Aller au contenu

Justinien II

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Justinien II
Empereur byzantin
Image illustrative de l’article Justinien II
Solidus à l'effigie de Justinien II.
Règne
-695 (10 ans)
-
6 ans, 3 mois et 20 jours
Période Héraclides
Précédé par Constantin IV
Tibère III Apsimar
Suivi de Léonce
Philippicos
Biographie
Naissance vers 668
Décès (43 ans)
Damatrys, Opsikion
Père Constantin IV
Mère Anastasia
Fratrie Héraclius
Épouse Eudoxie
Théodora
Descendance Anastasia
Tibère

Justinien II (latin : Flavius Justinianus Augustus, grec : Ιουστινιανός Βʹ), (né vers 668 et mort le ), dit Rhinotmète – latin Rhinotmetus (ὁ Ῥινότμητος « Nez coupé ») –, est un empereur byzantin ayant régné entre 685 et 695, puis entre 705 et 711. Il est le fils de Constantin IV et de sa femme Anastasie, et le dernier représentant ayant régné de la dynastie des Héraclides.

Le règne de Justinien II intervient dans une période de crise profonde de l'Empire byzantin, confronté à des invasions de grande ampleur et à une rétraction significative de son aire d'influence. Cette crise politique s'accompagne également d'un déclin de la production littéraire, y compris des chroniques historiques, dont peu ont survécu. La principale source pour appréhender cette époque est la Chronique de Théophane le Confesseur, composée plusieurs décennies après la mort de Justinien II. Il est d'ailleurs probable qu'il a repris des écrits aujourd'hui disparus, possiblement plus contemporains de Justinien II, comme la Chronique de Théophile d'Édesse. La Chronique de Théophane est une source indispensable pour la période de Justinien II, mais sa fiabilité doit être évaluée avec prudence. L’interprétation moralisatrice et le biais anti-Justinien de Théophane ont influencé durablement la perception de cet empereur, contribuant à construire une légende noire autour de sa personnalité et de son règne.

Le patriarche Nicéphore Ier de Constantinople a composé un Breviarium qui peut servir de contrepoids au récit de Théophane. Si cet ouvrage est plus concis, il est plus neutre par rapport à Justinien II. Il est notamment précieux dans l'appréhension de la politique religieuse de l'Empereur.

Pour Constance Head, l'importance de ces écrits, composés principalement au début du IXe siècle, doit être analysée au prisme de leur contexte d'écriture, soit les troubles liés à l'iconoclasme. La question des relations entre l'empereur et le clergé est alors prégnante, de même que le sujet de l'autoritarisme de certains souverains. La politique de Justinien II, parfois jugée tyrannique et peu respectueuse de l'autonomie de l'Eglise, devient alors une source de critique forte, s'apparentant à une forme de damnatio memoriae.

D'autres sources extérieures à l'Empire enrichissent la perception du règne de Justinien et font parfois appel à des écrits disparus ou non utilisés par les chroniqueurs byzantins. Parmi les textes les plus utilisés figurent le récit tardif de Michel le Syrien, auteur oriental du XIIe siècle, la chronique plus contemporaine de Paul Diacre, qui permet d'appréhender les relations entre l'Empire et l'Italie, de même que des sources proches du pape tel que le Liber Pontificalis. Le chroniqueur arménien Ghévond offre un regard également précieux, sur le contexte plus général des conquêtes musulmanes et des rapports entre l'Arménie et Byzance. Souvent plus neutres, ces textes pondèrent parfois certains jugements des chroniqueurs byzantins, à l'image de l'ampleur de la répression de Justinien II à son retour au pouvoir[1].

Premier règne (685-695)

[modifier | modifier le code]
Portrait de Justinien dans le mutinensis gr. 122, manuscrit du XVe siècle.

Monté sur le trône à l'âge de dix-sept ans et déjà associé à son père dans sa dernière année, il se révèle rapidement très énergique et ambitieux, rêvant de rivaliser avec son homonyme Justinien Ier (et, selon Christian Settipani, aussi son arrière-grand-oncle). Les premières années de son règne sont marquées par des succès militaires, du fait à la fois de son activité débordante et des difficultés internes du califat musulman, plongé dans la guerre civile : en 685, le calife Abd Al-Malik ne détient plus que la Syrie et la Palestine, et de manière très précaire, puisque ces territoires sont en proie à la guérilla des Mardaïtes. En 686 Justinien II prend le titre de consul.

Lutte contre les Arabes

[modifier | modifier le code]

La guerre contre les Arabes est devenue la priorité militaire de l'Empire byzantin depuis les premiers temps de l'expansion de l'Islam, qui lui ont imposé l'abandon de nombreuses provinces au Proche-Orient. Sous Constantin IV, Constantinople est même attaquée mais des désordres internes au califat omeyyade suspendent l'expansionnisme islamique. Ainsi, juste avant sa mort en 685, Constantin IV obtient un accord très avantageux du calife Abd Al-Malik, alors fortement contesté par d'autres prétendants à sa fonction. Dès son arrivée sur le trône, Justinien II tente d'en profiter pour reprendre l'offensive. Dès 686, il envoie en Arménie byzantine et en Ibérie, disputées jusqu'alors entre les Arabes et les Khazars, une armée chargée d'y rétablir la suzeraineté byzantine. Cette armée, commandée par Léonce, stratège des Anatoliques, non seulement installe dans ces deux pays des princes vassaux de l'Empire byzantin, mais pousse jusqu'en Azerbaïdjan et en Albanie du Caucase. Par ailleurs, au Liban et en Syrie, les Byzantins soutiennent plus ou moins activement les Mardaïtes, une communauté chrétienne qui conteste la suprématie musulmane. Le degré d'implication des Byzantins dans les raids qu'ils mènent est discuté mais, en 688, la ville d'Antioche échappe pour un temps au contrôle d'Abd al-Malik[2]. En 689, ces succès persuadent le calife Abd Al-Malik de réviser à l'avantage des Byzantins le traité qu'il avait signé avec Constantin IV juste avant sa mort : il accepte de partager à égalité les revenus de l'Arménie byzantine, de l'Ibérie et de Chypre. Ce régime original, apparenté à une forme de condominium, perdure durant plus de deux siècles pour le cas de Chypre et témoigne de l'équilibre qui s'instaure progressivement entre les deux empires du Proche-Orient[3]. En échange l'empereur accepte le transfert des Mardaïtes chrétiens dans l'Empire. En tout au moins douze mille hommes, apparemment avec leur famille, même s'il reste des Mardaïtes en territoire musulman ; Justinien II les installe dans le thème maritime des Karabisianoi et fait d'eux des rameurs de sa flotte[4]. Enfin, le tribut s'élève à 1 000 pièces d'or, auxquelles s'ajoutent un cheval et un esclave à livrer chaque vendredi[5]. Si Théophane le Confesseur déplore le transfert des Mardaïtes, qui prive l'Empire d'une force capable de semer le trouble à la frontière avec les Musulmans, le traité confirme le regain byzantin après des décennies de reculs et peut être analysé comme un succès pour le jeune Justinien, alors que l'historien Khalid Blankinship évoque une humiliation pour Abd Al-Malik[6],[7].

Carte de l'Empire byzantin. Sous Justinien II, l'Empire ne détient plus aucune possession en Espagne et la Tripolitaine est tombée aux mains des Omeyyades, tandis que l'Arménie est le théâtre d'une lutte féroce entre Byzantins et Musulmans.

