Aller au contenu

Théodore de Cantorbéry

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Théodore de Tarse
Image illustrative de l’article Théodore de Cantorbéry
La tombe de Théodore de Tarse à l'abbaye Saint-Augustin de Cantorbéry.
Saint, archevêque de Cantorbéry
Naissance 602
Tarse (Turquie)
Décès   (88 ans ans)
Canterbury (Angleterre)
Vénéré par Église catholique
Église orthodoxe
Communion anglicane
Fête 19 septembre

Théodore de Tarse (né en 602, mort le ) est le septième archevêque de Cantorbéry. L'Église catholique romaine le célèbre le .

Théodore naît à Tarse en Cilicie. Féru de littérature grecque et latine, il a peut-être séjourné à Constantinople où il a pu rencontrer Étienne d'Alexandrie, le plus grand savant de son temps[1]. Il étudie la philosophie à Athènes[2] et est ordonné prêtre à Rome. Il séjourne probablement au monastère d'Ad Aquas Salvias[3]. En 649, il participe au concile du Latran ; en 680, le pape Agathon le qualifie de « théologien le plus compétent du monde occidental »[4].

Après la mort de Wighard, qui avait été envoyé auprès du pape Vitalien par les rois Egbert de Kent et Oswiu de Northumbrie en 667 pour sa consécration comme archevêque (à ce qu'il semble), Théodore, qui s'était illustré par son travail au sein de l'Église d'Orient, est recommandé malgré son âge (il a 65 ans) par Adrien de Cantorbéry, abbé de Nerida (près de Naples), pour occuper l'archidiocèse vacant[5].

Le , Vitalien ordonne Théodore, qui n'accepte d'être archevêque qu'à la condition qu'Adrien l'accompagne pour le conseiller[6] ; ce dernier devient abbé de Saint-Pierre à Cantorbéry. Adrien est emprisonné quelque temps par Ébroïn, maire du palais de Neustrie[7], et Théodore atteint l'Angleterre seulement en mai 669. Il commence aussitôt à transformer l'église de Cantorbéry[8]. D'après Bède, Théodore entreprend une tournée à travers toute l'Angleterre anglo-saxonne, afin de faire cesser les abus, d'imposer sa présence et donner ses instructions, notamment au sujet de la règle monastique et de la Pâques canonique[9]. Bède indique qu'il fut « le premier des archevêques auquel toute l'Église des Angles consentait à se soumettre »[10].

Il apparaît que ce principe ne s'appliquait pas à la province d'York, mais Théodore réorganise l'épiscopat, nommant Bifus en Est-Anglie, Putta à Rochester, Leuthère au Wessex, et Chad en Mercie, après sa reconsécration. En 669, il réinstalle aussi Wilfrid à York : celui-ci, nommé évêque d'York en 664 par Alhfrith de Deira (sous-roi de Deira, une division de la Northumbrie) et parti à Compiègne pour se faire consacrer, s'était retiré à Ripon quand, à son retour en 666, il s'était trouvé remplacé par Chad appointé par le roi Oswiu de Northumbrie.

Il renouvelle la formation des moines en introduisant l'enseignement de la littérature, de la poésie et de la musique. En 672, Théodore préside le concile de Hertford, première grande réunion du clergé d'Angleterre. Ce concile souligna l'importance de diverses règles de discipline, et décida d'une réunion annuelle en un lieu appelé Clofesco. Après la tenue de ce concile, Théodore rétablit l'évêché d'Essex, auquel il nomme Earconwald.

Wilfrid ayant encouragé la reine dans le désir de celle-ci de quitter le roi pour devenir religieuse (ce qu'elle fait en 672), Théodore de Tarse de concert avec Ecgfrith de Northumbrie divise le diocèse d'York (Northumbrie) en quatre évêchés plus petits et en attribue un à Wilfrid mais appointe un autre évêque pour celui qui contient York, et Trumwine comme évêque des Pictes. Wilfrid en appelle au pape, qui éventuellement décide en sa faveur mais dont la décision n'est pas acceptée en Angleterre : il est banni de Northumbrie et va dans le Sussex, où son premier baptême de convertis coïncide avec le retour de la pluie après une grave sécheresse. Subséquemment réconcilié avec Théodore, vers 686–687 il retourne en Northumbrie et retrouve un évêché où il sert pendant cinq ans avant qu'un conseil royal le déclare inadéquat ; il est de nouveau déposé, en appelle de nouveau à Rome, et finit évêque du petit diocèse de Hexham[11].

En 679, Ælfwine, le frère du roi Ecgfrith, est tué lors d'une bataille contre les Merciens, et Théodore intervient pour conclure la paix entre les deux royaumes en persuadant le roi Æthelred de Mercie de payer un wergild en compensation de la mort d'Ælfwine.

Théodore préside d'autres synodes, tenus à concile de Hatfield en 680, puis à Twyford en 684. Il meurt le [5].

Il subsiste un pénitentiel manuscrit composé d'après les instructions de Théodore, le Paenitentiale Theodori.

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. Bède le Vénérable, Histoire ecclésiastique du peuple anglais, tome 2, note 6 p. 158. Aldhelm, disciple de Théodore, affirme (Opera, ed. R. Ehwald, MGH Auct. Ant. 15, p. 476) qu'il possédait l'astrologiae artis peritia et qu'il était expert dans la complexa horoscopi computatio). Étienne d'Alexandrie fut l'astronome-astrologue le plus réputé du haut Moyen Âge.
  2. L'idée qu'il aurait étudié à Athènes vient d'une expression tirée d'une lettre du pape Zacharie (741–752) : « Athenis eruditus, Romae consecratus ». Cependant, le nom d'Athènes peut figurer ici comme simple symbole de la culture grecque, sans que Zacharie ait eu nécessairement des informations précises sur le parcours de Théodore. Les oppositions rhétoriques Athènes/Jérusalem, Athènes/Rome sont fréquentes à l'époque. Cet élément fait partie du débat historique sur le devenir des écoles d'Athènes après le décret de Justinien Ier en 529. Voir également sur ce point l'autobiographie du savant arménien contemporain Anania de Shirak, dont le maître Tychicus aurait rencontré un professeur illustre (Étienne d'Alexandrie?) à Athènes.
  3. Bède le Vénérable, ibidem.
  4. Ibidem.
  5. a et b « Le martyrologe romain fait mémoire de Saint Théodore de Cantorbéry », Magnificat, no 238,‎ , p. 267.
  6. Bède le Vénérable, Histoire ecclésiastique du peuple anglais, Livre IV, 1 ; tome 2, p. 12.
  7. Ibid, p. 13.
  8. (en) James Campbell, The Anglo-Saxons, p. 50.
  9. (en) James Campbell, The Anglo-Saxons, p. 53.
  10. Ibid, p. 14.
  11. Wilfrid, Archbishop of York (Wilfrid, archevêque d'York). Biographie.

Bibliographie

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]