Libreta
La libreta, mise en place par Fidel Castro en 1963, est un carnet d'approvisionnement distribué dans tous les foyers cubains. La libreta permet d'obtenir des produits de premières nécessités, à des prix bas, dans les magasins d'État (bodegas). C'est un système de rationnement géré par l'État.
Historique
[modifier | modifier le code]Les premiers rationnements alimentaires sont mis en place en juillet 1961. Fidel Castro impute ceux-ci à la situation économique issue du régime précédent, à la dégradation des relations avec les États-Unis et à la faible compétence des nouveaux cadres issus de la Révolution[1].
Le gouvernement cubain met en place la libreta, avec la création des Bureaux de contrôle et de distribution des aliments de Cuba (OFICODA)[2]. Une administration de 1 500 personnes est installée pour contrôler la mise en œuvre du disposif[3].
C'est un carnet de rationnement qui permet d'obtenir des produits de consommation à des prix subventionnés[4]. Ces aliments sont vendus dans les « bodegas » (épiceries d’État)[2].
Chaque famille reçoit son « livret de rationnement » en début d'année, chaque membre reçoit la même quantité de nourriture[5]. Ainsi tous les mois les familles cubaines reçoivent, avec la libreta, les produits alimentaires de première nécessité en payant uniquement le dixième de leur valeur sur le marché noir[6].
D'année en année, l'offre des produits diminue. « Quelques œufs, de l'huile, du riz, du sucre, des haricots rouges, du pain, du poulet et du café, rien de plus ». Cela permet de subsister environ deux semaines[7]. Toutefois il peut exister des rations supplémentaires pour les événements particuliers : gâteaux pour les anniversaires ou rhum et bière lors des mariages[8].
En 2011, Raúl Castro envisage de supprimer graduellement la libreta compte tenu de son coût annuel de un milliard de dollars, mais finalement il renonce à cette mesure[4].
Après les manifestations du 11 juillet 2021 à Cuba, le ministre de l'Économie Alejandro Gil indique que les Cubains pourront toujours conserver la libreta après un déménagement, ce qui n'était pas le cas auparavant[9]. De plus les bénéficiaires de la libreta vont recevoir trois livres supplémentaires de riz et ce au moins jusqu'à décembre 2021[10].
Analyse
[modifier | modifier le code]Pour l'économiste cubain Pavel Vidal tant que l'économie cubaine ne permet pas à chacun de gagner correctement sa vie (30 dollars de salaire mensuel en moyenne), la majorité de la population dépend « de l'approvisionnement universel pour ne pas sombrer dans la misère »[7].
Références
[modifier | modifier le code]- Verdès-Leroux 1989, p. 293 à 295.
- Sofía D. Iglesias Faire les courses avec la libreta Cubania
- Verdès-Leroux 1989, p. 293.
- La "libreta", symbole de l'égalitarisme cubain depuis un demi-siècle L'Express, 28 juillet 2017
- Le quotidien rationné Le Temps, 8 novembre 2007
- La «libreta», symbole de l'égalitarisme Tribune de Genève, 27 juillet 2017
- Raúl Castro, le dernier homme fort de Cuba Le Soleil, 29 juillet 2017
- Les livrets d’approvisionnement fêtent leurs 50 ans Courrier International, 15 juillet 2013
- Cuba : le président appelle à la "paix" et annonce des mesures pour apaiser les manifestants. Marianne, 15 juillet 2021.
- « Cuba: le gouvernement tente d'alléger les pénuries alimentaires », sur Le Figaro, (consulté le )
À voir
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Jeannine Verdès-Leroux, La Lune et le Caudillo, Gallimard / L'arpenteur, , 562 p. (ISBN 2-07-078018-X)