En 689, l'empereur attaque de nouveau les Arabes, bien que le traité soit apparemment toujours en vigueur, mais la poursuite de la guérilla mardaïte en territoire musulman pourrait avoir amené le calife à suspendre le versement de son tribut. L'armée envoyée par l'empereur traverse les monts Amanus et s'approche du mont Liban. Abd Al-Malik, qui se prépare à reconquérir la Mésopotamie sur ses opposants musulmans, préfère négocier un nouveau traité avec les Byzantins : le tribut qu'il paie est réduit de mille nomismata par jour à mille par semaine, mais il laisse le champ libre à l'empereur en Arménie, en Ibérie et à Chypre ; Justinien II accueille six mille cinq cents Mardaïtes supplémentaires, avec leurs familles, et les recrute comme rameurs pour le thème de l'Hellas, mais il en reste encore sur le mont Liban.

Les hostilités sont rouvertes par Justinien en 692, alors même qu'Abd Al-Malik est en passe de sortir victorieux de la guerre civile qui a miné son début de règne. Les historiens s'interrogent parfois sur les raisons de cette attaque byzantine, alors même que les conditions favorables liées à la division interne au califat n'est plus d'actualité. Pour un chroniqueur comme Théophane le Confesseur, c'est le paiement du tribut dans une monnaie différente de la nomisma byzantine qui provoque l'intervention de l'empereur, mécontent de voir apparaître le dinar arabe. En outre, son choix de déporter une partie de la population chypriote sur le continent aurait été mal interprété par Abd al-Malik, le voyant comme contraire au principe de cosouveraineté sur l'île. L'historien moderne Ralph-Johannes Lilie préfère interpréter cette reprise de la guerre comme une tentative de Justinien de prévenir l'attaque probable à venir d'un califat ragaillardi[8].

Pendant l'été 692, l'empereur se met en campagne personnellement, à la tête d'une armée dans laquelle sont intégrés pour la première fois ses trente mille mercenaires slaves, sous leur propre commandant Néboulos. Mais il n'est pas encore arrivé à la frontière qu'une armée arabe, envoyée par le calife, a déjà pénétré en territoire byzantin. La rencontre a lieu près d'une ville qui n'est pas identifiée avec certitude, appelée Sébastopolis. Les Byzantins semblent sur le point d'avoir le dessus, lorsque les Slaves, avec Néboulos lui-même à leur tête, passent à l'ennemi, ayant, dit-on, reçu de l'argent et des promesses du général arabe Muḥammad ibn Marwān[9]. À cette vue, les Byzantins se débandent à leur tour. En fait, les Arabes se retirent ensuite sans pousser leur avantage, mais Justinien II, frustré d'une victoire à portée de main, enrage. Selon Théophane le Confesseur, il se venge cruellement des Slaves en faisant massacrer ou vendre en esclavage ceux qui ne sont pas partis avec les Arabes ; il fait aussi arrêter Léonce, stratège des Anatoliques, qu'il tient apparemment pour responsable de son revers, et le fait enfermer dans un cachot à Constantinople. Si ce dernier fait semble attesté, sa vengeance à l'encontre des 10 000 Slaves restés dans le camp byzantin pourrait bien être apocryphe. Les autres sources, tant Nicéphore de Constantinople que Michel le Syrien, qui a pu exploiter d'autres documents, évoquent plutôt la désertion de l'entièreté du contingent serbe[10],[N 1].

La lutte contre les Arabes se décline également sur un autre front : l'Afrique du Nord. L'exarchat de Carthage, qui regroupe les possessions byzantines dans la région, est sous une forte pression de l'expansionnisme musulman qui a déjà submergé la Tripolitaine. Alliés à certaines tribus berbères, les Byzantins parviennent plus ou moins à résister. Cependant, en 688, cette coalition est vaincue lors de la bataille de Mammès, lors de laquelle périt Koceïla, influent chef berbère. Si les Musulmans ne parviennent pas à exploiter ce succès et sont même vaincus peu après, leur pression devient de plus en plus irrésistible en Tunisie. Ainsi, en 695, au moment du renversement de Justinien II, qui ne peut envoyer de renforts significatifs en Afrique lors de son règne, l'armée du général Hassan Ibn Numan s'apprête à submerger l'Afrique byzantine[11]. Celle-ci tombe dès 698[12].

L'empereur procède dans le même temps à une réforme administrative : il sépare en deux le thème des Karabisianoi, qui conserve la côte méridionale de l'Asie mineure, avec un drongaire des Cibyrrhéotes subordonné au stratège du thème, et les îles de la mer Égée, et crée en Grèce un thème de l'Hellas, les deux entités comptant chacune deux mille soldats combattants. Les rameurs mardaïtes ont leur propre commandant.

Lutte contre les Bulgares et les Slaves

[modifier | modifier le code]
Fresque de la basilique Saint-Dimitri de Thessalonique qui pourrait représenter Justinien II à cheval. Datée d'avant l'époque iconoclaste et recouverte d'autres décorations, elle n'a été redécouverte que récemment. L'identification de Justinien II continue de faire débat ([N 2].

La situation des Balkans n'est guère meilleure pour l'Empire que celle de sa frontière orientale. Depuis plusieurs décennies, la frontière du Danube a cédé avec l'incursion de peuplades slaves qui ont fondé des sklavinies, des principautés indépendantes, au sud du fleuve jusqu'en Grèce. En parallèle, depuis la bataille d'Ongal, les Bulgares contrôlent la région du Danube. La pénétration slavo-bulgare met en péril les bastions de la présence byzantine dans les Balkans, jusqu'à Thessalonique, plusieurs fois menacée par les Slaves. Vers 688, Justinien II décide de mater ces derniers par une démonstration de force de sa cavalerie. Il fait campagne en Thrace et va jusqu'à Thessalonique. Là, il soumet 30 000 Slaves qu'il déporte en Bythinie. Il semble également les avoir christianisés puisqu'il est fait référence, quelques années plus tard, à un évêque de Gordoserbie, qui pourrait être celui d'un des établissements slaves d'Anatolie. Par ce mouvement, il entend à la fois consolider la présence byzantine autour de Thessalonique et renforcer les défenses anatoliennes en leur adjoignant un contingent de forces slaves[13]. Justinien semble avoir joui d'une postérité favorable à Thessalonique. Constance Head émet l'hypothèse que d'anciennes fresques découvertes dans la basilique Saint-Dimitri de Thessalonique pourraient dépeindre l'arrivée de Justinien II dans la cité[14]. De même, un fragment de mosaïque découvert sur un reliquaire de la basilique fait référence à Justinien, demandant l'aide de Démétrios de Thessalonique pour vaincre ses ennemis[15]. Le fait que ce fragment date de l'ère Paléologue atteste de la permanence de son souvenir[16]. S'il ne reconquiert pas véritablement de territoire, il consolide fortement le thème de Thrace, dont il est parfois crédité de la création par les historiens. En revanche, le récit de Théophane selon lequel il aurait échappé de justesse à la mort, lors d'une embuscade tendue par les Bulgares sur le chemin du retour, est probablement erronée, étant donné qu'il n'est pas confirmé par d'autres sources, en particulier celle de Nicéphore de Constantinople[17].

En 691, Justinien II organise le transfert d'une bonne partie de la population de Chypre, soumise à une insécurité permanente, en Bithynie, près de Cyzique. Se souvenant certainement de la fondation de la métropole de Justiniana Prima par son homonyme Justinien, il crée lui-même « Justinianopolis », avec un métropolite jouissant des privilèges combinés de ceux de Cyzique et de Chypre.

