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Nationalisme roumain

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Premier drapeau du peuple roumain (1848).
Drapeau des Principautés unies de Moldavie et de Valachie (1862–1866).
Drapeau actuel du peuple roumain (depuis 1866).
Drapeau de la Roumanie (depuis 1880).
Drapeau de la Moldavie (depuis 1991).
Drapeau des roumanophones de Serbie.
Drapeau du peuple aroumain (XXe siècle).

Le nationalisme roumain existe sous deux formes qui peuvent s'entremêler : un nationalisme selon le droit international et le droit du sol qui concerne les citoyens et les territoires de la Roumanie ou de la Moldavie en tant que nations et patries à préserver et promouvoir, et un nationalisme selon la langue et le droit du sang qui concerne les Roumains en tant que groupe ethnique, culturel et historique, quelles que soient les divisions politiques et les États ayant dominé cette nation[1],[2].

Le nationalisme roumain émerge à la fin du XVIIIe siècle sous l'influence des Lumières, se développe à travers les révolutions de 1784, de 1821 et de 1848, avec la renaissance culturelle roumaine du XIXe siècle, pour aboutir en 1918, à la faveur de la dislocation des Empires austro-hongrois et russe, à la « Grande Union » des territoires majoritairement habités par des Roumains sous le nom de « Grande Roumanie »[3],[4].

Pendant l'« Entre-deux-guerres », le Carlisme roumain manifeste une version modérée de nationalisme bourgeois, tandis que dans les années 1930, l'organisation violente de la « Garde de Fer » incarne une radicalisation identitaire, xénophobe et antisémite[5]. Cela aboutit en 1940 à la création de l'« État national-légionnaire » puis, jusqu'en 1944, à la Shoah en Roumanie[6].

Sous le régime communiste de Roumanie, le nationalisme, réputé « bourgeois et fasciste », est d'abord réprimé par la République populaire roumaine qui pratique l'« internationalisme prolétarien »[7] d'obédience soviétique, puis il est recyclé et réutilisé par la République socialiste de Roumanie adoptant, sous la présidence de Nicolae Ceaușescu, une posture « national-communiste » et isolationniste[8] dont est issu un influent mouvement protochroniste qui perdure après la chute des régimes communistes en Europe[9].

Pendant et depuis la dislocation de l'URSS, en république de Moldavie, le nationalisme roumain structuré au sein du mouvement unioniste en Moldavie et Roumanie cherche à sortir ce pays de la sphère d'influence russe, s'opposant ainsi au nationalisme russe qui, pour sa part, cherche à l'y maintenir[10]; quant au nationalisme ukrainien, jusqu'en 2014 il poursuivait le même objectif que le russe, ensuite il est devenu neutre, et depuis 2022 il s'oppose aux pro-russes[11] et soutient le rapprochement de la Moldavie avec l'Union européenne[12],[13].

Les historiens modernes, surtout austro-hongrois, allemands, russes et soviétiques affirment à la suite d'Ernest Gellner que le nationalisme roumain n'a pas « exprimé »[14],[4] mais « généré » l'identité roumaine dans un processus analogue au Risorgimento générant l'identité italienne[15],[16] et l'associent, dans des contextes polémiques, à une forme de fascisme[17], voire de nazisme[18].

Références

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  1. Traian Sandu, Histoire de la Roumanie, Perrin 2008, (ISBN 9782262024321).
  2. Vintilă Mihăilescu, « Nationalité et nationalisme en Roumanie » in : Terrain : anthropologie et sciences humaines n° 17 « En Europe, les nations » année 1991, pp. 79-90, [1], [2].
  3. (en) Irina Livezeanu, Cultural Politics in Greater Romania: Regionalism, Nation Building & Ethnic Struggle, 1918-1930, Cornell University Press, , 340 p. (ISBN 0801486882, lire en ligne)
  4. a et b Catherine Durandin, Histoire des Roumains, Fayard 1995, (ISBN 978-2213594255)
  5. John Lampe, Mark Mazower, (en) Ideologies and National Identities: The Case of Twentieth-Century Southeastern Europe, Central European University Press 2004.
  6. (en) Aristotle Kallis, Genocide and Fascism: The Eliminationist Drive in Fascist Europe, Routledge, , 426 p. (ISBN 1134300344, lire en ligne).
  7. [3]
  8. Catherine Durandin, Histoire des Roumains, Fayard 1995, (ISBN 978-2213594255)/6.
  9. (en) Lavinia Stan et Lucian Turcescu, Religion and Politics in Post-Communist Romania, Oxford, Oxford University Press, , 288 p. (ISBN 0198042175, lire en ligne)
  10. Julien Danero Iglesias, « Nationalisme et pouvoir en République de Moldavie » in : Le Monde diplomatique d'avril 2015, éditions de l’Université de Bruxelles 2014, 240 pages, [4].
  11. Laurent Lagneau, « Guerre en Ukraine : La Russie accentue sa pression sur la Moldavie », dans Zone militaire du 23 février 2023 - [5].
  12. « Les Vingt-Sept accordent à l'Ukraine et la Moldavie le statut de candidat à l'Union européenne », sur Le Figaro, (consulté le )
  13. « Les 27 États-membres accordent officiellement à l'Ukraine et la Moldavie le statut de candidat à l'UE », sur BFMTV (consulté le )
  14. Traian Sandu, Histoire de la Roumanie, Perrin 2008, (ISBN 9782262024321)
  15. Ernest Gellner, Nations et nationalismes, Payot, Paris 1989, (ISBN 978-2228882163), sur Persée 0018-4306 1992 num 103 1 2625.
  16. Claude Karnoouh, L'invention du peuple, chroniques de Roumanie, Arcantère, Paris 1990, (ISBN 978-2-296-05859-0)
  17. Déclarations de Dmitri Medvedev, Alexeï Gromov, Dmitri Peskov ou Sergueï Lavrov citées par Nicolas Monnet : « Guerre en Ukraine » dans l'Indépendant du Ier septembre 2022 - [6].
  18. Marc Semo, compte-rendu « L’horreur est roumaine » du livre de Matatias Carp Cartea neagră, le livre noir de la destruction des Juifs de Roumanie, 1940-1944, Denoël 2009 commenté par Alexandra Laignel-Lavastine. Dans une optique roumanophobe, les deux exégètes français critiquent Matatias Carp pour ne pas avoir écrit que le nationalisme roumain serait intrinsèquement antisémite et s'efforcent de démontrer que la quasi-totalité des Roumains aurait adhéré aux thèses de la Garde de Fer et applaudi l'extermination des Juifs de Roumanie [7]