaos). Le il lance 3 Kaiten dont l'un explose prématurément, les deux autres explosant après 20 minutes sans causer de dommage. Le 4e pilote a perdu conscience en raison de vapeurs de carburant. Retour à Kure le .

Le I-36 part le pour Ulithi. Le il lance ses 4 Kaiten dont l'un est détruit par l'une des quatre grenades d'un hydravion Martin PBM Mariner mais dont les autres coulent la péniche de débarquement d'infanterie USS LCI(L)-600 (3 morts) et endommagent le transport de munitions USS Mazama (AE-9) (1 tué et 7 gravement blessés). Le il est de retour à Kure.

Le I-58[29] part le pour Apra Harbor (Guam). Le il lance ses 4 Kaiten dont l'un explose prématurément, puis deux colonnes de fumée sont observées mais aucune cible n'est atteinte. Retour à Kure le .

Le I-48[30] part le pour Ulithi. Le il est repéré au large de Yap par le radar d'un Martin PBM Mariner qui l'endommage sérieusement avec 2 grenades et une torpille acoustique Mark 24 Fido, le forçant à abandonner sa mission. Un groupe de chasse se lance à sa recherche et le destroyer d'escorte USS Conklin (DE-439) le coule au Hedgehog le avec ses 122 hommes et les 4 pilotes de Kaiten.

Le rapport d'opération fait état de 16 navires coulés (4 navires pour 4 pilotes de Kaiten tués du I-36, 4 navires de transport pour 4 pilotes du I-47, 4 navires dont un croiseur et un pétrolier pour le I-48 perdu, 2 navires de transport pour 2 pilotes du I-53 et un porte-avion d'escorte et un grand pétrolier pour 4 pilotes du I-58). La différence avec la réalité (1 petit navire coulé et 2 endommagés) vient de l'habitude japonaise de surestimer les résultats, de l'impossibilité d'observer directement ceux-ci, de la possibilité de faire exploser manuellement le Kaiten (cible touchée ou suicide du pilote faute de cible ?) et de la difficulté d'interprétation des photos aériennes (mouvements incessants des navires).

Le groupe Chihaya (千早队) composé des I-44, I-368 et I-370, alors qu'ils sont à l'entrainement, est créé dans l'urgence pour contrer le débarquement d'Iwo Jima du .

Le I-368[31] part dès le d'Hikari avec 5 Kaiten. Le il est repéré par le radar d'un Grumman TBM Avenger du porte-avions d'escorte USS Anzio (CVE-57) puis coulé (avec ses 85 membres d'équipage et les 5 pilotes) par deux d'entre eux avec deux torpilles acoustiques Mark 24 Fido.

Le I-370[32] part le d'Hikari avec 5 Kaiten. Le il est repéré par le radar du destroyer d'escorte USS Finnegan (DE-307) et attaqué au Hedgehog et coulé (avec ses 84 membres d'équipage et les 5 pilotes) avec des grenades alors qu'il s'apprête à attaquer des navires de transport qui quittent Iwo Jima à vide.

Le I-44[33] part le d'Ōtsu-shima avec 4 Kaiten. Il échoue à s'approcher de sa cible en raison d'une attaque de navires l'obligeant à rester submergé 47 heures, approchant les limites supportables de concentration de dioxyde de carbone, et d'une attaque d'Avenger. Il rentre sans dommages à Kure le .

C'est la première opération où les Japonais réalisent leur échec : aucun Kaiten n'a pu être lancé et 2 sous-marins ne rentrent pas.

Le groupe Shimbu (神武队) (1) formé du I-36 et I-58 est lui aussi envoyé à Iwo Jima début .

Le I-36 part le d'Hikari avec 5 Kaiten mais reçoit l'ordre de rentrer le 6 et arrive à Kure le 10.

Le I-58 part le 1er mars d'Hikari avec 4 Kaiten mais reçoit l'annulation le 7, la veille de l'attaque, puis doit soutenir l'opération kamikaze peu efficace TAN 2 (第二次丹作戰)[34] contre Ulithi du en tant que radiophare. Retour à Hikari le .