L'une des premières pièces en or (solidus) représentant Justinien II, associé à la Croix au revers, accompagnée de la mention « L'Empereur victorieux ». Justinien porte l'orbe crucigère, symbole du triomphe du christianisme sur le monde. L'inscription « CONOB » au bas de la pièce se réfère à Constantinople et au métal utilisé, en l'occurrence de l'or pure.
Semissis en or frappée au début du règne de Justinien II. Cette pièce vaut la moitié d'un nomisma. La mention au revers « Victoria Aug » se traduit par « L'Empereur victorieux ».

Les premières monnaies frappées par Justinien II reprennent le type byzantin du VIIe siècle, soit la figure de l'empereur associée, sur les solidus (ou nomismata), à la Croix surplombant trois marches. Il est représenté sous des traits juvéniles et portant les attributs classiques du pouvoir byzantine, dont l'orbe crucigère[18]. Au début des années 690, l'empereur ordonne la frappe de nouveaux nomismata avec sur une face son portrait, comme c'est l'usage, mais tenant une grosse croix, et sur l'autre un buste du Christ devant également une croix. C'est une innovation importante qui confirme la christianisation de fond de l'Empire, qui abandonne ou substitue les anciennes formes romaines au profit de références chrétiennes. En effet, c'est la première fois que la figure du Christ est représentée, sous la forme du Christ dit Pantocrator.

Exemple de dinar dit au calife debout, qui apparaît sous le calife Abd al-Malik et qui représente un personnage, vraisemblablement le calife, accompagné de la Chahada, rompant ainsi avec le modèle byzantin jusqu'alors reproduit sur les premières monnaies musulmanes.

De nombreuses interprétations ont émergé pour expliquer cette innovation. Pour des historiens, elle serait une réaction au fait que le califat musulman, qui reproduit jusqu'alors fidèlement le type des monnaies byzantines, décide de créer des pièces contenant la Shahada, la profession de foi musulmane ou bien une représentation du calife, à la place de celle de l'empereur. Justinien aurait alors réagi en affirmant l'aspect chrétien des pièces byzantines. C'est par exemple la thèse défendue par Mike Markowitz[19]. Toutefois, dans un article dédié à la question, Cécile Morrisson et Vivien Prigent font remonter la première émission des pièces comprenant le Christ à 691, juste avant le concile in Trullo qui, en condamnant le monothélisme, réaffirme la place du Christ dans certains pans de la théologie chrétienne, notamment l'importance des fêtes pascales. Il serait d'ailleurs significatif que les mêmes pièces comprenant le Christ font figurer l'empereur avec le loros, une sorte d'écharpe disparue depuis des décennies des monnaies byzantines mais devenue justement un attribut de l'habillement de l'empereur lors de Pâques. Il est alors possible que les Musulmans aient réagi à cette innovation en faisant évoluer eux-mêmes leurs pièces de monnaie, refusant d'y représenter le Christ. Ainsi, dès 691, elles font figurer le « calife debout » et non l'empereur, même s'il est difficile de lier les deux innovations. En effet, les pièces de Justinien font aussi apparaître l'empereur au revers et non plus au droit, laissant cette place au Christ alors que le calife debout reste au droit. Dans l'ensemble, Cécile Morrisson et Vivien Prigent contestent l'idée d'une influence réciproque des monnayages byzantins et musulmans.

Pièce en argent (hexagramme) figurant le Christ au droit et l'empereur au revers, portant la croix dans sa main droite et l’akakia dans la main gauche.

Justinien II refuse alors le tribut du calife, payé avec ces pièces, et insiste pour recevoir des pièces avec un buste du Christ. Le traité est rompu, mais Justinien ne s'est pas encore rendu compte que la situation dans le califat est devenue bien différente, et que la position d'Abd Al-Malik est désormais bien plus forte.

Lors de son deuxième règne, Justinien II fait évoluer la représentation de la figure du Christ, dépeint avec des cheveux bouclés et plus courts, proches de l'image du Christ figurant dans les Évangiles de Rabula? L'orbe portée par Justinien comprend désormais la mention Pax (paix)[20]. Rapidement, il associe la figure de son fils Tibère à ses côtés, pour préparer sa succession[21].

Les monnaies en argent (les hexagrammes) devenues rares dans le monde byzantin subsistent sous Justinien II. Elles ne semblent frappées qu'à des occasions spéciales et représentent également le Christ au droit, associé à l'empereur au revers[22].

Politique religieuse

[modifier | modifier le code]

À l'automne 692, il se fait l'émule à la fois de son père et de son homonyme Justinien sur un autre terrain : la convocation d'un concile œcuménique[23]. Comme il n'y a alors aucune question théologique à trancher, on décide de se concentrer sur la discipline et la liturgie, avec un concile complétant le cinquième (convoqué par Justinien) et le sixième (convoqué par Constantin IV), réputés déficients de ce point de vue : il est donc appelé le « concile in Trullo » (Πενθέκτη σύνοδος). Composé de 215 évêques (dont 183 du ressort du patriarche de Constantinople, Thrace et Asie mineure), il statue sur un grand nombre de pratiques et coutumes tant du clergé que des laïcs. Il bannit notamment les dernières pratiques païennes qui subsistent, de même que certains usages apparentés au paganisme, comme les masques issus du théâtre grec ou la divination[24]. Pour autant, ces pratiques ne cessent pas toujours et Justinien lui-même aurait consulté un dénommé Cyrus pour prédire l'avenir[25]. Certaines exigences morales, notamment pour le clergé, sont renforcées avec la prévention de la pornographie ou de la prostitution, de même que l'usage du prêt avec intérêt est strictement prohibé pour les hommes d'Église[26].

Mais la conséquence de sa composition, et du caractère très concret de son ordre du jour, est qu'il décide l'imposition des usages de l'Église grecque à toutes les autres Églises, notamment la latine, qui en ont souvent de très différents. Dans ce concile « œcuménique », le pape est supposé être représenté par Basile, métropolite de Gortyne (la Crète étant à l'époque du ressort de Rome) et par son légat à Constantinople, mais leurs titres de représentation ne sont apparemment pas très clairs[27]. Basile signe les actes, prétendant engager la papauté. Néanmoins, le document final signé par Justinien laisse une place vacante pour que le pape y appose la sienne. Mais quand Serge Ier reçoit les actes du concile, en 693, il les rejette complètement, déniant toute valeur à ce concile[28]. Les raisons de ce refus sont multiples. Elles tiennent à la place marginale tenue par les légats papaux dans les discussions, qui aboutit de fait à donner une influence prépondérante à l'Eglise byzantine. Plusieurs décisions, à propos du célibat des prêtres, sur la condamnation de l'observation du jeûne du samedi propre aux églises latines ou sur la primauté romaine sont mal perçues par la papauté[29]. Celle-ci y voit plus largement une menace sur son indépendance et sa primauté. En effet, tout en acceptant celle-ci, le concile décide que le siège de Constantinople doit jouir des mêmes privilèges et des mêmes statuts que celui de Rome[27].

Pendant plusieurs mois, les échanges se poursuivent, sans aucun résultat. Finalement, Justinien II, dans une opération d'intimidation, envoie le magistrianos Serge à Rome, et celui-ci arrête deux collaborateurs du pape (Jean de Porto, légat pontifical au concile de 680, et le conseiller Boniface), qui sont emmenés à Constantinople[30],[31]. Serge Ier ne cédant pas, le protospathaire Zacharie est envoyé pour l'arrêter lui-même, mais les troupes italiennes de l'exarque de Ravenne se mutinent et sont sur le point de lyncher Zacharie, qui ne doit son salut qu'à l'intervention du pape lui-même, puisqu'il se réfugie dans sa résidence[32],[31]. Cet événement consacre la division croissante entre l'Italie et Constantinople. Le rôle de l'exarque de Ravenne dans cette affaire n'est pas mentionnée mais c'est la première fois qu'une telle défiance envers l'autorité impériale s'affirme en Italie. Alors que les prédécesseurs de Justinien II sont parvenus à congédier certains papes, lui-même se heurte à une opposition victorieuse. Il est d'ailleurs possible que l'empereur réagisse en détachant de Rome le diocèse d'Illyrie orientale, regroupant une bonne part des Balkans, la Grèce et les îles de la mer Egée, pour le mettre sous l'obédience de Constantinople[33].

