Couche chaude
Une couche chaude est une technique horticole consistant à créer un lit de semence, au-dessus d'une couche de matière organique en décomposition exothermique. Elle permet de réchauffer des châssis de culture en hiver sans chauffage complémentaire et peut de ce fait être considérée comme une méthode écologique mais elle est largement oubliée[1].
Principe
[modifier | modifier le code]Le gradient de température est généré par la décomposition des molécules au sein de la couche par l'action métabolique de micro-organismes. Pour obtenir une quantité de chaleur suffisante, la décomposition doit générer des sucres fermentescibles (ou glucides simples), ainsi une litière de copeaux de bois (constitué de lignine) ne permet pas d'obtenir une couche chaude.
La couche chaude est recouverte d'un lit de semence qui accueille la culture et d'un châssis constituant une petite serre, ce qui permet de conserver et augmenter la chaleur. Le plus souvent, la couche chaude est constituée de fumier frais d'animaux herbivores tels que les chevaux[2] ou les lapins, qui laissent passer de la cellulose végétale non digérée dans leurs excréments, créant un bon environnement pour que les micro-organismes puissent décomposer la cellulose en sucres simples. Le système digestif des ruminants tels que les bovins et les ovins détruit et utilise la cellulose de leur alimentation, ainsi leurs excréments restent froids. Toutefois la plupart des fumiers constitués de litières pailleuses peuvent être utilisés avec profit, ainsi le fumier de moutons sur litière accumulée, très piétiné et souvent riche en déchets de foin est recherché en remplacement des fumiers de chevaux et lapins devenus rares[3]. Un B.R.F. (Bois raméal fragmenté) de brindilles et feuilles frais ou l'herbe de tonte peuvent partiellement remplacer le fumier.
L'intérêt principal de la couche chaude est de permettre la germination des graines puis la croissance des plantules sur une période étendue de l'année, dès février en climat tempéré, généralement avant leur repiquage sur des plates-bandes à l'air libre lorsque les conditions sont plus clémentes[4]. Autrefois indispensable en production de primeurs, la technique a été largement remplacée par la culture sous serres climatisées et la délocalisation de la production vers des pays à climat chaud.
Le principe de la couche chaude est toujours utilisé dans les champignonnières mais, au lieu de couches au sens strict, on utilise aussi des bottes de paille en décomposition placées traditionnellement dans une cave, mais de plus en plus dans des bâtiments climatisés. En production industrielle, les couches chaudes préparées et ensemencées sont disposées dans de grands incubateurs à tiroirs automatisés. Voir Culture du champignon de couche.
Certains oiseaux, comme le Talégalle de Latham, fabriquent ou utilisent le système de la couche chaude pour incuber leurs œufs.
Réalisation traditionnelle
[modifier | modifier le code]On place environ 50 cm de fumier sur un sol sain. Le fumier doit être tassé et arrosé avant l'apport de 12 à 15 cm de terreau. On pose ensuite les chassis de couche. Ceux-ci sont de préférence entourés de cordons du même fumier pour empêcher les déperditions de chaleur. Ces cordons sont appelés réchauds et sont éventuellement remplacés au cours de la culture. Quelques jours après le remplissage des châssis se produit le coup de feu (température d'au moins 50 °C pendant deux ou trois jours). Il faut attendre que la température redescende en-dessous de 30 °C pour semer ; elle se stabilisera ensuite autour de 19 °C après une ou deux semaines pendant au maximum un mois[5] et on pourra semer après avoir retassé la couche. Le coup de feu a l'avantage de contribuer à une hygiénisation de la couche (élimination des graines d'adventices…) comparable à celle réalisée lors d'un compostage. On réserve généralement les couches chaudes à la production de plants de primeurs ou à des cultures rapides comme les radis, les salades ou les carottes primeurs[3].
Couche tiède
[modifier | modifier le code]En mélangeant le fumier avec, par exemple, des feuilles mortes pour moitié, on obtiendra moins de chaleur et une température finale de 12 à 15 °C[5]. On peut aussi obtenir une couche tiède en remaniant une couche chaude, qui a déjà servi pour une première récolte précoce, avec du fumier frais (couche de retourne).
Couche enterrée et couche sourde
[modifier | modifier le code]Le fumier est placé dans une fosse d'au moins 50 cm de profondeur, le reste de la méthode demeure. Elles étaient utilisées notamment pour la production d'endives[5]. L'utilisation de chassis semi-enterrés parfois réalisés en maçonnerie (couche sourde), permet de conserver plus facilement la chaleur et de se passer de réchauds, ce qui économise du fumier. On gagne encore cependant à les entourer d'un accot de vieilles pailles ou de feuilles mortes.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Charles Naudin, Le potager Jardin du cultivateur, Paris, Librairie agricole de la Maison rustique (lire en ligne), p. 61-65
- Le compostage de fumier de cheval en élevage.
- « La réalisation d'une couche chaude sous châssis », sur Rustica, (consulté le )
- « Couche chaude et semis hâtifs », sur Ouest-France (consulté le )
- Guide Clause, Traités des travaux de jardinage, Brétigny-sur-Orge, L. Clause, , p. 46-49