Le groupe Tatara (多々良队) composé des I-44, I-47, I-53, I-56 et I-58, tous armés de 6 Kaiten, est créé pour contrer le débarquement d'Okinawa du .

Le I-53 est endommagé le par une mine magnétique américaine (Opération Famine) lors d'un test et ne peut participer à l'opération.

Le I-44 part le d'Ōtsu-shima avec 4 Kaiten. Le un sous-marin, probablement le I-44, est attaqué avec une grenade puis coulé par une torpille acoustique Mark 24 Fido larguée par un TBM Avenger du porte-avions d'escorte USS Tulagi (CVE-72). Quoi qu'il en soit le sous-marin avec ses 129 hommes et les 4 pilotes disparait courant avril.

Le I-47 part le d'Hikari avec 6 Kaiten mais dès les 30 et 31 il est attaqué à plusieurs reprises par air et mer, le chasseur auxiliaire de sous-marin CHa-200 qui l'escortait est coulé (pertes inconnues parmi les 32 marins), et les dommages l'obligent à rentrer dès le 1er avril.

Le I-56 part le d'Ōtsu-shima avec 6 Kaiten. Les 17 et près d'Okinawa un sous-marin, probablement le I-56, est attaqué et coulé à la grenade par un groupe de chasse composé du porte-avions léger USS Bataan et de destroyers. Quoi qu'il en soit le sous-marin avec ses 122 hommes et les 6 pilotes disparait courant avril.

Le I-58 part le 1er avril d'Hikari. Il ne réussit pas à s'approcher de sa cible en raison de multiples alertes aériennes (et une maritime). Sa mission est finalement annulée et il arrive le à Hikari.

C'est la pire mission. Les forces de débarquement s'avèrent trop bien défendues et les Japonais se retournent vers les voies de ravitaillement, ce qui revient à abandonner l'espoir de couler des porte-avions, l'objectif principal des opérations suicides.

Le groupe Tembu (天武队) composé des I-36 et I-47 avec chacun 6 Kaiten est constitué pour attaquer le ravitaillement entre Ulithi et Okinawa fin .

Le I-36 part le d'Hikari. Le , il lance 4 Kaiten (les 2 autres sont défectueux) contre un convoi dont un est détruit à la grenade par le transport rapide (destroyer d'escorte converti) USS Ringness (APD-100). Il revendique avoir coulé 4 transports (pour 4 pilotes tués) alors qu'aucune cible n'est touchée. Retour à Hikari le .

Le I-47 part le d'Hirao. Le 1er mai, il tire 4 torpilles classiques contre un convoi et entend trois explosions. Le , il lance 3 Kaiten sur un pétrolier et son escorte et entend également trois explosions. Le , il lance 1 Kaiten (les 2 restants sont défectueux) contre un présumé croiseur et le revendique comme touché. Le , il est de retour à Hikari (4 pilotes tués). En réalité il n'a touché aucun navire.

Le groupe Shimbu (振武队) (2) composé du I-366[35] et du I-367[36], chacun avec 5 Kaiten, appareille en vue d'une mission au nord-ouest de Saipan en .

Le I-366 est endommagé lors d'un entrainement par une mine magnétique américaine (opération Famine) le , veille de son départ, et ne peut prendre part à la mission.

Le I-367 part le d'Ōtsu-shima. Le , il lance 2 Kaiten (les trois autres sont défectueux) contre un convoi, dont l'un est détruit au canon Bofors 40 mm par le remorqueur USS Sioux (ATF-75) et tandis que l'autre ne cause aucun dommage. Le sous-marin revendique à tort avoir coulé 2 navires marchands et rentre à Kure le (2 pilotes tués).

Le groupe Todoroki (轰队) composé du I-36, I-165[37], I-361[38] et I-363[39] part attaquer diverses voies de ravitaillement vers Okinawa en .