En dépit des divisions que suscite le concile In Trullo, Justinien en a tiré une certaine aura auprès de plusieurs Eglises orthodoxes, qui ont reconnu sa sainteté et le fêtent le 15 juillet, en raison de son rôle dans la redéfinition de pans importants de la théologie[34].

Réformes administratives et gouvernement

[modifier | modifier le code]

Lors de son premier règne, Justinien II se distingue par des mesures parfois sévères prises à l'encontre de divers pans de la société, qui contribuent à son impopularité et mènent à sa chute. Il s'appuie beaucoup sur quelques fonctionnaires pour mener ces réformes. Constance Head note d'ailleurs la similitude avec le règne de Justinien Ier, dont l'admninistration est l'apanage de Jean de Cappadoce[35]. Deux personnages se distinguent : l'eunuque Étienne le Perse nommé sacellaire et le moine défroqué Théodote, nommé logothète général, soit le responsable du trésor impérial. Il s'agit d'ailleurs de la première occurrence de cette fonction. Ces deux hommes vont s'efforcer d'augmenter les revenus fiscaux d'un Empire en crise, au risque de provoquer l'ire d'une partie de la population, en particulier l'aristocratie, dont Justinien paraît se méfier[36]. Il est difficile de connaître le degré de véracité des récits de chroniqueurs souvent hostiles à l'empereur mais ses deux fonctionnaires semblent avoir usé de moyens parfois cruels, notamment la torture ou l'emprisonnement arbitraire, pour parvenir à leurs fins[37],[38].

C'est également sous Justinien qu'une importante réforme fiscale serait intervenue même si les sources historiques sont très laconiques. Jusqu'à présent, la taxe foncière est intimement associée à la taxe levée sur les individus (la capitation), liant fortement l'homme à la terre. La dernière mention de ce système intervient vers 687. Par la suite, la taxe sur les individus est remplacée par le kapnikon, un impôt sur les foyers, distinct de la taxe foncière. Néanmoins, la date de cette réforme est très incertaine et pourrait intervenir postérieurement à la mort de Justinien II[39]. Quoi qu'il en soit, en séparant plus nettement l'individu de la terre, cette réforme aurait permis une plus grande mobilité, en particulier pour les paysans souvent soumis à une forme de servage et aurait donc, conséquemment, déplu à l'aristocratie.

Justinien II se distingue également par l'ampleur de sa politique de migrations forcées de certaines populations. C'est une pratique récurrente des souverains byzantins, qui leur permet soit de renforcer certaines zones frontalières, soit de réduire le risque séditieux de certaines populations en les déplaçant. Ces deux objectifs ne sont d'ailleurs pas incompatibles. Toutefois, Justinien II porte cette pratique à des niveaux rarement atteints[40]. Par ailleurs, il poursuit la politique provinciale de son temps. La structure administrative de l'Empire est alors en pleine évolution, avec l'émergence des thèmes, de nouvelles provinces à dominante militaire. L'essor de ces entités demeure mal compris et il n'est pas possible de déterminer quel souverain les a véritablement créées. De même, leur périmètre territorial est parfois incertain. Ainsi, à l'occasion du concile, l'empereur fait référence aux thèmes des Arméniaques, des Anatoliques et de l'Opsikion, particulièrement bien connus. En revanche, le thème de Thrace peut se référer soit à celui des Thracésiens en Anatolie, soit à la Thrace en Europe, une solution qui a la faveur des historiens. C'est également sous son règne qu'apparaît le thème de l'Hellade[41]. Toutefois, comme le souligne Jean-Claude Cheynet, il s'agit alors moins d'une circonscription territoriale qu'un corps d'armée principalement recruté en Grèce, celle-ci ayant été en partie débarrassée des populations slaves quelques années auparavant[42]. Enfin, Justinien aurait érigé la Sicile en Sicile à une date incertaine mais peut-être en réaction à la perte d'influence byzantine en Afrique, l'île étant alors l'une des rares régions de l'Empire préservée par la guerre[43].

Ce système des thèmes repose sur l'existence de paysans soldats, des hommes libres qui disposent d'une parcelle de terres et mobilisables en temps de guerre pour assurer principalement des fonctions défensives, en lien avec les assauts répétés des Musulmans sur la frontière orientale. Ce système militaire qui semble apparaître au VIIe siècle aurait été soutenu par Justinien II et expliquerait notamment sa politique parfois hostile à la grande aristocratie. Il préserve plutôt les droits de ces propriétaires plus modestes, qui constituent désormais l'ossature de l'armée byzantine. Ainsi, les historiens attribuent régulièrement le Nomos Georgikos, un corpus de lois codifiant des règles applicables aux paysans propriétaires, à Justinien II[44],[N 3].

En 694, le changement de l'équilibre des pouvoirs au Proche-Orient, avec le rétablissement du pouvoir califal, se manifeste par le fait que le prince d'Arménie byzantine mis en place par le stratège Léonce quelques années auparavant transfère sans coup férir son allégeance de l'empereur au calife. Pendant l'été, Abd Al-Malik envoie en Cilicie une armée comprenant les mercenaires slaves ayant changé de camp à Sébastopolis, et les troupes locales byzantines sont défaites. La même année, l'empereur expédie au calife des colonnes destinées à la reconstruction de la mosquée de La Mecque, détruite pendant des combats entre les factions musulmanes, en 692 : sinon, Abd Al-Malik a menacé de dépouiller les églises de Jérusalem.

Le bâtisseur

[modifier | modifier le code]

A l'instar de son glorieux homonyme, Justinien II se lance dans un programme de constructions d'une relative envergure au regard des difficultés de l'Empire, même si nombre de ses réalisations n'ont probablement pas survécu dans les sources. Il s'engage surtout dans l'agrandissement et l'embellissement du Grand Palais même si les détails manquent sur son programme artistique. Il érige surtout deux grands halls de réception, le triklinos et le lausiacos, cette dernière pièce ou galerie permettant peut-être de connecter la salle du trône au palais de Daphnè. Quant au triklinos, aussi surnommé Ioustinianos, il donne directement accès à la kathisma, la loge impériale de l'Hippodrome, lieu hautement symbolique du pouvoir. Il pourrait avoir décoré le triklinos de proues de navires capturés car des trophées sont parfois mentionnées dans les descriptions de la pièce[45]. En parallèle, il renforce les défenses du Palais par l'érection de murs.

Selon une anecdote rapportée par Théophane, il aurait fait détruire une chapelle pour y bâtir à la place une fontaine et une série de bancs où il aurait eu l'habitude de recevoir les représentants des dèmes, en particulier les Bleus. La destruction d'un lieu de culte pouvant passer pour une impiété, il demande au patriarche de la déconsacrer, ce que celui-ci semble refuser, allant jusqu'à prononcer une sorte de prière au moment de la cérémonie, pour marquer sa désapprobation[46].

Il aurait également décoré le Milion, colonne centrale de la ville, de six plaques représentant les six premiers conciles œcuméniques, même si l'attribution à Justinien demeure hypothétique[47].

Déposition

[modifier | modifier le code]
Miniature illustrant la mutilation de Justinien II dans la traduction française du De casibus virorum illustrium de Giovanni Boccaccio.
Manuscrit français du début du XVe siècle représentant la mutilation infligée à Justinien II.

Pendant l'été 695, une armée arabe met au pillage l'Arménie byzantine, s'avançant loin vers l'ouest et emmenant de nombreux captifs. Cette fois, la faiblesse de l'Empire en face du califat apparaît crûment, et la réputation d'empereur victorieux qu'avait pu se faire brièvement Justinien II sombre complètement. En septembre, probablement dans le but de désamorcer l'hostilité des nombreux amis du stratège Léonce, qui n'ont jamais admis son arrestation et son incarcération pendant trois ans, Justinien II le fait libérer et le nomme stratège du nouveau thème d'Hellade, à la tête d'une petite troupe[48]. Léonce doit quitter la capitale le jour même de sa sortie de prison, mais aussitôt, avant même qu'il ne parte, une conspiration prend forme autour de lui, avec le soutien de membres de l'aristocratie sénatoriale et du haut clergé, y compris le patriarche Callinique Ier. Visiblement, les haines se sont accumulées autour de l'empereur. Deux moines semblent se distinguer : Paul et Georges, qui incitent fortement Léonce à se révolter[49].

La nuit suivante, une opération est lancée contre le prétoire, siège de l'éparque, qui est capturé et ligoté. Les prisons dans lesquelles croupissent des opposants sont ouvertes et des armes distribuées. Accompagné des deux moines qui l'assistent dans le complot (dont l'higoumène Georges de Cappadoce, du monastère de Florus près du Bosphore), Léonce se rend chez le patriarche, qui prête son concours. Des émissaires sont envoyés dans les quartiers de la ville pour ameuter la foule pour le lendemain matin à Sainte-Sophie. Des rumeurs selon lesquelles l'empereur préméditerait un massacre de grande ampleur sont propagées. Théophane le Confesseur les rapportent pour vraies, disant que l'empereur aurait commandé que le patriarche soit tué en premier[50]. Selon la chronique tardive de Georges le Moine, la faction des Bleus aurait soutenu le coup d'État. À Sainte-Sophie, le patriarche Callinique Ier prend la parole et soutient sans ambiguïté l'entreprise. La foule se déplace alors à l'hippodrome de Constantinople. Justinien II est arrêté dans le Palais, sans qu'apparemment personne ne tire l'épée pour le défendre, et traîné dans l'hippodromeLéonce trône déjà revêtu de la pourpre impériale. La foule réclame à grands cris l'exécution immédiate du souverain déchu. Léonce lui fait grâce, mais lui fait couper le nez et peut-être la langue pour l'empêcher à jamais de revendiquer à nouveau le trône. Pour autant, ses capacités d'élocution n'ont pas été atteintes, ce qui rend incertain la réalité de cette mutilation[51]. Quant aux ministres détestés, Étienne le Perse et Théodote, ils sont extraits du Palais, attachés par les pieds et traînés dans les rues, et enfin brûlés vifs sur le Forum du Bœuf[52]. Le sort immédiat de Justinien est incertain. Les mutilations qu'il subies, notamment la perte du nez, sont souvent mortelles, ce qui expliquerait la supposée clémence de Léonce à son égard. Selon la chronique tardive d'Agnellus de Ravenne, dont la crédibilité est douteuse, il aurait été laissé pour mort sur une plage[53].

Quoi qu'il en soit, cette mutilation du nez est censée rendre Justinien inapte au pouvoir car tout candidat impérial doit normalement être en pleine possession de son intégrité physique, ce qui explique l'usage courant de la mutilation comme sanction politique. Comme le souligne, Annalisa Paradiso, l'empereur doit être l'image de Dieu sur terre et l'ablation de toute partie de son visage constitue une forme de sacrilège et équivaut à une mise à mort symbolique de la victime[54].

Solidus d'or à l'effigie de Léonce, qui se fait appeler Léon lors de son règne.

Finalement, Justinien II est embarqué avec quelques-uns de ses proches et partisans et exilé dans la cité de Chersonèse, sur la côte nord de la mer Noire. À cette date, à vingt-sept ans, il a été marié une fois, fiancé en 680, avec une femme nommée Eudoxie, dont on ne sait rien sinon qu'elle a dû mourir avant 695, puisqu'elle a été enterrée à Constantinople, dans l'église des Saints-Apôtres[55]. Ils ont eu une fille, dont le nom n'est pas donné dans les chroniques, mais qui s'appelait peut-être Anastasie, comme sa grand-mère. On nous dit seulement qu'elle est fiancée en 705 à Tervel, le khan des Bulgares, auquel il est donné le titre de césar. On ignore le sort d'Anastasie après 705.

Carte de certaines des localités grecques devenues pour certaines byzantines implantées au nord de la mer Noire, dont Chersonèse où est exilé Justinien II avant de partir pour l'intérieur des terres (autour de la Néapolis scythe) puis d'épouser Théodora à Phanagoria.

Quoi qu'il en soit, la cité de Cherson ou Chersonèse, est alors un lieu d'exil récurrent de l'Empire byzantin. Si la cité appartient nominalement à l'Empire, elle est particulièrement isolée et dispose d'une autonomie forte, tout en cultivant des relations spéciales avec les peuples de la steppe pontique, en l'occurrence, les Khazars. S'il est exilé, Justinien II est relativement libre de ses mouvements et peut nouer des contacts avec les élites locales et avec les Khazars. Il aurait notamment été soutenu par un clerc du nom de Cyrus, particulièrement dévoué[56]. En 703-704, Justinien II, n'a pas renoncé à recouvrer son trône, malgré sa mutilation. Il en serait venu à évoquer ses plans trop ouvertement, au point que les autorités locales auraient envisagé de l'emprisonner voire de l'envoyer devant Tibère III Apsimar, qui a renversé Léonce en 698[57]. Justinien l'apprend à temps et s'enfuit à Douros, une cité tenue par les Goths de Crimée[58]. Ses relations avec les Khazars aboutissent à son union avec une soeur du khagan, dénommée Théodora de Khazarie après son baptême, probablement en référence à l'impératrice Théodora[59]. Les deux époux s'installent ensuite à Phanagoria[57]. Ce mariage consacre l'alliance entre Justinien et les Khazars, ce que Tibère interprète comme une menace. Il décide alors de commanditer l'assassinat de Justinien mais celui-ci, mis au courant, parvient à s'enfuir. Il ne peut compter sur son beau-frère, qui a pactisé avec Tibère III et c'est sa femme, alors enceinte, qui l'avertit que deux gouverneurs khazars, Papatzys et Balgitzin, ont ordre de l'exécuter[60]. Néanmoins, elle ne peut partir avec lui après qu'il leur a tendu un piège pour les tuer[61]. C'est vers le khan des Bulgares Tervel que Justinien trouve asile à la fin de l'année 704[62]. Selon le récit qu'en fait Théophane le Confesseur, il vogue sur un bâteau de pêcheurs au large de Cherson, où le rejoignent quelques fidèles[N 4]. Il fait ensuite voile vers le golfe carcinitique, non sans avoir essuyé une tempête, avant de pénétrer dans le delta du Danube, dominé alors par les Bulgares. Il charge Etienne de les contacter[63].

Le retour sur le trône

[modifier | modifier le code]
Mosaïque du VIIe siècle représentant Justinien II, Basilique Saint-Apollinaire in Classe, Ravenne.
La carte du khanat des Bulgares au moment du règne de Justinien II. C'est alors une puissance montante, qui domine les deux rives du Danube à son embouchure.