Le I-36 part le d'Ōtsu-shima avec 6 Kaiten vers l'est de Guam. Le il tente de lancer 2 Kaiten contre un navire isolé mais ils ne fonctionnent pas ; il lance alors 4 torpilles conventionnelles qui explosent prématurément mais endommagent légèrement la péniche de débarquement de réparation (Landing Craft Repair) USS Endymion (ARL-9). Le il attaque le cargo Antares (AKS-3) lui aussi isolé avec 1 Kaiten qui est détruit au canon de trois pouces (76,2 mm). Le I-36 lance 2 autres Kaiten en plongée contre le destroyer USS Sproston (DD-577) venu à la rescousse qui en détruit un et échappe à l'autre. D'autres destroyers se joignent à l'attaque mais malgré des dommages le sous-marin est de retour à Hikari le (3 pilotes tués).

Le I-165 part le d'Hiraki avec 2 Kaiten pour l'est de Saipan. Probablement endommagé le , il est coulé le avec 106 hommes et 2 pilotes par un Lockheed PV-2 Harpoon avec trois grenades et une torpille acoustique Mark 24 Fido.

Le I-361 lors de son dernier départ.

Le I-361 part le d'Hiraki avec 5 Kaiten pour le sud-est d'Okinawa. Il est repéré le et pris en chasse par un groupe de chasse comportant le porte-avions d'escorte USS Anzio (CVE-57) et quatre destroyers. Un TBM-3E Avenger le coule le , avec ses 81 hommes et 5 pilotes, avec des roquettes FFAR de 5 pouces (130 mm) et une torpille acoustique Mark 24 Fido.

Le I-363 part le d'Hiraki avec 5 Kaiten pour patrouiller entre Okinawa et Ulithi. Le sous-marin, lent, échoue plusieurs fois à se mettre en position d'attaque ; le il s'approche d'un convoi mais la mer est trop mauvaise pour lancer des Kaiten donc il envoie des torpilles conventionnelles, revendiquant à tort avoir coulé un navire marchand. Il est de retour le .

Le groupe Tamon (多闻队) composé des I-47, I-53, I-58, I-363, I-366 et I-367 est envoyé pour agir sur diverses voies de ravitaillement en juillet-aout 1945 et la mission est interrompue par la capitulation du Japon le .

Le I-53 part le avec 5 Kaiten pour au sud-est de Taiwan. Le il lance 1 Kaiten sur un convoi et le destroyer d'escorte USS Underhill coule avec 112 hommes sur 234 à la suite de l'explosion du Kaiten qui l'a éperonné. Le autre attaque contre un convoi avec 1 Kaiten, sans succès. Le le sous-marin lance 2 autres Kaiten (le dernier étant défectueux) contre le destroyer d'escorte USS Earl V. Johnson (DE-702) qui est endommagé par une explosion à proximité. Retour à Otsushima le 12 aout.

Le I-58 part le d'Hirao avec 6 Kaiten pour à l'est des Philippines. Le il attaque avec 2 Kaiten un cargo et un destroyer (Wild Hunter et USS Lowry (DD-770)) ; chaque navire américain coule un Kaiten, et l'équipage du sous-marin pense au contraire que les deux navires sont coulés. Le au soir faute de luminosité le I-58 ne peut utiliser ses Kaiten mais il coule avec des torpilles classiques le croiseur USS Indianapolis, premier navire de cette taille non doté de moyens de détection sous-marine non escorté ; l'équipage pense avoir coulé un cuirassé (879 tués dont plus de la moitié à la suite de dysfonctionnements dans l'organisation des secours). Le il attaque sans succès avec 2 Kaiten (les deux derniers étant défectueux) le groupe naval du porte-avions d'escorte USS Salamaua (CVE-96) en croyant avoir affaire à un convoi de transport. Le il attaque également sans succès deux navires avec 1 Kaiten remis en état. Retour à Hirao le 17 aout.

Le I-47 part le d'Hiraki avec 6 Kaiten pour à l'est d'Okinawa. Il est endommagé par le mauvais temps et rentre à Hikari le .

Le I-367 part le d'Ōtsu-shima avec 5 Kaiten pour au sud-est d'Okinawa. Retour à Kure le sans avoir trouvé de cible.