Il s'entend parfaitement avec Tervel, qui accepte de mettre à sa disposition une armée de quinze mille hommes pour récupérer son trône. Cette alliance repose sur un intérêt mutuel. Pour Justinien II, elle lui garantit un appui militaire de premier plan, alors qu'il n'a que peu de soutiens parmi l'élite byzantine. Pour Tervel, c'est l'opportunité de gagner en prestige avec des promesses de titres et de cadeaux et d'espérer obtenir des concessions territoriales[N 5]. Il se serait également vu promettre d'épouser une fille de Justinien, probablement Eudoxie, même si le destin de cette dernière est particulièrement obscur et rien n'indique que Justinien a gardé des liens avec elle durant son exil[64].

Tibère III, averti, rappelle précipitamment son frère le monostratêgos Héraclius de la frontière orientale. Héraclius s'avance avec son armée vers la Bulgarie, mais Justinien II et Tervel le contournent et se hâtent vers Constantinople (juillet 705). Pendant trois jours, les deux hommes font le siège de la capitale mais, selon Théophane, Justinien essuie des insultes et ne peut convaincre la population de se soulever en sa faveur[65]. Finalement, Justinien II lui-même, accompagné de quelques hommes, se glisse dans la canalisation de l'aqueduc de Valens, désaffectée depuis le siège de la ville par les Avars en 626, et parvient à faire ouvrir une porte. Il n'est pas exclu que ce soit lui qui ait eu l'idée d'utiliser ce passage méconnu[66]. Pendant que son armée prend le contrôle de la capitale, Tibère III s'enfuit à Sozopolis. Lui et son frère Héraclius, abandonnés peu à peu par leurs troupes, sont capturés quelques mois plus tard.

Le second règne (705-711)

[modifier | modifier le code]

Rarement dans l'histoire byzantine, un souverain déchu parvient à reprendre son trône. Marqué par des années d'exil et une mutilation humiliante, Justinien II en aurait tiré un profond désir de vengeance, largement décrit voire amplifié par les chroniqueurs ultérieurs qui lui sont hostiles. Longtemps, ce deuxième règne a été perçu comme une période de répression aveugle, ne contribuant qu'à affaiblir un peu plus un Empire en crise. Toutefois, certains historiens modernes comme Constance Head se sont efforcés de réinterpréter ce second règne, considérant qu'au-delà d'une répression réelle des principaux opposants politiques, Justinien II se met en quête d'alliés et tente de rétablir certaines situations périlleuses[67].

La répression

[modifier | modifier le code]

Justinien II réprime brutalement ses adversaires. Selon Théophane, il fait empaler Héraclius et ses principaux officiers. Il fait tirer Léonce du monastère où il est reclus, pour rejoindre Tibère. En février 706, lors des fêtes célébrant le retour de Justinien, tous deux sont contraints de parader enchaînés dans les rues de la capitale avant d'être jetés aux pieds de l'empereur lors d'une session de courses de char à l'hippodrome. Justinien se tient par-dessus eux durant les courses avant de les envoyer être décapités, alors que la foule scande un verset du Psaume 91[N 6],[68],[69]. Il fait également aveugler le patriarche Callinique qui s'est opposé à lui et l'exile à Rome. Contrairement à l'usage qui voulait que le patriarche soit choisi dans le clergé séculier de la capitale, il le remplace par un moine d'Amastris de sa connaissance, Cyrus de Constantinople, qui aurait prédit son retour. Enfin, d'autres opposants plus ou moins déclarés auraient été tantôt décapités, tantôt empalés après avoir été piégés ou bien jetés dans la mer à l'intérieur d'un sac[68].

Théophane le Confesseur souligne la multitude des victimes de la répression de Justinien, qui va bien au-delà d'un cercle d'opposants déclarés. D'autres sources sont moins disertes, notamment les récits occidentaux tel que le Liber Pontificalis, qui ne mentionnent que les condamnations les plus emblématiques, celles de Léon, Tibère III et Callinique. Plus largement, c'est l'orientation du deuxième règne de Justinien II qui est en jeu, souvent dépeint comme un moment de vengeance et d'oppression de la part d'un empereur humilié. Une vision plus pondérée raccroche les décisions de Justinien à sa posture plus largement méfiante voire hostile envers une certaine aristocratie, déjà en jeu lors de son premier règne[70]. A rebours des récits sanglants à propos du retour de Justinien II, Constance Head note que le fils de Tibère III, Théodose, est épargné alors même qu'il représente une menace non négligeable[71].

Une diplomatie active

[modifier | modifier le code]
Solidus d'or du second règne de Justinien, reprenant l'image du Christ et associant à son propre profil celui de son fils et successeur désigné, Tibère.
La bataille d'Anchialos (708). Si Justinien parvient brièvement à reprendre la ville, ses troupes sont rapidement mises en fuite alors qu'elles sont à l'extérieur de la cité et Justinien doit rejoindre sa flotte de nuit pour rejoindre Constantinople. La présence de Tervel lors de cette bataille reste hypothétique.

Durant l'essentiel de son second règne, Justinien II tente de forger un réseau d'alliances. Même s'il s'est emparé de Constantinople par un stratagème qui n'a pas requis l'intervention des troupes bulgares, Tervel attend légitimement son dû. Le contenu exact du marché entre les deux souverains reste teinté de mystère. Il a certainement reçu une forte somme d'or et des cadeaux de prestige, de même que le titre de césar qui fait rentrer Tervel dans le réseau d'influence de l'Empire byzantin et confirme la capacité de celui-ci à jouir de son prestige. Cette nomination se fait au cours d'une cérémonie dans le Grand Palais, lors de laquelle Tervel s'asseoit aux côtés de Justinien. Le geste n'est pas neutre car le titre de césar, le plus élevé de la hiérarchie impériale après l'empereur, est concédé pour la première fois à un prince étranger. Sur la concession d'une province aux Bulgares, les historiens sont bien plus partagés. Une fois Tervel reparti, il est difficile de retracer le cours des relations byzantino-bulgares. Théophane mentionne un bref conflit en 708 avec les Bulgares mais il est possible qu'il s'agisse d'une faction qui ne reconnaît pas l'autorité de Tervel car celui-ci se reconnaît encore comme l'allié de Justinien en 711[72]. Quoi qu'il en soit, le résultat de cette guerre éphémère est un désastre pour Justinien, qui essuie une lourde défaite en tentant de reprendre la forteresse d'Anchialos avec l'appui de la flotte et Justinien ne parvient à s'enfuir que grâce au couvert de la nuit[73].

Il envoie également une ambassade auprès du khagan des Khazars pour faire venir son épouse Théodora de Khazarie et leur fils né en 704 qu'il appelle Tibère et qu'il associe au trône en 705. Alors même que le souverain des Khazars a tenté de le faire assassiner, il est plutôt dans une logique de conciliation. Il se distingue également par sa loyauté envers son épouse khazare, alors même que c'est la première fois de l'histoire byzantine qu'un souverain est marié à une princesse étrangère, un fait qui a dû paraître surprenant, voire choquant à ses contemporains, convaincus de la supériorité de leur Empire, héritier de la puissance romaine[74]. Quoi qu'il en soit, il parvient à faire revenir Théodora en envoyant une flotte importante la récupérer, peut-être également destinée à impressionner le khagan, même si une tempête en aurait coulé une partie[75].

Dès son arrivée à Constantinople, Théodora, accompagnée de son jeune fils prénommé Tibère, sont couronnés. De façon marquante, Tibère est associé au trône de son père alors qu'il n'a que quelques mois. La pratique du coempereur n'est pas nouvelle mais c'est la première fois qu'un héritier est couronné aussi jeune. Probablement Justinien espère-t-il par-là consolider son propre pouvoir[76]. De même, il le fait figurer très tôt sur les pièces de monnaie de son deuxième règne[77].

Le calife Abd Al-Malik meurt peu après la restauration de Justinien II ; son fils Al-Walīd Ier lui succède. Pendant ce temps, Muhammad, frère d'Abd Al-Malik, finit de soumettre l'Arménie byzantine révoltée en massacrant la noblesse du pays. Il est possible qu'en 706, un général byzantin du nom de Marianus sorte victorieux d'une confrontation avec une force arabe envoyée pillée les terres byzantines. En représailles, à une date incertaine, aux environs de 708, Maslama ben Abd al-Malik, demi-frère du nouveau calife, envahit la Cappadoce et fait le siège de la ville de Tyane pendant plusieurs mois[N 7],[78]. Justinien II envoie deux stratèges à la tête d'une armée grossie de paysans irréguliers, mais ils sont battus à plates coutures. Tyane est mise à sac et ses habitants déportés[79]. La suite des événements est également imprécise dans sa chronologie et dans son déroulé, les sources byzantines et arabes étant parfois discordantes. Ce qui est certain, c'est que les raids sont récurrents et affaiblissent une défense byzantine de plus en plus en difficultés face à la pression adverse. Les cités d'Héraclée du Pont ou d'Héraclée Cybistre auraient été prises, tandis que des forces arabes se seraient aventurées jusqu'aux abords de Nicomédie[80],[79].

En dépit de ces agressions répétées, Justinien II tente d'obtenir la paix. Dès son retour sur le trône, il libère 6 000 prisonniers arabes en guise de bonne foi. Surtout, quelques temps plus tard, il envoie des travailleurs et des matériaux pour aider à l'agrandissement de la mosquée du Prophète à Médine, un geste surprenant mais qui témoigne peut-être de la volonté du souverain byzantin d'obtenir un accord ou de promouvoir les échanges entre les deux empires. Cependant, cet événement n'est mentionné que par deux sources arabes plus tardives, celle d'Al-Tabari et celle d'Ibn Zabala, qui indiquent l'envoi d'une grande quantité de poivre par al-Walid en retour[81].

Un autre aspect de la politique orientale de Justinien réside dans sa tentative de récupérer l'alliance des princes caucasiens, également menacés par la poussée musulmane. Ainsi, le royaume de Lazique et le royaume d'Abasgie se sont tous deux soumis au calife. Il envoie dans cette région un de ses officiers, rencontré alors qu'il est sur le chemin pour reprendre le pouvoir en 705 : Léon l'Isaurien, le futur empereur qui parvient sur le trône en 717[82]. Devenu l'un des favoris de l'empereur, il aurait suscité des jalousies et peut-être la méfiance de Justinien, qui l'envoie dans une mission diplomatique, possiblement pour négocier une alliance avec les Alains[83]. Il est difficile de discerner la réalité de la légende mais Léon serait parvenu à contacter les Alains, non sans avoir désobéi aux ordres, ce que lui aurait reproché Justinien. Il lui aurait finalement pardonné devant le succès de la mission de Léon. Toutefois, malgré l'envoie d'une armée aux environs d'Archéopolis, les Byzantins ne peuvent réellement contester la suprématie musulmane dans la région[84],[85]. Quant aux relations entre Léon et Justinien II, elles restent environnées de mystères, entre disgrâce et retour en grâce, méfiance et défiance, il est possible que les deux hommes ne se soient jamais revus[86].

En 709, Justinien II envoie pour punir Ravenne, une ville qu'il considère comme rebelle (peut-être depuis la mésaventure du protospathaire Zacharie en 694), une flotte commandée par le patrice Théodore. À son arrivée, celui-ci invite tous les notables de la cité à un banquet, et quand ils sont tous réunis, il les fait arrêter, embarquer, et les conduit à Constantinople. Là, Justinien les condamne à mort, sauf l'archevêque Félix, qui est seulement aveuglé. Cette opération affaiblit encore plus la position des Byzantins en Italie, où ils sont de plus en plus détestés. Mais l'empereur invite le pape Constantin à venir dans la capitale pour régler sereinement la querelle ouverte par le concile in Trullo de 692.

La chute finale

[modifier | modifier le code]

En 710, la cité de Chersonèse, pour laquelle Justinien II n'a déjà aucune sympathie, se révolte en faisant appel aux Khazars de l'arrière-pays. L'empereur envoie une flotte commandée par le patrice Étienne Asmiktos qui reprend facilement la cité et procède à des exécutions de notables. L'aristocrate arménien Bardanès, banni par l'empereur, est laissé sur place. Mais en octobre, sur le chemin du retour, la flotte est prise dans une tempête et sombre corps et biens. Pendant ce temps, Chersonèse se révolte et fait à nouveau appel aux Khazars. Voulant jouer cette fois plus finement, Justinien II envoie une nouvelle flotte, commandée par le patrice Georges, logothète général, et l'éparque Jean, chargés de négocier. Mais les habitants de Chersonèse tuent eux-mêmes Georges et Jean, et livrent leurs hommes aux Khazars, qui les massacrent. Ensuite, début 711, ils proclament Bardanès empereur sous le nom de Philippicos.

Pendant ce temps, le pape Constantin, après avoir longuement hésité, s'est décidé à se rendre à l'invitation de l'empereur : partant de Rome en octobre 710, il arrive à Constantinople en février 711 et y est accueilli avec tous les honneurs. Il est reçu par Justinien II lui-même à Nicomédie. Les deux hommes mènent des négociations dont la teneur exacte n'est pas connue, mais il semblerait que le pape accepte de reconnaître une bonne partie des canons du concile (dont tous n'étaient pas contraires aux positions de la papauté), tandis que l'empereur accepte que l'Église latine n'en reconnaisse pas certains. Justinien se montre ici étonnamment flexible par rapport à certaines de ses attitudes passées.

Il faut qu'il s'occupe de la révolte de Chersonèse et de l'usurpation de Philippicos : il envoie une autre flotte, commandée par le patrice Mauros, vers la cité rebelle. Pendant ce temps, lui-même part en expédition vers l'est et rassemble ses troupes à Sinope (été 711). Mais arrivé à Chersonèse, après avoir pris quelques fortifications, Mauros s'aperçoit que sa mission est pratiquement impossible ; Philippicos, réfugié chez le khagan des Khazars, bénéficie de son soutien. Finalement, Mauros se rallie aux habitants de la ville, et tous rappellent Philippicos et l'acclament comme empereur. Ensuite, ils embarquent dans la flotte et se dirigent vers Constantinople.

Averti de ces événements, Justinien II, qui est à Sinope, revient précipitamment vers la capitale, mais il arrive trop tard : quand il atteint Chalcédoine, sur la rive asiatique du Bosphore, les rebelles sont déjà entrés dans la capitale, ont neutralisé ou tué les officiers qu'il y avait laissés, et ont aussi égorgé son jeune fils Tibère. Peu après, débarquant devant le camp de Justinien à Damatrys, Opsikion, près de Chalcédoine, des hommes de Philippicos et de Mauros parviennent à retourner une bonne partie de ses troupes en leur garantissant l'impunité si elles l'abandonnent. Justinien II, lâché par tous, est retrouvé et décapité par un de ses anciens gardes du corps, qui envoie sa tête à Philippicos. Celui-ci expédie, paraît-il, cette tête jusqu'à Rome. Il fut inhumé dans l'église des Saints-Apôtres en Constantinople. Son fils Tibère fut assassiné le même jour que son père en Blachernes et fut inhumé dans l'église de Sainte-Marie des Blachernes.