Le I-366 part le 1er août d'Hirao avec 5 Kaiten pour au sud-est d'Okinawa. Il lance 3 Kaiten (les deux autres sont défectueux) contre un convoi mais probablement à trop longue distance. Il revendique à tort trois transports coulés. Retour à Kure le .

Le I-363 part le d'Hiraki avec 5 Kaiten pour au nord des Palaos puis pour la mer du Japon à la suite de l'attaque soviétique en Mandchourie. Attaqué par un avion le (2 morts), il est de retour à Kure le .

Même en ne comptant pas l'Indianapolis torpillé de manière classique, ce fut la seule mission où les pertes américaines furent supérieures aux japonaises.

Si les Japonais pensent couler un navire par Kaiten lancé soit des dizaines de cibles touchées, la réalité est tout autre : quelques navires mineurs coulés ou endommagés (les sous-marins impliqués obtinrent plus de succès avec les torpilles classiques qu'avec les Kaiten...) pour 8 sous-marins perdus et un immense gâchis de ressources (sous-marins indisponibles et rendus plus vulnérables, travaux de transformation, entrainement).

Les causes de l'échec sont de deux ordres :

  • Le principe même des sous-marins de poche de combat comporte de nombreux inconvénients qui les rendent moins efficaces que les torpilles. La nécessité d'un véhicule porteur mobilise de gros moyens plus utiles ailleurs, les sous-marins voient leur vulnérabilité augmentée (baisse de la manœuvrabilité, impossibilité de plonger profond). Le fait que le pilote ne puisse se diriger autrement que visuellement est également un gros inconvénient : périscope au sillage d'autant plus détectable que l'on est forcément de jour (en pratique à l'aube), nécessité de rester près de la surface et d'être ainsi vulnérable aux tirs de canons.
  • La bataille de l'Atlantique étant gagnée, la marine américaine avait les moyens à la fois en quantité de navires (porte-avions d'escorte), matériels (avions équipés de radars, torpilles acoustiques), tactiques (groupes navals de chasse) et équipages expérimentés, face aux sous-marins japonais porteurs des Kaiten qui avaient un retard technologique (radars, schnorchel). Sur vingt-neuf missions (hors missions avortées), huit sous-marins ont été coulés et quatre endommagés.

Pertes américaines : Le bilan des 45 Kaiten lancés est de 179 morts, 3 petits navires coulés (USS Mississinewa (AO-59), USS LCI(L)-600 et USS Underhill (DE-682)) et 2 endommagés (USS Mazama (AE-9)) et USS Earl V. Johnson (DE-702)), plus quelques dommages mineurs.

Pertes japonaises : Plus de 1 500 participants au programme furent tués[40] :

  • Pilotes de Kaiten : 106 (15 à l'entrainement[41], 2 par raid aérien[42], 42 coulés avec les sous-marins et navires, 45 en opérations, 2 suicides lors de la capitulation[43]).
  • Équipages de sous-marins : 959 (coulés : I-37 : 117, I-38 : 110, I-44 : 129, I-48 : 122, I-56 : 122, I-165 : 106, I-361 : 81, I-368 : 85, I-370 : 84, I-372 : 1, endommagé : I-363 : 2).
  • Équipages de navires de surface : plus de 274 (Navire de débarquement no 18 : 225, Kitakami : 32 tués, Nashi : 17, CHa-200 : ? (32 au maximum)).
  • Personnels de soutien : 156 (base d'Okinawa : 120, autres : 36).

10 sous-marins, 1 destroyer, 1 navire de débarquement, 1 chasseur auxiliaire de sous-marin furent coulés. 1 croiseur léger et 6 fois des sous-marins furent endommagés.

Après-guerre

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Divers monuments commémoratifs ont été érigés au Japon[44].

En 1955, Shūe Matsubayashi tourne le film L'Homme-torpille (人間魚雷回天, Ningen gyōrai kaiten?) sur le sujet.

Références

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Bibliographie

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Documentaires télévisés

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Articles connexes

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Kamikazes

Liens externes

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