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. Michel le Syrien est d'ailleurs plus modeste dans son estimation des forces serbes, qu'il chiffre à 7 000.
  2. A titre d'exemple, John Breckenridge préfère y voir un Saint ((en) J.D. Breckenridge, « The Long Siege of Thessalonika: Its Date and Iconography », Byzantion, vol. 48,‎ , p. 116-122).
  3. Le débat sur l'attribution de ce corpus à Justinien II fait débat. La référence à Justinien pouvant également être liée à l'importante oeuvre législative de Justinien Ier. Historiquement, Franz Dölger rejette l'attribution à Justinien II ((de) Franz Dölger, « Ist der Nomos Georgikos ein Gesetz des Kaisers Justinian II ? », dans Festschrift fiir Leopold Wenger, Munich, 1944-1945, p. 221-248).
  4. L'exploitation des récits de Théophane le Confesseur et de Nicéphore de Constantinople permet de nommer les personnages suivants : Théophile, Etienne, Moropaulos, Barasbakourios qui meurt quelques années plus tard au service de Justinien et Salibas, un frère de l'empereur exilé.
  5. Une pierre gravée retrouvée sur les terres du khanat bulgare confirme une rencontre entre Tervel et Justinien II (Head 1972, p. 109-110).
  6. « Tu marcheras sur le lion et sur l’aspic, tu fouleras le lionceau et le dragon ».
  7. Soit en 707-708, soit en 708-709.

Références

[modifier | modifier le code]
  1. Head 1972, p. 157-158.
  2. Lilie 1976, p. 102-103.
  3. Head 1972, p. 34.
  4. Lilie 1976, p. 106-107.
  5. (de) Ralph-Johannes Lilie, Die byzantinische Reaktion auf die Ausbreitung der Araber. Studien zur Strukturwandlung des byzantinischen Staates im 7. und 8. Jhd, Munich: Institut für Byzantinistik und Neugriechische Philologie der Universität München, (OCLC 797598069), p. 101-102.
  6. (en) Khalid Blankinship, The End of the Jihâd State: The Reign of Hishām ibn ʻAbd al-Malik and the Collapse of the Umayyad, Albany, New York: State University of New York Press, (ISBN 978-0-7914-1827-7), p. 27-28.
  7. Head 1972, p. 35.
  8. Lilie 1976, p. 107-110.
  9. Treadgold 1997, p. 335.
  10. Head 1972, p. 42-43.
  11. (en) Mohamed Talbi, « Ḥassān b. al-Nuʿmān al-Ghassānī », dans The Encyclopaedia of Islam, Second Edition. Volume III: H–Iram, Leiden: Brill, (OCLC 495469525), p. 271
  12. (en) Walter Emil Kaegi, Muslim Expansion and Byzantine Collapse in North Africa, Cambridge University Press, (ISBN 978-0-521-19677-2), p. 14
  13. Crawford 2021, p. 177.
  14. Head 1972, p. 37-38.
  15. Head 1972, p. 38-39.
  16. Alexandre Vassiliev, « The Historical Significance of the Mosaic of Saint Demetrius at Sassoferrato », Dumbarton Oaks Papers, vol. 5,‎ , p. 31-39
  17. Head 1972, p. 41-42.
  18. Markowitz 2014, p. 2.
  19. Markowitz 2014, p. 4.
  20. Markowitz 2014, p. 11.
  21. Markowitz 2014, p. 12-13.
  22. Markowitz 2014, p. 5.
  23. Head 1972, p. 65.
  24. Head 1972, p. 67-68.
  25. Head 1972, p. 68.
  26. Head 1972, p. 68-69.
  27. a et b Herrin 2024, p. 320.
  28. Head 1972, p. 72-73.
  29. Head 1972, p. 75-77.
  30. Head 1972, p. 77-78.
  31. a et b Herrin 2024, p. 321.
  32. Head 1972, p. 78-79.
  33. Herrin 2024, p. 321-322.
  34. Head 1972, p. 70-71.
  35. Head 1972, p. 88.
  36. Head 1972, p. 89.
  37. Head 1972, p. 89-90.
  38. Mango et Scott 1997, p. 513.
  39. Head 1972, p. 90-91.
  40. Head 1972, p. 80.
  41. Kazhdan 1991, p. 911.
  42. Cheynet 2006, p. 449-450.
  43. Cheynet 2006, p. 480.
  44. Head 1972, p. 85-87.
  45. Head 1972, p. 52-53.
  46. Head 1972, p. 153.
  47. Head 1972, p. 153-154.
  48. Head 1972, p. 92.
  49. Head 1972, p. 92-93.
  50. Mango et Scott 1997, p. 514.
  51. Head 1972, p. 100.
  52. Head 1972, p. 95-96.
  53. Head 1972, p. 96.
  54. Annalisa Paradiso, « Mutilations par voie de justice à Byzance - L’ablation du nez dans l’Eklogê de Léon III l’Isaurien », dans La violence dans les mondes grecs et romains, Publications de la Sorbonne, (ISBN 979-10-351-0196-1), p. 307-320
  55. Information donnée dans le De ceremoniis de Constantin Porphyrogénète.
  56. Head 1972, p. 100-101.
  57. a et b Mango et Scott 1997, p. 520.
  58. Head 1972, p. 102.
  59. Head 1972, p. 105.
  60. Mango et Scott 1997, p. 520-521.
  61. Head 1972, p. 106-107.
  62. Jacques Piatigorsky et Jacques Sapir (dir.), L'Empire Khazar, VIIe – XIe siècle, Paris, Editions Autrement, , p.45
  63. Mango et Scott 1997, p. 521.
  64. Head 1972, p. 110.
  65. Head 1972, p. 110-111.
  66. Head 1972, p. 111.
  67. Voir à ce sujet (en) Constance Head, « Towards a reinterpretation of the second reign of Justinian II, 705-711 », Byzantion, vol. 40,‎ , p. 14-32
  68. a et b Mango et Scott 1997, p. 523.
  69. Head 1972, p. 115-116.
  70. Head 1972, p. 117-118.
  71. Head 1972, p. 118.
  72. Head 1972, p. 124.
  73. Head 1972, p. 124-125.
  74. (en) Georg Ostrogorsky, « The Byzantine Empire in the world of the seventh century », Dumbarton Oaks Papers, vol. 13,‎ , p. 58
  75. Head 1972, p. 119.
  76. Head 1972, p. 120-121.
  77. Head 1972, p. 121-122.
  78. Lilie 1976, p. 117.
  79. a et b Mango et Scott 1997, p. 526.
  80. Lilie 1976, p. 118.
  81. Head 1972, p. 126-127.
  82. Kazhdan 1991, p. 1935-1936.
  83. Mango et Scott 1997, p. 542.
  84. (en) Dmitry Afinogenov, « The Source of Theophanes’ Chronography and Nikephoros’ Breviarium for the years 685-717 », Hristianskij Vostok, vol. 4,‎ , p. 11-22.
  85. Marius Canard, « L’aventure caucasienne du spathaire Leon, le futur empereur Leon III », Revue des études arméniennes, vol. 8,‎ , p. 353-367.
  86. Head 1972, p. 128-131.

Bibliographie

[modifier | modifier le code]

Sources primaires

[modifier | modifier le code]

Sources secondaires

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]